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Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses du Pr Francelyne Marano (1/3)

L’introduction d’une nouvelle technologie ne s’est jamais faite jusqu’à présent en connaissance des risques pour la santé des populations. On sait aujourd’hui ce qu’il en coûte, en impact sanitaire et économique, de l’amiante au plomb dans l’essence, en passant par le nucléaire ou les pesticides organochlorés. Une fois ces technologies lancées, il faut des décennies pour revenir en arrière. On peut penser que, instruites par ces expériences, nos sociétés se donnent aujourd’hui les moyens d’agir différemment. C’est loin d’être le cas, comme le montre l’exemple des nanotechnologies. - André Cicolella

Les nanotechnologies sont entrées dans nos vies en catimini. Nous voilà devant le fait accompli.[…] Peu d’entre nous savent qu’environ 2 000 applications différentes sont déjà commercialisées. Séduits par le marketing vantant les performances des produits, nous ignorons qu’elles sont dues à la présence de nanomatériaux. - Roger Lenglet

Chronique de « Faut-il avoir peur des nanos ? »

nanos peur Francelyne Marano

Du Pr Francelyne Marano , 120 pages, publié en 2016

 

Francelyne Marano est professeur émérite de biologie cellulaire et de toxicologie à l’université Paris-Diderot. Elle est membre du Haut Conseil de santé publique et vice-présidente de la commission spécialisée Risques liés à l’environnement.

Les nanoparticules sont des particules dont une des dimensions est de l’ordre du millionième de millimètre. Ce livre décrit la présence de nanoparticules dans les produits de consommation courante et dans l’environnement du quotidien, ainsi que les enjeux sanitaires associés.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est le premier article de la chronique. Il porte notamment sur le niveau de connaissances des risques.

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Aujourd’hui, des nanoparticules sont présentes dans un grand nombre de produits du quotidien : produits alimentaires, cosmétiques, vêtements, médicaments, draps, jouets… En France, en 2013, ces utilisations représentent 400 000 tonnes de nanoparticules.
  • Ces particules sont très petite taille, de l’ordre du millionième de millimètres. Cette petite taille leur permet de présenter des propriétés physicochimiques très utiles. Par exemple, grâce aux nanoparticules, des vitres peuvent être « autonettoyantes », des revêtements bactéricides, du béton « antisalissure », des matériaux ultrarésistants… Tous les domaines industriels sont susceptibles d’être significativement influencés. Certains parlent de « nouvelle révolution industrielle ».
  • La plupart de ces avantages impressionnants ne sont pas discutés ; ils sont décrits dans les meilleurs journaux scientifiques. En parallèle, de plus en plus de scientifiques et d’associations soupçonnent aujourd’hui des dangers pour la santé et pour l’environnement.
  • Les applications des nanotechnologies représentent d’énormes enjeux industriels et financiers. Plusieurs pays sont impliqués dans leur développement et le niveau de concurrence est élevée : les découvertes et les brevets font l’objet d’une intense compétition. Dans un tel contexte, les évaluations de risques sont souvent considérées comme des freins aux avancées technologiques et à la compétitivité.
  • Dès le milieu des années 2000, plusieurs scientifiques mettent en garde contre cet emballement, s’il n’est pas accompagné d’une meilleure connaissance des risques et de leur bonne maîtrise. En particulier, certains soulignent la similitude entre certaines nanoparticules manufacturées, c’est-à-dire fabriquées pour des applications commerciales, avec d’autres, dites non intentionnelles, dont ils connaissent bien les risques pour la santé : la silice, le noir de carbone, l’amiante, les particules atmosphériques.
  • Fin 2011, après plusieurs années de négociations conflictuelles, la Commission européenne définit un nanomateriau comme « un matériau naturel, formé accidentellement ou manufacturé, contenant des particules libres, sous forme d’agrégat ou sous forme d’agglomérat, dont au moins 50 % des particules, dans la répartition numérique par taille, présentent une ou plusieurs dimensions externes se situant entre 1 nm et 100 nm ». Cette définition a une portée réglementaire.
  • Les seuils de 50 % et de 100 nm ont été choisis arbitrairement. Les lobbies industriels se sont montrés plus satisfaits que les lobbies associatifs par la définition européenne.
  • Puisque les propriétés spécifiques des nanomatériaux ne disparaissent pas en-dessous de ces seuils, certains scientifiques souhaitent que cette définition prenne en compte d’autres critères qui, eux, caractériseraient ces propriétés.
  • Aussi discutée soit-elle, la définition européenne a permis d’initier plusieurs actions permettant de mieux connaitre et de mieux gérer les risques associés aux nanoparticules. Par exemple, en France, une déclaration « des substances à l’état nanoparticulaire fabriquées, importées et mises sur le marché » est obligatoire depuis début 2013.

 

nanos peur Francelyne Marano 2

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Le principe de précaution comme le bon sens recommanderaient donc, en attendant d’en savoir davantage, de ne plus mettre sur le marché des produits de consommation non testés et, a minima, de les limiter aux produits véritablement indispensables.

Prenons un cube de 1 cm de côté, il a une surface de 6 cm2. Si on coupe ce cube en mille petits cubes, ils ont collectivement une surface de 60 cm2. Si on continue jusqu’à découper la matière en cubes de 10 nm, on termine avec un milliard de milliards de cubes dont la surface représente 600 m2. La caractéristique fondamentale d’un matériau réduit à l’état de poudre ultra-divisée est donc sa gigantesque surface lorsqu’on la rapporte à son volume et à son poids.

Fruit de la recherche fondamentale, les nanotechnologies se développent à une vitesse record sans que l’on ait vraiment réfléchi au monde qu’elles peuvent transformer. La course aux découvertes et aux brevets devient vite féroce. Les pays doivent s’organiser pour rester en tête.

L’inventaire du Project on Emerging Nanotechnologies (PEN) de l’Institut Woodrow Wilson, aux États-Unis, donne régulièrement des informations sur leur développement international. C’est un think tank qui, depuis 2005, recense les produits commercialisés contenant des nanomatériaux à partir des déclarations des industriels. Comme ces déclarations ne sont pas obligatoires, on peut penser que leur nombre est largement sous-estimé. La progression depuis 2005 est impressionnante, puisque l’on est passé d’une cinquantaine de produits à près de deux mille actuellement, et leur liste n’est sûrement pas exhaustive.

Fin 2013, il comptabilisait 1 628 produits sur le marché mondial, dont 440 en Europe et seulement 32 en France. Or, en 2010, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en avait déjà recensé environ 240 sur le territoire national, mais de façon non exhaustive et sans en donner la liste ; secret industriel ?

Pour le grand public, le nanomonde est présent à leur insu dans de très nombreux produits du quotidien. L’inventaire de l’Institut Woodrow Wilson, réalisé par catégories, montre clairement que les produits pour la santé et le bien-être qui contiennent des nanos sont les plus présents sur le marché, directement suivis par les produits pour la maison et le jardin. Parmi les produits de santé et bien-être, ce sont ceux qui concernent les soins personnels (produits cosmétiques, crèmes, dentifrices) qui sont les plus vendus avec une progression impressionnante entre 2006 et 2013. Les États-Unis arrivent en tête, suivis de l’Europe, puis de l’Asie.

Les industriels ont tout d’abord utilisé les nanos comme argument publicitaire puis, progressivement, ils ont fait machine arrière. Le domaine le plus problématique est sans doute celui de l’agroalimentaire où les nanos sont cachées sous le terme d’« additifs » et où il est très difficile de faire apparaître clairement leur utilisation !

Les nanos ont donc envahi nos étagères de salle de bains et notre cuisine. On les trouve dans les produits d’hygiène corporelle et les cosmétiques, dans les aliments et les bonbons, dans les jouets, dans les vêtements que nous portons…

La liste des produits est loin d’être complète. En effet, il n’existe aucune réglementation concernant l’étiquetage et il est donc bien difficile de se faire une idée précise de notre exposition. De leur côté, les associations et les scientifiques mènent des enquêtes qui nous permettent d’en savoir plus. Ainsi, leurs efforts conjoints ont été nécessaires pour prouver que l’industrie agroalimentaire utilisait des nanos, les industriels refusant de l’admettre. On a retrouvé des constituants répondant à la définition de nano, sous des numéros difficiles à décrypter, bien pratiques pour éviter tout questionnement.

Le nanomatériau le plus fréquemment utilisé est le nano-argent, qui se retrouve dans toutes sortes de préparations et d’objets du quotidien, du fait de ses propriétés bactéricides connues depuis des dizaines d’années. Vient ensuite le nanocarbone, très largement utilisé par l’industrie dans les pneus, les encres d’imprimantes… Mais on saisit toute la complexité de l’évaluation des risques quand on découvre que quatre-vingts sortes différentes de particules de carbone sont fabriquées. Outre leur utilisation dans différents matériaux, le nanotitane et le nanozinc, dont l’industrie cosmétique est très friande, se retrouvent aussi dans divers aliments et bonbons. Que dire des nanoparticules de silice qui fluidifient des aliments quotidiens, comme le sucre, le sel, la farine et le chocolat en poudre ? Les industriels se protègent derrière l’autorisation que leur ont délivrée les agences réglementaires il y a des années. Mais cet argument est-il recevable ? La nécessité d’une évaluation bénéfices/risques s’impose lorsqu’il s’agit de produits courants auxquels la population est exposée journellement.

 

La suite de cette chronique se trouve ici : Les parents doivent-ils avoir peur des nanos ? Les réponses du Pr Francelyne Marano (2/3)

 

Cette chronique met en avant l’importance de protéger les femmes enceintes et les jeunes enfants des substances préoccupantes, en particulier des nanoparticules, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.

Photo par Sébastien BertrandSuivre

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2 réponses

  1. Bonjour Elise
    Les évaluations de risque ont pour objectif d’apprécier un impact potentiel, avant qu’il ne se manifeste. Augmenter le budget dédié permettrait de ne pas se retrouver devant le fait accompli et de diminuer bien des souffrances.

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