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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous !
Cette série d’articles traite des bienfaits d’un bain de forêt pour les enfants. Le premier article a expliqué ce qu’est un bain de forêt, ce qu’on appelle « Shinrin-yoku » au Japon. Ce second article décrit les bienfaits pour la santé qui ont été mesurés à l’occasion de travaux de recherche.
Les bains de forêt ont fait l’objet de plusieurs études scientifiques, en particulier au Japon. Leurs bienfaits sur la santé sont multiples et peuvent être concrètement mesurés. Les anglo-saxons parlent de forest therapy, en France on parle de sylvothérapie.
Les états de pleine conscience, en eux-mêmes, sont connus pour diminuer les marqueurs physiologiques du stress et de la dépression. Ces états et leurs effets sont décrits par de nombreuses publications scientifiques, hors du contexte spécifique de la forêt, dont les travaux de Jon Kabat-Zinn figurent parmi les plus connus [1, 2].
Cohérence avec l’approche ancestrale
L’hypothèse d’un apport des paysages arborés est cohérente avec la logique évolutionniste, dans laquelle s’inscrivent les réflexions de ce blog. Nos ancêtres ont vécu entourés d’arbres pendant des millions d’années : d’abord dans la forêt tropicale puis, à partir de 7 à 8 millions d’années, dans la savane arborée de la région des grands lacs, en Afrique de l’Est. Par conséquent, aujourd’hui, passer du temps dans un environnement arboré pourrait générer des effets bénéfiques sur la santé.
Bain de forêt et enfants : bienfaits appuyés par plusieurs études
Cette hypothèse est appuyée par les résultats de plusieurs études scientifiques. Par exemple :
- être entouré d’arbres permet d’augmenter sa capacité de concentration, en particulier pour des enfants atteints d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité [3-5] ;
- marcher 2 heures en forêt permet de [6] :
- réduire le niveau de cortisol dans le sang. Le cortisol est une des principales hormones produites en situation de stress,
- augmenter l’activité du système immunitaire,
- diminuer la fréquence cardiaque et la pression artérielle,
- augmenter l’activité du système nerveux parasympathique et diminuer celle du système nerveux sympathique, ce qui caractérise un état intérieur plus calme.
Ces effets sont significativement plus marqués que pour une balade similaire au centre de Tokyo (même durée, mêmes participants) ;
- au-delà, passer trois jours en forêt permet de :
- diminuer l’adrénaline urinaire, une autre hormone liée aux situations de stress,
- augmenter le nombre et l’activité (+50 %) des cellules « Natural Killers » (NK) [7]. Ces cellules constituent un des principaux éléments que le système immunitaire mobilise pour :
- prévenir les infections,
- empêcher la croissance des tumeurs cancéreuses.
Bain de forêt : boost du système immunitaire et diminution du stress
Plus surprenant encore : l’augmentation d’activité des cellules NK se prolonge plus d’un mois après les trois jours en forêt [8]. Par contraste, une visite touristique de trois jours dans une ville n’a augmenté ni le nombre et ni l’activité des cellules NK ;
- mais même juste marcher 20 minutes en forêt, puis s’assoir et observer la forêt pendant 20 autres minutes, comparé au même exercice réalisé en milieu urbain, induit [9-11] :
- une augmentation du calme et du bien être déclaré ;
- une diminution du cortisol salivaire, de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle ;
- une baisse de l’activité de la zone préfrontale du cerveau.
Ces résultats suggèrent que pratiquer de courts bains de forêt a un effet relaxant, à la fois sur le corps et l’esprit.
Bain de forêt : praticable avec des enfants ?
Les bienfaits d’un environnement arboré sont donc concrètement mesurables, mais les raisons de ces bienfaits restent encore peu connues : elles font l’objet d’études, dont certaines apportent de premiers éléments de réponse. Par exemple, certains composés phytochimiques émis par les arbres, comme les phytoncides, induisent une augmentation de l’activité du système immunitaire [12].
Nos enfants, comme nous, peuvent profiter de tous ces effets bénéfiques. Mais peut-on pratiquer le bain de forêt avec eux ? Et si oui, quelle est la meilleure manière de faire ? Le prochain article proposera des éléments de réponse et quelques suggestions. Les bienfaits d’une balade en forêt : Shinrin-yoku (3/4) – Un jeu d’enfant
Pour conclure ce deuxième article sur le lien entre bain de forêt et enfants, je serais intéressé par votre avis. De mon côté, certaines de ces mesures concrètes m’ont plutôt surpris ! Je pense en particulier à l’activité des fameuses cellules NK. Et vous, quelles sont vos réactions ? Partagez-les dans les commentaires !
Références – Bain de forêt et enfants
- Kabat-Zinn J, et al, Influence of a mindfulness meditation-based stress reduction intervention on rates of skin clearing in patients with moderate to severe psoriasis undergoing phototherapy (UVB) and photochemotherapy (PUVA). Psychosom Med 1998 Sep-Oct; 60(5):625-32. Et aussi :
- Kabat-Zinn J et al, Effectiveness of a meditation-based stress reduction program in the treatment of anxiety disorders. Am J Psychiatry 1992 Jul; 149(7):936-43. Et également :
- Laboratoire de Recherche Paysage et Santé Environnementale et Laboratoire de Recherche Environnement Humain à l’Université de l’Illinois. Notamment : lien. Et également :
- Van Den Berg A, Van Den Berg C, A comparison of children with ADHD in a natural and built setting. Child: Care, Health and Development. Et aussi :
- Faber Taylor A, Kuo FEM, Could exposure to everyday green spaces help treat ADHD? Evidence from children’s play settings. Applied Psychology: Health and Well-Being, 2011. Et aussi :
- Park BJ, et al, The physiological effects of Shinrin-yoku (taking in the forest atmosphere or forest bathing): evidence from field experiments in 24 forests across Japan. Environ Health Prev Med. 2010 Jan;15(1):18-26. Notamment : doi. Et aussi :
- Li Q, et al, Forest bathing enhances human natural killer activity and expression of anti-cancer proteins. Int J Immunopathol Pharmacol 2007 Apr-Jun; 20(2 Suppl 2):3-8. Et également :
- Li Q, Effect of forest bathing trips on human immune function. Environ Health Prev Med 2010 Jan;15(1):9-17. Notamment : doi.
- Park BJ, et al, Physiological Effects of Shinrin-yoku (Taking in the Atmosphere of the Forest) — Using Salivary Cortisol and Cerebral Activity as Indicators. J Physiol Anthropol 26(2): 123–128, 2007. Notamment : doi. Et aussi :
- Park BJ, et al, Physiological effects of forest recreation in a young conifer forest in Hinokage Town, Japan. Silva Fennica 2009 ; 43(2): 291–301. Et également :
Davantage de références – 1
- Lee J, et al, Influence of Forest Therapy on Cardiovascular Relaxation in Young Adults. Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine Volume 2014. Et aussi :
- Li Q, Nakadai A, et al, Phytoncides (wood essential oils) induce human natural killer cell activity. Immunopharmacol Immunotoxicol 2006;28(2):319-33. Et également :
- La Banque Mondiale, Population urbaine – Perspectives d’urbanisation du monde, Nations Unies. Notamment : lien (consulté le 16 mai 2015). Et aussi :
- South EC, et al, Neighborhood Blight, Stress, and Health: A Walking Trial of Urban Greening and Ambulatory Heart Rate. American Journal of Public Health, 2015; e1. Notamment : doi. Et également :
Photos notamment par melyttg et Picography
2 Responses
Surprenant!!!
La présence d’arbres est donc essentielle?
Y a-t-il eu aussi des expériences avec d’autres milieux naturels, mais sans que ce soit une forêt, par ex. un endroit vert mais avec des plantes et arbustes plutôt « bas », au bord de la mer, etc.?
Question intéressante. Un prochain article de la série apportera certains éléments de réponses.
Je crois avoir lu (il y a longtemps !) un papier sur les bienfaits liés à regarder l’océan, à creuser. Dans la même idée, je pense écrire prochainement un article sur l’importance des éléments « végétaux » et « eau » dans notre environnement.
Un extrait du livre « Toxique Planète » d’André Cicolella qui pourrait t’intéresser : « La relation aux espaces verts est un second axe. Avec 1 500 parcs et 12 % de sa surface consacrée aux espaces verts, Toronto est surnommée « la ville à l’intérieur d’un parc ». Cela a été la conséquence d’un choix politique dans les années 1950 de convertir les zones inondables et les sites industriels en parcs. Conséquence, on a observé une diminution du diabète dans les zones avec parcs »