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Comment un environnement minimaliste peut favoriser la santé des enfants

Les plus belles choses dans la vie ne sont pas des choses. - John Ruskin

La perfection est atteinte, non pas quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à enlever. - Antoine de Saint-Exupéry

 

Bonjour à tous !

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Cet article est une contribution au laboratoire d’idées « Vers un monde meilleur ». Ses membres publient une fois par mois un article sur un thème commun. Ce mois-ci, le thème est « Retrouver une certaine simplicité » et je m’occupe de l’organisation ! 😉

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Avec le temps, il me semble que je deviens de plus en plus minimaliste. Non seulement je le deviens spontanément, mais aussi, je ressens de plus en plus l’envie de progresser dans cette voie.

Qu’est-ce que le minimalisme ? La réponse varie un peu selon les auteurs du domaine [1-8], voici celle que je retiens : le minimalisme est un mode de vie qui a pour objectif de se concentrer sur l’essentiel. La déclinaison concrète de ce mode de vie est donc propre à chacun. On parle aussi de « simplicité volontaire » ou de « sobriété heureuse ».

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Pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel, un minimaliste s’efforcera de se débarrasser de tout ce qui ne l’est pas, dans l’objectif de « faire de la place » à l’essentiel. Classiquement, il s’agit de :

  • se séparer de tous les objets qui ne sont pas très utiles ou qui ne mettent pas en joie. Ce principe peut être appliqué aux vêtements, aux bibelots, aux livres, aux jouets, aux meubles, aux outils, aux ustensiles, etc.
  • accorder peu d’importance à la possession d’objets matériels, voire même jubiler en ressentant que l’on peut se passer de beaucoup d’objets ;
  • sélectionner un petit nombre de « choses à faire », uniquement celles qui sont essentielles au regard des buts recherchés.

La simplicité volontaire est une pratique qui existe depuis très longtemps. Elle a été mise en avant par des philosophes (Epicure, Diogène de Sinope, Henry David Thoreau, Henri Bergson, … ), par des personnages religieux (Jésus, Bouddha (Siddhārtha Gautama, Shakyamuni), Gandhi, Saint-François d’Assise, …), par des écrivains/penseurs (Léon Tolstoï, John Ruskin, Ivan Illich, Hannah Arendt …), etc. Bergson me semble bien synthétiser l’esprit de la démarche minimaliste [11] : « Jamais, en effet, les satisfactions que des inventions nouvelles apportent à d’anciens besoins ne déterminent l’humanité à en rester là ; des besoins nouveaux surgissent, aussi impérieux, de plus en plus nombreux […] Ce qui est beau, ce n’est pas d’être privé, ni même de se priver, c’est de ne pas sentir la privation. »

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Cette simplicité est également cohérente avec l’approche ancestrale, sur laquelle s’appuie les analyses de ce blog : nos ancêtres préhistoriques ne devaient posséder qu’un nombre très limité d’objets. Par exemple les Hadzas, une population de chasseurs-cueilleurs de Tanzanie, ou les ǃKung, une population de chasseurs-cueilleurs du désert du Kalahari, possède typiquement une hache, un récipient à eau et un bol de cuisson, l’ensemble tenant sur l’épaule [9, 10]. Sur la base de cette observation, la logique ancestrale suggère que nous sommes probablement peu adaptés à être responsables et à prendre soin de beaucoup d’objets.

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Diogène jetant son écuelle. Nicolas Poussin. Paris, musée du Louvre

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Les résultats cherchés par les minimalistes sont une vie et un environnement sans désordre, plus simple. Les bénéfices attendus sont généralement les suivants : plus de sérénité, plus d’indépendance vis-à-vis de la nécessité de travailler, un impact environnemental plus faible, plus d’argent disponible, plus de liberté, plus de disponibilité et de clarté d’esprit, plus de temps consacré à ce qui met en joie, … bref, une vie plus légère, plus agréable, plus intensément vécue, plus signifiante.

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Certains d’entre vous doivent se dire « Tout ça très intéressant, mais quel est le rapport avec l’objet de ce blog ?!? ». Il est « simple » 😉 : la simplicité volontaire apporte un autre bienfait essentiel, et qu’à ma connaissance aucun des auteurs de référence n’a traité : un mode de vie minimaliste permet de réduire l’exposition de ses enfants aux substances chimiques préoccupantes.

Voici le principe : puisque plusieurs sources d’émission sont liées à des objets, alors posséder moins d’objets permet de réduire l’exposition à ces substances préoccupantes. Dans cet objectif, les principes minimalistes pourraient être appliqués aux classiques sources de substances toxiques : jouets, meubles, produits alimentaires transformés, cosmétiques, désodorisants d’intérieur, ustensiles de cuisine, vaccins, vêtements, etc. Par exemple, des parents pourraient considérer les interrogations suivantes : est-ce qu’un enfant a vraiment besoin de posséder plusieurs dizaines de jouets en plastique ? Parmi tous les vêtements présents dans son armoire, quelle est la proportion qu’il porte dans sa vie quotidienne (mon petit doigt me dit que la règle du 20/80 pourrait s’appliquer 🙂 ) ? Est-ce que les produits industriels transformés présents dans les placards de la cuisine sont essentiels à sa santé et à son épanouissement ? De combien de produits de soin mes enfants ont-ils réellement besoin ? ….

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L’exposition des enfants peut aussi être réduite grâce à des effets plus indirects d’une approche minimaliste. Par exemple :

  • la simplicité invitent à se rapprocher des matières brutes.
    • concernant l’alimentation, cela invite à préparer des aliments entiers et peu transformés, ce qui diminue l’exposition aux additifs alimentaires et aux sous-produits issus des cuissons à hautes températures ;
    • concernant les produits cosmétiques, cela invite à choisir des produits contenant peu d’ingrédients, ainsi que la fabrication « maison » de produits à partir de composés simples ;
    • concernant les produits ménagers, cela invite à utiliser des produits simples : vinaigre blanc, bicarbonate de soude, savon noir, …
    • concernant les jouets, cela invite à privilégier les jouets faits de matériaux naturels, comme le bois, la laine, le coton, etc. Par exemple, les jouets en bois brut et non vernis, de préférence non peints ou peints avec de la peinture de qualité alimentaire, pourront être préférés aux jouets en plastique ;
    • concernant la variété de mouvements à favoriser dans le quotidien de nos enfants, cela invite à privilégier des chaussures minimalistes. Par exemple, des sandales minimalistes se réduisent à des semelles (souples, plates, minces, légères) transpercées par des lacets.

 

 

  • Posséder moins d’objets permet généralement de :
    • rendre une séance de ménage plus facile et plus courte, ce qui favorise une plus grande fréquence de mise en œuvre. Or de nombreuses substances chimiques se concentrent dans la poussière des maisons, exposant plus particulièrement les jeunes enfants ;
    • éviter une sur-stimulation visuelle, particulièrement fatigante et stressante pour les enfants [3] ;
    • acheter des objets de meilleure qualité, ce qui peut se traduire par de plus faibles émissions en substances chimiques préoccupantes. C’est le cas des récipients et des ustensiles de cuisine, par exemple.

Par ailleurs, le temps libéré pourra être affecté à des activités essentielles pour les enfants. Compte tenu des travaux présentés sur ce blog, ces activités pourraient comprendre des séquences de jeu libre dans la nature, mais aussi du temps de qualité en famille et entre amis, jardiner, cueillir des fruits et légumes, aider à préparer un repas sain, etc.

Enfin, et cette fois c’est effectivement un peu hors sujet ;), l’approche basée sur la « motricité libre » me parait vraiment très intéressante.

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L’objectif de ce blog est de présenter des bonnes pratiques qui permettent d’entourer les enfants d’un environnement sain, avec moins de pollutions et plus de nature. Dans ce cadre, le minimalisme me semble être un mode de vie présentant de nombreux atouts, en plus d’être adaptable à de nombreux contextes.

Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, j’ai listé ci-dessous un certain nombre de livres de référence. J’ai mis en gras quelques classiques, qui peuvent être des points de repère intéressants en première approche. En particulier, Simplicity parenting me parait être un livre de très grande qualité. Il n’est malheureusement pas traduit en français à ce jour : allez, parce que c’est vous, je vais en faire une chronique dans les prochaines semaines !

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En complément, vous trouverez dans l’article Retrouver une certaine simplicité le bilan de toutes les participations au laboratoire d’idées.

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Etant en pleine évolution sur ce thème, je suis très intéressé… par tous les avis ! 🙂 Du découvreur au minimaliste chevronné, surtout s’ils doivent s’occuper d’enfants. Partagez vos avis dans les commentaires !

Photo par Lina Hayes et Mark Smith. Tableau de Nicolas Poussin.

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Références :

  1. Babauta L. L’art d’aller à l’essentiel. LEDUC.S 2012.
  2. Hetzel CL. L’art du vide. 2015 (auto-édité).
  3. Payne KJ, Ross LM. Simplicity parenting: Using the Extraordinary Power of Less to Raise Calmer, Happier, and More Secure Kids. Ballantine Books 2010.
  4. Loreau D. L’art de la simplicité: Simplifier sa vie, c’est l’enrichir. Marabout 2013.
  5. Rabhi P. Vers la sobriété heureuse. Actes Sud Editions 2013.
  6. Kondo M. La Magie du rangement. Pocket 2016.
  7. Babauta L. The simple guide to a minimalist life. 2009 (auto-édité).
  8. Bogue E. The Art of Being Minimalist. 2010 (auto-édité).
  9. Finkel M. The Hadza. National Geographic magazine 2009.
  10. Borshay Lee R. The !Kung San: Men, Women and Work in a Foraging Society. Cambridge University Press 1979.
  11. Bergson H. Les deux sources de la morale et de la religion. 1932.

Musique par Ronan Vernon

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17 réponses

  1. Très intéressant et inspirant… Et sûrement un vrai défi, genre sur les jouets dans mon cas, je pense 😉

    1. Je suis assez d’accord avec toi Karine ; dans le contexte actuel, le thème des jouets peut être subtile à gérer. Je pense que ça vaut le coup de tenter quelque chose quand même : par exemple le livre Simplicity Parenting (je compte le chroniquer) présente des travaux qui associe niveau de bien-être des enfants et (faible) nombre de jouets possédés 😉
      Peut être que passer par les grands parents peut être une approche intéressante : les jouets qui les enthousiasmaient étaient souvent beaucoup plus simples… et peu nombreux !

  2. Même ressenti que le commentaire précédent… C’est une motivation personnelle (non affichée pour autant mais assumée). Je ne suis pas du tout matérialiste à la base, au grand dam de mon mari qui est tout l’inverse ! Par exemple, j’aime ma maison, mon jardin, mais je n’y suis pas attachée outre mesure. Une maison ce n’est rien ! Elle peut être balayée par un coup de vent, une vague, une perte d’emploi ! Le minimalisme c’est déjà d’être attaché à la vie elle même, à la bonne santé dans laquelle nous sommes, aux petits moments de bonheur qu’on vit quotidiennement et qu’il faut savoir reconnaître (un rayon de soleil après la pluie, un chant d’oiseau, les bras de son enfant autour de son cou…). Le reste est peu de chose finalement, et donc cette considération permet de ne pas s’attacher aux objets… Même les souvenirs peuvent être perdus (vol, catastrophe naturelle, du vécu…) alors il vaut mieux les avoir dans la tête ! J’essaie d’inculquer un peu de cette philosophie à mes enfants, ce n’est pas simple ! Ils aiment quand même beaucoup bricoler avec 3 fois rien : un bâton, un bout de ficelle, une feuille de papier. Ce sont des jouets certes périssables mais ça on le sait donc leur perte n’est pas importante puisqu’on peut les fabriquer quand on veut, et ils auront permis de créer, inventer, bricoler, jouer… Beaucoup mieux qu’une tablette !!!

    1. Ton retour me fait penser à l’article « Les 5 meilleurs jouets de tous les temps » publié dans le magazine Wired. Compte tenu de la source, les lecteurs ont été surpris d’apprendre que plutôt que des jeux de haute-technologie, la liste consistait en (1) un bâton, (2) une boite, (3) une corde, (4) un tube en carton et (5) de la saleté. Tous ces « jouets » peuvent être adaptés à un éventail d’utilisations quasi-infini, stimulant ainsi l’imagination des enfants 😉

  3. J’aime beaucoup l’idée que « Posséder moins d’objets permet généralement d’ éviter une sur-stimulation visuelle, particulièrement fatigante et stressante pour les enfants ».
    J’ajouterais même que cela finit par les bloquer et geler leur créativité. Quand il y a trop d’objets ou trop de jouets, ils finissent par ne plus rien voir et ne plus avoir d’idées de quoi faire. C’est valable pour nous aussi. Je pense que plus de minimalisme peut nous permettre plus facilement de « meubler » avec notre imagination.

  4. … une sorte de « saturation » de l’esprit par la réception d’un excès d’informations. Ton commentaire fait écho à des passages vraiment très intéressants de « Simplicity Parenting ». Ce livre m’a passionné, je n’hésite donc pas à la citer une 2e fois 🙂

    Si on pousse l’idée encore un peu plus loin, certains soutiennent que l’ennui est un des terreaux les plus fertiles pour la créativité (cf. par exemple un article du Monde de 2013 : « L’ennui, facteur de créativité » – http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/01/14/ennui-salutaire_1816711_3234.html)

  5. Guillaume, encore un article très intéressant, provoquant une réflexion salutaire ! la simplicité, le minimalisme, apaisent effectivement les yeux, l’esprit, et ouvrent des perspectives dont je n’avais pas conscience vraiment.
    Bientôt Noël sera là et les cadeaux foisonneront près de la cheminée… dans mes achats, je penserai à cette simplicité, à ce minimalisme, surtout pour mes petits enfants qui souvent sont inondés de jouets en d’autres occasions aussi.
    Je vais essayer de me procurer le livre Simplicity Parenting, que tu donnes envie de lire !
    Par contre, cette phrase » l’ennui, facteur de créativité » me laisse perplexe. Je vais y réfléchir et en parler plus tard.
    Blanche

  6. Bonjour à toi Blanche et merci !
    Je trouve que Noël c’est effectivement très compliqué à gérer du point de vue du minimalisme, par rapport aux habitudes des enfants d’aujourd’hui, par rapport aux comparaisons qu’ils peuvent faire avec leurs amis (à 4 ou 5 ans ce n’est pas forcément simple pour eux d’avoir le recul nécessaire) et puis aussi par rapport aux autres membres de la famille qui pourrait (chacun son point de vue) ne pas adhérer à la démarche, voire parfois la trouver « triste ».
    Je pense que le titre de l’article du Monde évoque la stimulation de l’imagination impliquée par une période d’ennui. « Use it or lose it », un peu comme un muscle ! 🙂 Un enfant sans cesse diverti ne doit plus beaucoup avoir l’occasion d’exercer sa créativité je suppose

  7. Perso cela me renvoie à mes réflexions sur la notion d’interdit, sa pertinence, le périmètre de ma légitimité par rapport à mes enfants, naviguer entre le trop et le trop peu… Pour l’instant, ce qui me semble le mieux marcher dans mon cas : OUI j’interdis des choses, et notamment des objets ou des activités qui exposent mes enfants à des polluants, mais je mets rarement l’accent sur cet aspect d’interdit. A la place, je consacre mon énergie à créer de l’enthousiasme autour de la solution saine que j’introduis comme alternative.

  8. Il y a aussi le très chouette livre « Vivre simplement. Sortir du chaos moderne pour s’offrir une vie plus douce », de Elisabeth Simard (du blogue « Ruban Cassette »).

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