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Bonjour à tous
Plusieurs études suggèrent que les filles développent des signes de puberté plus tôt qu’auparavant, comme le développement de la poitrine par exemple. Notamment, d’après les résultats d’une étude publiée en 2010 dans la revue Pediatrics, comparant les premiers signes de puberté chez des fillettes en 2010 et en 1997, les fillettes d’aujourd’hui pourraient avoir deux fois plus de chances de commencer leur puberté entre 7 et 8 ans [1].
Des chercheurs étudient la contribution potentielle des pollutions environnementales à cette tendance. Les études sur animaux constituent une manière de caractériser cette contribution.
En plus de mettre à disposition des articles scientifiques, le site Internet de la revue Environment Health Perspectives [2] propose des interviews de chercheurs, auteurs de certains des articles publiés. Dans ce cadre, Suzanne Fenton a été interviewée en 2011 [3]. Suzanne Fenton est chercheuse et dirige le Groupe d’endocrinologie reproductive à l’Institut national des sciences de la santé environnementale (Etats-Unis). L’interview portait sur :
- le lien entre certaines expositions environnementales et le développement des glandes mammaires chez des rongeurs ;
- les informations disponibles concernant les êtres humains.
Eléments clés de l’interview, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus de l’interview, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Certains polluants peuvent perturber le système hormonal. Ils sont appelés « perturbateurs endocriniens ». Les perturbateurs endocriniens peuvent, notamment, altérer le développement des glandes mammaires. Cette altération peut favoriser des effets sanitaires à long terme : faible capacité à produire du lait, risque plus élevé de formation de tumeurs, etc.
- Les rongeurs constituent un bon modèle pour étudier les effets sur le développement des glandes mammaires chez les humains.
- Les travaux du groupe dirigé par Suzanne Fenton, réalisés sur des rongeurs, ont permis d’identifier cinq polluants capables de perturber le développement des glandes mammaires : les dioxines, l’atrazine, le nonylphénol, l’acide perfluorooctanoïque et les retardateurs de flamme bromés.
- Ces résultats constituent une première étape, très limitée. « Le nombre de substances chimiques présentes sur le marché est d’environ 80 000. Seulement une fraction, peut-être 1 ou 2% d’entre elles, ont été évaluées pour leurs effets sanitaires en général, et probablement une douzaine d’entre elles ont été évaluées pour leurs effets sur les glandes mammaires. »
- Des études récentes montrent que l’obésité contribue également à l’apparition d’une puberté précoce [1, 5, 6]. D’après ces études, cette contribution peut représenter jusqu’à 30 % des signes de puberté précoce. Le reste est le produit des interactions entre les gènes et les expositions à des pollutions environnementales.
- Deux études ont montré une association entre puberté précoce et un risque plus élevé de cancer du sein [7, 8].
Comment protéger les enfants de ces pollutions environnementales
Suzanne Fenton partage les bonnes pratiques qu’elle met en œuvre pour réduire l’exposition de sa fille :
- privilégier une alimentation contenant peu de produits chimiques. Par exemple : aliments issus de l’agriculture biologique, produits non transformés industriellement, etc.
- interdire l’utilisation de vernis à ongles ;
- interdire l’utilisation de crèmes odorantes pour le corps.
Connaissiez ces recommandations ? Si oui, rencontrez-vous des difficultés à les mettre en œuvre ? Peut-être avez-vous d’autres conseils à donner en complément. Dites-le moi dans les commentaires !
Photo par Aikawa Ke
Références :
- Biro FM et al. Pubertal assessment method and baseline characteristics in a mixed longitudinal study of girls. Pediatrics 2010 ; 126(3):e583–e590. http://dx.doi.org/10.1542/peds.2009-3079
- En français : Perspectives en Santé Environnement – http://ehp.niehs.nih.gov/
- Ahearn A. Early influences on mammary gland development. Environ Health Perspect 2011 ; http://dx.doi.org/10.1289/ehp.trp100111
- Rudel RA, et al. Environmental exposures and mammary gland development: state of the science, public health implications, and research recommendations. Environ Health Perspect 119(8):1053–1061 (2011);http://dx.doi.org/10.1289/ehp.1002864.
- Burt Solorzano CM, McCartney CR. Obesity and the pubertal transition in girls and boys. Reproduction 2010 ; 140(3) : 399-410. http://dx.doi.org/10.1530/REP-10-0119
- Ahmed ML et al. Childhood obesity and the timing of puberty. Trends Endocrinol Metab 2009 ; 20(5) : 237–242. http://dx.doi.org/10.1016/j.tem.2009.02.004
- Li CI et al. Timing of menarche and first full-term birth in relation to breast cancer risk. Am J Epidemiol 2008 ; 167(2) : 230–239. http://dx.doi.org/10.1093/aje/kwm271
- Kelsey JL, Horn-Ross PL. Breast cancer: magnitude of the problem and descriptive epidemiology. Epidemiol Rev 1993 ; 15(1) : 7–16 ; PMID: 8405214.
Et aussi : Musique par Ronan Vernon
6 Responses
Bonjour Guillaume,
j’avais entendu parler de l’abaissement de l’âge de la puberté qui serait lié aux perturbateurs endocriniens, mais je ne savais pas que cet abaissement était aussi important en si peu de temps !
Je comprends que vu l’étendue des recherches à mener, on est loin de tout connaître des effets des PE… en tout cas, il me semble qu’il y a des actions de recherche qui ont été aussi lancées en France, récemment?
Je connais les travaux de certains chercheurs Inserm à Paris et à Montpellier. C’est un thème au coeur de l’actualité scientifique des dernières années, j’imaginé qu’il y en a bien d’autres !
Oui concernée : mes nièces sont suivies toutes les 2 pour une puberté précoce depuis l’âge de 8 ans. Elles ont été réglées vers 10 ans. Elles n’ont pas de problème de poids (a priori ça peut être lié avec l’obésité également). Au delà des problèmes physiologiques que cela peut engendrer (croissance freinée, ménopause précoce etc), il y a l’aspect psy :l’ainée l’a bien vécu mais la cadette non car elle n’avait pas envie d’être « femme » à 10 ans… Elle n’en parle pas et se sent très mal à l’aise vis à vis de ses copines…
Plusieurs lectrices ont fait des retours similaires sur la page FB du blog, c’est pas simple comme situation.
J’ai eu une camarade de CM2 (!) qui était réglée, mais mon souvenir c’est qu’elle en était assez fière et que nous on était assez (positivement) impressionnés, comme si c’était une « performance », sans bien comprendre que cela pouvait être envisagé comme un dérèglement. Après je n’étais pas proche , peut être que cela n’était pas facile à vivre tous les jours pour elle…
Bonjour
j’habite à coté d’une région industrielle cela pourrait déclancher une puberté précoce chez ma fille ?
Bonjour
Impossible de fournir des éléments de réponse avec aussi peu d’informations. A supposer que vous habitiez à côté d’installations industrielles pouvant émettre des substances préoccupantes sur ces aspects, il faudrait pouvoir evaleur l’exposition de votre fille et connaître précisément la toxicité des substances impliquées.
Si vous avez des doutes sur un site industriel en particulier, vous pouvez demander à consulter son « étude d’impact », document qu’il a dû déposer en préfecture pour être autorisé à exploiter : cette etude comprend un volet sanitaire où vous pourrez trouver des informations utiles