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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Intoxication »
De Stéphane Horel, 304 pages, publié en 2015
Stéphane Horel est journaliste indépendante et documentariste. Ces travaux portent sur l’influence du lobbying et des conflits d’intérêts sur la prise de décision publique, en particulier dans les domaines de l’environnement et de la santé publique. Elle travaille notamment pour le journal Le Monde.
Ce livre décrit et analyse les luttes d’influences accompagnant l’élaboration, au niveau européen, de critères réglementaires définissant certaines substances préoccupantes : les perturbateurs endocriniens.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en cinq parties. Cet article est la première partie de la chronique. Il porte sur l’exposition généralisée aux perturbateurs endocriniens, ainsi que sur les enjeux associés.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Lorsqu’une substance chimique peut perturber le fonctionnement du système hormonal de certains êtres vivants, elle est souvent désignée par le terme « perturbateur endocrinien ».
- Au sein de l’organisme, les hormones ont un rôle de messagers : elles permettent le pilotage des différents tissus et organes composant le corps humain.
- Ce pilotage s’appuie sur de très petits flux d’hormones, qui ne sont excrétés qu’à certains moments bien précis. Le corps humain peut être comparé à une horloge de haute précision.
- Certains perturbateurs endocriniens présentent une structure chimique proche de celle de certaines hormones. Cette proximité est suffisante pour que le corps humain confonde hormones naturelles et substances de synthèse, ce qui perturbe le fonctionnement global du système hormonal. Et comme ce système utilise des quantités infinitésimales d’hormones, de faibles expositions à des perturbateurs endocriniens peuvent suffire à produire des effets sanitaires.
- Le système hormonal joue un rôle critique dans la construction du fœtus. Chaque étape du processus de construction doit être respectée. Si une étape n’est pas menée à bien, car trop perturbée, il n’y aura pas de retour en arrière possible : le futur enfant naîtra avec un déficit de certaines fonctions corporelles, qui pourra éventuellement se manifester avec un décalage de quelques années. On parle de « fenêtre de vulnérabilité ».
- Les perturbateurs endocriniens se trouvent dans un grand nombre de produits de consommation courante : pesticides, peintures, chaussures, produits cosmétiques, emballages alimentaires… Logiquement, aujourd’hui, des dizaines d’entre eux sont détectés dans les corps humains.
- Ces substances sont suspectées de contribuer significativement à l’augmentation des maladies dites « de civilisation » : cancers du sein et de la prostate, infertilité, diabète, obésité, troubles du développement…
- De nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens.
- Le processus d’autorisation de commercialisation d’un pesticide comprend les étapes suivantes :
- le fabricant mène des évaluations standardisées. Parmi ces évaluations, une évaluation des risques pour la santé et l’environnement est réalisée. Pour évaluer ces risques, la quantification des expositions est une étape essentielle et complexe. Ces expositions concernent notamment les consommateurs ;
- ces évaluations sont expertisées par les autorités européennes ;
- si ces évaluations sont jugées pertinentes, la commercialisation du pesticide est autorisée pour 10 ans.
- Quantifier des expositions est un exercice délicat. La grande variété des comportements des consommateurs est difficile à connaitre et à quantifier.
- Quantifier la toxicité d’une substance suppose également que l’on puisse déduire, à partir d’un nombre de données limité, l’ensemble des mécanismes de toxicité d’une substance, pour l’ensemble des corps humains qui y seront exposés.
- Dans la pratique de l’évaluation des risques, faute de mieux, des hypothèses approximatives sont souvent retenues. Une autorisation peut donc être vue comme une sorte de pari sur l’avenir. Dans ce contexte, certains acteurs du domaine de la santé environnementale considère que les consommateurs font l’objet d’une expérimentation grandeur-nature, dans laquelle ils jouent le rôle de cobayes à leur insu.
- En 2006, l’Union Européenne débute la révision de sa réglementation sur les pesticides. Dans l’objectif d’être plus protecteur pour les consommateurs, une autorisation basée sur le danger, c’est-à-dire la toxicité, plutôt que sur le risque, est envisagée. En d’autres termes, quels que soient les niveaux d’exposition estimés, une substance pourrait ne pas être autorisée uniquement parce qu’elle présente certains dangers intrinsèques, un certain niveau de toxicité, une capacité à produire des effets sanitaires. On parle de « critères d’exclusion fondés sur le danger ».
- Par exemple, avec un système d’autorisation basé sur le danger, une substance pourrait être interdite seulement parce qu’elle est classée cancérigène, quels que soient les expositions associées. Un système basé sur le risque, lui, autoriserait certaines expositions : celles associées à un niveau de risque ne dépassant pas un certain seuil, considéré comme faible.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Le système hormonal […] sert à pas mal de choses dans la vie. À garantir la présence de testicules et d’ovaires pour, éventuellement, se reproduire. À combiner des millions de cellules pour constituer un cerveau en état de marche. À ne pas sombrer dans le coma après chaque repas. À n’être ni nain ni déficient mental. À réguler le rythme cardiaque et la pression artérielle. À rester vivant. Des trucs essentiels, disons.
Comme des passe-partout dans une serrure, certains s’imbriquent dans les récepteurs des hormones à la surface des cellules et entraînent une réponse peut-être inopportune. D’autres bloquent les récepteurs et empêchent les hormones, les vraies, de faire leur travail. D’autres encore dérangent l’expression de certains gènes ou importunent les mécanismes qui permettent de véhiculer les hormones ou d’en réguler les quantités.
Ces minuscules cambrioleurs de l’intime n’ont rien à faire dans nos petits intérieurs. Pourtant, on les détecte par dizaines dans les organismes de tout le monde, sans exception. Dans le sang, le liquide amniotique, l’urine, le lait maternel, le cordon ombilical, les bébés. Parfois en de très faibles quantités, mais il ne faut pas grand-chose pour chambouler la subtilité du système endocrinien. Surtout pendant la grossesse.
Personne ne tombe foudroyé d’une exposition aux perturbateurs endocriniens. Cette infusion délétère a des effets à retardement, avec des délais de neuf mois, vingt ans, quarante ans…
Des cathéters au shampoing, du poste de télé au tapis d’éveil, ils sont partout. Quand ils s’échappent des objets dont ils sont les matières premières, ils se dispersent dans l’air, dans les aliments, la poussière, les océans, la pluie. Et même dans les organismes des animaux sauvages qui, c’est une certitude, n’ont jamais utilisé de shampoing ni possédé de téléviseur. En permanence, nous y sommes exposés.
On pensait le fœtus plus ou moins protégé par la « barrière placentaire », mais ces polluants ne rencontrent aucun obstacle.
On pensait que la dose faisait le poison, mais des quantités infimes suffisent parfois à provoquer de gros dégâts, à compromettre irrémédiablement la santé.
Pendant des décennies, les industriels ont pu farcir de produits chimiques les objets de consommation courante sans aucune forme d’autorisation. Si bien que les pouvoirs publics ne disposent, pour 99 % des substances sur le marché, que d’informations « rudimentaires ». Pourtant, il y a en au moins 143 000.
Pour mettre un terme à cette dangereuse incurie, REACH [acronyme anglais pour « enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques » – le règlement européen sur les produits chimiques] a imposé un renversement de la charge de la preuve. Les industriels devront maintenant fournir des données aux autorités et démontrer que leurs substances ne sont pas nocives pour l’homme ou l’environnement. « Pas de données, pas de marché », voilà le deal.
La seconde partie de cette chronique se trouve ici : Lobbies industriels : une intoxication qui menace la santé des enfants, selon Stéphane Horel (2/5)
Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.