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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “Mélanges de substances : des effets non-couverts par la réglementation”, ainsi que la transcription et le podcast associés.
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Transcription de « Mélanges de substances : des effets non-couverts par la réglementation »
Bonjour les parents verts et prudents !
Comment entourer les enfants d’un environnement favorisant la santé. C’est notamment en agissant à notre niveau de parents quand la réglementation ne protège pas efficacement nos enfants.
Et dans cette vidéo, je vais vous présenter certains manques de la réglementation sur les substances chimiques, et les leçons qu’on peut en tirer en tant que parents.
Santé environnementale pour parents – Les essentiels pour bien démarrer
Bonjour à tous !
Bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je suis Guillaume. Sur cette chaine, je partage des conseils et des astuces pour vous aider à entourer les enfants d’environnements plus sains. Des environnements avec moins de pollutions et plus de nature. Si c’est votre première visite, alors je vous invite à télécharger mon mini-guide offert. Ce guide vous donne les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents. Le lien est notamment dans la description.
Effets non-couverts des mélanges de substances : une réglementation « substance par substance »
Aujourd’hui j’aimerais vous parler de la réglementation sur les substances chimiques. Comme j’habite en France, je parle ici plus particulièrement de la règlementation de l’Union européenne. Mais comme cette réglementation est généralement considérée comme la plus protectrice au monde, les manques dont je vais parler devraient concerner à peu près tout le monde.
Dans cette vidéo, j’aimerais vous présenter une critique parmi les plus fréquentes et les plus anciennes. En effet, il s’agit du fait que l’évaluation des risques des substances chimiques, l’évaluation requise par la réglementation, et bien elle se fait généralement substance par substance. C’est-à-dire en les considérant de manière individuelle, un peu comme si les autres n’existaient pas.
Multi-expositions en quotidien
Pourtant, vous le savez, nous sommes tous exposés à un mélange de nombreuses substances, comme le montre par exemple les mesures faites dans l’air, dans les aliments, dans les poussières domestiques, dans les émissions des produits de consommation courante, ou encore tout simplement, dans notre propre corps. Je vous renvoie ici à la série de vidéos faite sur les résultats de biosurveillance en Europe.
Et ainsi, selon Laurence Huc et Robert Barouki, « nous sommes exposés quotidiennement à des milliers, voire à des dizaines de milliers de substances ; or, la réglementation s’obstine à les considérer les unes indépendamment des autres. »
Hypothèse a priori d’un seuil d’innocuité
La réglementation repose notamment sur le principe général qu’il existe, a priori, pour la plupart des substances non cancérigène génotoxiques, un seuil en dessous duquel aucun risque préoccupant n’est attendu, une sorte de seuil d’innocuité. En elle-même, cette hypothèse fait l’objet de débats au sein de la communauté scientifique, mais ce n’est pas le sujet de la vidéo d’aujourd’hui.
Pour revenir à ces seuils, en général, ils sont élaborés pour une substance et pour un type d’effet sanitaire. Et donc logiquement, en se basant sur ces seuils, les décisions réglementaires se font substance par substance, avec chaque substance considérée indépendamment des autres. Et en plus, comme il y a aussi des réglementations spécifiques à certains produits (par exemple : pesticides, cosmétiques, jouets), on peut avoir des évaluations encore plus restreintes. En d’autres termes, centrées sur la quantité de substance uniquement présente dans le produit étudié, un peu comme si la substance n’était pas présente ailleurs.
Cumul des contributions – Additivité des doses
Pourtant, ce qu’on observe le plus souvent, lorsque des substances ont un même mode d’action et une même cible dans le corps, c’est un cumul de leurs contributions à une potentielle apparition d’un effet sanitaire. En effet, on observe une additivité où chaque substance participe à hauteur de sa dose et de son potentiel de toxicité.
Et ainsi, une réglementation basée sur des seuils individuels va pouvoir considérer comme non préoccupante l’exposition à un mélange de substances, même nombreuses, tant que chacune reste à une dose inférieure à son propre seuil individuel. Selon une image évoquée par Rémy Slama, ce serait un peu comme « un tas de sable dont on considérait qu’il ne pèse rien, si ces grains sont suffisamment petits ». Pourtant, de nombreuses substances à faibles doses peuvent conduire à un risque aussi élevé qu’une seule substance à plus forte dose. Ou dit autrement, il y a des tas de sable qui sont aussi lourds que des pierres.
Effets des mélanges substances : une sous-estimation « massive » des risques ?
Andreas Kortenkamp, qui est un des scientifiques les plus reconnus sur les effets des mélanges de substances, a récemment donné un séminaire au Collège de France. Il y a présenté une expérience que j’ai trouvée assez parlante, assez imagée, pour donner une idée d’à quel point les risques peuvent être sous-estimés si on ne tient pas compte des mélanges.
Donc ici, sur ce graphique, chaque point bleu représente un individu. Et pour chacun d’entre eux, certaines substances ont été mesurées dans des échantillons d’urine. La ligne rouge verticale représente un seuil d’innocuité. Donc la zone rouge à droite, c’est la zone de préoccupations, c’est la zone à éviter. Et ce graphique initial montre que c’est bien le cas pour une exposition à une substance, ici un phtalate. Et voilà ce que l’expérience a donné lorsque le nombre de substances considéré a augmenté. Une substance, deux substances, trois substances, quatre, cinq, six, sept, neuf.
Voilà. Donc dans cette expérience, avec moins de 10 substances, tous les participants ont pu se retrouver dans la zone rouge. Plus généralement, selon Andreas Kortenkamp, dans la réglementation européenne, « il n’y a pas de protection contre les risques liés aux mélanges de substances. Les évaluations de risques mono-substance sous-estiment massivement les risques ».
Agir à notre niveau de parents, pour mieux protéger nos enfants
Ces éléments suggèrent, une fois de plus, que la règlementation actuelle apporte un niveau de protection insuffisant, pour la population générale, et plus particulièrement pour les populations sensibles comme les enfants. En attendant une potentielle évolution du cadre réglementaire, je vous invite donc à augmenter vous-même le niveau de protection de vos enfants contre les mélanges de substances préoccupantes.
Cela peut passer par une certaine sobriété chimique, par exemple en utilisant moins de produits et des produits à la composition plus simple. Vous pouvez aussi le faire en appliquant des bonnes pratiques de santé environnementale, à votre niveau de parents. Je vise à me faire le relais, auprès de vous, d’un maximum d’entre elles.
Santé environnementale pour parents – la suite
Voilà pour ces éléments visant à nourrir nos réflexions de Parents verts et prudents. S’ils vous paraissent utiles, alors vous pouvez liker, vous abonner et clocher. C’est important afin que YouTube favorise leur diffusion. Si vous voyez des compléments intéressants à ces bonnes éléments, alors dites-le moi dans les commentaires. Cela contribuera notamment à ce que tout le monde progresse !
En attendant, je vous invite à faire partie des Parents verts et prudents. Des parents qui agissent à leur niveau, pour réduire les expositions de leurs enfants aux mélanges de substances toxiques.
A bientôt !
Références. Mélanges de substances : des effets non-couverts par la réglementation
- Drakvik E, et al. Statement on advancing the assessment of chemical mixtures and their risks for human health and the environment. Environment International 2020. Notamment : doi. Et aussi :
- Kortenkamp, A. Low Dose Mixture Effects of Endocrine Disrupters and Their Implications for Regulatory Thresholds in Chemical Risk Assessment. Curr Opin Pharmacol 2014. Notamment : doi. Et également :
- Barouki, R. Environnement et santé. Incertitude et précaution. Raison présente 2020. Notamment : doi. Et aussi :
- Kortenkamp A, et al. State of the art report on mixture toxicity. European Commission. 2009. Notamment : doi. Et également :
- Huc L, Barouki R. Réglementation des substances chimiques: science et décision, lenteur et confusion. Dans Environnement et santé : quels impacts, quelles gouvernances ? Responsabilité & Environnement. Annales des Mines, 2021. Notamment : doi. Et aussi :
- Slama, R. Relations entre santé humaine et environnement dans l’Anthropocène. Cours et séminaires au Collège de France. Chaire Santé publique. Collège de France. 2022. Séminaire d’Andreas Kortenkamp. Bad Cocktails – The Evaluation of Combined Exposures. Notamment : lien. Et également :
- Demeneix, B. Cocktail toxique. Odile Jacob, 2017. Et aussi :
- Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Les contaminants chimiques seuls ou en mélange – Comprendre où en est la recherche. Les Cahiers de la Recherche No 16. Santé, Environnement, Travail. 2021. Notamment : lien. Et également :
D’avantage de références
- National Research Council. Committee on Improving Risk Analysis Approaches Used by the U.S. EPA – Board on Environmental Studies and Toxicology. Division on Earth and Life Studies. Science and Decisions. Advancing Risk Assessment. The National Academies Press. 2009. Et aussi :
- Boudia, S. From threshold to risk: exposure to low doses of radiation and its effects on toxicants regulation. In Toxicants, health and regulation since 1945. Routledge, 2015. Et également :
- Jas N, Boudia S. Gouverner un monde toxique. Editions Quae, 2019.
Photos notamment par Vincent Brassinne, DeepBluC. Et aussi : grahamvphoto et Mark Wolinski. Et enfin : extrait d’une séminaire du Collège de France