Santé des enfants : des substituts du bisphénol A ont une toxicité similaire

La question de la substitution du bisphénol A par d’autres molécules ne va pas sans danger. - François Veillerette

Nous préconisons d’éviter les substitutions pour lesquelles nous n’avons pas toutes les garanties d’innocuité. Il est de la responsabilité des industriels d’en faire la démonstration. - Marc Mortureux, alors directeur de l’ANSES

Bonjour à tousplastiques bisphénol enfant enceinte bébé

Concernant le bisphénol A (BPA), d’après le site Internet de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), il existe « des éléments scientifiques suffisants pour identifier comme action prioritaire la réduction des expositions des populations les plus sensibles que sont les nourrissons, les jeunes enfants, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes. Cet objectif passe par la substitution du bisphénol A dans les matériaux au contact des denrées alimentaires, qui constitue la source principale d’exposition des populations. » [1]

L’utilisation du bisphénol A a été interdite en 2010 dans les biberons, en 2013 dans tous les contenants alimentaires destinés aux nourrissons et enfants en bas âge [2] et, depuis le 1er janvier 2015, dans tous les contenants alimentaires en France. Remplacer le BPA, oui, mais par quoi ? Des doutes persistent sur les risques présentés par ses substituts. C’est le cas, notamment, du bisphénol S (BPS) et du bisphénol F (BPF).

 

D’après une étude publiée dans la revue Fertility & Sterility en janvier 2015 [3], le BPF et le BPS causent des effets négatifs sur la production de testostérone par les testicules, similaires à ceux du BPA. Interviewé par Le Monde.fr [4], le biologiste René Habert, chercheur au laboratoire de développement des gonades (CEA, Inserm, université Paris-7) et un des co-auteurs de l’étude, insiste sur la possibilité d’une exposition de la population générale au BPS, car cette substance n’est pas réglementée : « Il est possible que le BPS soit utilisé comme substitut au BPA dans certains plastiques au contact des aliments […] difficile de le savoir, les industriels n’étant pas tenus d’indiquer la composition de leurs plastiques ».

 

Une revue de littérature scientifique, portant sur l’activité hormonale du BPS et du BPF, a été publiée en juillet 2015 dans la revue Environmental Health Perspectives [5]. 32 études y ont été analysées. Selon les conclusions de cette revue, « la majorité de ces études ont examiné les activités hormonales du BPS et du BPF et ont trouvé une puissance du même ordre de grandeur et une action similaire à celles du BPA (œstrogénique, anti-œstrogénique, androgène et anti-androgène) ». Cette revue précise que d’autres effets sont également associés au BPS et au BPF : modification du poids de certains organes, expression altérée de certains enzymes, perturbation des capacités de reproduction.

 

Peu de données sont aujourd’hui disponibles sur les taux de migration du BPS et du BPF, depuis les plastiques vers les aliments. Mais si le BPS et le BPF montrent des effets sur le système endocrinien, si leur action hormonale est similaire à celle du BPA, et si le consommateur ne peut pas identifier facilement les plastiques qui peuvent en contenir, alors les résultats de ces études pourraient suggérer de limiter l’utilisation de matières plastiques, en particulier dans les contenants que nous utilisons pour cuire et réchauffer la nourriture des enfants et des femmes enceintes.

Que peut-on utiliser à la place ? C’est ce que nous approfondirons à l’occasion d’un prochain article.

 

Et vous, utilisez-vous beaucoup de matières plastiques pour stocker, réchauffer ou cuire des aliments ? Peut-être faites-vous attention au type de plastiques que vous utilisez, ou bien peut-être n’êtes vous pas convaincu des risques associés aux bisphénols. Je serai intéressé de lire votre avis, dites-le moi dans les commentaires !

 

Références :

  1. Site Internet de l’ANSES – https://www.anses.fr/fr/content/alternatives-potentielles-au-bisph%C3%A9nol;
  2. Site Internet de l’administration française – http://www.service-public.fr/actualites/003099.html ;
  3. Eladak S, Grisin T, Moison D et al. A new chapter in the bisphenol A story: bisphenol S and bisphenol F are not safe alternatives to this compound. Fertility & Sterilty, 2015 ; 103- 1 : 11–21. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.fertnstert.2014.11.005
  4. Site Internet LeMonde.fr – http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/20/les-alternatives-au-bisphenol-a-sont-elles-moins-risquees-pour-la-sante_4559628_3244.html
  5. Rochester JR, Bolden AL. Bisphenol S and F: a systematic review and comparison of the hormonal activity of bisphenol A substitutes. Environ Health Perspect 2015 ; 123 : 643–650. DOI : http://dx.doi.org/10.1289/ehp.1408989

Photo par leonorjr

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7 Responses

  1. Bonjour,
    Merci pour cet article, très intéressant !
    En fait, j’ai toujours eu une méfiance, même si je n’ai pas eu le temps de creuser scientifique le sujet, pour les plastiques, surtout ceux qu’on est amené à chauffer, du coup je préfère au maximum utiliser du verre ou de l’inox !
    Par ailleurs, ça appelle à une réflexion de manière plus générale sur les substituts des substances reconnues / fortement suspectées d’être dangereuses à un temps t : ne seront-ils pas reconnus tout aussi dangereux à un t+1 ? Par exemple, quid des substituts à des produits comme les parabens, les nanoparticules, le téphlon … ?
    Peut-être la meilleure solution serait-elle de revenir aux produits les plus simples et aux ingrédients les mieux connus / basiques…

    1. Hello Yum !
      Sur la base de ce que je sais aujourd’hui, je souscris à 100 % au contenu de ton commentaire, qui me parait vraiment très pertinent. J’ai de la chance de t’avoir parmi mes lecteurs 😉

  2. Suite à ton article, je suis entrain de répertorier les produit en BPS et BPF, certains n’étiquettent pas d’autres oui déjà il y en a dans la gamme microcook cf mon enquête à ce sujet

  3. Merci Nessa, les résultats de tes investigations seront certainement bien utiles.

    Pour les lecteurs qui ne te connaissent pas encore : Nessa est l’auteure du blog Green Maman (http://www.greenmaman.com/) que je vous invite à déouvrir !

  4. Hello guillaume,
    Depuis quelques années déjà, j’utilise des récipients en verre pour réchauffer la nourriture….et je n’utilise les boites « type Tuperware » que pour garder les aliments au figo ou pour les transporter.

    j’essaie maintenant de n’acheter des conserves qu’en bocaux ! Et j’espère que les boites de sardines sont de bonne qualité. ..ou de maquereaux, car nous en mangeons assez souvent !
    c’est terrible de devoir douter ainsi de ce qui estsproposé au public …. mais c’est comme ça
    bonne suite pour ton blog très intéressant !
    Blanche

    ,

    i

    1. Salut Blanche !

      Merci pour le partage de retours d’expérience, intéressant.

      A la maison les récipients en verre sont également devenus des ustensiles centraux 🙂 J’en ai trouvé avec corps et couvercle en verre, très pratiques : je stocke au réfrigérateur, je rechauffe et je sers à table dans le même contenant !

      Oui il faut se méfier et oui il faut se renseigner. En même temps, il me semble qu’il faut progresser sur cette thématique sante-environnement tout en restant proportionnés, en se focalisant sur les actions qui apportent le plus de résultats. Une « exposition 0 » n’est pas atteignable dans le monde moderne, il me semble : à nous de construire un corps qui identifie, neutralise et élimine les polluants efficacement 😉 L’objectif de ce blog est de proposer des bonnes pratiques simples, et une fois en place, de ne plus y penser, et de profiter de la vie !

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