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Bonne lecture 🙂
Chronique du film-documentaire « Mâles en péril »
De Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, diffusé sur Arte en 2008
Ce documentaire porte sur les polluants environnementaux qui peuvent perturber la capacité des êtres humains à se reproduire.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du documentaire, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- 85 000 substances chimiques sont commercialisées. La plupart d’entre elles ont été insuffisamment testées ou non testées. C’est notamment le cas des effets sur le système hormonal, en particulier sur le système reproducteur.
- Le nombre de cancers des testicules a été multiplié par quatre en soixante ans.
- Les malformations génitales des garçons à la naissance (non-descente des testicules, pénis de petite taille…) sont également en forte augmentation.
- D’après une étude danoise, le nombre de spermatozoïdes a diminué d’environ 50 % en 50 ans. Cette étude a fait l’objet de controverses et d’une contre-expertise, qui a confirmé l’ordre de grandeur de cette tendance.
- A Paris, en 20 ans, la baisse du nombre de spermatozoïdes est d’environ 40 %.
- Des troubles de la fertilité et des malformations de l’appareil génital sont aussi observés sur des populations animales : alligators, poissons, batraciens, oiseaux…
- Certains scientifiques proposent une explication : ces dérèglements seraient liés à des expositions à des substances toxiques pendant la vie fœtale. Des expositions pendant cette « fenêtre de vulnérabilité » pourrait générer des séquelles et des pathologies graves et pérennes.
- Les substances chimiques suspectées de causer ces troubles sont appelées « perturbateurs endocriniens », car ce sont des substances capables d’interférer avec le système hormonal.
- Les perturbateurs endocriniens les plus préoccupants comprennent certains pesticides, le bisphénol A et les phtalates. Ces substances sont présentes dans de nombreux produits de consommation courante : matières plastiques (PVC…), fixateurs de parfums, cosmétiques, pesticides domestiques, meubles, emballages alimentaires, jouets, tee-shirts… Libérées par ces produits lors de leur utilisation, ces substances sont également classiquement mesurées dans l’environnement.
- D’une manière générale, les spermatozoïdes des hommes vivant en zone rurale s’avèrent moins nombreux que ceux vivant en zone urbaine. Cette observation pourrait s’expliquer par un niveau d’exposition plus fort aux pesticides.
- La toxicologie moderne se base sur le principe de Paracelse : « C’est la dose qui fait le poison ». Pourtant, ce principe ne s’applique pas aux perturbateurs endocriniens, pour lesquels le moment de l’exposition semble essentiel.
- Les indices s’accumulent : au regard du principe de précaution, mieux vaut ne pas attendre d’obtenir des certitudes claires et définitives avant d’agir. Les premières actions pourraient inclure des campagnes d’informations auprès des femmes enceintes.
- Dans la réalité, les êtres vivants ne sont pas exposés à une molécule mais à un mélange de plusieurs molécules. La toxicité de ces mélanges est aujourd’hui mal connue. L’étude de certains mélanges montre que les toxicités individuelles des substances pouvent rentrer en synergie. Aujourd’hui, aucune réglementation ne prend en compte ces potentielles interactions, parfois appelées « effets cocktail » ; elle considère chaque substance une par une.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Quand on a vu les résultats la première année, on s’est dit « ça ne peut pas être vrai ». Alors on a étudié d’avantage d’hommes pour voir si les analyses n’avaient pas été faussées, ou quelque chose comme ça, parce que vraiment on n’osait pas croire à ces résultats.
Il faut qu’on s’y mette. Il faut qu’on comprenne à quoi nous sommes exposés car nous sommes tous soumis à une vaste expérimentation.
Les problèmes de santé de l’appareil reproducteur masculin, et les problèmes de stérilité auxquels nous sommes confrontés, sont potentiellement aussi importants que les problèmes posés par le réchauffement climatique.
Il y a quelque chose qui menace les humains ; quelque chose que nous ne connaissons pas. Nous ne pouvons que constater que nous sommes atteints, et nous ne pouvons rien contrôler. La question est : quelle est la cause de cette mauvaise qualité du sperme ?
La cause est soit génétique soit environnementale. Aucune autre possibilité. Et un changement aussi spectaculaire dans l’évolution de ces pathologies, en si peu de temps, ne peut provenir que de facteurs environnementaux.
Quoique nous en pensions, les humains ne sont pas si différents des animaux qui les entourent. Les gènes qui régulent notre développement, que ce soit la croissance d’un bras, d’une jambe, d’une oreille… sont les mêmes gènes qui régulent ces événements chez les oiseaux, les tortues… Et globalement, c’est la même chose pour les hormones que nous produisons : la testostérone, les œstrogènes, les hormones thyroïdiennes… Ce sont les mêmes hormones que produisent les poissons et les grenouilles. Donc si nous constatons des effets sur une espèce animale, pourquoi ces mêmes effets ne nous toucheraient-ils pas ? Bien sûr, nous ne sommes pas exposés de la même façon ; nous ne nageons pas comme des poissons. Mais nous pouvons boire cette eau.
Nous n’avons jamais analysé un échantillon biologique, que ce soit le lait maternel, le sang ou l’urine, qui ne contienne pas de phtalates. Nous n’avons jamais trouvé personne qui n’ait été exposée. L’application de cosmétiques est une des sources principales.
Si vous ne voulez pas les manger, vous ne devriez pas les mettre sur votre peau, parce que c’est dans votre organisme qu’ils finiront.
Un consensus se dégage dans la communauté scientifique. C’est dès les premiers instants de vie que l’environnement entre en jeu et joue avec la sensibilité de l’équilibre hormonal. C’est là, pendant la grossesse, que pourrait se créer de nombreuses pathologies, comme des cancers, des maladies immunitaires, des problèmes de thyroïde, de diabète… la liste des maux possibles ne cesse de s’allonger dans les revues scientifiques internationales.
L’intérêt de développer le modèle animal est de nous permettre de réfléchir aux troubles constatés chez l’homme et que nous ne pouvons pas étudier cliniquement.
Mon avis
Les « + » :
- présentation claire des enjeux liés aux perturbations de l’appareil génital masculin, ainsi que des mécanismes de toxicité potentiellement impliqués ;
- interventions de personnes connues dans le domaine de la santé environnementale – Shanna Sawan, Tyrone Hayes, Ana Soto… complétées par des interviews de représentants de l’industrie chimique.
Les « – » :
- des interviews de scientifiques contestant les thèses présentées (et il y en a) aurait permis d’obtenir un éclairage complet de la situation.
Photo par Franck Genten