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Bonne lecture 🙂
Cet article porte notamment sur les recommandations issues d’un livre de Rémy Slama, pouvant s’appliquer aux cas des enfants.
Chronique du livre « Le mal du dehors » de Rémy Slama, 376 pages, publié en 2017
Rémy Slama [1] est directeur de recherche à l’Inserm, où il pilote une équipe spécialisée en épidémiologie environnementale. Par ailleurs, il est président du comité scientifique du Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens.
Ce livre propose une synthèse des connaissances sur l’influence de l’environnement sur la santé. La chronique débute ici. Protéger les enfants des pollutions du dehors, avec Rémy Slama (1/5).
« Le mal du dehors » de Rémy Slama : quelques informations et points de vue intéressants
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Le résultat des études d’impact sanitaire peut prendre la forme d’un nombre de décès ou de pathologies, attribuable au facteur de risque étudié. D’autres types d’indicateurs peuvent aussi être utilisés.
- Par exemple, le nombre attribuable d’années de vie perdues constitue aussi un indicateur d’intérêt. En effet, l’impact sociétal d’un excès de décès varie en fonction des personnes touchés. Pr exemple : personnes âgées, nouveaux nés…
- La diminution de la qualité de vie et le handicap générés par une exposition, par exemple du fait d’une pathologie, peut également être pris en compte, par un autre indicateur : le nombre d’années de vie perdues en bonne santé, ou les années de vie ajustées sur le handicap (ou Daly, pour Disability-Adjusted Life Years).
Effets sanitaires et coûts financiers
- Une suite peut être donnée en traduisant ces effets sanitaires en coût financier. Une telle démarche a été menée pour le tabac, les polluants atmosphériques et les perturbateurs endocriniens. Par exemple, pour l’Union européenne, le coût de leurs effets sanitaires est de 100 à 200 milliards d’euros par an.
- Une autre suite consiste à mettre en regard les bénéfices attendus par la mesure et le coût de cette mesure. Par exemple : nombre de décès et de maladies évités par l’interdiction d’une substance / coût financier pour l’industrie. Ces analyses « coût-bénéfice » sont particulièrement utiles dans le cadre d’une prise de décision, par exemple dans le cadre de politiques de santé publique.
- Du point de vue scientifique, un lien de causalité entre une exposition et une pathologie est difficile à établir rigoureusement. En pratique, chaque étude apporte certains types d’informations, toujours associées à un niveau d’incertitude, plus ou moins élevé. Une étude isolée ne peut généralement pas prouver un lien de causalité.
- Une approche classiquement retenue par les agences sanitaires est le processus d’expertise collective : un groupe d’experts pluridisciplinaire analyse l’ensemble des études existantes, puis fournit un avis sur « le poids de la preuve » en faveur d’un lien de causalité. Si ce poids est jugé suffisant, alors la prise de mesures de gestion des risques est alors recommandée.
Poids de la preuve
- En pratique, une telle conclusion est atteinte si, à la fois :
- des études humaines documentent une association robuste entre l’exposition et la maladie considérée ;
- on a identifié un mode d’action de l’exposition sur l’organisme. Par exemple : un processus inflammatoire dans le poumon. Si ce mécanisme provient d’expériences sur animaux, il doit s’avérer plausible chez l’humain. Par exemple : le gène impliqué existe et a un rôle similaire chez l’humain.
- Le terme « exposome » désigne l’ensemble des expositions environnementales subies par un sujet au cours de sa vie, depuis la conception. Le choix de ce mot provient d’analogie avec « génome ». Et génome désigne la séquence complète des paires de bases de l’ADN des cellules d’un individu.
- La notion d’exposome invite à :
- considérer simultanément toutes les expositions d’un sujet. En effet, ses synergies de toxicité peuvent exister entre elles ;
- sortir de la logique de mesure et d’étude de substances considérées individuellement.
Protéger les enfants du « Mal du dehors » avec Rémy Slama : quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Le système endocrinien a un rôle direct dans de nombreuses fonctions, telles que la régulation de la fonction cardiaque, de la température, du métabolisme, de la fertilité, le contrôle du développement fœtal durant la grossesse et il interagit étroitement avec d’autres fonctions de l’organisme comme la défense immunitaire et le système nerveux. Une substance agissant sur le système endocrinien peut donc avoir des conséquences sur la fertilité, la survenue de malformations congénitales, de surpoids (le tissu adipeux peut être vu comme un tissu endocrinien, qui se développe selon les messages hormonaux qu’il reçoit), de troubles du comportement et de pathologies du système nerveux central, de pathologies immunitaires et auto-immunes, voire de cancers avec une contrôle hormonal (sein, prostate…).
Par exemple une substance comme le bisphénol A peut agir sur la fertilité, le neurodéveloppement et le comportement (induisant notamment des phénomènes d’anxiété), la croissance et la prise de poids, la fonction cardiaque, l’induction de tumeurs mammaires, la perméabilité de l’intestin… Cette absence de spécificité chimique et clinique fait de la question des perturbateurs endocriniens une question aux vastes contours.
Le nombre de substances potentiellement concernées est important, et il n’y a pas à l’heure actuelle d’organisme officiellement en charge de la classification des perturbateurs endocriniens qui ferait un travail d’expertise équivalent à celui du CIRC pour les substances potentiellement cancérigènes.
Particules fines
Seules les particules de diamètre inférieur à une dizaine de microns (notées PM10) peuvent pénétrer dans les poumons et sont préoccupantes pour la santé (par comparaison, le diamètre d’un cheveu est de l’ordre de 50 à 70 microns). En dessous des 2 microns de diamètre […], elles peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires. Cette taille de l’ordre du micron correspond à celle de nombreuses bactéries. [Ainsi, eElles] peuvent pénétrer dans notre organisme à travers les alvéoles pulmonaires. [Ces alvéoles sont] le lieu d’échange de l’oxygène entre l’air et la circulation sanguine. Une fraction des PM2,5, probablement assez faible (de l’ordre du pourcent), peut ainsi pénétrer dans notre circulation et atteindre certains organes. La pénétration dans l’organisme peut aussi se faire par le nerf olfactif. [Il s’agit d’une] voie d’entrée connue de certains virus, qui permettrait ainsi aux particules ultrafines d’atteindre le cerveau.
On n’a pas identifié de seuil en dessous duquel les polluants atmosphériques cesseraient d’avoir un effet.
[La pollution atmosphérique] peut non seulement aggraver les symptômes des pathologies respiratoires et cardiovasculaires chez des sujets déjà malades. Mais aussi, elle peut entraîner la survenue de pathologies chez des sujets initialement en bonne santé. C’est en particulier le cas pour le cancer du poumon et le développement de l’athérosclérose. [Cette dernière est] facteur de risque d’infarctus, d’insuffisance coronarienne, d’accident vasculaire cérébral.
Il est aussi probable que l’exposition aux polluants atmosphériques dans l’enfance contribue au développement de l’asthme.
[Concernant la pollution atmosphérique,] les cohortes mettent l’accent sur l’effet de l’exposition chronique, celle subie au jour le jour, même en l’absence de pic, et démontrent qu’une exposition faible subie sur le long terme est plus nocive qu’une dose élevée subie très brièvement. Dans ce cas, pour paraphraser Paracelse, ce n’est pas la dose maximale mais la dose moyenne qui fait le poison.
La dernière directive européenne en date fixe des limites sur les moyennes annuelles pour les particules fines, un des polluants les plus préoccupants du point de vue sanitaire, à 25 μg/m3. Cette limite européenne correspond à plus du double de la limite réglementaire en vigueur aux États-Unis, et à 2,5 fois la valeur de 10 μg/m3 préconisée par l’OMS. Cet écart majeur, entre deux pays à niveaux de vie équivalents, et pour des polluants pour lesquels les connaissances scientifiques ne sont pas équivoques, est frappant.
Du fait de l’effet sanitaire sans seuil des particules fines — et en supposant qu’elle serait respectée sur tout le territoire, ce qui n’est pas le cas en France et dans d’autres pays — la réglementation européenne est loin de garantir une absence d’effet sanitaire. Au contraire, la gamme de 10 à 25 μg/m3 dans laquelle se situent la plupart des grandes villes européennes correspond à un fardeau de maladie très important.
En France, le […] le coût sanitaire de la pollution atmosphérique est de l’ordre de 80 milliards d’euros par an.
Pour la suite
La suite de cette chronique se trouve ici. Protéger les enfants des pollutions du dehors, avec Rémy Slama (4/5)
Cette chronique de « Le mal du dehors », de Rémy Slama, incite à protéger les enfants des substances préoccupantes. En particulier, les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Références – Protéger les enfants du « mal du dehors », avec Rémy Slama
- Rémy Slama. Notamment Directeur de l’Institut pour la Recherche en Santé Publique (IReSP). 2021. Lien. Et aussi :
- Slama R. Le mal du dehors. L’influence de l’environnement sur la santé. Éditions Quæ. 2017. Notamment lien.
Photo notamment par Nykaule