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Bonjour à tous.
Cet article porte sur les bénéfices d’une nature verte et bleue pour la santé des enfants.
Lors d’un précédent article, nous avons vu les bienfaits pour la santé des bains de forêt (« Shinrin-yoku ») : diminution du rythme cardiaque et de la pression sanguine, augmentation de l’activité du système immunitaire, diminution des marqueurs physiologiques du stress, augmentation du bien-être déclaré, etc. Merveilleuse influence des arbres !
Nature verte et bleue pour les enfants : l’importance des eaux de surface
L’eau semble avoir également le pouvoir de restaurer le corps et l’esprit. Selon Michael Merzenich, professeur émérite à l’Université de Californie et acteur de référence dans le domaine des neurosciences, « notre attraction pour l’océan pourrait venir de son manque de marqueurs physiques. A terre, nous sommes constamment en train de cartographier mentalement notre environnement, de sorte à pouvoir repérer les dangers (un serpent !) parmi les éléments du paysages (arbre, buisson, rocher). Poser le regard sur une mer calme, c’est un peu comme fermer les yeux. » [1]
L’hypothèse de Merzenich s’appuie sur la logique évolutionniste, dans laquelle s’inscrivent les analyses de ce blog. Son raisonnement parait extrapolable, au moins en partie, à toute étendue d’eau suffisamment grande. En tout cas, cette hypothèse traduit bien ce que je ressens en moi, et ce que j’observe chez les autres, en face d’un fleuve, d’un lac, de la mer ou de l’océan : un esprit qui progressivement se calme et se « déconnecte » de ses préoccupations du moment.
Nature verte-bleue et enfants : un héritage de nos ancêtres ?
L’homme moderne (Homo Sapiens) est apparu dans la région des grands lacs d’Afrique de l’Est. Comme son nom l’indique, cette région de savane arborée comprend de grandes étendues d’eau. Nos ancêtres sont sortis d’Afrique de l’Est il y a environ 125 000 ans. Certains travaux suggèrent que cette dispersion s’est faite en suivant les côtes, dans un premier temps, puis en remontant dans les terres en suivant les rivières, dans un second temps [2, 6]. L’élément eau était donc très probablement un élément essentiel du paysage quotidien de nos ancêtres. Dans ce cadre, la logique évolutionniste suggère qu’introduire l’élément eau dans notre quotidien pourrait apporter des bienfaits pour la santé. Aujourd’hui, 90 % de la population mondiale habite à moins de 10 km d’une rivière [6].
Dans son fameux livre Biophilia [3], Edward O. Wilson observe que nous sommes encore aujourd’hui attirés par le type de paysages dans lequel évoluaient nos ancêtres. Plusieurs éléments clés se dégagent, dont la présence d’eaux de surface. Selon Wilson, ceux qui jouissent des plus grandes libertés de choix, les riches et les puissants, se rassemblent sur de hautes terres, dominant des lacs et des cours d’eau, ou le long du littoral océanique. Il présente également plusieurs déclinaisons en milieu urbain. Par exemple, à Pompéï, les Romains construisaient des jardins à côté de presque toutes les résidences privées, et ces jardins comprenaient des bassins et des fontaines quasi-systématiquement.
Nature bleue : source d’inspirations suggérant un besoin de base
Herman Melville, le célèbre auteur de Moby Dick, était connu pour sa fascination envers les grandes étendues d’eau. Il écrivait notamment : Prenez le plus distrait des hommes, absorbé dans la plus profonde des rêveries, dressez-le sur ses jambes, incitez-le à poser un pied devant l’autre, et il vous conduira infailliblement vers l’eau, pour autant qu’il y en ait dans la région.” Henry David Thoreau semble répondre à cet élan lorsque, décidé à vivre dans les bois autour de Concord, il choisit de construire sa cabane… au bord de l’étang de Walden [4], où il écrira son chef d’oeuvre « Walden ou la vie dans les bois ». Thoreau exprime son besoin avec poésie : il est bien d’avoir de l’eau dans son voisinage, pour donner de la balance à la terre et la faire flotter.
Jean-Jacques Rousseau, dans les « Rêveries du promeneur solitaire », écrit également quelques belles lignes sur ce thème : Quand le soir approchait , je descendais des cimes de l’île et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac sur la grève dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.
Nature verte-bleue et enfants : quels résultats concrets ?
Mais quels sont les résultats concrets obtenus aujourd’hui par des travaux scientifiques ? Les bienfaits pour la santé d’une nature contenant de l’eau peuvent-ils être concrètement mesurés ? C’est ce que nous approfondirons à l’occasion d’un prochain article.
Pour conclure ce premier article sur la nature verte-bleue et les enfants, j’aimerais avoir votre avis. Vous sentez-vous attirés par les paysages naturels incluant des eaux de surface ? Et notamment, est-ce que de grandes étendues d’eau vous aident à calmer l’activité de votre esprit ? Partagez vos expériences dans les commentaires !
Références. nature verte-bleue et enfants
- Roberts M. The Touchy-Feely (but Totally Scientific!) Methods of Wallace J. Nichols. Outside Magazine 2011. Et aussi :
- Cury P, Miserey Y. Une mer sans poissons. Calmann-Lévy 2008. Et également :
- Wilson EO. Biophilia. Cambridge: Harvard University Press 1984. Et aussi :
- Thoreau HD. Walden ou la vie dans les bois 1854. Et également :
- Rousseau JJ. Les Rêveries du promeneur solitaire 1782. Et aussi :
- Lambert T, Brown N. Quand Homo Sapiens peupla la planète – documentaire Arte. 2015. Et également :
- Cunnane SC. Survival of the fattest: the key to human brain evolution. World Scientific 2005.
Photos notamment par Emiliano Ricci
Et aussi : Musique par Ronan Vernon
4 Responses
Je dirai qu’en plus du bleu, le bruit de l’océan ou le clapotis d’un lac sont également apaisant.
Oui je ressens ça aussi, et il me semble que la plupart des gens autour de moi le ressente également. Une étude récente traite indirectement de ce thème (si ça t’intéresse : Myriam V. Thoma MV, Roberto La Marca R, Rebecca Brönnimann R et al. The Effect of Music on the Human Stress Response. PLOS ONE 2013. DOI: 10.137.), qui sera inclus à la suite de cet article.
Merci, très intéressant, en plus ça répond en partie à une question que j’avais posée il y a quelques semaines 😉
On parle ici d’ « étendue d’eau suffisamment grande », est-ce que ça voudrait dire que ça ne ferait pas autant d’effet avec des rivières, ruisseaux…?
Oui, cette thématique m’intéressait depuis un moment, et je l’ai creusé à la suite de ton commentaire.
Concernant l’ « étendue », l’article suivant apportera quelques éléments de réponse, patience 😉