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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous !
Concernant ma compréhension de ce qu’est une alimentation saine, Stephan Guyenet fait partie des scientifiques qui m’ont le plus influencé. J’ai découvert ses travaux il y a quatre ans environ, alors qu’il était encore chercheur. Spécialiste du comportement alimentaire et de l’obésité, Stephan Guyenet étudie l’alimentation du point de vue des neurosciences, et plus particulièrement du point de vue du cerveau, ce qui était une approche complètement nouvelle pour moi.
Stephan Guyenet partage les résultats de ses réflexions et de ses travaux sur un blog (http://wholehealthsource.blogspot.fr/ à l’époque, http://www.stephanguyenet.com aujourd’hui). Je trouve que le contenu qu’il partage est passionnant. Et même au-delà, son érudition, sa rigueur et son humilité sont de véritables sources d’inspiration pour moi. Cerise sur le gâteau : au travers de nos échanges, j’ai pu constater qu’il est également très sympathique. Résultat : j’ai lu tous les articles de son blog et visionner toutes les conférences que j’ai pu trouver ! 🙂
D’une manière générale, j’ai déjà eu l’occasion de présenter qu’elle était l’alimentation que je souhaitais pour mes enfants. Dans cette nouvelle série d’articles, je souhaiterais partager l’éclairage qu’apportent les travaux de Stephan Guyenet sur la thématique « Santé des enfants et environnement », sur comment l’environnement de nos enfants peut influencer leurs comportements alimentaires.
Pour les lecteurs anglophones qui souhaitent approfondir plus avant, le premier livre de Stephan Guyenet (The Hungry Brain [1]) est paru en début d’année.
Ce premier article présente les enjeux liés à la suralimentation chez les enfants. Un deuxième article présentera les systèmes cérébraux, conscients et non-conscients, qui influencent la prise alimentaire. Un troisième article expliquera comment les systèmes cérébraux non-conscients, au sein d’un environnement moderne classique, poussent les enfants à trop manger. Un quatrième article détaillera le fonctionnement d’un de ces systèmes cérébraux, le lipostat, qui joue un rôle central dans l’établissement des comportements alimentaires. Sur la base de cette compréhension affinée, un cinquième article présentera les recommandations pratiques qui peuvent être mises en œuvre, dans la vie de tous les jours, pour protéger les enfants des environnements favorisant l’obésité.
Je souhaite que ce contenu vous soit aussi utile qu’il l’a été pour moi.
Aux Etats-Unis, les lignes directrices pour l’alimentation sont produites par le Département de l’agriculture (United States Department of Agriculture, USDA). D’après l’USDA [2], les six principales sources de calories des enfants et des adolescents sont, par ordre décroissant de calories ingérées :
- desserts à base de céréales. Cette catégorie comprend les gâteaux, les cookies, les donuts…
- pizzas ;
- soda / boissons énergétiques ;
- pains ;
- plats à base de poulet ;
- plats à base de pâtes.
Ces produits alimentaires sont souvent une combinaison très calorique de sucre raffiné, de gras concentré, de sel, etc.
Au regard de cette liste, l’ampleur de la prévalence de l’obésité aux Etats-Unis semble moins surprenante : en 1960, un adulte sur sept était obèse (Indice de Masse Corporelle (IMC) > 30). En 2010, ce nombre atteint un sur trois. Concernant les enfants et les adolescents, la prévalence de l’obésité a quintuplé [1], atteignant environ 20 % [6, 7]. La plupart de ces changements ont eu lieu à partir des années 1980. Les autorités sanitaires américaines parlent elles-mêmes d’une « épidémie d’obésité ».
Quelle est la situation en France ? Je n’ai pas réussi à trouver de données publiques sur les produits alimentaires les plus consommés par les enfants, en termes d’apport calorique, notamment dans les Etudes individuelles nationales des consommations alimentaires (INCA) et les Etudes de l’alimentation totale (EAT) produites par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Concernant le surpoids et l’obésité, le site Internet de l’Assurance maladie [4] indique qu’ils « constituent un problème majeur de santé. En France, en 2013, en grande section de maternelle (enfants âgés de 5 à 6 ans) :
- 9,7 % des filles et 7,3 % des garçons étaient en surpoids, mais n’étaient pas obèses ;
- 3,8 % des filles et 3,1 % des garçons étaient atteints d’obésité.»
D’après le Plan Obésité [8], « un enfant sur six présente un excès de poids ».
Le rapport L’état de santé de la population en France, publié en 2015 par le Ministère en charge de la santé, mentionne : « entre 10,4 % et 16,1 % (selon l’âge) des enfants et adolescents sont en surpoids et 3,5 % à 4 % sont obèses. »
Comme attendu, la situation peut être considérée comme « moins pire » qu’aux Etats-Unis. Néanmoins :
- elle reste préoccupante, à mon sens. 10 à 15 % des enfants en surpoids ou obèses, cela parait quand même beaucoup…
- les produits et les comportements alimentaires américains ont une influence sur ceux observés en France. Agir à notre niveau de parents contribuerait à éviter que la situation française n’évolue vers la situation américaine.
Chez les enfants et les adolescents, le surpoids et l’obésité sont associés à un plus grand risque de développer divers maladies « de civilisation », dont l’apparition peut être immédiate ou décalée de plusieurs années [5, 7, 8, 9] : diabète, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, hypertension, résistance à l’insuline…
Peu d’enfants souhaitent être en surpoids ou obèses. Peu de parents souhaitent que leurs enfants soient suralimentés ; de plus en plus de parents s’intéressent à comment donner une alimentation saine à leurs enfants. Alors pourquoi nos enfants souffrent-ils de surpoids et d’obésité plus qu’avant ?
D’une manière générale, nos comportements sont produits par notre cerveau. Les travaux de Stephan Guyenet se basent sur une affirmation simple : notre comportement alimentaire (appétit, préférences, rythme des prises, etc.) est un comportement particulier : pour comprendre la suralimentation, il faut donc d’abord mieux comprendre comment fonctionne notre cerveau. Plusieurs systèmes cérébraux déterminent nos comportements alimentaires. Leurs modes d’actions sont souvent non-conscients : nous les découvrirons à l’occasion du prochain article : Comment protéger les enfants des environnements obésogènes, avec Stephan Guyenet (2/5)
Personnellement, je m’interroge sur le fait qu’une épidémie d’obésité puisse durer à une époque où les connaissances et les informations sur ce qu’est une alimentation saine n’ont jamais été aussi disponibles. Selon vous, qu’est-ce qui nous pousse à trop manger malgré nos meilleures intentions ? Pourquoi les personnes en surpoids étaient-elles beaucoup moins nombreuses il y a seulement quelques générations ? Je serai intéressé par votre point de vue sur cette question, partagez-le dans les commentaires !
Photo par Pawel Loj et Malingering
Références :
- Guyenet S. The Hungry Brain: Outsmarting the Instincts That Make Us Overeat. Flatiron Books
- Département de l’agriculture des États-Unis (United States Department of Agriculture, USDA). Dietary Guidelines. https://www.cnpp.usda.gov/dietary-guidelines-2010
- Ministère des Affaires sociales et de la Santé (MASS). Programme national nutrition santé (PNNS) – http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/PNNS_2011-2015.pdf
- Assurance maladie. Surpoids de l’enfant – http://www.ameli-sante.fr/surpoids-de-lenfant.html (Mis à jour le 16/12/2015, consulté le 19/04/2017)
- Bureau régional de l’OMS pour l’Europe. Le marketing des aliments à haute teneur en matières grasses, en sel et en sucre ciblant les enfants : bilan pour 2012-2013 – http://www.euro.who.int/fr/publications/abstracts/marketing-of-foods-high-in-fat,-salt-and-sugar-to-children-update-20122013
- Site Internet des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des Etats-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC). Childhood Obesity Facts. https://www.cdc.gov/healthyschools/obesity/facts.htm (Mis à jour le 25/01/2017, consulté le 19/0/2017)
- Mitchell N. Obesity: overview of an epidemic. Psychiatr Clin North Am. 2011 ; 34(4) : 717–732.
- Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Plan Obésité. http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_Obesite_2010_2013.pdf
- Ministère en charge de la santé – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. L’état de santé de la population en France. 2015. http://drees.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rappeds_v11_16032015.pdf