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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Les perturbateurs endocriniens sont au cœur de l’actualité scientifique des dernières années. Ces polluants ont des structures chimiques proches de certaines de nos hormones : ils sont donc susceptibles de perturber notre système hormonal. Ce mode d’action spécifique pourrait poser de nouveaux problèmes de gestion. En particulier, le fameux principe de Paracelse « toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose détermine ce qui n’est pas un poison », souvent résumé par « c’est la dose qui fait le poison », s’appliquerait différemment pour les perturbateurs endocriniens, par rapport aux autres effets toxiques. J’aurai l’occasion de présenter ce type de polluants plus en détail à l’occasion d’un futur article.
En mai 2015, des chercheurs du CHU de Montpellier ont publié un article dans la revue European Urology [1]. Cet article présente les résultats d’une étude portant sur le lien entre une exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens et la fréquence d’hypospadias. L’hypospadias est une malformation génitale : l’urètre présente une ouverture dans la face inférieure du pénis, au lieu d’uniquement à son extrémité. L’hypospadias peut être corrigé par une intervention chirurgicale.
Deux groupes d’enfants ont été comparés :
- 408 enfants présentant un hypospadias qui n’est pas causé par un défaut génétique ;
- 300 enfants « témoins », ne présentant pas d’hypospadias.
Les principaux résultats de l’étude sont les suivants :
- l’exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens est plus fréquente chez les enfants avec hypospadias (40%) que chez les enfants sans hypospadias (18%) . Les principales sources d’exposition identifiées par l’étude sont : les peintures, les solvants, les détergents, les pesticides et les cosmétiques ;
- les mères ayant une profession les exposant à des perturbateurs endocriniens – agents d’entretien, coiffeuses, esthéticiennes et laborantines – sont deux fois plus fréquentes pour les enfants hypospades ;
- dans un rayon de 3 km autour du lieu d’habitation, la présence de zones industrielles, d’incinérateurs et de centres de gestion des déchets est deux fois plus fréquente dans le cas des enfants hypospades.
L’article conclut que cette étude « suggère fortement » que l’exposition prénatale à des perturbateurs endocriniens est un facteur de risque pour l’hypospadias. Le Pr Sultan, un des auteurs de l’étude, précise que [2] « Longtemps, il y a eu des données contradictoires entre causes génétiques et causes environnementales ». Ces résultats ont permis de confirmer que l’exposition environnementale est, très probablement, un facteur de risque significatif.
Certains articles du blog (ex : 7 moyens simples et rapides de réduire l’exposition de vos enfants aux substances chimiques dangereuses, comment diminuer l’exposition des enfants aux polluants issus des meubles, etc.) et de futurs articles indiquent et indiqueront :
- comment réduire les émissions de polluants à la source ;
- comment repérer les sources de pollutions locales.
Afin de diminuer les risques, les personnes dont la profession est mise en avant par l’étude pourront se rapprocher de leur hiérarchie et de leur CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), afin de s’assurer que les mesures appropriées de prévention et de protection sont bien mises en oeuvre.
Connaissiez-vous les sources d’exposition et les métiers à risques identifiés par cette étude ? Ces résultats vous surprennent-ils ou confirment-ils des soupçons que vous aviez déjà ? Dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires !
Références :
- Kalfa N, Paris F, Philibert P et al. Is Hypospadias Associated with Prenatal Exposure to Endocrine Disruptors? A French Collaborative Controlled Study of a Cohort of 300 Consecutive Children Without Genetic Defect. European Urology DOI: 10.1016.
- Site Internet d’Europe 1 – http://www.europe1.fr/sante/les-perturbateurs-endocriniens-augmentent-le-risque-de-malformation-genitale-1352050
Photo par Gotama2.0
6 Responses
Bonjour,
je ne savais pas qu’on trouvait des perturbateurs endocriniens dans autant de produits, jusque dans des cosmétiques!
Existe-t-il une liste « reconnue » de substances fortement suspectées comme étant des perturbateurs endocriniens, ce qui nous permettrait au moins, quand on achète des produits, d’éviter ceux qui contient ces substances parmi leurs ingrédients?
Pas de liste « reconnue », car la définition même de ce qu’est un perturbateur endocrinien fait toujours débat aujourd’hui.
Quelques listes de référence :
– les documents de travail de l’Union Européenne : Liste européenne COM(2001) 262
final ; Liste européenne UE/SEC(2004)1372 ; Liste européenne SEC(2007)1635 ;
– liste de l’ONG TDEX (fondée par Theo Colborn, qui fait partie de ceux qui ont « inventé » le concept de perturbateur endocrinien)
– les 22 perturbateurs endocriniens de la liste SIN 2.0 (SIN = Substitute It Now!)
Intéressant de s’arrêter sur les effets potentiels de ces substances, mais ambitieux également car, comme tu le dis, la définition même de ce qu’est un perturbateur endocrinien n’est pas encore arrêtée au niveau des travaux de la Commission Européenne.
nota : quand on cite Paracelse et qu’on l’oppose fort justement aux « effets sans seuils », on pourra citer aussi les substances cancérigènes, qui éveilleront ta curiosité aussi j’imagine… peut-être pour un prochain article ?!
ce ne sera pas un sujet simple effectivement, mais il parait essentiel en regard du thème du blog. Je vais l’aborder par petits pas
Des substances chimiques utilisées très couramment (dans les détergents, matières plastiques, cosmétiques, textiles, peintures, colles, conservateurs, pesticides, emballages …) ont des effets néfastes sur le système hormonal, en perturbant le bon fonctionnement des glandes endocrines.
Il y a un risque environnemental diffus pour toute la population, mais les caractéristiques de l’exposition professionnelle (dose, fréquence et durée) induisent des risques largement majorés pour certains métiers en contact avec des médicaments, solvants, pesticides, métaux dans les industries chimiques, pharmaceutiques, cosmétiques, plasturgiques, … et dans le secteur agricole.
La prévention des risques professionnels des perturbateurs endocriniens : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=69&dossid=507
Bonjour Annita
L’avis que tu partages est bien cohérent avec le contenu de la publication scientifique présentée par cet article.
Merci pour le partage du lien !