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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “Limites de la toxicologie réglementaire, selon Robert Barouki”, ainsi que la transcription et le podcast associés.
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Transcription de « Limites de la toxicologie réglementaire, selon Robert Barouki »
Bonjour les parents verts et prudents !
Comment entourer les enfants d’un environnement favorisant la santé. C’est notamment en agissant à notre niveau de parents, quand la réglementation ne protège pas efficacement nos enfants.
Et dans cette vidéo, je poursuis ma série sur les manques de la réglementation des substances chimiques, et sur ce qu’on peut en tirer pour nos actions de parents.
Santé environnementale pour parents – Les essentiels pour bien démarrer
Bonjour à tous !
Bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je suis Guillaume. Sur cette chaine, je partage des conseils et des astuces pour vous aider à entourer les enfants d’environnements plus sains. Des environnements avec moins de pollutions et plus de nature. Si c’est votre première visite, alors je vous invite à télécharger mon mini-guide offert. Ce guide vous donne les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents. Le lien est notamment dans la description.
Limites de la toxicologie réglementaire : des éclairages de Robert Barouki
Aujourd’hui donc, je poursuis ma série de vidéos thématiques, portant sur la réglementation des substances chimiques. Comme j’habite en France, je parle toujours plus particulièrement de la règlementation de l’Union européenne. Mais comme cette réglementation est généralement considérée comme la plus protectrice au monde, les manques dont je vais parler devraient concerner à peu près tout le monde.
Dans cette vidéo, j’aimerais vous présenter certaines réflexions de Robert Barouki, qui est un toxicologue français internationalement reconnu. Récemment, il a coordonné le programme européen HERA [éra], qui visait notamment à identifier des priorités de recherche en santé-environnement pour les années à venir, à destination de la Commission européenne.
A plusieurs reprises, Robert Barouki a eu l’occasion de s’exprimer sur les manques de la toxicologie actuelle, sur comment devrait s’améliorer l’évaluation de la toxicité des substances chimiques. Et je vais partager avec vous ce qui me semble utile à connaître en tant que parent.
Limites des valeurs limites
D’une manière générale, la réglementation se base sur des valeurs limites, en-dessous desquelles les substances sont considérées comme sans risque préoccupant. Et selon Robert Barouki, « les bases scientifiques du calcul de ces valeurs de référence sont au mieux controversées. » C’est notamment parce que certaines substances peuvent avoir des effets significatifs à de très faibles doses.
C’est le cas par exemple, de certains perturbateurs endocriniens pendant des « fenêtres de vulnérabilité », comme celles des 1000 premiers jours de vie d’un enfant, je vous renvoie à la vidéo faite sur le sujet. « Certaines valeurs de référence déterminées sur la base de tests réglementaires non exhaustifs peuvent ne pas être suffisamment protectrices. » Ces tests s’avèrent non exhaustifs parce qu’ils considèrent une gamme de doses trop étroite, donc, mais aussi parce qu’ils n’étudient pas tous les mécanismes de toxicité, comme les modifications épigénétiques ou la toxicité pour certains enzymes par exemple.
Expositions chroniques à long terme
Une autre difficulté réside dans le long délai qu’il peut y avoir, entre une exposition à un agent toxique et l’apparition d’un effet sanitaire. Ce délai correspond parfois à plusieurs dizaines d’années. Pour certaines substances, des effets pourraient même apparaître chez les générations suivantes, qui n’ont pourtant pas été exposées. Par exemple, ces effets de long terme peuvent être dus à des polluants persistants, que le corps a du mal à détoxifier et qui se retrouvent stockés dans les graisses, dans le tissu adipeux. Et ce stockage conduit donc à des sources internes de polluants, générant des expositions continues.
Un autre exemple est, à nouveau, celui des fenêtres de vulnérabilité : le développement du corps, en particulier chez les enfants, repose sur des mécanismes sensibles, qui peuvent être perturbés par des polluants. Et cette perturbation peut conduire à des organes qui fonctionnent moins bien, favorisant l’apparition de maladies des années plus tard. C’est pourquoi la toxicologie a besoin de « développer les analyses permettant d’évaluer les risques chez les personnes vulnérables (et aux stades de développement vulnérables). »
Bon, de l’analyse de Robert Barouki, je pense qu’on peut retenir notamment que, d’une manière générale, cette toxicité des temps longs, elle s’avère très difficile à tester avec de plus courtes périodes d’expérimentation en laboratoire.
Toxicologie réglementaire, selon Robert Barouki : le défi majeur des multi-expositions
Une dernière difficulté, que je voulais vous rappeler ici puisque deux vidéos y ont déjà été consacrés, c’est que, d’une manière générale, la réglementation considère les substances indépendamment les unes des autres, « alors que la population est exposée de manière simultanée à des milliers de substances et que la composition de ces mélanges évolue au cours du temps. » Quand des substances présentent des modes d’action similaires, les connaissances actuelles suggèrent que l’addition de doses permet d’assez bien prévoir les effets d’un mélange. Mais quand les modes d’action sont différents, les toxicités des substances d’un mélange peuvent rentrer en synergie. « Il s’agit d’un défi majeur pour l’avenir, avec des implications à la fois dans les sciences fondamentales et les sciences réglementaires ».
Délai entre science et réglementation
Toutes ces limites constituent autant de sources d’incertitudes, que la toxicologie réglementaire semble, à ce stade, loin de pouvoir réduire significativement. D’un côté, les tests sont insuffisamment protecteurs, et de l’autre, Robert Barouki le souligne lui aussi, il y a un « délai important entre les avancées scientifiques et les applications réglementaires », je vous renvoie à la vidéo faite sur ce sujet.
Par exemple, les Inspections Générales soulignent que « Près de 30 ans ont été nécessaires entre la conférence de Wingspread de 1991 où est inventée l’expression « perturbateur endocrinien », sa diffusion par l’OMS (2002) et l’évolution des méthodes réglementaires (2017 et 2018), pour un champ encore limité ». En effet, des critères et des documents guide ne sont disponibles que pour deux catégories de produits à ce stade : les phytopharmaceutiques et les biocides. « Il n’y a pas encore de tels critères définis […] dans d’autres réglementations d’usage. »
Réduire les expositions des enfants
Ces éléments suggèrent, une fois de plus, que la règlementation actuelle apporte un niveau de protection insuffisant, pour la population générale, et surtout pour les populations sensibles comme les enfants, avec les vulnérabilités de leur corps en construction. En attendant une potentielle évolution du cadre réglementaire, je vous invite donc à augmenter vous-même le niveau de protection de vos enfants contre les mélanges de substances préoccupantes. Vous pouvez notamment le faire en appliquant des bonnes pratiques de santé environnementale, à votre niveau de parents. Je vise à me faire le relais, auprès de vous, d’un maximum d’entre elles.
Santé environnementale pour parents – la suite
Voilà pour ces éléments visant à nourrir nos réflexions de Parents verts et prudents. S’ils vous paraissent utiles, alors vous pouvez liker, vous abonner et clocher. C’est important afin que YouTube favorise leur diffusion. Si vous voyez des compléments intéressants à ces bonnes éléments, alors dites-le moi dans les commentaires. Cela contribuera notamment à ce que tout le monde progresse !
En attendant, je vous invite à faire partie des Parents verts et prudents. Des parents qui se montrent prudents avec leurs enfants pour tenir compte des insuffisances de la règlementation.
A bientôt !
Références. Limites de la toxicologie réglementaire, selon Robert Barouki
- HERA Consortium. EU research agenda for the environment, climate & health 2021-2030. 2022. Notamment : lien. Et aussi :
- Barouki R. « Environnement et santé. Incertitude et précaution ». Raison présente 2020. Notamment : lien. Et également :
- Drakvik E, et al. Statement on advancing the assessment of chemical mixtures and their risks for human health and the environment. Environment International 2020. Notamment : lien. Et aussi :
- Barouki R, et al. Environnement et santé : quels impacts, quelles gouvernances ? Responsabilité & Environnement. Annales des Mines, 2021. Notamment : lien. Et également :
- Marano F, Barouki R, Zmirou-Navier D. Toxique ? – Santé et environnement : de l’alerte à la décision. Buchet-Chastel, 2015. Et aussi :
- Carotti S, et al. La santé-environnement : recherche, expertise et décision publiques. Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Inspection générale des finances (IGF). Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). 2020. Notamment : lien.
Photos notamment par Sébastien Bertrand et R/DV/RS