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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “L’État peut-il protéger nos enfants des polluants ?”, ainsi que la transcription et le podcast associés.
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Transcription de « L’État peut-il protéger nos enfants des polluants ? »
Bonjour les parents verts et prudents !
Comment protéger les enfants des polluants du quotidien. Aujourd’hui je réponds à la question d’Issam, qui porte sur la capacité des États à réglementer efficacement les produits chimiques. Et dans cette vidéo, on va discuter des limites de cette capacité et de comment on peut en tenir compte, à notre niveau de parents.
Santé environnementale pour parents – Les essentiels pour bien démarrer
Bonjour à tous !
Bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je suis Guillaume. Sur cette chaine, je partage des conseils et des astuces pour vous aider à entourer les enfants d’environnements plus sains. Des environnements avec moins de pollutions et plus de nature. Si c’est votre première visite, alors je vous invite à télécharger mon mini-guide offert (pdf ou mp3). Ce guide vous donne les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents. Le lien est notamment dans la description.
L’État peut-il protéger nos enfants des polluants ? – une question de parent
Aujourd’hui, je réponds à la question d’Issam. « Selon toi, est-ce que les États sont en mesure d’élaborer des réglementations vraiment efficaces pour nous protéger des produits chimiques dangereux ? J’ai l’impression que plus on cherche, plus on trouve des effets toxiques. Qu’on n’en finit pas de creuser, en fait. »
Merci pour ta question Issam, que je trouve très intéressante et pas simple. J’imagine que par « vraiment efficaces », tu veux dire « assurant l’absence de risques », ou au moins « assurant l’absence de risques préoccupants ». Et effectivement, dans des vidéos précédentes, nous avons discuté des limites des évaluations de risques réglementaires, et en particulier des limites des tests de toxicité actuels.
Par exemple, ces tests ne tiennent généralement pas compte des effets des mélanges, alors que nous sommes exposés quotidiennement à des centaines ou à des milliers de substances ; en plus, ces tests couvrent mal les faibles doses, les périodes de vulnérabilité du développement des enfants et les effets décalés dans le temps ; et puis ils ne tiennent pas compte de nombreux modes de toxicité, pourtant connus et préoccupants. Par exemple : certains mécanismes de cancérogenèse, les modifications épigénétiques, certaines voies de perturbation du système hormonal, etc.
Ce qu’on peut retenir en première approche, c’est qu’il y a un décalage significatif entre les évaluations réglementaires et l’état des connaissances scientifiques actuelles.
Difficile de prouver une absence
Et puisque nous discutons ici de la capacité des États, et pas des manques de leurs actions concrètes, je vous propose de considérer le cas favorable – et même vraiment très favorable – où les évaluations réglementaires en vigueur traduiraient l’état de la science du moment. Et bien, même dans ces conditions, ce serait difficile d’assurer l’absence de risque préoccupant, car d’une manière générale, démontrer l’absence de quelque chose, c’est un exercice très compliqué. Par exemple, selon Normand Baillargeon, dans son célèbre Petit cours d’autodéfense intellectuelle, « prouver une proposition existentielle négative (Il n’y a pas de X ou X n’existe pas) […] cela est très difficile et même, au sens strict, logiquement impossible. »
En santé environnementale, on retrouve cette idée par exemple dans Toxique ? – Santé et environnement : de l’alerte à la décision, un livre de Francelyne Marano, Robert Barouki et Denis Zmirou. « Absence de preuve n’est pas preuve d’absence ; cet aphorisme doit continuellement inspirer les instances de sécurité sanitaire, lorsqu’elles livrent les conclusions de leurs expertises. »
Ensuite, les auteurs expliquent que la réglementation européenne sur les substances chimiques, le règlement REACH, « ne prétend pas démontrer l’innocuité des substances chimiques, exercice illusoire ». De manière plus réaliste, REACH demande aux industriels de réaliser un ensemble de tests prédéfinis. Et ainsi, « un produit chimique qui passe l’épreuve de ces tests est désigné « sans danger ». Répétons-le : cela ne constitue pas une preuve d’innocuité, mais indique que les meilleures connaissances du moment n’ont pas conclu à un effet préoccupant. »
Que saurons-nous dans quelques années ?
On retrouve bien ici cette difficulté à démontrer une inexistence : concrètement, il est tout à fait possible que, avec quelques années en plus, de nouveaux marqueurs d’effets sanitaires puissent être mesurés, ou bien qu’on découvre de nouvelles formes de toxicité. Par exemple, la capacité de certaines substances à perturber le système hormonal – les substances que l’on appelle Perturbateurs endocriniens – et bien cette capacité a été découverte après que ces substances ont été massivement rejetées dans l’environnement. Et d’ailleurs, les premiers indices de perturbation endocrinienne ont notamment été observés chez des espèces animales, hors des laboratoires, donc une fois les dommages apparus sur les écosystèmes.
D’autres effets toxiques sur les voies de communication dans notre corps, font aujourd’hui l’objet de travaux de recherche. Par exemple : la toxicité sur certains enzymes impliqués dans le métabolisme de neurotransmetteurs. Et qui sait les nouveaux mécanismes de toxicité qui vont être découverts dans l’avenir ?
Prudence et sobriété chimique
En tant que parent, je crois que cela invite à une certaine forme prudence, pour les expositions auxquelles nous soumettons nos enfants. On parle parfois de « sobriété chimique ». Et cette logique de prudence pourrait donc s’appliquer même dans le cas, extrêmement favorable, d’une substance testée selon l’état de la science actuelle, par des institutions compétentes, avec une bonne gestion des liens d’intérêt, et avec une bonne surveillance des expositions humaines après autorisation. Et comme nous l’avons vu dans d’autres vidéos, nous sommes loin de cette situation favorable ; et donc, notre action de parents est d’autant plus essentielle, afin notamment d’éviter les expositions inutiles pour nos enfants.
Cette logique de prudence passe notamment par l’application de bonnes pratiques de santé environnementale. Sur cette chaîne, je vise à me faire le relais auprès de vous d’un maximum d’entre elles. En particulier, vous pouvez vous appuyer sur la playlist de vidéos « Protéger les enfants des polluants du quotidien ».
Voilà pour ces éléments de réflexion invitant à une logique de prudence. S’ils vous paraissent utiles, alors vous pouvez liker, vous abonner et clocher si ce n’est pas encore fait. C’est notamment pour que YouTube favorise leur diffusion. À bientôt !
Références. L’État peut-il protéger nos enfants des polluants ?
- Marano F, Barouki R, Zmirou D. Toxique ? – Santé et environnement : de l’alerte à la décision. Buchet-Chastel, 2015. Et aussi :
- Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (cnDAspe). Analyse comparative des règles de gestion des liens d’intérêts au sein des autorités compétentes en matière d’évaluation des risques et d’autorisation de la mise sur le marché des pesticides dans les Etats membres de l’UE. Actualisation et extension du document publié en juin 2022. 11 avril 2023. 2023. Notamment : lien. Et également :
- Barouki R. Toxicité des perturbateurs endocriniens : implications pour la santé publique et la société. Perturbateurs endocriniens : Rencontres scientifiques sur les travaux et perspectives de recherche. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), Agence nationale de la recherche (ANR), 2019. Notamment : lien. Et aussi :
- Demeneix B, Slama R. Endocrine Disruptors: From Scientific Evidence to Human Health Protection. 2019. Notamment : lien. Et également :
- Bonvallot N, Brimo S, Boudes P et al. Pour une gestion alerte du risque chimique – Risques (éco)toxicologiques pour les êtres humains et l’environnement dans une logique de biodiversité. Expertise collective. Rapport final. 2021. Notamment : lien.
Images notamment par Guillaume et Sayumi