Pollution de l’air intérieur : comment bien choisir ses produits ménagers ?

Ces ingrédients font partie des formules secrètes que les fabricants ne sont pas obligés de divulguer (pas étonnant que des études montrent que l’utilisation de produits ménagers conventionnels est associée à des sifflements chroniques et de l’asthme chez les enfants). - Christopher Gavigan

Une vaste étude diligentée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) auprès de plus de 60 000 femmes, publiée en 2009, a alerté sur le fait que les femmes de ménage enceintes avaient plus de risque d’avoir des enfants souffrant de malformations (deux fois et demie plus de risque). - Dr Laurent Chevallier

 

Bonjour à tous,
Utiliser des produits ménagers génère des émissions de nombreux Composés Organiques Volatils (COV) dans l’air intérieur, dont certains sont toxiques. Comment diminuer l’exposition de nos enfants à cette pollution ? Une première étape pourrait être de choisir des produits ménagers moins polluants.Produits ménagers pollution

Cet article présente des recommandations qui pourront appuyer cette démarche.

Les recommandations suivantes proviennent de divers organismes publics, dont le détail est fourni dans les références de fin d’article.

 

Eviter les dangers potentiels

  • Ne pas utiliser d’eau de Javel pour le ménage de routine. Le contact avec certains types de saletés (celles des toilettes notamment) peut générer des émissions de chloramines, dont la trichloramine, qui est un irritant oculaire et respiratoire [2,3]. De plus, l’eau de javel est suspectée [4] de générer des émissions de formaldéhyde plus élevées que les autres types de produits ménagers. Le formaldéhyde est une substance classée « cancérogène certain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Enfin, l’eau de Javel n’est pas un produit nettoyant, c’est-à-dire que son action anti-bactérienne n’est possible qu’une fois les surfaces préalablement nettoyées [1].
  • Eviter les produits parfumés [1, 8]. Les parfums (« agrumes », « fraicheur », « eucalyptus », etc.) sont généralement obtenus par ajout de terpènes : limonène, α-pinène, camphène, terpinolène, citronellol, eucalyptol, etc. Ces substances peuvent générer des émissions secondaires de particules et de formaldéhyde, après réaction avec l’ozone de l’air [4].

 

produits ménagers et air intérieur - Pictogrammes de danger
Pictogrammes de danger

 

Qualité de l’air intérieur : limiter le nombre de produits ménagers

  • Avant de réaliser un achat de produits ménagers, identifier et clarifier les besoins d’utilisation [1, 5]. Entre autres, la question suivante pourrait devenir un réflexe : « Ai-je vraiment besoin d’utiliser un produit chimique (puissant) pour effectuer le nettoyage que j’envisage ? ». Une meilleure adéquation besoin/produit permet, notamment, de ne pas surconsommer de substances chimiques potentiellement toxiques. Par exemple, pour la plupart des nettoyages de routine, s’ils sont effectués régulièrement, des produits naturels peuvent être utilisés [7] : vinaigre blanc (dégraisse, désinfecte, détartre, adoucit), savon noir (dégraisse, détache), bicarbonate de soude (nettoie, détartre, désodorise), etc. L’emploi de désinfectant pourra être limité aux surfaces pouvant être contaminées par de fréquents contacts avec les mains. Par exemple : robinets, poignées de porte, etc. [8] On pourra également limiter l’utilisation d’eau de Javel à des cas spécifiques de désinfection poussée : éradication de moisissures, … [1, 6]. Les quantités à acheter seront d’autant plus faibles.
  • Limiter le nombre de produits différents [1]. Un nettoyage régulier permet d’utiliser un seul produit pour différents usages. Un nombre limité de produits permet de diminuer les risques de mélanges dangereux, le nombre de substances émises dans l’air, les quantités consommées et le nombre de produits stockés (produisant des émissions diffuses si l’étanchéité du contenant est imparfaite).
  • Après l’achat d’un nouveau produit, et avant de le renouveler, interroger les utilisateurs afin d’identifier d’éventuelles gênes liées à l’utilisation de ce produit. Par exemple : irritation des yeux, irritation des voies respiratoires, allergies, etc.
  • Eviter les produits au format spray. Ce format semble bien être celui qui émet le plus de COV dans l’air intérieur [10], comme on pouvait s’y attendre.
produits ménagers et air intérieur : Écolabel européen
Écolabel européen

 

 

S’appuyer sur des références

  • Privilégier les produits présentant l’Ecolabel européen [1, 6]. L’écolabel européen interdit l’utilisation de substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Il limite l’utilisation des substances sensibilisantes par inhalation et par contact cutané. Ce label constitue également une garantie d’efficacité pour le produit [1]. D’une manière générale, ce label officiel sera préféré à toute auto-déclaration du fabricant [8].

Certains d’entre vous pourront considérer les produits « naturels » cités ci-dessus – vinaigre blanc, savon noir, bicarbonate de soude – comme des « remèdes de grand-mères » : efficaces peut-être, peu polluants certainement, mais de là à être recommandés par un organisme public… C’est pourtant bien le cas, avec la célèbre Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis (US EPA) qui, pour le ménage de routine, suggère les formules suivantes [7] :

  • Nettoyant vitres : mélanger une cuillère à soupe de vinaigre ou de jus de citron dans un litre d’eau.
  • Détergent pour WC : utiliser une brosse et du vinaigre ou du bicarbonate de soude.
  • Nettoyant meubles : mélanger une cuillère à café de jus de citron dans un demi-litre d’huile végétale.
  • Désodorisant pour tapis : saupoudrer du bicarbonate de soude, puis passer l’aspirateur après 15 minutes.

Comme dirait monsieur Cyclopède : « Étonnant, non ? »

 

Pour conclure cet article sur produits ménagers et air intérieur, j’aimerais avoir votre avis. Est-ce que vous prêtez une attention particulière au choix de vos produits ménagers ? Est-ce que les risques de pollution associés vous paraissent significatifs ? Si oui, peut-être que vous vous basez sur certains critères pratiques. Partagez-les dans les commentaires !

 

PS – une recommandation complémentaire : éviter l’utilisation de produits ménagers dont le marketing vante des propriétés antibactériennes. C’est l’avis de Barbara Demeneix au regard de travaux scientifiques récents, suggérant que plusieurs composés antibactériens pourraient affecter le développement du cerveau des jeunes enfants [11].

 

Références – produits ménagers et air intérieur

  1. ADEME, ATMO France, AIRNORMAND et ATMO PACA. Le choix des produits d’entretien pour une meilleure qualité de l’air intérieur. ADEME. 2012. Notamment : lien. Et aussi :
  2. Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) du Québec. Notamment : lien. Et également :
  3. Thoumelin P, Monin E, Armandet D et al. Troubles d’irritation respiratoire chez les travailleurs des piscines. Etudes et enquêtes. Documents pour le médecin du travail. Notamment : lien. Et aussi :
  4. Rapport final du projet Activités DOmestiques et Qualité de l’air intérieur (ADOQ). 2013. Notamment : lien. Et également :
  5. Ministère chargé de la Santé et InVS. Gestion de la qualité de l’air intérieur – Établissements recevant du public. Guide pratique. 2010. Notamment : lien. Et aussi :
  6. Ministère chargé de l’Ecologie. Guide pratique pour une meilleure qualité de l’air dans les lieux accueillant des enfants. 2016. Notamment : lien. Et également :
  7. Site Internet de l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis. Notamment : lien. Et aussi :
  8. Environmentally Preferable Purchasing Program. Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis. Notamment : lien 1 et lien 2. Et également :
  9. Ministère chargé de l’Environnement. Guide pratique pour une meilleure qualité de l’air dans les lieux accueillant des enfants. 24 juillet 2015 (mis à jour le 17 février 2016). Notamment : lien. Et aussi :
  10. Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS). Utilisation de produits ménagers et qualité de l’air intérieur : enjeux sanitaires lies à une séance de ménage, substances d’intérêt et bonnes pratiques
    . RAPPORT D’ÉTUDE INERIS-DRC-19-179887-00900A. 2019. Notamment : lien. Et également :
  11. Demeneix B. Le Cerveau endommagé. Odile Jacob. 2016.

Photo notamment par Keith Williamson

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13 Responses

  1. Si ça ne marche pas dans tous les domaines, pour le ménage, rien de mieux, finalement, que les bonnes vielles « méthodes de grand-mère » 😉

    1. Bonjour GUillaume,

      Merci pour votre blog tres utile et accessible. Juste une question par rapport à l’usage des produits simples. Qu’en est il de la reaction vinaigre-bicarbonate de soude ? J’ai lu sur pas mal de forums et autres blogs que pour nettoyer par ex les toilettes rien de tel que de laisser agir ces produits ensemble.

      1. Bonjour Fanfan et merci 🙂
        Votre question sort de mon domaine de compétence là haha
        Pour tout vous dire, moi je connaissais cette réaction acide/base car on faisait des « fusées chimiques » avec au lycée 😀 De mémoire, la fusée s’envolait à cause du CO2 produit. Et comme le CO2 peut solubiliser le calcaire, c’est peut être pour ça que ce mélange est utilisé par certain(e)s dans les toilettes ! Mais bon, pures spéculations de ma part 😉

  2. Perso le vinaigre blanc est intégré à mon ménage de routine, et j’en suis très content. Je commence un peu à utiliser le bicarbonate de soude, et je n’ai pas encore testé le savon noir. Je compte essayer tout ça, je ferai un retour d’expérience par la suite 😉

    Tu as l’air satisfait(e ?) de ces produits naturels, si tu as des conseils pratiques je suis preneur !

  3. Merci pour cet article super efficace!

    Petite suggestion pour les articles à venir : proposer une définition des termes techniques (qu’on aimerait s’approprier à terme). Par exemple « reprotoxique » ou « mutagène ».

  4. Hello Pierre

    merci pour tes suggestions : j’ai complété le glossaire 😉 Pour continuer dans ce sens, sur certains termes clés, j’ai l’intention d’écrire des courts articles d’éclaircissement. Je mettrai alors un lien dans le glossaire pour le terme correspondant.

  5. Bien d’accord avec toi, et je mettrai le bicarbonate de soude en complément dans les « essentiels ». Puis le savon noir en second rideau

  6. Hello Guillaume !

    je fais attention de plus en plus aux produits d’entretien que j’utilise….le vinaigre et le savon noir…..mais surtout j’utilise mon Vaporeto, rien de mieux que la vapeur pour les sols, fenêtres et surtout les tapis !
    Blanche

  7. Hello Blanche ! Je vais être transparent, je ne connaissais pas du tout le Vaporeto, je viens de faire une petite recherche rapide : les nettoyeurs vapeurs semblent effectivement une optionintéressante ! Un peu frustrant pour moi néanmoins, puisque le sol de mon parquet est en bois massif 🙂 haha

  8. Hello Guillaume
    pour des parquets anciens où les interstices entre les lattes sont assez larges, le buseur étroit permet une désinfection importante !
    Blanche

  9. Bonjour Guillaume,

    Les médecins allergologues de l’ARCAA – Association de Recherche Clinique en Allergologie et Asthmologie – ont mis en place une démarche d’approbation et de prévention HQE-A – Haute Qualité Environnementale pour Allergiques – et son label associé « allergènes contrôlé » pour répondre scientifiquement aux interrogations de leurs patients, qui leur font confiance. Dans le cadre de produits d’entretien, cela facilite le choix et l’achat par ces patient-consommateurs des produits en toute sécurité.

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