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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Vous êtes fous d’avaler ça ! »
de Christophe Brusset, 250 pages, publié en 2015
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Christophe Brusset est un cadre supérieur ayant travaillé plus de 20 ans dans des entreprises du secteur agro-alimentaire. Ce livre dénonce les multiples dérives dont il a été témoin et complice. Ces dérives portent notamment sur des pratiques pouvant générer des risques sanitaires pour les consommateurs.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en quatre parties ; cet article est le premier article de la chronique. Il porte notamment sur la place que nous accordons à l’alimentation et la logique de l’industrie agro-alimentaire.
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Nos aliments constituent les matériaux de construction de notre corps. Nous sommes littéralement ce que nous mangeons.
- Bien se nourrir peut également générer des effets thérapeutiques.
- Jamais dans l’histoire de l’Homme la nourriture n’a été aussi abondante et bon marché. Selon l’’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les dépenses liées à l’alimentation représentent aujourd’hui environ 15% des revenus d’un foyer. Elles représentaient le double dans les années 1950.
- Ces progrès ont une contrepartie significative : l’utilisation de grandes quantités de produits chimiques (pesticides, engrais, antibiotiques, hormones de synthèse, additifs alimentaires…) pollue l’environnement et empoisonne les consommateurs. La standardisation de la malbouffe est responsable de la croissance mondiale de maladies cardiaques, de cancers, d’obésité, de diabètes et d’allergies. Aujourd’hui, plus de gens meurent de trop et mal manger que de ne pas assez manger.
- Le scandale de la viande de cheval aurait pu être facilement évité, comme d’autres avant lui, par l’adoption de mesures simples. Cela prouve, malheureusement, qu’on ne peut avoir confiance ni dans les marques internationales les plus connues, ni dans les services sanitaires des États les plus avancés.
- La loi du marché et une concurrence extrême soumettent les sociétés agro-alimentaires à de très fortes pressions de résultats. Ce contexte favorise les dérives.
- Les bonnes pratiques recommandées par ce livre comprennent :
- autant que possible, éviter de consommer des produits industriels et privilégier les produits bruts, frais, non transformés ;
- par ordre de préférence, privilégier les produits locaux, puis régionaux, puis nationaux, et enfin ceux provenant de pays avec des normes sanitaires reconnues. Typiquement, mieux vaut choisir un produit issu de l’Union Européenne plutôt qu’un produit fabriqué en Chine, et dans une moindre mesure, en Inde et en Turquie. D’une manière générale, méfiez-vous des origines « exotiques » ;
- éviter les premiers prix. C’est socialement injuste mais, malheureusement, manger sainement a un coût. Les produits premiers prix sont ceux qui sont soumis au maximum de pression, bien entendu : le risque de mauvaise qualité et de non-conformité est le plus élevé. Mieux vaut acheter moins, mais acheter mieux ;
- comme tous les acheteurs professionnels, se méfier des produits manifestement trop peu chers, des « super-promotions », des fins de série ou des dates limites de consommation courtes. Quel intérêt un vendeur aurait-il à brader un produit de qualité ?
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Pendant près de vingt ans, j’ai été employé par de grandes entreprises du monde de l’agroalimentaire très connues, toutes bardées de certifications et de labels de qualité, mais dont l’éthique n’était qu’une façade. Pour ces sociétés, la nourriture n’a rien de noble, il s’agit uniquement d’un business, un moyen de gagner de l’argent, toujours plus d’argent. Elles pourraient tout aussi bien, ou tout aussi mal, fabriquer des pneus ou des ordinateurs.
Une mise en garde de la Commission européenne à l’intention des consommateurs de l’Union européenne [a porté sur] les produits importés de Chine, représentant à eux seuls 64 % des 2 435 produits dangereux répertoriés par le système d’alerte RAPEX en 2014. « Je suis surprise par le nombre de produits dangereux provenant de Chine », a déclaré la commissaire à la Justice, responsable des droits des consommateurs, Vera Jourova. « La situation ne s’améliore pas », a-t-elle déploré, soulignant que le nombre de produits dangereux fabriqués en Chine signalés en 2014 était équivalent à celui de 2013. Chère Vera, je vous souhaite la bienvenue dans le monde réel. Que la sieste a été longue. Ne découvrir qu’aujourd’hui la menace des produits chinois de mauvaise qualité, ce que tous les professionnels travaillant avec la Chine savent depuis vingt ou trente ans…
Nous connaissions parfaitement toutes les failles du système, cherchant systématiquement comment les exploiter au mieux à notre bénéfice. La version industrielle de la fameuse optimisation fiscale. On mentait tout le temps, à nos clients bien sûr, en leur inventant de belles histoires, aux fournisseurs évidemment, aux douanes et autres organismes de l’État ensuite, mentant sur la qualité des produits, tout comme sur les origines. […] Que vous le vouliez ou non, on vous pousse à franchir la ligne rouge.
Je me rappelle avec émotion ma première visite d’une usine de transformation d’escargots, en Turquie. C’était à la fin de l’été et la température était caniculaire. […] J’ai senti l’usine bien avant de la voir. Dans une vaste cour bétonnée, des dizaines de tas de coquilles d’escargots vides de plus de trois mètres de hauteur s’alignaient comme d’immenses termitières. Des myriades d’insectes volants, satellisés en orbite des monticules, s’activaient dans un vrombissement continu. À la base des tas, un épais jus noir couvert de mouches se répandait en flaques aux bords séchés, craquelés, sur le sol de béton brûlant. Je respirais par la bouche pour que l’air chargé d’odeurs putrides ne passe pas par mes narines. D’un peu plus près, je remarquai que certaines coquilles contenaient encore des morceaux d’intestin d’escargots avec des asticots tout mignons, d’un joli blanc, qui se tortillaient. Les coquilles étaient ainsi naturellement nettoyées par le soleil et les insectes. Lorsqu’il n’y avait plus de déchets solides, on passait le tout dans un bain de soude caustique, un rinçage, et direction l’usine pour le garnissage. Bon appétit ! Aujourd’hui je ne mange plus d’escargots, ni de Bourgogne ni d’ailleurs
Il faut dire aussi que le consommateur n’est pas raisonnable non plus, pour ne pas dire totalement crétin, ce qui rend les choses encore plus faciles. Il suffit de lui présenter, par exemple dans le cas d’un produit comme de la pâte à tartiner aux noisettes contenant essentiellement de l’huile et du sucre (obésité assurée), une publicité avec un verre de lait et des noisettes, ingrédients mineurs, pour lui faire croire que le produit est sain. Pourtant tout est clairement indiqué sur la liste d’ingrédients. […] Avec les yaourts, c’est pareil. Un pot de forme et de couleur sexy, un nom sympa, un arôme, du sucre, et hop, on vous fait croire que vous achetez une potion magique qui renforce vos défenses naturelles, fait pousser les cheveux, assure une peau lisse et brillante, rend intelligent, donne du charme, etc.
Nous n’avons pas voulu rester en dehors du mouvement, ça n’aurait pas été malin. Quand un mouvement général est lancé, tôt ou tard, concurrence oblige, vous n’avez pas d’autre choix que de le suivre.
La seconde partie de la chronique se trouve ici : Comment protéger les enfants des polluants issus des produits alimentaires industriels (2/4)
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Cette chronique met en avant une voie d’exposition des enfants à certaines substances préoccupantes. D’une manière générale, ce blog a pour mission de vous aider à diminuer l’ensemble des expositions de vos enfants. Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Photo par Yuichi Shiraishi
2 Responses
Bonjour Guillaume,
Merci pour cette chronique !
Je viens seulement de commencer la série de 4 articles… et c’est déjà effrayant !
Dans un genre très différent, le livre m’a un peu fait le même effet que « 1984 » ou que « les 120 journées de Sodome » : je savais très bien quel type de contenu j’allais y trouver, et cela ne m’a pas empêché pas d’en sortir impressionné et remué ! 😉