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Chronique du livre « Last Child in the woods » (Le dernier enfant dans les bois) de Richard Louv
410 pages, publié en 2005 (révisé et augmenté en 2008) .
Richard Louv est auteur et journaliste scientifique. Il a fondé et préside l’ONG Réseau Enfants & Nature.
Ce livre est souvent considéré comme un ouvrage de référence sur le lien entre les enfants et la nature. Il recense les résultats de différents travaux scientifiques, portant sur :
- le rôle que joue la nature dans le bon développement des enfants ;
- les impacts du manque de nature sur la santé des enfants, aussi bien physiologique que psychologique.
Ce livre est très riche en informations et en recommandations de qualité : il fera donc l’objet d’une chronique en quatre parties. Le présent article est la première partie de cette chronique, où il est question, notamment, de jeu libre dans la nature et du « syndrome du déficit de nature ».
Le Dernier enfant dans les bois de Richard Louv : quelques informations et points de vue intéressants
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Au cours de leur enfance, les personnes nées dans les années 1950 ou 60 ont pu, pour la plupart, profiter de temps de jeu libre dans la nature. Le jeu libre est un jeu élaboré et conduit selon les propres initiatives de l’enfant, de manière autonome.
- Aujourd’hui, les enfants sont conscients des enjeux environnementaux à l’échelle planétaire : destruction de la forêt amazonienne, réchauffement climatique, espèces menacées, etc. Mais leur contact physique avec la nature est rare ; le lien d’intimité est de plus en plus faible. Pour la nouvelle génération, la nature est plus une abstraction qu’une réalité.
- La connaissance et la compréhension des autres espèces deviennent principalement intellectuelles. De plus en plus d’enfants sont végétariens, mais de moins en moins d’enfants sont capables de cultiver leur propre nourriture.
- Peu d’enfants passent du temps seuls dans la nature, en y jouant de manière non-structurée et non-dirigée par des adultes. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat. Notamment :
- Des décisions d’aménagement qui rendent la nature moins accessible.
- La peur des encadrants de se voir poursuivis en justice en cas de problème.
- Des zones de nature de plus en plus rares et de plus en plus réglementées (parcs, réserves, etc.).
- Le souhait des parents de remplir les temps libres des enfants avec des activités « utiles ». Par exemple : sports d’équipe, activités artistiques, pratique d’un instrument de musique.
- La peur des parents d’un enlèvement par un inconnu.
Besoin de nature
- De nombreuses études récentes suggèrent qu’un contact avec la nature est nécessaire au bon développement des enfants. Le besoin de nature semble constituer un besoin fondamental, au même titre qu’une alimentation équilibrée ou qu’un sommeil adéquat.
- Se mettre au contact de la nature sollicite et développe l’ensemble des sens, et donc la capacité à apprendre et la créativité.
- Le « syndrome de déficit de nature » désigne l’ensemble des symptômes résultant d’un manque de contact avec la nature. Par exemple : sens sous-développés, déficit d’attention, plus grand taux de maladies physiques et émotionnelles, etc.
- Les enfants qui passent du temps seuls dans la nature, généralement, finissent par trouver un « endroit spécial ». Ils créent une connexion particulière avec cet endroit. Notamment, ils viennent y retrouver du calme, une certaine familiarité, de l’intimité, etc.
- Des études suggèrent que l’exposition à la nature produit de multiples bienfaits. Par exemple :
- Réduction des symptômes du Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH).
- Amélioration des capacités cognitives.
- Augmentation de la capacité de résistance aux stress négatifs.
- Des études montrent une association, en ville, entre l’inaccessibilité ou l’absence de parcs et les taux de criminalités et de dépression.
- Biologiquement, nous restons très proches de nos ancêtres. Cette proximité pourrait expliquer pourquoi grimper aux arbres nous apaise : cette paix ferait écho à celle que notre ancêtre ressentait à l’idée de n’être plus, momentanément, une proie potentielle.
Le Dernier enfant dans les bois de Richard Louv : quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Un enfant d’aujourd’hui sera probablement capable de vous parler de la forêt amazonienne, mais pas de la dernière fois qu’il a exploré les bois seul, ou qu’il était étendu dans un champ en écoutant le vent et en regardant les nuages défiler.
Par-dessus tout, la nature est reflétée par notre capacité à nous émerveiller.
Quelle que soit la forme que prend la nature, elle offre à chaque enfant un monde plus ancien et plus grand, séparé des parents.
Les bois étaient ma Ritaline. La nature me calmait, me recentrait, et pourtant excitait mes sens.
Quand j’étais enfant à Détroit, nous étions toujours dehors. […] Quelque chose d’autre était différent quand nous étions jeunes : nos parents étaient dehors.
En Israël, des chercheurs ont révélé que pratiquement tous les adultes sollicités ont indiqué que des lieux extérieurs de nature étaient les environnements les plus signifiants de leur enfance, alors que moins de la moitié des enfants de 8 à 11 ans partageait cette vue.
Jeu libre dans la nature
Aux Etats-Unis, les enfants de 6 à 11 ans passent environ 30 heures par semaine devant un écran (TV, ordinateur, consoles). […] On dit aux parents d’éteindre la télé et de réduire les temps de jeux vidéo, mais on entend peu de choses concernant ce que les enfants devraient physiquement faire pendant leurs périodes non-électroniques. La suggestion habituelle est de pratiquer des sports organisés. Mais considérez ceci : l’épidémie d’obésité coïncide avec la plus grande augmentation de sports organisés pour enfants qui ait jamais été. Les experts de l’obésité des enfants concèdent que les approches actuelles ne semblent pas marcher.
L’exercice physique et la détente émotionnelle, auxquels les enfants prennent plaisir pendant du jeu non-organisé, sont plus variés et moins limités dans le temps que ceux trouvés dans les sports organisés. Le temps de jeu – en particulier s’il est non-structuré, imaginatif et exploratoire – est progressivement reconnu comme un composant essentiel du développement d’un enfant sain.
Quelque chose de spécial avec la nature
Je crois vraiment qu’il y a quelque chose de spécial avec la nature – que quand on est dedans, elle fait réaliser que des choses bien plus grandes que soi sont en jeu. Cela aide à mettre les problèmes en perspective. Et c’est le seul endroit où les enjeux auxquels je fais face n’ont pas immédiatement besoin d’attention ou de résolution.
Un des coûts du progrès est rarement mentionné : une vie diminuée pour les sens. […] En tant qu’être humain, nous avons besoin d’expériences de nature directes ; nous avons besoin de sens affûtés pour nous sentir pleinement en vie. […] à l’âge de l’information, des informations vitales manquent. La nature fait sentir, entendre, goûter et voir.
La suite de cette chronique fera l’objet d’un prochain article. Santé des enfants : comment la protéger du “syndrome de manque de nature” (2/4)
Pour conclure cet article sur le dernier enfant dans les bois de Richard Louv, j’aimerais avoir votre avis. Notamment, que pensez-vous de ces informations et de ces recommandations ? Peut-être que, comme pour moi, elles posent des mots sur des phénomènes intuitivement connus. Dites-le moi dans les commentaires !
Et aussi : Musique par Ronan Vernon
Photo notamment par Pezibear
12 Responses
Le message de ce livre est essentiel… Je pense que ces propos devraient engendrer une large campagne d’information sur ce syndrome méconnu et pourtant très virulents dans nos pays occidentaux!
En temps que maîtresse d’école, j’en constate les conséquences au quotidien sur les élèves, dès la maternelle: hyperactivité, altération de l’agilité et des sens, peur de la nature… comment espérer que ces enfants pourront sincèrement se sentir préoccupés par la dégradation des milieux naturels et de ce qu’on appelle si joliment la planète, dans ces conditions?…
Merci Guillaume, de te faire le relais de ce livre exceptionnel, non traduit en français!
Emilie
Hello Émilie. Merci pour ton retour. Les thèses de Louv résonnent bien chez moi aussi.
Pour le clin d’oeil, en lien avec ta proposition : le déficit de nature a atteint un certain seuil de reconnaissance aux États Unis, au point que l’usepa a inclus des recommandations (faisant mention explicite du syndrome de manque de nature) dans son poster officiel du « Mois des enfants ». Cela pourrait être une référence intéressante pour inspirer certaines actions en France !
Article excellent. Je suis un homme déjà âgé et je confirme tous les apports que peut donner la rencontre libre avec la nature pendant nos jeunes années… j’ai eu la chance d’avoir ce contact avec la nature et je crois que j’en ressens encore maintenant le souvenir le bonheur et les bienfaits …, mieux j’en suis certain !!
Hello Émile. Merci beaucoup pour ton retour très intéressant, que seules les personnes plus seniors peuvent partager avec nous 🙂 Ton expérience recoupe bien la description de Louv quant à la pérennité du phénomène, aspect que je trouve fascinant, et que l’on a déjà abordé sur le blog à l’occasion des articles sur la topophilie. Ces expériences de nos jeunes années nous imprègnent profondément, il me semble.
Si tu as des petits enfants, j’imagine que tu leur fais profiter de cette approche !
Oui, ce message ne semble pas encore bien connu en France, alors qu’il mériterait d’être diffusé à tous et devrait inspirer les politiques publiques en matière de santé, d’éducation nationale, de développement durable…
On parle beaucoup aujourd’hui de l’importance de préserver la biodiversité, mais en invoquant surtout les enjeux socio-économiques (par ex. d’après le site du MEDDE : fourniture de biens (nourriture, oxygène, matières premières…) et de services (pollinisation, épuration de l’eau, fertilisation des sols, prévention des inondations…) irremplaçables et indispensables), et rarement l’impact sur notre santé physiologique et psychologique !
Hello Mi-Ko !
C’est marrant parce que tu viens de mettre des mots (précis en plus, merci) sur un sentiment diffus que j’avais, sur la base de l’ensemble des documents que je lis. Cela fait d’ailleurs bien écho à la connaissance de la nature de plus en plus intellectualisée, évoquée par Louv, pour les générations d’aujourd’hui et les suivantes.
Bonjour,
merci pour tous ces échanges et pour cet article que j’ai diffusé le plus possible.
Je me demande juste comment réussir à sortir de ce monde pour donner cette approche à nos enfants. Les politiciens semblent tout faire pour que nous soyons complètement coupés de nos sensations, de notre vitalité et de nos instincts primaires.
Je souhaite depuis quelques mois quitter ce système et trouver un endroit proche de la nature pour moi même et mes enfants. Seulement, je voudrais aussi que tous les systèmes éducatifs puissent correspondre à mes convictions et se rapproche de notre mode de vie. Or, trouver une école qui n’enferme pas nos enfants (physiquement comme intellectuellement) relève du défi (physique et financier!) Je suis également directrice de crèche et malheureusement nous ne pouvons rien mettre ne oeuvre dans ce sens là: les normes, les lis, les familles, la réglementation… Et les collectivités qui construisent ces structures dans des lieux inadaptés ( ma structure actuelle est en bordure d’autoroute avec une petite cours de 100m² pour 28 enfants et entièrement recouverte d’un sol synthétique!)
Pierre Rabbhi a pu faire une école, comment faire pour développer tout ça? AU niveau scolaire comme au niveau de la petite enfance dans notre pays? Je pense même qu’il faudrait commencer les campagnes de sensibilisation dés la maternité. En combinant ce rapport à la nature avec de la méditation ou toute activité de connaissance de soi et de respect del’autre, nous pourrions faire de grandes avancées et permettre à beaucoup de retrouver (ou même trouver) sérénité et bonheur.
Merci de m’avoir permis de m’exprimer sur ce sujet qui me tient tellement à coeur.
Merci Sophie pour ce beau retour, que l’on sent écrit avec le cœur… inspirant !
Les problématiques que vous soulevez ne sont pas simples.
Autour de moi je vois de plus en plus d’initiatives qui, au niveau local et/ou individuel, essayent de faire avancer ces sujets avec leur moyen. Par exemple Emilie du blog Eveil et Nature, maîtresse d’école, fait un travail qui me semble très intéressant 🙂
Dans ce livre, Richard Louv donne quelques clés pour agir à notre niveau de parents. Ils développent ses propositions au niveau politique dans son livre suivant, « The Nature Principle », si ça vous intéresse.
Et ceux qui ne sont pas satisfaits du résultat que l’on peut obtenir optent pour sortir les enfants du système classiques, au profit d’une éducation personnalisée à la maison (unschooling). Camille et Olivier, du blog Les supers parents (sur la parentalité bienveillante), viennent d’annoncer que le « unschooling » serait un de leur chantier majeur en 2016. Je suivrai ça avec intérêt… je sens que cela pourrait me motiver !
Super article merci !
j’essaie de trouver ce livre en français, mais sans succès, a-t-i été traduit ?
Merci pour vos réponses !
🙂
Et non malheureusement, ce livre n’est pas encore traduit, ce qui est complètement incompréhensible vu son contenu intéressante et son succès international. Quel dommage !
Exactement. Je trouve qu’il est essentiel de bâtir de bonnes fondations en terme de santé. Pour moi la santé de nos enfants peut être préservée par l’exercice physique (3/4 fois par semaine), par le sommeil (9-10 heures de sommeil en moyenne), une nutrition équilibrée (peu de sucre, manger des fruits et légumes, etc) et une relaxation pour éliminer les tensions (exercices de respirations, ballade dans la nature, etc). 🙂
Bonjour Vincent, et merci pour ton retour d’expérience.
Si tu as des conseils pour des exercices de respiration adaptés aux (jeunes) enfants, je crois qu’il y aura pas mal de lecteurs qui seront preneurs 🙂