Détoxification des enfants : une nécessité

Bonjour à tous,
Cet article est le premier d’une série portant sur un sujet qui me semble essentiel en santé environnementale pour parents : la détoxification des enfants.

Ce premier article apporte des éléments de réponse à la question suivante : pourquoi est-ce que la détoxification est un sujet essentiel ?

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Détoxification corporelle : une réponse à l’impossibilité d’atteindre l’« exposition 0 » pour les enfants

Sur ce blog, de nombreuses pratiques visant à diminuer l’exposition aux polluants du quotidien ont été présentées. Puis, leur application à une vie de famille concrète a été discutée. Ces pratiques peuvent réduire très significativement les expositions des enfants (selon les cas, d’un facteur 10 ? 100 ? 1 000 ?) mais, concrètement, même avec une très forte implication parentale, il me semble illusoire de penser que les enfants ne seront plus au contact de substances préoccupantes. En d’autres termes, dans le monde moderne classique, l’« exposition 0 » parait inatteignable.

Pour les parents qui connaissent les effets potentiels des polluants environnementaux, la capacité de certains d’entre eux à agir à faible dose, ainsi que la vulnérabilité particulière des enfants, ce constat peut faire peur… et laisser amer. Autour de moi, j’observe plusieurs types de réactions : dénégation, fatalisme, révolte contre les coupables présumés… Au niveau individuel, une fois les expositions diminuées autant que possible, peut-on encore faire quelque chose pour protéger la santé des enfants ?

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Rendre les enfants plus forts

Une option proactive pourrait consister, en quelque sorte, à rendre les enfants plus forts.

En effet, l’accent est souvent mis sur les effets potentiels des substances préoccupantes. Par exemple : toxicité pour certains organes (cœur, reins, foie…), cancérogénicité, perturbation hormonale, neurotoxicité. Mais les effets qui apparaissent réellement – ou non – dépendent du corps qui est exposé [12]. En d’autres termes, à exposition constante, certains enfants développeront des pathologies et d’autres non. Par exemple, en cas de pic de pollution atmosphérique, certains enfants se rendent aux urgences pour traiter diverses maladies respiratoires, pendant que d’autres font du foot sans ressentir de gêne significative.

Valeurs sanitaires de référence

Les valeurs de référence qui caractérisent la toxicité des substances sont des valeurs génériques. En d’autres termes, elles visent à protéger la population générale, incluant les populations sensibles. Si elles constituent des points de repère utiles en santé publique, elles ne sont pas spécifiques aux membres de votre famille.

Souvent, ces valeurs sont des seuils innocuité. En d’autres termes, aucun effet (ou excès de risque significatif) n’est attendu pour des expositions inférieures à ces valeurs. Dit encore autrement, pour des expositions supérieures à ces valeurs sanitaires, l’apparition d’un effet est possible. Mais un dépassement ne signifie pas forcément que votre enfant va tomber malade. Et c’est heureux, compte tenu des dépassements réguliers des valeurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans l’air des grandes agglomérations.

Alors, au niveau individuel, compte tenu de l’inévitable exposition résiduelle de nos enfants, que faire pour diminuer la probabilité qu’un effet apparaisse ? Comment les rendre plus forts ?

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Détoxification des enfants : réduire le temps d’exposition intérieure

Réduire le temps que passent les polluants dans le corps est un moyen de réduire les dommages potentiels : plus ils seront rapidement éliminés, moins ils auront le temps de produire des effets sur des organes, sur des tissus ou sur le fonctionnement des grands systèmes de l’organisme : système immunitaire, système endocrinien, système nerveux… L’idéal serait même que, aussi vite que possible après leur entrée dans le corps, la toxicité des polluants puisse être neutralisée, en attendant leur élimination. En d’autres termes, pour une même exposition à l’extérieur du corps, en réduisant leur temps de présence dans le corps et leur capacité d’action, on réduit l’exposition intérieure aux polluants, et donc la probabilité que des effets sanitaires apparaissent.

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La détoxification, juste une invention marketing ?

La détoxification, couramment désignée par le diminutif « detox », présente une définition qui peut varier selon les auteurs. Dans le cadre de cette série d’articles, je propose de retenir la définition suivante, couramment rencontrée : ensemble des réactions de l’organisme portant sur certaines substances, visant à neutraliser leur toxicité et à les éliminer [1-8, 11]. La détoxification désigne donc une fonction corporelle, bien connue de la communauté scientifique, aussi présente chez les enfants. Si elle peut servir d’argument de vente, elle n’est pas, en tant que telle, une pure invention marketing.

Détoxification, détoxication, désintoxication

Le terme « détoxication » peut désigner les réactions de détoxification ayant lieu à l’intérieur des cellules [8]. Néanmoins, sur la base de ce que j’ai pu lire, détoxification et détoxication semblent souvent employés comme synonymes.

La détoxification diffère notamment de la désintoxication, qui désigne l’élimination de substances toxiques par une intervention extérieure, comme dans le cas d’addictions à certaines drogues [3, 9, 10].

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Détoxification, détoxination

Certains auteurs parlent aussi de « détoxination », dont le sens me parait proche de celui de détoxification. Selon ma compréhension :

• « détoxination » désigne des mécanismes similaires à ceux de la détoxification, portant sur des « toxines » ;
• la définition de « toxines » varie selon les auteurs. Le plus souvent, ce terme désigne les substances dont le corps n’a pas besoin, à éliminer. Elles incluent donc les substances toxiques comme les polluants environnementaux, mais aussi, plus généralement, toutes les substances qui peuvent gêner le fonctionnement du corps. Par exemple : déchets du métabolisme cellulaire (ex : bilirubine, ammoniaque, acide lactique…), hormones ayant exercé leur action, substances « encrassantes » (sans toxicité chimique mais perturbant certains mécanismes physiques).

En conclusion de ce premier article sur la détoxification chez les enfants, les effets sanitaires d’un polluant sur un corps dépendent notamment de trois paramètres : la toxicité du polluant (sa capacité à produire des effets), le niveau d’exposition (la quantité de substances au contact du corps) et aussi la capacité de détoxification du corps.

Mais pour éviter d’avoir besoin de détoxification, le corps des enfants est doté de barrières biologiques de protection. Quelles sont-elles ? Quel est leur rôle ? Quelle est leur efficacité face aux polluants environnementaux ? C’est ce que nous approfondirons dans le deuxième article de la série : Comment le corps se protège-t-il des polluants environnementaux ?

Références – détoxification corporelle des enfants

1. Raisonnier A. Digestion – Détoxification. Cours Niveau DCEM1. Université Paris Sorbonne. Faculté de médecine. 2004. Notamment : Lien. Et aussi :
2. Lemar J. L’appellation ”jeûne thérapeutique” est-elle fondée ou usurpée ? Eléments de réponse d’après une revue de bibliographie chez l’animal et chez l’homme. 2011.
3. Leroux JP. Encyclopædia Universalis en ligne. Article « Détoxication » (Consulté le : 26/03/2019). Et aussi :
4. Dictionnaire Larousse en ligne. Article « Désintoxication » (Consulté le 15/03/2019).
5. Gérin M et al. Environnement et santé publique. Fondements et pratiques. Edisem. 2003. Et aussi :
6. Laurant Berthoud C. Se détoxiquer au naturel par les plantes. Editions Jouvence. 2015.
7. Crinnion WJ, Pizzorno Jr. JE. Clinical Environmental Medicine. Identification and Natural Treatment of Diseases Caused by Common Pollutants. Elsevier. 2018. Et aussi :
8. Liska D et al. Detoxification and Bio transformational Imbalances. EXPLORE. 2006.
9. Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL). Article « Désintoxication« . (Consulté le 15/03/2019).
10. Harvard Health Publishing. Harvard Health Medical School. Women’s Health Watch. The dubious practice of detox. 2008. Notamment : Lien (Consulté le 04/04/2019).

Davantage de références – 1

11. Moreau C. Foie et détoxification. Cours de Master 2. Centre Hospitalier et Universitaire de Rennes. Université Rennes 1. 2017. Et aussi :
12. National Research Council (NRC). Committee on Improving Risk Analysis Approaches Used by the U.S. EPA. Board on Environmental Studies and Toxicology. Division on Earth and Life Studies. Science and Decisions. Advancing Risk Assessment (« Red Book »). The National Academies Press. 2009. Notamment : Lien

Photo notamment par Julie Kertesz et woodley wonder works