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Bonne lecture 🙂
Chronique de « Sang pour sang toxique »
Du Pr Jean-François Narbonne, 256 pages, publié en 2012
Jean-François Narbonne est professeur de toxicologie à l’Université de Bordeaux. Il présente des expériences de chercheur et d’expert auprès de l’agence sanitaire française (Anses). Il participe également à des groupes de travail au niveau de l’Union Européenne (UE) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Ce livre décrit la présence de substances préoccupantes dans l’environnement du quotidien, ainsi que les risques associés. L’auteur propose des recommandations pratiques pour s’en protéger.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en cinq parties. Cet article est la première partie de la chronique. Il porte notamment sur les substances toxiques de synthèse détectées dans l’environnement et dans l’organisme.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Les causes des maladies sont toujours multiples. Certaines causes sont bien connues du grand public : hérédité, mauvaise hygiène de vie, agressions biologiques (virus, bactéries, parasites…), certains rayonnements… D’autres causes sont moins connues. Parmi elles, une des causes les plus préoccupantes est la présence de substances toxiques dans l’environnement du quotidien.
- La mesure de leur présence dans les différents milieux d’exposition (eaux, air, sols, aliments…) permet d’évaluer un risque sanitaire environnemental : ce risque porte sur les effets sanitaires causés par un environnement dégradé. Cette évaluation de risque a donné naissance à la notion de médecine environnementale.
- La prévention ne bénéficie pas d’un niveau subvention suffisant : seuls 3 % du budget de la santé lui est consacré ; en parallèle, les laboratoires pharmaceutiques concentrent leurs investissements sur des traitements curatifs.
- De nombreuses substances de synthèse sont aujourd’hui présentes dans l’organisme : sang, graisses, lait maternel, urine… Les effets sanitaires associés sont peu connus.
- La période intra-utérine correspond à une phase de grande vulnérabilité. Or le placenta laisse passer de nombreuses substances toxiques : le fœtus n’est pas suffisamment protégé.
- Lors du le célèbre Grenelle de l’environnement, organisé en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, industriels et organisations non-gouvernementales (ONG) ont pu échanger et négocier en direct. Malheureusement, ces rencontres n’ont inclus ni experts issus des agences nationales, ni scientifiques et ni représentants du corps médical. En pratique, le message scientifique n’était porté que par des ONG.
- Le rôle sociétal des ONG est très important. Néanmoins, la légitimité de leur expertise pose parfois question : cette expertise n’est soumise à aucune règle déontologique et elle est souvent portée par des experts autoproclamés.
- La gestion publique des conséquences de l’accident de Tchernobyl, ou encore de l’exposition aux fibres d’amiante, a généré une crise de confiance auprès du grand public. Pour répondre à cette crise de confiance, plusieurs agences de sécurité sanitaire ont été créées, afin d’assurer une indépendance des experts vis-à-vis du pouvoir politique et des services des ministères : Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (ou Afssaps)…
- Ces agences ont pour mission d’assurer une expertise collective évitant les conflits d’intérêts. Leurs productions – informations, avis et rapports – doivent être mises à la disposition du public, en particulier sur Internet : la création de ces agences est une évolution majeure dans la gestion des risques par les pouvoirs publics.
- Malheureusement, les médias se focalisent sur les messages des ONG, parfois inutilement alarmistes. Les conclusions des agences sanitaires, dont le contenu est pourtant souvent détonnant, sont globalement déconsidérées. Pourtant, ces conclusions s’appuient sur l’expertise la plus robuste, du moins en théorie.
- Le réchauffement climatique est la préoccupation environnementale la plus relayée par les médias. Cependant, la contamination des organismes, aujourd’d’hui par plusieurs dizaines de substances de synthèse, est un phénomène beaucoup plus inquiétant pour l’avenir de l’homme.
- Les « 30 glorieuses » ont été une période de fort développement industriel et agricole. Ce développement s’est accompagné de rejets de nombreuses substances toxiques dans l’environnement, sans véritable limite et sans évaluation des risques associés.
- Avec le recul d’aujourd’hui, même dans les laboratoires de toxicologie, certains chercheurs réalisent que les anciennes pratiques de manipulation ont causé des fortes expositions à des substances toxiques.
- Les substances classiquement mesurés dans le sang appartiennent à plusieurs familles : pesticides organochlorés (dont le fameux DDT), PCB, retardateurs de flamme bromés, phtalates, composés perfluorés, parfums… Certaines de ces substances sont interdites en Europe depuis plus de vingt ans ; elles sont toujours présentes dans l’environnement car elles sont très persistantes.
- Certaines études suggèrent que la présence dans l’organisme de « muscs », substances contenues dans la plupart des parfums, augmente avec les générations. Cette tendance traduit une forte augmentation de l’utilisation de cosmétiques et de parfums chez les jeunes générations.
- Les premiers êtres vivants à avoir élaboré des substances chimiques toxiques sont les plantes. L’objectif de ces substances, de plus en plus complexes au fil de l’évolution, était de dissuader leurs prédateurs, notamment les herbivores. En réponse, ces prédateurs se sont adaptés à leur tour, en spécialisant leurs enzymes pour pouvoir biodégrader ces substances toxiques.
- Comme attendu, les systèmes d’enzymes les plus sophistiqués sont observés chez les prédateurs du haut de la chaîne alimentaire, dont l’homme fait partie.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
On ne peut juger de la santé d’une partie du corps sans connaître le tout, lui-même indissociable de son milieu.
Avec le développement des sciences environnementales et particulièrement les progrès de l’écotoxicologie, la santé environnementale acquiert ses lettres de noblesse comme nouveau domaine de recherche.
Dans les pays développés, on est passé d’une pollution bactériologique à une pollution industrielle, et aujourd’hui, à une pollution chimique. Cette dernière pose de nouveaux défis aux professions sanitaires, car elle est difficile à évaluer et à prévoir. Les quantités de polluants (pesticides, substances chimiques diverses) sont infimes mais touchent la quasi totalité des individus.
La flambée, depuis quelques décennies, du cancer, du diabète, de l’autisme, des maladies neuro-dégénératives, des problèmes de fertilité et des malformations de l’appareil génital… peuvent être raisonnablement attribuées – en tout cas en partie – à la présence de contaminants dans notre organisme.
Les fameuses « 30 Glorieuses », période de plein emploi et d’économie florissante, mythe qui nous est vendu aujourd’hui comme une sorte de paradis perdu, correspond en réalité à une période de pollution massive de la planète par les substances chimiques. L’homme n’a pas échappé à cette pollution et plusieurs épisodes dramatiques ont rendu évidentes les atteintes à la santé. Mais une conséquence est passée inaperçue à l’époque et peine encore aujourd’hui à être reconnue : c’est l’exposition massive des foetus chez les femmes qui ont été enceintes au cours de cette époque, via justement la contamination du sang maternel et l’inefficacité de la barrière placentaire pour protéger le nouvel individu. On peut véritablement parler aujourd’hui de « génération sacrifiée » pour les enfants nés au cours de la période 1965-1995.
Entre d’un côté le « Circulez, il n’y a rien à voir ! », de l’autre le « Rassurez-vous braves gens, on s’occupe du problème » ou encore le « C’est catastrophique, on nous cache tout, les experts sont des vendus », il y a la réalité des faits et des données scientifiques qu’il est important d’établir.
Aujourd’hui, seules les associations œuvrant dans la protection de l’environnement ont accès aux médias alors que les avis […] délivrés par les agences sanitaires, celles qui ont justement, je le répète, été mises en place pour en finir avec le syndrome Tchernobyl, ne font pas une ligne dans la presse. Pour un homme politique, il semble aujourd’hui plus rentable électoralement de s’aligner sur une position fantaisiste d’une ONG que de mettre en œuvre les options de gestion des risques proposées par les agences sanitaires.
Il y a cette fable entretenue par le corps médical selon laquelle l’espérance de vie augmente régulièrement et donc que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, que la pollution de la planète n’a pas de conséquence graves sur la santé de l’homme, que les seuls facteurs altérant la santé sont liés à des mauvais comportements individuels : on mange mal, on fume, on boit de l’alcool et on ne fait pas assez de sport. Voilà les messages que l’on nous matraque dans les médias. Mais rien sur les peintures aux phtalates (au contraire, on nous vante les peintures glycérophtaliques !), rien sur les détergents dont on continue tous les matins dans nos écoles à passer une bonne couche non rincée que les enfants vont respirer toute la matinée, rien sur les parfums avec diffuseurs qui nous exposent toute la journée à des substances cancérigènes, rien sur les matelas en mousses traitées aux retardateurs de flamme sur lesquels on dort.
On continue à vaporiser des insecticides dans les maisons et même dans les chambres d’enfants (alors qu’une bonne moustiquaire règle facilement le problème), on continue à consommer de l’aspartame, les mères encouragent leur progéniture à passer à des boissons « light » plutôt qu’à l’eau, on continue à se pommader de cosmétiques aux parabènes ou de crèmes solaires aux nanoparticules dont on ne connaît pas la toxicité …
Non seulement nous sommes très probablement tous – vous et moi – contaminés, mais en plus ce n’est pas une mais plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de substances chimiques différentes et potentiellement néfastes qui circulent dans notre sang !
Il aura donc fallu une étude spécifique sur le sang des ministres de la Santé et de l’Environnement pour faire prendre conscience aux responsables politiques de l’importance de la contamination humaine. Alors qu’un comité scientifique « contamination des chaînes alimentaires » a été mis en place au ministère de l’Environnement dès 1972, on se rend compte qu’en 2004 (soit plus de 30 ans après) les responsables de la santé publique n’avaient toujours pas conscience de la contamination de l’homme pourtant situé au sommet des chaînes alimentaires.
Les produits chimiques utilisés tous les jours dans l’environnement familial contaminent le sang des familles étudiées, y compris celui des enfants.
Il y aurait peu de rapport entre le lieu d’habitation (urbain, suburbain ou rural) et le « profil chimique » de la famille. Ceci semblerait confirmer l’uniformisation des modes de vies de la ville et de la campagne. Les choix alimentaires, les activités professionnelles ou de loisir, l’usage domestique de certains produits chimiques conditionnent notre profil de contamination (nature et niveaux des contaminants).
La seconde partie de cette chronique se trouve ici : Comment éviter que des substances toxiques se retrouvent dans le sang des enfants, avec le Pr Jean-François Narbonne (2/5)
Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
2 Responses
Je trouve la remarque sur les ONG très intéressante : pour ma part, je crois que j’ai un a priori très positif par défaut, une image un peu « David contre Goliath » et « défenseur des opprimés »… et je crois que ça m’a fait du bien de lire la critique du Pr Narbonne concernant la légitimité de leur expertise (processus de sélection des experts, règles de déontologie mises en oeuvre…). Je crois que cela va m’inciter à avoir le même niveau d’avis critique pour les ONG que pour les autres sources.
Hello Charlotte.
Je suis parti approximativement du même point que toi. J’ai eu l’occasion d’échanger avec des représentants d’associations dans le cadre de mon travail : mon retour d’expérience est qu’on y trouve le meilleur et le pire. J’ai perdu pas mal de mes illusions (réalisées après coup)… ce qui, je pense, me permet de produire un travail plus objectif.