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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Cet article porte sur le lien entre santé des enfants et polluants émis par les encens.
En 2015, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) a publié un rapport intitulé « Utilisation d’encens et qualité de l’air intérieur : enjeux sanitaires, substances d’intérêt, bonnes pratiques » [1]. Ce rapport présente des études menées dans le cadre du Plan d’actions sur la Qualité de l’Air Intérieur (PQAI), qui demande notamment de « travailler sur l’information et l’étiquetage pour certains produits de consommation les plus émetteurs en polluants volatils (tels que les produits désodorisants […] (encens, bougies et autres masquants d’odeur))« . [2]
Protéger les enfants des polluants issus des encens : mieux comprendre les enjeux
En particulier, ce rapport présente deux nouveautés intéressantes en termes d’évaluation des risques. Les expositions aux fumées émises par les encens ont pu être quantifiées avec deux nouvelles sources d’informations de qualité.
- Un sondage national sur les usages domestiques d’encens. Ce sondage a été réalisé par TNS Sofres en 2014 [1].
- Des mesures d’émissions d’encens en conditions réelles. En particulier, ces mesures ont eu lieu dans la maison expérimentale du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) [3]. Ces mesures ont notamment porté sur :
- 20 encens, de conditionnements divers. Par exemple : cône, bâton, bâton sans tige, …
- 7 substances, pour lesquelles d’autres travaux ont précédemment suggéré un risque potentiel.
Des points de vigilance pour les parents
Sur la base du sondage, plusieurs scénarios d’exposition ont été élaborés, afin de caractériser des utilisations d’encens plus ou moins à risque. Par exemple : temps et fréquence d’utilisation, nombre d’encens brûlés simultanément, pratiques d’aération, etc. Ensuite, des méthodes classiques d’évaluation des risques ont été mises en œuvre. Voici les principales conclusions du rapport.
- Concernant les risques chroniques, c’est-à-dire ceux liés à une utilisation de routine : les résultats obtenus « suggèrent un besoin de diminuer les expositions« .
- Concernant les risques liés à des expositions de courte durée, c’est-à-dire ceux liés à une unique utilisation : les résultats obtenus « montrent un besoin de diminuer les émissions liées aux encens les plus émissifs« .
Les substances identifiées comme les plus préoccupantes incluent notamment le benzène et le formaldéhyde. Parmi les tests effectués, le format « cône » s’est révélé le plus émissif.
Des utilisateurs qui sous-estiment les risques
Par ailleurs, le rapport constate que « ces conclusions contrastent avec la perception qu’ont déclarée les utilisateurs interrogés dans le cadre du sondage. Par exemple :
• 58 % des utilisateurs déclarent que brûler de l’encens soit améliore soit n’a pas d’effet sur la qualité de l’air intérieur ;
• 27 % des utilisateurs brûlent de l’encens pour assainir l’air intérieur. »
Protéger les enfants des polluants issus des encens : les recommandations des autorités
A l’issue de la publication de ce rapport, le ministère chargé de l’Environnement a publié un certain nombres de bonnes pratiques pour l’utilisation d’encens [4] « afin de minimiser les effets potentiels sur la santé« . Par exemple :
- privilégier un usage modéré, surtout en présence de personnes dont le système respiratoire est plus sensible (jeunes enfants, asthmatiques, …). En particulier :
- éviter de brûler plusieurs encens simultanément.
- Limiter la fréquence d’utilisation.
- Eviter d’inhaler directement les fumées émises.
- Aérer la pièce après l’utilisation, par une ouverture sur l’extérieur, pendant au moins dix minutes, été comme hiver.
- Privilégier les conditionnements présentant le moins de matière. Par exemple, privilégier un bâtonnet fin à un cône ou à des morceaux de résine.
Privilégier une approche de prudence
Par ailleurs, le sondage national montre notamment que :
• plus de 20 % des Français brûlent de l’encens chez eux.
• Ces usages datent souvent de plus de 10 ans. En particulier, ils sont bien ancrés dans les pratiques.
Je comprends que brûler de l’encens puisse procurer des sensations agréables ou s’avérer utile pour cacher de mauvaises odeurs. Néanmoins, l’assainissement ou la purification de l’air me semblent être des slogans marketing. La production de bonnes odeurs par les encens se base une combustion incomplète. Celle-ci dégage en elle-même des fumées comprenant des composés toxiques. Je vous invite donc à être prudents dans vos pratiques personnelles. Mieux vaut diminuer l’exposition des enfants autant que possible, parce qu’ils sont plus vulnérables. Par ailleurs, leur quotidien les expose déjà à de nombreuses pollutions environnementales.
Santé environnementale pour parents : et vous ?
Etiez-vous au courant de ces risques ? Le magazine Que Choisir fait régulièrement sa « une » sur les polluants émis par les encens, le message est de plus en plus diffusé. Dites moi dans les commentaires comment vous avez fait évoluer vos pratiques !
Photos notamment par LaChan, Emmanuelle A et Caroline Léna Becker.
Références – Comment protéger la santé des enfants des polluants issus des encens
- Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS). Utilisation d’encens et qualité de l’air intérieur : enjeux sanitaires, substances d’intérêt, bonnes pratiques. 2015. Notamment : lien.
- Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM) – Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Plan d’actions sur la Qualité de l’Air Intérieur (PQAI). 2013. Notamment : lien.
- Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). Maison Automatisée pour des Recherches Innovantes sur l’Air (MARIA). Notamment : lien.
- Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM). Utilisation d’encens : précautions d’usage. 2016. Notamment : lien.
4 Responses
Merci beaucoup pour ces informations Guillaume. Je brûle des cornes nag champa à la maison, une remise en question s’impose
J’ai le souvenir de soirées d’étudiants où la pièce s’est littéralement transformée en aquarium avec des morceaux de Nag Champa haha 🙂
Ptain les pauvres vendeurs chez N&A…
Il me semble que tu soulèves un vrai sujet là… Les conclusions du rapport ne s’appliquant qu’à un usage domestique ; les usages religieux ou liés au contexte professionnel sont explicitement en dehors du champ de l’étude 🙁