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Bonne lecture 🙂
Chronique de « Faut-il avoir peur des nanos ? »
Du Pr Francelyne Marano , 120 pages, publié en 2016
Francelyne Marano est professeur émérite de biologie cellulaire et de toxicologie à l’université Paris-Diderot. Elle est membre du Haut Conseil de santé publique et vice-présidente de la commission spécialisée Risques liés à l’environnement.
Les nanoparticules sont des particules dont une des dimensions est de l’ordre du millionième de millimètre. Ce livre décrit la présence de nanoparticules dans les produits de consommation courante et dans l’environnement du quotidien, ainsi que les enjeux sanitaires associés.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est le deuxième article de la chronique. Il porte notamment sur les produits de consommation courante qui contiennent des nanoparticules. Le premier article de la chronique se trouve ici : Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses de Francelyne Marano (1/3)
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Plus un matériau est divisé en petits éléments, plus le rapport entre sa surface et son volume grandit. En d’autres termes, pour un même volume, il présentera une surface plus grande. Cette surface plus grande lui confère de plus grandes capacités d’interaction avec son environnement. En particulier, un nanomateriau a une grande capacité à interagir avec d’autres molécules et à les adsorber. Plus généralement, ce phénomène est appelé « réactivité de surface » ; il est une des principales explications aux effets surprenants des nanomatériaux et à la toxicité associée à certains d’entre eux.
- Concernant les produits contenant des nanoparticules, seuls quelques inventaires existent, notamment aux Etats-Unis et en France. Ces inventaires se basent principalement sur des déclarations de fabricants industriels : le nombre de produits recensés est donc probablement sous-estimé. Par conséquent, estimer les expositions des populations ne peut être qu’un exercice très approximatif, à ce stade.
- D’après ces inventaires :
- une trentaine de produits à destination des enfants et des bébés contiennent des nanoparticules : jouets (peluches), lingettes, brosses à dents, poussettes, laits de toilette, crèmes solaires… Ils proviennent essentiellement de la Chine, de la Corée et des États-Unis ;
- près de 800 produits cosmétiques comprennent des nanoparticules ;
- concernant les produits de consommation courante, les nanomatériaux les plus utilisés, par ordre décroissant, sont l’argent, le carbone, le titane, la silice, le zinc et l’or.
- Les consommateurs sont donc probablement en contact avec de nombreuses nanoparticules, au quotidien, à leur insu, sans que des évaluations de risques appropriées aient pu être menées au préalable.
- L’impact environnemental des nanoparticules est également très peu connu. Les premiers éléments disponibles sont préoccupants. Par exemple, concernant les nanoparticules d’argent, utilisées pour leurs propriétés bactéricides, certaines bactéries pathogènes leur sont devenues résistantes, alors que des bactéries bénéfiques disparaissent en parallèle.
- La flore intestinale est un élément essentiel d’une bonne santé générale. Des perturbations de cette flore ont été associées au développement de maladies métaboliques, comme l’obésité ou le diabète de type 2. L’impact des nanoparticules bactéricides sur la flore intestinale, comme celles contenues dans les emballages plastiques, n’est pas connu à ce stade.
- La plupart des fabricants industriels mettent en avant les autorisations obtenues auprès des agences sanitaires. Or, au moment de ces autorisations, les substances concernées n’étaient pas censées se trouver sous forme nanoparticulaires. La réglementation sur les nanoparticules étant encore moins développée qu’ajourd’hui, les changements de taille des substances utilisées n’ont pas donné lieu à de nouvelles demandes d’autorisation.
- Pour la population générale, les principales expositions se font par :
- la peau, avec l’utilisation de produits cosmétiques et de produits d’hygiène corporelle ;
- l’appareil digestif, avec les produits alimentaires industriels et certains médicaments.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Pour en savoir plus sur les pratiques des industriels, les experts de l’ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ] ont interrogé leur […] la Fédération des entreprises de la beauté. La liste qu’elle leur a fournie montre qu’une large gamme de nanos se retrouve dans nos produits de maquillage et dans nos crèmes : nanosilice, noir de carbone, dioxyde de titane et oxyde de zinc sont les plus fréquents, certains étant utilisés par dizaines de milliers de tonnes ! Le rapport souligne essentiellement les risques liés aux nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc, qui sont les matières actives vedettes des crèmes solaires.
Une autre nanoparticule est sortie de l’anonymat ces dernières années : la silice colloïdale, utilisée non seulement dans les poudres alimentaires – sel, sucre, farine, cacao, épices –, mais aussi dans les cosmétiques. […] Comme les nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc, elle s’est introduite subrepticement sans que l’on évalue vraiment sa toxicité, considérant que si elle était autorisée pour d’autres usages, pourquoi pas ceux-là…
On voit là encore que l’incertitude règne, mais que le principe de précaution n’est pas appliqué. Ne faudrait-il pas considérer qu’en cas de doute sur l’innocuité de ces nanos utilisées dans des produits de confort et de maquillage, il serait raisonnable d’attendre ? Ceci est particulièrement vrai pour le dioxyde de titane et la silice colloïdale, qui sont quotidiennement en contact avec notre peau et que nous absorbons sans le savoir dans nos aliments.
Des films transparents contenant des nanoparticules d’argent sont commercialisés depuis 2005 et certains réfrigérateurs ont un revêtement intérieur contenant ces nanoparticules. On en trouve également sur les claviers d’ordinateur et dans le traitement de certains vêtements – chaussettes et chemises anti-transpirantes –, pour éviter les mauvaises odeurs. Cependant, tous ces produits ont été mis sur le marché sans que l’on ait toutes les connaissances sur la migration des nanos vers les aliments, qu’ils soient solides ou liquides. […] On peut se poser la même question pour les tissus traités par le nano-argent. Que devient-il lors du lavage ? Reste-t-il fixé ou est-il éliminé ?
Les additifs alimentaires sont très nombreux et toujours désignés par une lettre suivie d’un chiffre. Comme il n’est pas obligatoire de déclarer que telle substance chimique est sous forme nano, lire une étiquette, même avec une liste pour la déchiffrer, est peu informatif. Par exemple, le E171 désigne à la fois le dioxyde de titane sous forme de micro- et de nanoparticules.
Le nanotitane se trouve dans ce vernis transparent et brillant qui recouvre certains bonbons et chewing-gums dragéifiés. Il est aussi présent dans de nombreuses préparations alimentaires car il permet de les rendre plus blanches. Mélangé avec d’autres colorants, il sert à décliner toute une gamme de couleurs, et il est utilisé pour le glaçage des gâteaux. On le trouve également dans le dentifrice et certains médicaments. Un individu absorbe donc forcément tous les jours du nanotitane, [en particulier] les enfants !
La question de la toxicité des nanoparticules et des nanomatériaux se pose depuis une dizaine d’années. On avait commencé à développer des applications sans vraiment prendre en compte les risques potentiels pour la santé. De fait, on utilisait alors des produits chimiques qui, pour la plupart, étaient déjà autorisés. La seule différence consistait au passage à la forme nano, ce qui, pour les industriels, ne modifiait pas leur innocuité, démontrée depuis des années pour certains composés. Ce sont les toxicologues qui, les premiers, ont commencé à se demander si le changement de taille, associé à la modification des propriétés, ne comportait pas un risque pour les travailleurs, les consommateurs et l’environnement.
La toxicité serait donc associée à cet accroissement de la surface des particules multipliant les interactions avec le milieu biologique. D’autres facteurs importants peuvent aussi intervenir : leur solubilité dans les fluides biologiques et leur capacité à former des agglomérats. On retrouve ici des constatations déjà faites avec les particules atmosphériques, dont les plus fines, les PM2.5, sont les plus néfastes pour la santé.
Si un effort a été fait pour mesurer l’exposition professionnelle, on en est encore loin pour l’exposition des consommateurs, ce qui pose vraiment problème !
La suite de cette chronique se trouve ici : Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses du Pr Francelyne Marano (3/3)
Cette chronique met en avant l’importance de protéger les femmes enceintes et les jeunes enfants des substances préoccupantes, en particulier des nanoparticules, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Photo par Mainstream
2 Responses
Très très intéressant et inquiétant tout à la fois, nous jouons avec le feu comme d’habitude, mais face à des enjeux financiers et politiques tels, nous sommes peu de choses !
Hello Blanche. Il y a certainement du vrai dans ce que tu écris, tout particulièrement en ce qui concerne les nanos. Je pense aussi qu’il reste une bonne marge de manœuvre pour se protéger des expositions les plus préoccupantes, une fois que l’on est informé. Trouver et transmettre ce type d’informations, c’est tout l’objet de ce blog 😉