Polluants et alimentation : l’avis de Robert Barouki (4/4)

Admettre une tolérance, c’est autoriser la contamination des denrées alimentaires destinées au public dans le but d’accorder aux producteurs et aux industries de transformation le bénéfice d’un moindre prix de revient. - Rachel Carson

Une forme de diversité, d'équilibre dans le régime, un comportement alimentaire équilibré permet de se préserver d'une surexposition à une substance dans des aliments qui peuvent en contenir beaucoup. - Dominique Gombert

Chronique du livre Savez-vous vraiment ce qu’il y a dans votre assiette ? d’Isabelle Brokman et Robert Barouki, qui traite notamment du risque de pollution alimentaire

Polluants alimentation Robert Barouki

320 pages, publié en 2016

 

Isabelle Brokman est journaliste et réalisatrice. Ses domaines d’intérêt incluent les questions alimentaires et la santé.

Robert Barouki est notamment professeur de biochimie à la faculté de médecine Paris-Descartes. Il est aussi directeur d’une unité de toxicologie de l’INSERM. Robert Barouki est généralement considéré comme un des acteurs de référence de la santé environnementale en France.

Ce livre porte sur les substances préoccupantes présentes dans l’alimentation.

Le première article de la chronique se trouve ici. Polluants et alimentation : l’avis de Robert Barouki (1/4)

 

Risque de pollution alimentaire, selon Robert Barouki – Quelques informations et points de vue intéressants

Voici une liste d’informations et de points de vue, issus du livre et que je souhaite partager avec vous.

  • La peau de la pomme présente en moyenne quatre ou cinq fois plus d’antioxydants que sa chair. L’éplucher diminue donc l’apport potentiel en micronutriments d’intérêt.
  • D’après le ministère de l’Agriculture, en moyenne, une pomme reçoit trente-six traitements chimiques.
  • Quand on épluche une pomme traitée, on évite de nombreux résidus de pesticides. Néanmoins, on perd une bonne partie des antioxydants. Effectuer un bilan bénéfices / risques est un exercice très difficile, compte tenu des incertitudes en présence.
  • Dans des études en laboratoire, l’exposition de souris gestantes à un fongicide a altéré le système reproducteur des fœtus. Mais cela a également altéré celui de leur descendance, et ce sur trois ou quatre générations. On parle d’« effet transgénérationnel ». Ces effets sont encore peu connus et ils restent controversés. C’est pourquoi ils font l’objet de nombreux travaux de recherche. Plus généralement, cet exemple suggère que des composés qui ont pu être tolérés à un moment doivent être réévalués en fonction des avancées scientifiques.

 

Vitamine C

  • La vitamine C, consommée via des fruits et des légumes, produit de nombreux bienfaits pour la santé. En particulier, elle agit comme cofacteur de nombreuses enzymes et comme antioxydant. Néanmoins, ce caractère antioxydant se manifeste dans une gamme de doses et dans un contexte donné. Dans d’autres conditions, la même substance peut avoir un rôle oxydant.
  • Ainsi, la prise de vitamine C à forte dose sous forme de supplément semble moins utile. En particulier, on se trompe en pensant que plus on en prend, plus on obtient de bienfaits.
  • Le DDT est un pesticide historique. Bien que son interdiction remonte aux années 1970, ses effets sanitaires continuent de faire l’objet d’études. Ils font toujours l’objet de préoccupations du point de vue sanitaire.
  • Comme le DDT peut perturber le système hormonal, les chercheurs s’attendaient à un lien avec des cancers hormonodépendants. Mais les études menées ont longtemps conclu plutôt négativement.
  • Récemment, des chercheurs ont trouvé une association entre une exposition au DDT pendant la grossesse et un excès de cancers du sein. Plusieurs décennies peuvent séparer l’exposition préoccupante et la détection du cancer du sein. Ceci peut expliquer l’absence d’effets observés issue des premières études. Ainsi, le cas du DDT illustre bien les risques liés au temps longs et les effets décalés dans le temps.

 

Risque de pollution alimentaire selon Robert Barouki – vigilance sur les pesticides

  • Que les pesticides présentent tant de potentiels effets sanitaires ne doit pas surprendre. Les pesticides sont conçus dans le but de neutraliser des organismes vivants. Par exemple : insectes, champignons, plantes. Ils ont pour objectif d’agir sur le vivant.
  • L’exposition des espèces visées correspond à des doses plus fortes que les doses résiduelles associées à l’alimentation. Néanmoins, on ne peut exclure des effets toxiques pendant certaines périodes vulnérables du développement. En particulier, certaines de ces périodes se trouvent la période fœtale.
  • Plusieurs contaminants présents dans un aliment donné peuvent générer des « effets cocktails ». En d’autres termes, les effets des mélanges peuvent s’avérer plus toxiques que les effets de chaque substance considérée individuellement. Mais également, puisque plusieurs aliments composent les repas, il faut considérer le mélange des contaminants de l’ensemble du repas. En complément, il faudrait aussi considérer les effets cumulatifs des contaminants dans le temps.
  • Par ailleurs, en plus de boire et de manger, nous respirons aussi un air contenant des substances. En outre, différents objets émettant des polluants se trouvent dans notre environnement. Ce « cocktail de cocktails » est souvent appelé l’« exposome ».
  • En complément de l’action des pouvoirs publics, on peut aussi agir au niveau individuel. Par exemple : varier son alimentation ; favoriser les producteurs qui tiennent compte de leur impact sanitaire et environnemental. Et aussi : adopter un type de consommation incitant les industriels à promouvoir la qualité sanitaire de leurs produits ; se tenir au courant de l’évolution des connaissances.

 

Pollution alimentaire Barouki - repas

 

Risque de pollution alimentaire, selon Robert Barouki – Quelques extraits du livre

On ne peut expliquer l’ensemble des toxicités des pesticides sur les organismes vivants non ciblés (par exemple, sur les populations humaines) uniquement par leurs mécanismes d’action sur les organismes ciblés (par exemple les insectes). En effet, nous avons vu que certains insecticides, comme le DDT et ses dérivés, sont des perturbateurs endocriniens capables de s’opposer aux effets des androgènes, et cela n’a, a priori, rien à voir avec leur mode d’action insecticide. D’autres propriétés chimiques, encore mal connues, doivent être étudiées. Ainsi, les effets toxiques des pesticides sont liés à la fois à leur mécanisme d’action initial mais aussi à d’autres mécanismes.

Certains diront : « Mais nous n’allons pas arrêter de manger et de respirer, de vivre, en somme ! » Bien sûr que non, mais pourquoi ne pas envisager de mieux manger, de mieux respirer ?

Si certains effets toxiques apparaissent rapidement après une contamination, comme une réaction d’intolérance, une irritation ou une allergie, la plupart des effets ne se voient que longtemps après, parfois des années, des décennies plus tard. Il en est ainsi des effets cancérogènes, cardio-vasculaires ou obésogènes, des effets sur le développement neurologique, etc. Se pose alors la question de notre capacité à mettre en évidence ce qui va conditionner notre état de santé dans les années futures.

 

Décision en contexte d’incertitudes

Il ne faut pas se bercer d’illusions. Nous allons devoir longtemps apprécier la toxicité des contaminants avec un certain niveau de doute. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’imagination pour penser que ce doute sera exploité pour retarder des décisions, or nous savons que l’inaction a un coût. Ce coût, des scientifiques l’ont récemment évalué, uniquement pour les perturbateurs endocriniens dans l’Union européenne, à environ 150 milliards d’euros par an.

Il y a autant de créativité et d’innovation à fabriquer une substance ou à concevoir un procédé sain et sûr qu’à trouver de nouvelles applications pratiques. Le progrès humain ne se limite pas aux avancées technologiques qui ignorent le bien-être sanitaire et environnemental global.

 

Mon avis

Les « + » :

  • Du journalisme d’investigation qui m’a semblé de bonne qualité et bien documenté. Il s’appuie notamment sur un expert scientifique de référence.
  • Les éclairages de Robert Barouki, tout au long du livre, bien clairs et rigoureux. Comme souvent avec les personnes expertes, on retrouve une honnête lucidité et pas mal d’humilité quant aux nombreuses limites de nos connaissances actuelles.

Ces éclairages m’ont paru d’autant plus précieux qu’ils ne se limitaient pas à commenter des cas particuliers. Et notamment, ces cas permettaient de distinguer des principes plus transversaux, applicables à de nombreux autres cas.

 

Les « – » :

  • Des passages au ton militant assez lourd par endroit. Je ne suis pas convaincu de leur apport positif sur l’impact potentiel du livre. D’autant plus que les données rassemblées m’ont semblé déjà très parlantes en elles-mêmes.
  • Robert Barouki a rédigé la conclusion du livre. Je l’ai trouvée intéressante et j’aurais bien voulu avoir en complément les conclusions d’Isabelle Brokman.

 

Photo notamment par silviarita

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