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« Les retardateurs de flamme sont partout » : comment réduire l’exposition des enfants ?

Beaucoup de retardateurs de flamme bromés et chlorés sont persistants et bioaccumuteurs, ce qui conduit à une contamination de la chaîne alimentaire, comprenant le lait humain. - Déclaration de San Antonio

les progrès de la chimie contribuent à rendre notre quotidien plus facile et agréable mais en contrepartie, nos milieux de vie sont de plus en plus saturés de nouvelles substances dont certains effets sont de plus en plus inquiétants. - Pr Jean-François Narbonne

Bonjour à tous !

Les retardateurs de flamme sont des substances chimiques qui sont ajoutées à une grande variété de produits, afin de les rendre moins inflammables [1]. On les trouve notamment dans les meubles rembourrés et les produits contenant de la mousse, comme les coussins, les canapés ou les matelas.

Les retardateurs de flamme bromés (RFB) et chlorés (RFC) sont considérés comme des substances préoccupantes car :

  • ils peuvent s’échapper de leurs produits d’origine, puis se retrouver dans les poussières des maisons, des bureaux, des voitures, des avions, etc. puis contaminer l’environnement : l’eau, l’air, le sol, la chaîne alimentaire locale ;
  • certains s’accumulent dans le corps humain et sont toxiques.

 

En plus de mettre à disposition des articles scientifiques, le site Internet de la revue Environment Health Perspectives [2] propose des interviews de chercheurs, auteurs de certains de ces articles. Dans ce cadre, Ake Bergman a été interviewé en 2011 [3]. Ake Bergman est professeur de chimie environnementale à l’Université de Stockholm. L’interview portait sur la Déclaration de San Antonio, concernant les RFB et RFC [4], rédigée en septembre 2010. Dans cette déclaration, plus de 200 scientifiques appellent à une prise de conscience et à une meilleure gestion de ces polluants.

 

Eléments clés de l’interview, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus de l’interview, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Depuis les années 1970, plusieurs alertes ont été lancées concernant certains RFB et RFC. Mais au lieu de développer des alternatives moins risquées, les fabricants ont juste utilisé des RFB et des RFC différents. La Déclaration de San Antonio attire l’attention sur cette pratique. Elle appelle la communauté scientifique à considérer les impacts de l’utilisation répandue de ces substances.
  • « Les RFB et RFC sont partout, ils sont dans toutes sortes de produits que nous achetons régulièrement.». Sont-ils labellisés ? « Non, et c’est une inquiétude majeure pour beaucoup d’entre nous ».
  • La Déclaration de San Antonio appelle à l’action sur l’ensemble des RFB-RFC, et pas seulement sur les plus connus (ex : PBDE), parce que leur persistance dans l’environnement, leurs capacités de bioaccumulation et leur toxicité sont suffisamment connus. « Nous avons appris des leçons du passé : si nous ne faisons rien maintenant, nous aurons des problèmes avec chacun de ces composés plus tard dans notre vie.»
  • Les effets potentiels liés à une exposition aux RFB sont, notamment, l’apparition de cancers, la perturbation du système endocrinien, des troubles de la reproduction et des troubles du développement neurologique. Ce dernier effet est particulièrement préoccupant pour les nourrissons et les jeunes enfants, dont le cerveau est en plein développement. « C’est aberrant d’apprendre que vous avez un coussin d’allaitement avec des retardateurs de flamme, par exemple ».
  • Les RFB ont une structure proche de celle des PolyChloroBiphényles, les fameux PCB. « Nous savons ce qui est arrivé dans le passé aux enfants qui ont été exposés à de fortes concentrations en PCB. Ces composés bromés [les RFB] agissent d’une manière similaire. Leurs effets vont s’additionner aux autres composes organochlorés présents dans l’environnement. »

Comment protéger les enfants de ces pollutions environnementales

Le recours aux retardateurs de flamme pour réduire efficacement le risque d’incendie domestique fait, depuis plusieurs années, l’objet de débats et de controverses. En 2016, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), compte tenu des incertitudes existantes sur leur efficacité et leurs risques pour la santé, il semble préférable d’insister sur une série de mesures alternatives [5] : détecteurs-avertisseurs autonomes de fumée, contrôle accru des installations électriques, campagnes d’information portant sur le risque incendie, etc.

Au niveau individuel, les bonnes pratiques suivantes permettent de diminuer l’exposition des enfants aux RFB et RFC [6, 7, 8] :

  • éviter les poissons se situant en haut de la chaîne alimentaire aquatique, car les RFB et RFC sont bioaccumulables. Par exemple : anguille, barbeau, brème, carpe, silure, lotte (baudroie), loup (bar), bonite, anguille, empereur, grenadier, flétan, brochet, dorade, raie, sabre, thon, Espadon, marlin, siki, requin, lamproie etc.
  • privilégier les poissons sauvages, pêchés loin de zones densément peuplées: Alaska, Islande, etc.
  • lorsqu’ils existent, privilégiez les produits rembourrés avec des matières naturelles: laine (qui présente une bonne résistance au feu), coton, latex, fibres de coco, etc. C‘est par exemple possible pour les matelas ;
  • veiller à ce que le tissu recouvrant le matelas ne se déchire pas [9, 10]. Le cas échéant, ramasser méticuleusement les poussières de mousse dispersées [11] et remplacer le matelas [12, 9] ;
  • éviter de passer du temps à proximité d’installations gérant des déchets dangereux : stockage, incinération, etc.
  • si vous travaillez au contact de RFB et RFC (ex : fabrication ou recyclage de produits contenant des RFB et RFC), changez de vêtements et prenez une douche avant de rentrer chez vous.

Connaissiez ces recommandations ? Si oui, rencontrez-vous des difficultés à les mettre en œuvre ? Peut-être avez-vous d’autres conseils à appliquer en complément. Dites-le moi dans les commentaires !

Références

  1. Site Internet de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA, en anglais European Food Safety Authority, EFSA) – Les retardateurs de flamme bromés – http://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/bfr.htm
  2. En français : Perspectives en Santé Environnementhttp://ehp.niehs.nih.gov/
  3. Ahearn A. The San Antonio Statement, with Ake Bergman. Environ Health Perspect 2010 ; http://dx.doi.org/10.1289/ehp.trp120110
  4. DiGangi J et al. San Antonio Statement on brominated and chlorinated flame retardants. Environ Health Perspect 2010 ; 118(12) : A516–A518. Doi:1289/ehp.1003089.
  5. Site Internet de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) – Évaluation des risques liés à l’exposition aux retardateurs de flamme dans les meubles rembourrés – Point sur l’efficacité des retardateurs de flamme contre le risque d’incendie. https://www.anses.fr/fr/content/%C3%A9valuation-des-risques-li%C3%A9s-%C3%A0-l%E2%80%99exposition-aux-retardateurs-de-flamme-dans-les-meubles (consulté le 20 mai 2016)
  6. Site Internet des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des Etats-Unis – Factsheet Polybrominated Diphenyl Ethers (PBDEs) and Polybrominated Biphenyls (PBBs) – http://www.cdc.gov/biomonitoring/PBDEs_FactSheet.html
  7. Poissons et produits de la pêche, conseils de consommation. ANSES – https://www.anses.fr/fr/system/files/ANSES-Ft-RecosPoissons.pdf
  8. Agence américaine des substances toxiques et du registre des maladies (Agency for Toxic Substances and Disease Registry, ATSDR) – Polybrominated Biphenyls (PBBs) : http://www.atsdr.cdc.gov/toxfaqs/tfacts68.pdf – Polybrominated Diphenyl Ethers (PBDEs) : http://www.atsdr.cdc.gov/toxfaqs/TF.asp?id=900&tid=183
  9. Environmental Working Group – www.ewg.org
  10. Children’s Environmental Health Network – http://cehn.org/
  11. Healthy Child Healthy World – http://healthychild.orghttp://www.healthychild.org/its-an-e-book-welcome-to-our-new-healthy-pregnancy-e-book/
  12. Environmental Health Perspective – http://ehp.niehs.nih.gov/

Photo par Amanda Tipton

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4 réponses

  1. Merci Guillaume pour ton article instructif ! Je n’avais plus en tête que ces retardateurs de flamme étaient présents dans autant de produits…

    Dans un premier temps, je vais faire le tour de mes meubles dès demain, pour vérifier qu’il n’y en a pas d’abîmés et où de la mousse serait apparente !
    Ensuite, je crois que je vais me poser plus sérieusement la question d’investir petit à petit dans des meubles bio ou faits de matières naturelles, notamment pour les matelas, en commençant par ceux des enfants, vu le nombre d’heures qu’on passe dessus par jour ! ça tombe bien, c’est les soldes, c’est peut-être le bon moment 😉

  2. Salut Mi-Ko !
    Les exigences de la réglementation anti-incendie semble avoir fortement développé leur utilisation.
    On est complètement en phase sur l’approche, il faudrait d’ailleurs que je sois un peu plus efficace sur ce thème 😉
    Dans le cadre du blog, j’ai fait un recensement de matelas répondant à des critères de type « santé-environnement » : https://sante-enfants-environnement.com/matelas-pour-bebes-et-enfants/. J’espère qu’il te sera utile !

  3. Après m’être renseignée sur les retardateurs de flamme et les avis de l’Anses sur le sujet, j’ai pris une décision « volontariste » : j’ai jeté toutes les peluches des enfants, á l’exception des quelques peluches auxquelles ils étaient très attachés. J’ai trouvé un prétexte (moisissures généralisées et nuisibles dans le coffre à jouets si je me souviens bien 😉 ) pendant qu’ils étaient chez leur grands-parents. Je pensais que cela pouvait leur faire un choc, donc j’avais prévu de leur annoncer la mauvaise nouvelle très « en douceur », proposant de rajouter quelques jouets de base si besoin… Et ils n’ont juste pas réagi… Ils ont dû être un peu tristes et surpris… 1 min 30 !!! Et puis ils sont passés à autre chose. Ils ne m’ont même pas relancé pour l’achat de nouveaux jouets… Au final je suis très contente de l’opération, pour les retardateurs mais aussi parce qu’on savait juste trop de jouets, c’était devenu n’importe quoi…

    1. Je souris en lisant ton commentaire car j’ai fait l’été dernier une opération similaire 🙂 J’avais racheté une peluche (Oeko Tex et rembourrée avec du coton bio) et un jouet en bois (massif, peinture de qualité alimentaire) pour la découverte en douceur. Et force est de constater que ma grande fille est passée très vite à autre chose aussi 😉 ce qui a été une agréable surprise, je pensais « en entendre parler » beaucoup plus que ça…

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