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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Un empoisonnement universel »
de Fabrice Nicolino, 448 pages, publié en 2014
Fabrice Nicolino est journaliste. Ses analyses portent sur différents domaines : écologie, agriculture, alimentation, santé…
Ce livre est une enquête sur l’ampleur de la présence et des effets des produits chimiques se trouvant dans notre environnement quotidien.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en quatre parties. Cet article est le deuxième article de la chronique. Le premier article se trouve ici : Pollutions chimiques dans notre environnement quotidien : l’enquête de Fabrice Nicolino (1/4)
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- L’exposition à certaines substances chimiques favorise l’obésité, ce qui est un phénomène connu depuis peu. Ces substances sont appelées « obésogènes ». D’après l’auteur d’une revue de littérature scientifique datée de 2012, « il existe un grand nombre de preuves scientifiques, chez l’animal et dans des études épidémiologiques, d’un lien entre l’exposition aux produits chimiques et l’obésité et, de manière encore plus marquée, le diabète. »
- Certaines substances chimiques contribuent aux troubles cognitifs et au bon fonctionnement du cerveau en construction des enfants. Par exemple : plomb, mercure, HAP, PCB, certains retardateurs de flamme, certaines pesticides, le perchloroéthylène, etc.
- Environ 45 millions de substances chimiques sont recensées par le registre officiel du CAS (Chemical Abstracts Service, un département de la Société américaine de chimie). Environ 35 millions de substances chimiques peuvent être achetées ou vendues.
- Les nanoparticules sont aujourd’hui présentes dans des centaines de produits de consommation courantes. Les risques associés sont très peu connus et non évalués.
- En 2009, une étude parue dans la revue Nature démontre que les nanoparticules peuvent endommager l’ADN des humains.
- En 2009, d’après l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), aujourd’hui intégrée dans l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), lorsque des nanoparticules sont ingérées, certaines se retrouvent dans le foie, la rate, les reins, le poumon, la moelle osseuse et le cerveau.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
- La bonne question est celle-ci : où ne trouve-t-on pas aujourd’hui de phtalates ? Pratiquement tous les objets en PVC en contiennent, et ils se comptent par milliers, des jouets aux consoles de jeu, des couches pour bébés aux bottes, du faux cuir aux détergents, en passant par des meubles, des adhésifs, des peintures, […] les gommes des bambins, […] sans oublier les cosmétiques, où ils sont omniprésents. Ne rêvons pas : nous y avons tous droit, chaque jour de multiples fois.
- Le déclin apparemment irrésistible du sperme s’observe sur une durée telle – seize ans, de 1989 à 2005 – que seuls des facteurs environnementaux semblent pouvoir l’expliquer. Mais lesquels ? Prudents comme il se doit, les auteurs notent que deux régions sont spécialement touchées : Midi-Pyrénées et Aquitaine. Les deux régions où l’on utilise le plus de pesticides, rapporté à la surface agricole. Une preuve ? Certes, non. Un indice de plus. Encore un. Cela ne fait que quarante ans qu’on en accumule.
- En juin 2004, le WWF réussit un joli coup de publicité. Au cours d’une conférence de l’Organisation mondiale de la santé qui se tient à Budapest, 14 ministres de l’Environnement de l’Union européenne acceptent de subir une prise de sang. Les résultats sont rendus publics en octobre : chacune de ces Excellences porte dans son sang une moyenne de 37 produits, dont certains interdits depuis des décennies. Serge Lepeltier, ministre français de l’Écologie, lui-même testé : « Tous les Français sont concernés, et j’ai souhaité le faire parce que j’ai souhaité être utile. J’ai des résidus de DDT dans mon sang. Or le DDT est interdit en France depuis vingt ans. »
- En France, par exemple, plusieurs études indiquent un accroissement constant des cas de cryptorchidie – un ou deux testicules non descendus – et d’hypospadias – pathologie entraînant une ouverture de l’urètre à un endroit inhabituel. Il semble que l’on puisse parler d’une moyenne de 6 % de cryptorchidie chez les nouveau-nés d’Europe
- [D’après un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement] Seulement une fraction des dizaines de milliers de produits chimiques sur le marché a été correctement évaluée afin de déterminer leurs effets sur la santé humaine et l’environnement. Même si des progrès ont été faits pour améliorer l’information sur les effets des produits chimiques […] ces données demeurent limitées à des produits considérés isolément. Or les expositions réelles sont rarement limitées à un seul produit chimique et très peu d’informations sont disponibles sur les effets sanitaires et environnementaux des cocktails de produits chimiques. […] Le coût pour la santé humaine de la plupart des produits chimiques n’est pas payé par les producteurs. »
- les ordres de grandeur sont fous. Jugeons-en par cet article paru en octobre 2003 dans le journal du CNRS, Microscoop. Sous le titre « Chercher une aiguille dans une meule d’aiguilles, ou comment trouver un nouveau médicament ? », il livre des précisions capitales, sous l’autorité de l’équipe de modélisation moléculaire de l’Institut de chimie organique et analytique. On apprend que « le nombre de produits chimiques commercialisés dans le monde est de l’ordre de 6 millions et celui connu des chimistes (produits synthétisés ou extraits) est actuellement d’environ 22 millions ». Rappelons que nous sommes alors en 2003. De qui se moque l’Europe vertueuse avec ses 30 000 produits à enregistrer dans le cadre de Reach [Le règlement européen portant sur la gestion des produits chimiques] ?
Mon avis
Les +
- Un travail d’enquête très documenté. L’auteur a pris le temps d’approfondir le sujet, de faire des recherches, de collecter des informations, de les mettre en cohérence et de proposer une grille de lecture ;
- Un recensement des principales étapes de l’histoire de la chimie, qui m’a beaucoup intéressé ;
- J’ai appris pas mal de choses ! Par exemple, le nombre de substances chimiques commercialement disponibles (35 millions) m’a interpellé. Jusqu’ici je me basais sur le chiffre donné par le Ministère en charge de l’environnement ou par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques (100 000 substances). A approfondir. Dans tous les cas, la rapport avec le nombre de substances bien documentées est impressionnant.
Les –
- Un argumentaire à charge, unidirectionnel ;
- Un ton très militant, parfois polémique. La plupart des livres que j’ai chroniqués avait un ton militant ; ici, cela me parait desservir le contenu. A mon sens, Rachel Carson et Theo Colborn, présentées comme des icônes par le livre, ont su garder une rédaction globalement sobre et factuelle, sans perdre en puissance d’impact et de revendication ;
- Un de mes amis a aussi lu le livre et on en est ressortis avec la même impression : « les Pouvoirs publics sont bêtes ou corrompus ». Sans prétendre que tout est parfait, cela ne correspond pas à mon expérience personnelle.