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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous !
Cet article porte sur l’alimentation des enfants. Il est le deuxième d’une série portant sur l’alimentation des enfants.
Préambule
Pour mémoire, je présente ici les choix que Romi et moi avons retenu pour nos enfants, ils ne prétendent pas être une prescription universelle pour les autres. Je les décris ici pour partager des informations, inviter à la réflexion, susciter des questionnements, faire découvrir certains aspects, suggérer certaines expériences, etc. Selon moi, il n’existe pas une unique manière de manger sainement, une manière qui soit bien adaptée pour tous : l’individualisation me parait être un des facteurs clés d’une alimentation saine.
Pour mémoire, concernant le lien entre santé des enfants et environnement :
- l’alimentation peut être une voie d’exposition à certains polluants: pesticides, métaux, polluants organiques persistants, etc.
- une alimentation équilibrée est essentielle au bon fonctionnement du corps. Et un corps qui fonctionne bien est, notamment, un corps qui est capable de neutraliser puis d’évacuer efficacement les polluants auxquels il est exposé.
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Enfants et alimentation : principes généraux
Le premier article de la série a présenté l’approche que je retiens pour l’alimentation de mes propres enfants, qui pourrait être résumée par « Manger en s’inspirant de ses ancêtres, surtout des plantes, en écoutant son corps ». Le présent article décrit les principes généraux qui en découlent.
Sans ordre particulier, ces principes sont les suivants :
- manger principalement de « vrais » aliments, entiers, peu transformés. Ceci implique de consommer peu de produits industriels, contenant de multiples ingrédients aux noms imprononçables 😉
- choisir des aliments riches en micronutriments, pauvres en toxines – Par exemple : antinutriments, substances chimiques ajoutées, sous-produits d’une cuisson à forte température – et riches en fibres, en fibres solubles en particulier. Notamment :
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- Les micronutriments sont des éléments nécessaires aux réactions biochimiques qui permettent le bon fonctionnement du corps.
- Les toxines peuvent perturber ce bon fonctionnement et endommager certaines parties du corps.
- Les fibres permettent d’atteindre la satiété avec peu de calories. En particulier, les fibres solubles servent de nourriture pour la flore intestinale. Les fibres insolubles participent, notamment, au transit par une action mécanique.
- composer une assiette où les produits animaux représentent une faible part du volume total. En particulier, ils ne sont pas un élément obligatoire de chaque repas ;
- manger un maximum de végétaux crus. En plus de l’apport nutritionnel, ceci favorise une mastication énergique, qui entretient le système dentaire, et permet de réduire le besoin de boire de l’eau pendant les repas. Lorsque la source est sûre, notamment sur les aspects bactériologiques, des produits animaux peuvent aussi être consommés crus ;
Aliments bio
- privilégier les produits issus de l’agriculture biologique, dans la mesure des possibilités budgétaires. Aujourd’hui, les évaluations de risque ne me semblent pas suffisantes pour assurer un niveau de protection satisfaisant ; avec mes enfants, je préfère être prudent sur ce sujet ;
- manger des animaux qui ont été nourris avec leur nourriture naturelle. Par exemple, les ruminants broutent de l’herbe ; ils ne semblent pas bien adaptés à l’ensilage de maïs ou aux tourteaux de soja ;
- privilégier les aliments de saison, produits localement. En général, ils sont plus denses en micronutriments et contiennent moins de pesticides ;
- éviter de multiplier les aliments différents au cours d’un même repas ;
- manger l’ensemble de l’aliment, notamment pour réduire le gâchis et comme marque de respect envers ce que nous prélevons dans la nature. En particulier, on parle de manger « des racines aux feuilles » pour les plantes, et « des pattes au museau » pour les animaux ;
- préférer les légumes frais récemment cueillis, et dans une moindre mesure les légumes surgelés (qui présentent un bon ratio « praticité / richesse nutritionnelle »), aux légumes en conserve ;
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Vieux amis dans enfants dans leur alimentation
- consommer régulièrement des aliments riches en probiotiques. Ces aliments peuvent apporter des bactéries utiles aux intestins (même si je doute qu’un nombre significatif de bactéries atteigne effectivement le colon). Ils participent aussi à la régulation du système immunitaire (théorie des « vieux amis») ;
- prendre des repas en famille, autour d’une même table, sans distraction particulière (télévision, radio, téléphone portable, etc.). Ainsi, l’attention est disponible pour la nourriture et les autres ;
- inclure en routine la consommation d’aliments connus pour leur grande richesse nutritionnelle, parfois appelés « super-aliments ». Par exemple : algues, avocats, baies (fruits rouges, fruits bleus), graines germées, cacao, foies, jaune d’œuf, bouillon d’os, ail, oignon, miels (et pourquoi pas du pollen à l’occasion), brocolis, épinards, petits poissons gras (sardines, maquereau, hareng, etc.), amandes, noix (de Grenoble), olives, etc. Et aussi, dans une moindre mesure car moins locaux : noix de coco, grenade, noix de macadamia.
- choisir des aliments de couleurs variées et intenses : rouge, orange, jaune, vert, violet, etc. Une alimentation de toutes les couleurs favorise l’apport d’une grande variété de composés phytochimiques ;
- garder en tête que nous ne sommes pas que des êtres de nature, mais aussi des êtres de culture. Notamment :
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- si une nourriture « physiologique » doit être la base de notre alimentation, elle peut laisser de la place aux mets issus de notre culture. En particulier, cette place dépendra des sensibilités et du niveau général de santé du corps ;
- on peut ajouter quelques « suppléments d’âme » à la simple satisfaction de nos besoins biologiques. Par conséquent, il s’agirait de pratiquer une gastronomie « éclairée » 😉
Alimentation attractive pour les enfants : ni trop, ni trop peu
- placer le plaisir pris à la nourriture au centre de la démarche. En particulier, l’enjeu pourrait être de :
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- maîtriser la (sur)stimulation du système de récompense des enfants. Par exemple : aliments très gras, très sucrés et très salés, objets de fréquentes publicités, accompagnés d’un packaging attrayant, associés à des héros de dessins animés, etc.
- en parallèle, développer la sensibilité de leurs sens, afin qu’ils puissent jouir d’aliments naturels simples, de leur véritable goût, comme l’ont fait des milliers de générations avant eux. Un enfant qui mange des sucreries et des barres chocolatées trouvera que des cerises bien mûres sont fades. C’est ce que je souhaite éviter à mes enfants.
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Enfants et alimentation faite maison
- consacrer du temps à cuisiner en routine. Même avec des journées bien remplies, prendre le temps de cuisiner me parait cohérent avec le principe 20/80. En effet, je considère que cuisiner fait partie des 20% d’actions qui amène 80 % des résultats, en termes de nutrition et de santé. Cuisiner en routine permet d’augmenter la maîtrise du contenu de l’alimentation de la famille ;
- rester détendu et raisonnablement flexible, même sur un sujet aussi central que l’alimentation, surtout avec des enfants. Si la nourriture devient une source de stress significative, ce stress pourrait être plus néfaste que les bienfaits supplémentaires liées à une alimentation très optimisée. Par ailleurs, de jeunes enfants pourraient être « bloqués » par un contexte trop tendu, des adolescents pourraient choisir ce thème pour s’opposer aux parents, etc.
L’idée n’est pas de priver les enfants, mais plutôt de les mettre au contact d’aliments qui favorisent une vie agréable et pleinement vécue, dans laquelle ils se sentent bien. Je ne souhaite pas mettre de pression sur mes enfants. Mes efforts se focalisent donc sur leur environnement.
- ne pas faire de l’alimentation un objet d’attention au quotidien. La vie est courte, nos enfants et nous avons bien mieux à faire que de penser toute la journée à se nourrir sainement. Même si ce n’est pas toujours simple en pratique, mon objectif est de les mettre au contact d’aliments appropriés, de mettre en place des rituels vertueux… et de ne plus y penser !
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Enfants : une alimentation différente des adultes ?
Pour conclure, je souhaiterais apporter mon point de vue à la question « L’alimentation des enfants doit-elle être différente de celles des adultes ? »
Pour les très jeunes enfants, l’allaitement maternel me semble à privilégier, dans la mesure du possible. Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) me semblent un point de repère intéressant. Notamment : allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois, puis allaitement non-exclusif « de six mois à deux ans, voire plus » [1]. Contrairement à une idée fausse très répandue, l’allaitement maternel a des bienfaits et sauve des vies dans tous les pays, aussi bien riches que pauvres [2].
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En dehors du cas de la petite enfance, je n’ai pas trouvé d’élément qui m’ait convaincu de donner une alimentation spécifique à mes enfants. Par conséquent, chez nous, la nourriture préparée est la même pour toute la famille. La transition depuis la petite enfance peut être l’occasion de proposer :
- des aliments mous. Par exemple : fruits mixés, bananes, avocats, jaunes d’œuf, mangues, baies, patates douces et pomme de terre cuites, bouillon d’os, purées, soupes, lait de coco, … En particulier, certains aliments peuvent être ramollis en les prémâchant pour l’enfant ;
- des morceaux d’aliments plus durs, à suçoter. Par exemple : courgette, concombre, brocolis, chou-fleur.
Appétit spontané dans un cadre approprié
Sur la base de mes lectures et de mes observations personnelles, il me semble que l’appétit des enfants est très connecté aux ressentis de leur corps, assez intuitif et spontané. C’est pourquoi nous nous contentons de mettre en place un cadre approprié, à l’intérieur duquel Yumi est laissée la plus libre possible. Dans la mesure que nous permettent les contraintes de notre vie quotidienne, nous la laissons faire ses propres expériences, son propre apprentissage, guidée par ses envies. Dans la préparation des repas :
- nous tenons compte de ses demandes ;
- régulièrement, nous lui proposons de découvrir ou de redécouvrir des aliments plus inhabituels.
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Le prochain article présentera comment, en pratique, nous déclinons ces principes dans notre quotidien.
Et pour conclure cet article sur les enfants et l’alimentation, j’aimerais avoir votre avis. Peut-être avez déjà des interrogations ou des suggestions : partagez-les dans la zone de commentaires !
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Références – Enfants et alimentation
- Organisation mondiale de la santé (OMS) – Allaitement maternel. Notamment : lien. Consulté le 14/09/2016.
- Victora CG et al. Breastfeeding in the 21st century. Epidemiology, mechanisms, and lifelong effect. The Lancet 2016.
Photos notamment par Will Montague, Frédérique Voisin-Demery, Micah Rich, Vincent Angler et paxye
11 Responses
Encore un super article, très riche ! Je vais le relire plusieurs fois je pense, il y a plein de choses à retenir pour soi et sa famille
Tu vas plomber les ventes de livres de nutrition à donner tout ça gratuitement lol Vivement les autres volets !
Haha merci ! Je suis content que tu ait trouvé des choses utiles dans ce partage d’expériences 🙂
Oui en effet c’est une bonne ligne de conduite… D’autant plus si elle est mise en place dès le plus jeune âge. Le plus dur à gérer ce sont les interactions extérieures (cantine copains) qui ne manqueront pas d’arriver et d’expliquer les différences sans en faire des orthorexiques… Ma fille de 5 ans s’inquiète toujours de ce qu’il y a dans son assiette et « si c’est bon pour la santé »… Parce qu’avec mon mari nous avons supprimé (notamment) le gluten depuis 2 ans mais pas pour eux (je limite mais je leur fait des pâtes de temps en temps par exemple). Impossible d’imposer un changement aussi radical (en tout cas de mon point de vue). Ils feront leurs choix en grandissant. D’autant plus qu’à la cantine il n’y a pas le choix et que la maîtresse les récompense avec des bonbons (la cata !). Bref, comme tu l’as bien conclu : il faut rester souple !!!
Merci pour ton retour Cécile, très intéressant, et dont le contenu fait écho à des enjeux que je rencontre aussi dans mon quotidien. Je pense que c’est le cas aussi de nombreux parents 🙂
Je compte aborder ce thème lors d’une 4e volet « retour d’expérience » de la série
Guillaume, merci pour le partage.
Comme pour le premier opus, je suis en complète adéquation avec ta pensée et je vais partager cet article à des amis qui commencent à se poser des questions, d’autres qui vivent la chose au quotidien.
Au plaisir de te lire à nouveau.
Jon
Merci pour tes mots gentils Jon, qui me font très plaisir. Je suis content que cet article te semble pouvoir être utile à d’autres personnes. Oui au plaisir !
Beaucoup trop d’informations pour une seule lecture, cet article mérite d’être afficher sur le frigo et déposer sur la table de chevet.
Très complet j’admire!
Surtout qu’en ce moment on est dans la période où on essaie de faire un peu attention à l’alimentation, et avec la diversification alimentaire, bébé commence à manger pareil que les adultes alors ça tombe à pic.
haha merci pour tes mots gentils Alizée 🙂 Oui c’est un peu une synthèse/compilation de toutes mes lectures. Chaque idée pourrait faire l’objet d’un article, mais puisque l’alimentation n’est pas le thème du blog je ne souhaite pas développer ici.
Je suis content si tu as pu y trouver des éléments utiles pour toi 🙂 Si tu as des suggestions en complément, elles sont les bienvenues
Bonjour,
Merci pour cet article! Cette lecture me renvoie à certains principes ayurvédiques :
– l’atmosphère nécessaire pour cuisiner doit être sereine (pas de stress, avoir une attitude positive, etc)
– privilégier les cultures biologiques
– harmoniser les couleurs
– être en contact avec la terre et la nourriture qu’elle nous apporte (en appartement, c’est plus difficile, mais on peut toujours faire germer des graines….)
Concernant l’allaitement maternel, outre le fait qu’il n’est plus à prouver que c’est l’aliment qui convient le plus aux nourrissons, il faut aussi indiquer qu’il aide beaucoup à la diversification alimentaire des enfants. Le lait maternel prenant le goût des aliments que mange la mère, il ne reste plus pour les bébés qu’à expérimenter les textures…
Au plaisir de te lire
Cécile
Bonjour Cécile !
On est complètement en phase concernant le lait maternel, j’avais consacré un article à l’aspect initiateur de goût ( https://sante-enfants-environnement.com/les-habitudes-alimentaires-sacquierent-dans-la-petite-enfance/ si ce sujet t’interesse), sujet passionnant !
Je suis peu au fait de l’harmonie des couleurs au sein de la médecine indienne : ce serait super si tu pouvais développer 🙂