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Bonne lecture 🙂
Chronique du documentaire « L’emmerdeuse – Piège de plastique »
De Laurent Guyault, avec Olivia Mokiejewsk, diffusé sur France 2 en 2014
Ce documentaire porte sur les expositions à des substances toxiques issues des matières plastiques, ainsi que sur les potentiels risques associés.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du documentaire, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Au niveau mondial, 260 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année. Cette production est associée à de forts impacts sanitaires et environnementaux.
- 80 % des déchets trouvés en mer sont des plastiques. La masse de plastiques rejetés dans le milieu naturel est estimée à 10 millions de tonnes par an. Des déchets plastiques ont été trouvés dans l’Antarctique, ou encore à 4 000 m de profondeur dans l’Océan Pacifique.
- Les matières plastiques sont très résistantes : plusieurs centaines d’années peuvent être nécessaires à leur dégradation dans l’environnement, ce qui contraste avec leur faible temps d’utilisation.
- Les granules de plastiques sont un des formats de déchets les plus préoccupants. Ces granules proviennent soit de procédés de fabrication, soit des premières étapes de décomposition des plastiques. A cause de leur taille, les granules ont une plus grande capacité de dispersion et de pénétration dans les organismes vivants. En particulier, elles sont de plus en plus fréquemment retrouvées dans le corps des poissons et des mollusques.
- Les voies d’exposition quotidiennes aux matières plastiques sont très nombreuses : l’air qu’on respire, la nourriture et l’eau ingérées, les cosmétiques appliqués sur la peau…
- Pour fabriquer leurs produits, les industriels ont besoin d’attribuer des propriétés utiles à la matière plastique brute : souplesse, couleurs, capacité à conserver les aliments, résistance au feu… Pour cela, ils ajoutent des substances chimiques, appelées « additifs », dont la liste précise est couverte par le secret industriel.
- Certains de ces additifs font l’objet de préoccupations, notamment au regard de leur potentiels effets sanitaires. Par exemple, le Bisphénol A est aujourd’hui interdit en France dans les biberons et les contenants alimentaires ; certains phtalates sont aussi interdits dans les produits pour enfants, notamment dans les jouets.
- Les produits contenant du plastique et importés depuis des pays hors de l’Union Européenne font l’objet de préoccupations, car ils ne sont pas soumis aux mêmes réglementations.
- Des associations de consommateurs ont détecté la présence de substances « cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques » (CMR) dans des produits de consommation courante contenant des plastiques. En particulier, un produit sur quatre contenait des phtalates et des retardateurs de flamme considérés comme des substances « hautement préoccupante » par la réglementation européenne.
- De nombreux additifs sont mesurés dans notre corps. Or certains d’entre sont des perturbateurs endocriniens : même à faibles doses, ils peuvent significativement interférer avec le système hormonal.
- Les expositions les plus préoccupantes sont celles du fœtus, pendant la vie intra-utérine. Cette période correspond à une étape où les enfants sont très vulnérables.
- Pour les nouvelles substances chimiques, dans le cadre des demandes d’autorisation de mise sur le marché de l’Union européenne, les autorités ne sont tenues de contrôler que 5 % des dossiers déposés. Et d’après l’Agence européenne des produits chimiques, 69 % des dossiers vérifiés n’étaient pas conformes ; en d’autres termes, ces dossiers étaient insuffisants pour montrer l’innocuité des substances proposées.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
[D’après le gestionnaire de la principale station d’épuration de Marseille,] quand il pleut beaucoup – et en régime méditerranéen, cela arrive souvent de manière soudaine – les déchets ne sont plus du tout arrêtés : les déchets vont directement dans le milieu naturel… parce que la station d’épuration est faite pour un certain débit : elle ne peut pas recevoir plus d’eau, sinon elle serait noyée. […] Pour éviter de la noyer, je suis obligé de la fermer, ce qui peut arriver une dizaine de fois dans l’année : les déchets sont envoyés par le tuyau au milieu naturel. […] Techniquement on a des solutions pour tout, mais aujourd’hui ce n’est pas une priorité : politique, sociétale… Cela coûterait trop cher.
Encore aujourd’hui, en Méditerranée, il y a des villes qui n’ont pas de stations d’épuration, et où l’ensemble de ce qui est collecté par le réseau va, encore de nos jours, à la mer.
Jusqu’à maintenant, les déchets ce n’étaient pas un problème : la mer était là pour les recevoir. L’Humain n’avait pas pris conscience de la gravité du problème. […] Les plastiques de notre quotidien sont trop familiers, ils paraissent inoffensifs.
Les caniveaux sont considérés comme les poubelles. C’est par forcément malveillant : les gens se disent « C’est géré : c’est en ville, c’est traité, il n’y a pas de problème ».
Ce n’est plus une marée noire, c’est une marée de plastiques.
C’est invisible à l’œil nu. La plupart du plastique que l’on a trouvé mesure entre 5 et 10 microns. C’est vraiment très petit. C’est pour cela que vous ne le voyez pas. Mais il est là, il est clairement là. Si vous prenez 12 huîtres, vous mangerez peut être entre 40 et 50 microparticules de plastiques. Si vous avez une portion d’un kilo de moules, soit 300 g de chair, on estime qu’il y aurait entre 90 et 100 microparticules de plastiques.
Beaucoup de produits chimiques présents dans le plastique finiront dans la nourriture ; pas forcément parce ce que vous buvez dans un gobelet ou que vous emballez votre tranche de jambon dans un film plastique. Mais parce qu’il est impossible de contrôler la migration de ces produits chimiques dans l’environnement. […] Une fois que le plastique est jeté aux ordures, les phtalates vont se répandre lentement dans l’environnement et entreront dans notre chaîne alimentaire : on avalera ces substances. […] Il y en a partout : vous en avez dans votre corps, j’en ai, tout le monde en a. […] Je ne suis pas en train de dire que rien ne s’échappe de ces objets et qu’il n’y a aucun risque ; la vérité c’est que je n’en sais rien : la plupart des produits chimiques n’ont pas été correctement testés toxicologiquement.
[Michèle Rivasi, députée européenne] Ça me fait penser à la directive sur le tabac, c’est exactement le même chantage ; c’est les mêmes intérêts, le profit à court terme. Ils s’en foutent que vous soyez malades, ils s’en foutent que ce soit le contribuable français ou européen qui paye. Eux ce qu’ils veulent faire, c’est le plus d’argent possible. Et ils font le chantage à l’emploi.
Mon avis
Les « + » :
- une présentation claire des enjeux liés à la consommation généralisée de matières plastiques. J’ai trouvé que le documentaire faisait bien ressortir l’ampleur du phénomène ;
- un ton impertinent, sans être caricaturalement militant ou agressif ;
- une interview d’un représentant de l’industrie des plastiques, ce qui permet d’avoir un autre point de vue complémentaire ;
- interviews de personnes connues dans le domaine de la santé environnementale, dont Andreas Kortenkamp et Michèle Rivasi.
Les « – » :
- le sujet des plastiques est très vaste, surtout s’il est traité en incluant les perturbateurs endocriniens et les procédures de mise sur le marché. En abordant toutes ces facettes, le documentaire ne peut pas approfondir suffisamment chaque sujet.
Photo par Racineur