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Bonjour à tous !
Cet article porte sur la biophilie chez les enfants.
Edward Osborne Wilson est un biologiste américain célèbre. Il est notamment connu pour avoir été l’un des promoteurs de la notion de Biodiversité.
En 1984, Wilson écrit le livre Biophilia [1], Biophilie en français, qui est un néologisme désignant littéralement « l’amour du vivant ». La biophilie est une hypothèse scientifique selon laquelle il existe une attraction, inconsciente et instinctive, des êtres humains vers les autres êtres vivants. Erich Fromm, le célèbre psychanalyste de l’École de Francfort, l’employait déjà pour désigner une orientation psychologique particulière. Wilson en a fait une caractéristique commune à tous les êtres humains. En particulier, il la suppose profondément ancrée dans leur biologie.
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Hypothèse de la biophilie
L’hypothèse de la biophilie suppose notamment qu’être en contact avec d’autres êtres vivants, animaux ou végétaux, contribue au bon fonctionnement de notre corps et au bien-être ressenti. En ce sens, la biophilie constitue une proposition d’explication à un grand nombre d’observations, de types très divers. Par exemple : la propension à entourer une maison de verdure et de fleurs, les bienfaits pour la santé des bains de forêts, les risques que peuvent prendre des personnes ordinaires pour sauver un animal en danger, etc.
Bienfaits de la biophilie chez les enfants
Concernant plus spécifiquement le lien entre biophilie et santé des enfants, la littérature scientifique fournit plusieurs autres observations. Par exemple :
- avoir un animal de compagnie permet d’améliorer certains symptômes d’enfants autistes [2] ;
- être entouré d’espaces verts permet d’augmenter la capacité de concentration des enfants atteints d’un TDAH, un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité [3, 4] ;
- jouer régulièrement dans la nature augmente les capacités d’apprentissage de jeunes enfants [5] ;
- regarder des paysages naturels réduit le stress chez des enfants ayant vécu des événements hautement stressants [6] ;
- habiter près de rues bordées d’arbres diminue la prévalence de l’asthme chez les enfants [7] ;
- passer du temps à l’extérieur diminue la prévalence de la myopie chez les enfants [8] ;
- avoir accès à des espaces verts augmente la capacité d’autodiscipline des enfants citadins [9] ;
- etc.
Biophilie et approche ancestrale
Le concept de biophilie est cohérent avec la logique évolutionniste, dans laquelle s’inscrivent les analyses de ce blog. Nos ancêtres vivaient entourés de nature et d’une multiplicité d’êtres vivants (biodiversité), de la forêt tropicale des primates non-humains à la savane arborée du genre Homo. Notre corps actuel s’est construit en étant profondément imbriqué au sein d’un écosystème vivant, en constante interaction avec les autres éléments de cet écosystème. Pour un fonctionnement optimal, le corps aurait donc besoin de conditions extérieures similaires, celles auxquelles il s’est adapté pendant des millions d’années, une immersion dans le monde vivant naturel.
Le corps et l’esprit sont une même chose, vue sous deux angles différents, écrivait Spinoza. Si on retient cette seconde proposition, alors on peut conclure que, physiologiquement et psychologiquement, nous avons besoin d’interagir avec le monde naturel. C’est pourquoi la biophilie est notamment étudiée dans le cadre de la psychologie évolutionniste, une branche de la médecine évolutionniste.
Approfondir et compléter
Avant l’écriture de cet article, j’avais déjà entendu parler de l’idée biophilie… ne serait-ce que parce que je suis fan de Björk 😉 et que je l’ai notamment vue en concert à l’occasion de sa tournée « Biophilia ». Björk indiquait d’ailleurs dans une interview que son album « est aussi un projet éducatif […] qui devrait faire comprendre facilement la musique à tous, et notamment aux enfants. Je me suis fondée sur les connexions entre la musique, la nature et la science. »
Scott Sampson, dans son beau livre Comment élever un enfant sauvage [10], m’a aussi fait découvrir un autre terme, assez complémentaire au lien entre biophilie et enfants, et que je ne connaissais pas du tout : la topophilie, soit « l’amour du lieu ». De même que Wilson, Sampson utilise ce néologisme pour traduire une hypothèse de travail, portant sur une déclinaison particulière de la biophilie : la topophilie désigne l’attraction instinctive qu’un être humain ressent pour les paysages naturels dans lesquels il a grandi. La description des fondements de cette hypothèse et ses implications pour nos enfants m’ont beaucoup intéressées : je vous les présenterai à l’occasion d’un prochain article : Pourquoi la nature apporte tant de bienfaits à la santé des enfants : l’hypothèse de la topophilie.
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Pour conclure, je serais bien intéressé par votre avis. Est-ce que le concept de biophilie vous parle ? Est-ce quelque chose que vous ressentez instinctivement ? Je suis très preneur de vos expériences sur ce sujet, en particulier celles illustrant l’expression de la biophilie chez les enfants : partagez-les dans les commentaires !
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Références – biophilie et enfants
- Wilson EO. Biophilia. Cambridge: Harvard University Press 1984. Et aussi :
- Kahn P, Kellert S. Children and nature: psychological, sociocultural, and evolutionary investigations. MIT Press, 2002. Et aussi :
- Van Den Berg A, Van Den Berg C. A comparison of children with ADHD in a natural and built setting. Child: Care, Health and Development. Et également :
- Faber Taylor A, Kuo F. E. M. Could exposure to everyday green spaces help treat ADHD? Evidence from children’s play settings. Applied Psychology: Health and Well-Being, 2011. Et aussi :
- Kellert SR. Nature and Childhood Development dans Building for Life: Designing and Understanding the Human-Nature Connection. Island Press, 2005. Et également :
- Wells, N.M., and Evans, G.W. “Nearby Nature: A Buffer of Life Stress Among Rural Children.” Environment and Behavior. Vol. 35:3, 311-330. Et aussi :
- Lovasi GS, Quinn JW, Neckerman KM et al. Children living in areas with more street trees have lower prevalence of asthma. Journal of Epidemiology and Community 2008 ; 62(7), 647-649. Et aussi :
- Rose KA, Morgan IG, Ip J, et al. Outdoor activity reduces the prevalence of myopia in children. Ophthalmology 2008 ; 115(8), 1279-1285. Et également :
- Andrea Faber T, Kuo FE, Sullivan WC. Views of Nature and Self-Discipline: Evidence from Inner City Children. – Journal of Environmental Psychology. Et aussi :
- Sampson SD. How to Raise a Wild Child: The Art and Science of Falling in Love with Nature. Houghton Mifflin Harcourt, 2015. Et également :
Et aussi : Musique par Ronan Vernon
Photos notamment par Eric Bégin
8 réponses
Super intéressant, merci!
ok cool 🙂 Ces sujets je les découvre en même temps que j’écris des articles dessus, je les trouve vraiment passionnants
« La terre, être silencieux dont nous sommes l’une des expressions vivantes, recèle les valeurs permanentes faites de ce qui nous manque le plus : la cadence juste, la saveur des cycles et de la patience… » (La Part du colibri : l’espèce humaine face à son devenir, Pierre Rabhi).
Voilà pourquoi nous l’aimons tant, et en avons tant besoin, aujourd’hui plus que jamais! 🙂
Merci pour la belle citation Colibri 🙂 On sait d’où vient l’inspiration de ton pseudo maintenant 😉
Voici plus précisément la légende du colibri (promis, après j’arrête) :
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. » »
nota : Cette légende n’a été que rapportée et retranscrite par Pierre Rabhi. A la base, c’est une légende amérindienne.
Merci à nouveau pour le partage poétique, je suis fan 🙂
En fait je pensais que ton « colibri » venait de la différence faite par Richard Louv entre « parents colibri » (laissant un certain niveau de liberté à leurs enfants) et parents « hélicoptère » (très protecteurs)
Article super intéressant Guillaume et inutile de te dire que j’adhère complétement à cette notion de « biophilie »…. l’amour du vivant végétal comme animal …quelle magnifique définition.
Je trouve la proposition aussi très intéressante… et aussi très inspirante. Les multiples déclinaisons faites actuellement (psychologie, urbanisme, gestion du stress, apprentissage…) témoignent qu’on n’est pas les seuls à être emballés !