Bienvenue sur le blog Santé des enfants et environnement ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute recevoir mon mini-guide offert Les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents : cliquez ici pour le recevoir gratuitement !
Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous !
Cet article porte sur le lien entre santé environnementale et médecine évolutionniste. Il constitue la deuxième partie de l’article Ce que nos ancêtres peuvent nous apprendre en santé-environnement. La première partie a expliqué ce qu’est la discordance évolutionniste, et pourquoi elle constitue une hypothèse permettant d’expliquer la forte expansion des maladies de civilisation. Par exemple : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, etc.
La médecine dite « évolutionniste » fait des propositions pour réduire la discordance évolutionniste [12-18]. Cette médecine se base sur un principe simple : les organismes biologiques sont en bonne santé quand leurs conditions de vie sont proches des conditions dans lesquelles leurs gènes ont été sélectionnés [1]. Ce principe s’applique notamment au corps humain, qui est un organisme biologique particulier.
C’est pourquoi cette médecine nous invite, dans notre monde moderne, à nous réapproprier les composantes du mode de vie de nos ancêtres : notre corps en a besoin pour fonctionner de manière optimale, pour être en bonne santé.
Mimer plutôt que revenir à l’âge de pierre
Pour qu’il n’y ait pas de malentendu : la médecine évolutionniste ne nous demande pas de « revenir à l’âge de pierre ». Elle fait plutôt la supposition suivante : mimer dans notre monde moderne les principales composantes du mode de vie ancestral – régime alimentaire, activité physique, présence dans la nature, etc. – devrait permettre de réduire la discordance évolutionniste, et donc devrait augmenter notre niveau de santé [2-17].
Recommandations de santé environnementale, inspirées de la médecine évolutionniste
Par exemple, cela pourrait se traduire par :
- privilégier la consommation d’aliments peu transformés (*) ;
- manger une grande variété d’aliments ;
- manger des fruits et légumes de saison, assez rapidement après leur cueillette ;
- rapprocher son rythme éveil/sommeil du rythme jour/nuit ;
- pratiquer tous les jours une activité physique de faible intensité, par exemple la marche ;
- intégrer une grande variété de mouvements dans ses activités de routine ;
- diminuer son exposition aux produits chimiques ;
- marcher pieds nus régulièrement ;
- passer du temps à l’extérieur, dans la nature, au sein d’environnements arborés, si possible comprenant des eaux de surface ;
- limiter le temps passé dans des environnements intérieurs confinés ;
- s’entourer d’un environnement où la nourriture est relativement peu visible/présente, notamment celle dense en calories et celle comprenant des substances préoccupantes (certains additifs, acides gras trans, substances issues d’emballages…) ;
- réduire son exposition à la publicité ;
- s’exposer (intelligemment) au soleil ;
- entretenir des relations de qualité avec un groupe de personnes de taille limitée ;
- ne pas vouloir à tout prix « aseptiser » sa maison ;
- posséder un nombre limité d’objets ;
- ne pas surprotéger ses enfants, mais plutôt voir le jeu (raisonnablement) risqué en extérieur comme un atout pour leur santé ;
- ne pas entourer les enfants d’un environnement sur-stimulant leurs sens, par exemple avec des jouets nombreux et complexes ;
- etc.
En particulier, il ne s’agit pas de reproduire à l’identique le mode de vie ancestral, ce qui serait impossible dans le monde moderne, mais uniquement d’en mimer les principales composantes.
Santé environnementale et médecine évolutionniste : hypothèses à tester
Le mode de vie de nos ancêtres est un sujet d’études. Certaines composantes restent aujourd’hui incertaines. Puisque notre savoir est limité, la logique évolutionniste ne prétend pas fournir des vérités incontestables. Elle permet néanmoins de proposer certaines hypothèses de travail, dont la validité doit être testée par des études scientifiques modernes : études épidémiologiques, études cliniques et études en laboratoire. Et c’est dans ce cadre que s’inscrivent les analyses qui sont présentées sur ce blog : à l’intersection entre les preuves scientifiques et les indices laissés par nos ancêtres.
Logique évolutionniste : un critère intéressant à considérer dans nos choix de parents
Au-delà du positionnement du blog, comment la logique évolutionniste peut-elle apporter une valeur concrète dans la vie quotidienne de nos enfants ? De futurs articles détailleront les composantes du mode de vie ancestral dont les effets sont, à mon sens, appuyés par des études scientifiques de qualité. Mais d’une manière générale, je crois qu’il est toujours intéressant, lorsque nous avons à faire un choix concernant nos enfants, de nous poser la question « Comment faisaient nos ancêtres du Paléolithique ? ».
S’il est parfois difficile de savoir ce qu’ils faisaient, il est souvent très simple de savoir ce qu’ils ne faisaient pas. Par exemple : rester enfermé à la maison toute la journée devant la télévision en mangeant de la glace aux cookies 😉 Le mode de vie ancestral peut servir de guide général, de point de référence, en particulier pour les thématiques où les études scientifiques sont absentes ou encore peu nombreuses.
.
Pour conclure sur le lien entre santé environnementale et médecine évolutionniste, je serais intéressé par votre retours. Par exemple, peut-être avez-vous appris certaines habitudes « de type ancestral » à vos enfants et avez remarqué des effets bénéfiques ? Si oui, partagez-les avec nous dans les commentaires !
.
(*) A ce sujet, j’adore la formule de Michael Pollan : « Ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaîtrait pas comme un aliment », comme par exemple les produits « avec 15 ingrédients que vous n’arrivez même pas à prononcer ».
.
Références – Santé environnementale et médecine évolutionniste
- Eaton SB, Strassman BI, Nesse RM et al. Evolutionary Health Promotion. Preventive Medicine 2002 : 34, 109–118. Notamment : doi.
- Konner M, Eaton SB. Paleolithic Nutrition – Twenty-Five Years Later. Nutr Clin Pract 25 : 594-602. Et également
- Lindeberg S. Paleolithic Diets as a Model for Prevention and Treatment of Western Disease. J Hum Biol 2012. 24 : 110–115. Et aussi :
- Frassetto LA, Schloetter M, Mietus-Synder M, Morris Jr RC, Sebastian A. Metabolic and physiologic improvements from consuming a paleolithic, hunter-gatherer type diet. European Journal of Clinical Nutrition (2009) 63, 947–955. Et également
- O’Keefe JH, Vogelb R, Laviec CJ, Cordain L. Exercise Like a Hunter-Gatherer: A Prescription for Organic Physical Fitness. Progress in Cardiovascular Diseases, 2011 : 53, 471–479. Notamment : doi. Et aussi :
- Bowman K. Move Your DNA: Restore Your Health Through Natural Movement. Propriometrics Press 2014. Et également
- Eaton SB. The Ancestral Human Diet: What Was It and Should It Be a Paradigm for Contemporary Nutrition? Proceedings of the Nutrition Society 2006 ; 65(01): 1. Et aussi :
- Louv R. Last Child in the woods. Algonquin Books 2006. Et aussi :
- Payne KJ, Ross LM. Simplicity parenting: Using the Extraordinary Power of Less to Raise Calmer, Happier, and More Secure Kids. Ballantine Books 2010. Et également
- Lamb ME. Hunter-Gatherer Childhoods: Evolutionary, Developmental, and Cultural Perspectives – Evolutionary Foundations of Human Behavior. Aldine Transaction 2005. Et aussi :
D’avantage de références – 1
- Swynghedauw B. Une introduction à la médecine évolutionniste. Bull Acad Natle Méd, 2009, 193, no 5, 1147-1164, séance du 12 mai 2009. Notamment : Lien. Et également
- Stearns SC, Koella JC. Evolution in health and disease. Oxford University Press Edit 2007. Et aussi :
- Trevathan WR, Smith EO, McKenna JJ. Evolutionary medicine – New perspectives. Oxford University Press Edit 2007. Et aussi :
- Maccallum CJ, Does medicine without evolution make sense? PLoS Biology 2007 ; 5 : e112-e114. Et également
- Perlman RL, Evolution and Medicine. Perspectives in Biology and Medicine 2013 ; 56(2) : 167-183. Et aussi :
- Zampieri F, Medicine, evolution, and natural selection: An historical overview. Q Rev Biol 2009 ; 84(4) : 333–55. Et également
- Wells JCK, Nesse RM, Sear R, Johnstone RA, Stearns SC, Evolutionary public health: introducing the concept. The Lancet 2017 ; 390(10093) : 500‑509. Notamment : doi. Et aussi :
- Thomas F, Raymond M, Médecine évolutionniste: une approche darwinienne de la santé. Le Cavalier Bleu 2018. Et aussi :
- Perino L, Pour une médecine évolutionniste – Une nouvelle vision de la santé. Editions du Seuil 2017. Et également Et aussi :
Photos notamment par Pier Luigi Dallimonti, Carsten ten Brink
8 Responses
Merci Guillaume. La photo est somptueuse.
Nous avons acquis un tandem afin de « conduire » notre enfant à son activité. Il adore CA, à un succes auprès de ses camarades, respecte l’environnement et c’est plus rassurant que de le voir faire du vélo en ville…
Avec la marche, le vélo est le deuxième moyen le plus simple auquel je pense, moi aussi, quand j’envisage d’inclure plus d’activité physique de faible intensité dans ma vie. Avec mon petit appartement parisien, au-delà des Velib’, l’option tandem n’est pas envisageable : c’est super que tu aies l’opportunité de le faire de ton côté !
J’ai noté avec plaisir le fait de « ne pas vouloir à tout prix aseptiser sa maison ».
Parce que effectivement, l’exposition des enfants aux allergènes dès leur plus jeune âge, s’il n’est pas trop violent, contribue à augmenter leurs défenses (par exemple mon neveu, qui a toujours vécu avec plusieurs chiens depuis sa plus tendre enfance, n’est – à ma connaissance – ni allergique ni facilement malade en hiver !)
Oui au feeling ça me parait pertinent aussi. Reste à voir les éléments concrets que je vais trouver quand je creuserai un peu le sujet, ça pique ma curiosité !
Hello Isabelle
Comme convenu, après quelques recherches, voici les articles où je développe mon point de vue sur ce sujet : https://sante-enfants-environnement.com/se-salir-dans-la-nature-est-bon-pour-la-sante-des-enfants/ et https://sante-enfants-environnement.com/se-salir-dans-la-nature-est-bon-pour-la-sante-des-enfants-22/
Je regarderai avec attention tes potentiels futurs commentaires, puisque tu sembles avoir un avis bien réfléchi sur la question 🙂
Merci pour cet article
Intéressant en effet de ne pas vouloir aseptiser à tout prix et trop fréquemment. Le vinaigre blanc me semble être une solution toute trouvée dans bien des cas pour nettoyer sans s’exposer aux allergènes évoquées par Isabelle Z.
Au sujet des exemples concernant le régime ancestral, crois-tu réellement que nos ancêtres mangeaient « une grande variété d’aliments » ? La cueillette et la chasse permettaient-elles réellement cela au quotidien ?
Tiens je suis tombé sur cette étude et je me suis dis que cela ferait un bon complément de réponses : http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF02859310
92 sortes de plantes pour les Alyawaras (Australie centrale)
cool 🙂
je viens de découvrir il y a peu que le vinaigre blanc est même recommandé… par l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis !! http://www.epa.gov/osw/conserve/materials/pubs/hhw-safe.htm
Les études que j’ai lues sur plusieurs tribus de chasseurs-cueilleurs actuels mentionnaient un facteur 10 par rapport à nous, rappelant que nous mangeons un pourcentage faible des plantes comestibles disponibles dans notre environnement.