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Comment éviter que des substances toxiques se retrouvent dans le sang des enfants, avec le Pr Jean-François Narbonne (5/5)

Le lien entre la dégradation de l'environnement et une mauvaise santé est clairement démontré. - Margot Wallström, alors commissaire européen chargé de l'environnement

La conscience du rapport de l’homme à son environnement, et de l’impact de celui-ci sur sa santé, est évidemment ancienne. Ce qui est plus récent, c’est l’objectivation de l’ampleur des dégradations et des pollutions que l’homme inflige à son propre environnement, et de leur impact délétère sur sa santé. - Pr Denis Zmirou

Chronique de « Sang pour sang toxique »

Sang toxique Jean-François Narbonne

Du Pr Jean-François Narbonne, 256 pages, publié en 2012

 

Jean-François Narbonne est professeur de toxicologie à l’Université de Bordeaux. Il présente des expériences de chercheur et d’expert auprès de l’agence sanitaire française (Anses). Il participe également à des groupes de travail au niveau de l’Union Européenne (UE) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Ce livre décrit la présence de substances préoccupantes dans l’environnement du quotidien, ainsi que les risques associés. L’auteur propose des recommandations pratiques pour s’en protéger.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en cinq parties. Cet article est la cinquième partie de la chronique. Il porte notamment sur des conseils pratiques, permettant de diminuer l’exposition aux polluants du quotidien. La première partie se trouve ici : Comment éviter que des substances toxiques se retrouvent dans le sang des enfants, avec le Pr Jean-François Narbonne (1/5)

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • En raison du contenu de sa formation initiale, le corps médical est particulièrement sensible au risque biologique (bactéries, virus…). Il est beaucoup moins familier avec les autres types de risque, comme celui lié à la pollution environnementale.
  • Les pommes, les poires et tous les produits de l’arboriculture, lorsqu’ils sont issus de l’agriculture conventionnelle, contiennent souvent beaucoup de pesticides. Pour une famille qui souhaite intégrer une part d’aliments issus de l’agriculture biologique, ces aliments peuvent être considérés comme prioritaires.
  • Dans le cadre de l’agriculture conventionnelle, des pesticides sont appliqués pendant la culture des fruits et des légumes. En complément, des pesticides sont également appliqués après la culture, pour pouvoir les conserver plus longtemps et pouvoir les transporter sur de grandes distances. De fait, les produits de proximité contiennent beaucoup moins de pesticides : se nourrir auprès de producteurs locaux permet de diminuer significativement son exposition aux pesticides.
  • En France, l’eau en bouteille est de meilleure qualité que l’eau du robinet : elle est issue de zones très contrôlées et ne subit aucun traitement. Les plastiques utilisés pour les bouteilles ont évolué : aujourd’hui, ils ne présentent plus de migration de substances préoccupantes vers l’eau contenue.
  • L’eau du robinet, elle, mais si elle est contrôlée au regard de normes de potabilité qui assurent l’absence de risque sanitaire, contient des quantités détectables de pesticides, de résidus médicamenteux, de détergents, de phtalates (pouvant provenir des revêtements des canalisations de distribution) et de résidus des traitements par le chlore, dont certains sont soupçonnés d’être cancérigènes. L’eau du robinet est donc de moins bonne qualité que l’eau en bouteille.
  • Les matières plastiques utilisées en cuisine sont susceptibles de contenir des substances préoccupantes : bisphénol A (aujourd’hui interdit à la vente, mais encore bien présent dans de nombreuses cuisines), phtalates… Parmi ces matières plastiques, certaines ne sont pas compatibles avec une cuisson au four à micro-ondes ; c’est le cas de la plupart des films étirables. Transvaser les aliments à réchauffer dans un plat en verre est recommandé.
  • Concernant les femmes enceintes et les enfants de moins de 30 mois, l’agence sanitaire (Anses) recommande d’éviter certains poissons contenant des taux élevés de mercure : espadon, lamproie, marlin, siki… Plus généralement, mieux vaut éviter d’acheter des produits provenant des zones parmi les plus polluées : mer Baltique, baie de Seine… L’étiquetage mentionnant les zones de provenance du poisson est obligatoire aujourd’hui.
  • Les édulcorants n’ont rien à faire dans l’alimentation de routine ; en particulier, il n’a jamais été montré qu’ils faisaient maigrir. Pour certains, comme l’aspartame, des doutes existent sur leur innocuité. D’une manière générale, mieux vaut choisir les produits les plus naturels possibles, les moins transformés.
  • Les femmes enceintes ne devraient pas participer aux travaux de préparation de la chambre du bébé, notamment ceux produisant des poussières ou ceux impliquant des peintures.
  • En France, les amalgames dentaires ne sont pas considérés comme des facteurs de risque. Mais ils peuvent l’être dans d’autres pays : en Allemagne, il est recommandé de ne pas utiliser d’amalgame chez les enfants de moins de 6 ans. Des substituts existent, certains à base de résines, mais les risques associés peuvent être peu connus.
  • Certaines poêles antiadhésives à bas prix peuvent se déformer et se dégrader trop rapidement, libérant des substances préoccupantes vers les aliments. En matière d’ustensiles alimentaires, mieux vaut privilégier la bonne qualité.
  • Les poussières domestiques concentrent de nombreuses substances préoccupantes : phtalates, résidus de peintures glycérophtaliques, pesticides, solvants… Faire la poussière régulièrement chez soi est une bonne mesure de prévention.

 

Sang toxique Jean-François Narbonne 5

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Les administrations et les ministères sont beaucoup plus sensibles aux opérations de communication des ONG qu’aux alertes des agences sanitaires. Il faut reconnaître que les médias font leurs choux gras des messages alarmistes, pertinents ou démagogiques, des premières, et passent sous silence les avis des agences comme l’Afssa [Agence française de sécurité sanitaire des aliments] qui sont indépendantes. Que des responsables politiques entrent dans ce jeu, c’est assez insupportable !

Les exemples de mélange des genres entre intérêts publics et privés sont malheureusement nombreux en France aussi, bien que ces intérêts soient gérés par des sociétés nationales à la française. Tout ce qui est en rapport avec le nucléaire relève par exemple exclusivement du CEA et l’Afssa n’a aucun droit de regard sur les radioéléments présents dans les aliments. Dès qu’il s’agit d’une société nationale, l’administration impose le droit de réserve à ses fonctionnaires. On sait par exemple qu’au moment de l’affaire du nuage de Tchernobyl, les chercheurs disposant de compteurs de radioactivité ont constaté le passage du nuage mais avaient la formelle interdiction d’en parler.

Faut-il conseiller l’allaitement maternel sachant qu’une partie des substances toxiques de la mère se trouvent dans son lait ? Si les graisses de la mère sont contaminées, les graisses du lait seront aussi contaminées et l’enfant sera exposé. Pour les contaminants persistants, l’enfant constitue un stock qui peut représenter 10 % de son stock à l’âge adulte. Mais l’allaitement maternel présente beaucoup d’avantages et les effets toxiques éventuels de ces substances ne constituent pas un risque important par rapport aux bénéfices. Si l’imprégnation de la mère doit avoir une répercussion chez l’enfant, ce n’est pas tant au moment de l’allaitement qu’au cours de la gestation, lorsque le fœtus se développe.

Les parabènes les plus toxiques ne sont plus utilisés. Mais le problème est le même que pour le bisphénol A et les biberons : que sait-on vraiment de l’innocuité des produits de substitution ?

Les produits OGM sont utilisés massivement dans l’alimentation animale. S’ils avaient un quelconque effet sur la santé, on aurait déjà vu apparaître des problèmes chez les animaux qui les consomment. Or, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, 98 % des OGM soit résistent aux pesticides soit en produisent ; au final, leur culture entraîne une utilisation accrue de pesticides. Le vrai problème est là : il est environnemental.

Pour le barbecue, les pratiques à respecter sont simples : il faut éviter que la flamme touche le produit, faire attention à ce que les graisses ne coulent pas sur la braise, éviter d’utiliser du bois recyclé ou traité (utiliser du charbon de bois convient tout à fait). La fréquence d’utilisation est également importante : il faut éviter de tout cuire, tous les jours au barbecue.

Les antibiotiques ne sont plus employés comme agents de croissance. On ne les administre aujourd’hui qu’en cas de maladie, à des doses thérapeutiques et on s’assure qu’au moment de l’abattage, ils ont bien été métabolisés. En revanche, concernant les produits importés, nous ne pouvons pas être sûrs qu’ils ne sont pas traités par des antibiotiques. Certains élevages de crevettes par exemple sont traités avec des produits interdits en Europe. Il faut notamment faire attention à certains produits dits « à bas prix » qui se situent hors de toute réglementation communautaire.

Concernant les détergents, de nombreux produits sont aujourd’hui utilisés sans être rincés par la suite. Or la loi française oblige le rinçage. Prenons l’exemple des tables nettoyées le matin dans les crèches. Les enfants vont respirer ces produits toute la matinée. Il faut réfléchir et avoir des comportements sensés. Évitez les produits « pratiques » tels que les lingettes. Ces produits peuvent être utilisés ponctuellement, en camping par exemple.

Les diffuseurs électriques posent-ils problème ? Le fait de laisser brancher ces diffuseurs fait que l’on est exposé en permanence aux produits, que ce soit aux insecticides ou aux parfums. Ces diffuseurs sont partout, dans les cuisines, les chambres, les salons et même les voitures. L’exposition n’est donc plus ponctuelle mais continue. Les utilisateurs sont donc soumis aux mêmes contraintes que lors d’une exposition professionnelle. Ces diffuseurs doivent être évités.

Aujourd’hui 10 à 15 % de couples sont stériles en Europe. On pense que ces problèmes de fertilité viennent de la surexposition à laquelle ont été soumis les hommes et les femmes lors de leur vie fœtale. Une chose est sûre : en milieu rural, les cas de malformations génitales chez les nouveau-nés sont plus fréquents qu’ailleurs. Ceci est très probablement lié à l’exposition des mères à des cocktails de pesticides.

Mon avis

Les « + » :

  • Le témoignage d’un des principaux acteurs français de la santé environnementale, qui a été à la fois parmi les premiers scientifiques à se spécialiser dans ce domaine, en France, et qui a participé à divers organismes conseillant les pouvoirs publics.
  • Ce livre présente des résultats préoccupants et lance un certain nombre d’alertes. En parallèle, il présente aussi des résultats et des arguments réfutant certaines prévisions alarmistes. Par exemple : résultats de biosurveillance portant sur les dioxines autour des incinérateurs, certains effets du bisphénol A, préoccupations sanitaires liées aux OGM… C’est un des rares livres, parmi ceux que j’ai lus, qui présente également une critique de positions jugées inutilement alarmistes.
  • On y trouve un autre positionnement qui peut être assez impopulaire : l’affirmation que les ONG incluent des experts autoproclamés, dont la sélection est bien moins exigeante que celles classiquement mises en œuvre au sein des agences publiques.
  • Un éclaircissement intéressant sur le niveau d’indépendance, du moins en théorie, des agences de sécurité sanitaire par rapport à l’État. La description proposée correspond à ce que j’ai pu observer dans le cadre de mes fonctions : les rapports des agences sanitaires que j’ai étudiés, souvent critiques sur le niveau de protection assuré par les pouvoirs publics, n’ont pas facilité la vie des agents que je connais aux ministères de la santé et de l’environnement !

Les « – »

  • Un titre et une couverture que je trouve inutilement provocateurs, incohérents avec le sens de la mesure suggéré par l’auteur.
  • On parle encore de l’Afssa et de Rhône Poulenc, organismes qui n’existent plus en tant que tels aujourd’hui. Les lecteurs non spécialistes pourraient avoir du mal à s’y retrouver.

Photo par Caetano Júlio Neto

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