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Comment protéger les enfants des pesticides présents dans l’environnement du quotidien (6/6) – suite

Le glyphosate est très médiatisé en raison de son utilisation massive. Mais, en termes de dangerosité, des produits beaucoup plus préoccupants se trouvent aujourd’hui sur le marché. - Roger Genet, 2017, alors Directeur Général de l’Anses

Il faut informer davantage les jardiniers amateurs des dangers des pesticides, pour eux-mêmes et pour leurs proches. – Mission parlementaire sur les pesticides (2012)

Bonjour à tous !

Cet article fait partie d’une série portant sur les risques liés à la présence de pesticides dans l’environnement du quotidien, considérés du point de vue de parents souhaitant protéger la santé de leurs enfants. Le premier article de la série a fait une présentation générale des pesticides. Les articles suivants ont successivement porté sur leurs effets potentiels (« dangers »), sur les différents types d’expositions existantes pour la population générale, les enfants en particulier, sur les évaluations de risques existantes, ainsi que sur la gestion des risques par les pouvoirs publics.

Cet article poursuit la présentation de bonnes pratiques, visant à diminuer l’exposition des enfants et pouvant être menées au niveau individuel, commencée ici : Comment protéger les enfants des pesticides présents dans l’environnement du quotidien (6/6)

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En cas d’utilisation de pesticides, prendre conseil auprès d’une personne compétente

La plupart des jardiniers amateurs n’ont pas été formés à l’utilisation de pesticides. Souvent, ils ne prennent pas les précautions nécessaires pour se protéger, au moment du traitement ou après, principalement par méconnaissance des effets potentiels [1, 18].

L’achat d’un pesticide, de synthèse ou non, pourra être fait auprès de personnes ayant reçues une formation adéquate, comportant un module relatif aux méthodes alternatives [2]. Ces vendeurs sont en mesure d’orienter un acheteur vers un produit adéquat et d’indiquer les bonnes pratiques d’utilisation associée. En complément, ces conseils pourraient être mis en regard de recommandations issues d’associations de référence.

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Les bonnes pratiques d’utilisation peuvent être spécifiques au type de pesticide utilisé : l’étiquetage du produit constitue une lecture indispensable avant toute utilisation.

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Les bonnes pratiques classiques incluent [14-18] :

  • concernant les répulsifs pour insectes (ex : moustiques), privilégier l’application sur les vêtements plutôt que sur la peau. Dans la mesure du possible, les vêtements pourront couvrir un maximum de peau : manches longues, pantalons, etc.
  • lire et respecter les recommandations d’usage précisés sur la notice, et en particulier :
    • la dose prescrite par le fabricant. En règle générale, les surdosages ne sont pas associés à un surplus significatif d’efficacité ;
    • les conditions et le temps d’attente entre l’application d’un antiparasite sur un animal de compagnie et le retour au contact des enfants.
  • éviter l’application au niveau des yeux, de la bouche et, dans une moindre mesure, des oreilles ;
  • éviter l’application au niveau de coupures, de blessures ou d’une zone de peau irritée ;
  • ne pas utiliser de pesticides à proximité d’aliments ;
  • éviter d’utiliser des pesticides dans des environnements intérieurs. Par exemple, mieux vaut sortir les plantes d’intérieur pour les traiter (si nécessaire) ;
  • passer régulièrement l’aspirateur dans les lieux de vie des enfants, afin de diminuer l’exposition aux pesticides adsorbés sur les poussières ;
  • laver les vêtements neufs avant de les porter, afin de réduire la présence de pesticides, par exemple ceux utilisés pour la culture du coton.

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Choisir des lieux de vie (domicile, lieu de garde…) à distances des zones d’épandages de pesticides

Les pesticides épandus dans une zone cultivée peuvent atteindre les personnes qui résident à proximité [3-10]. En fonction de la marge de choix sur certains lieux de vie (domicile, lieu de garde, zones de jeu de routine…), la proximité de zones d’épandage pourra donc être évitée.

Définir une distance de sécurité est un exercice délicat, car différents paramètres ont une influence significative, par exemple les techniques d’épandages retenues et les caractéristiques des substances épandues. A titre indicatif :

  • certaines études considèrent les populations situées à plus de 100 m des épandages comme des populations de référence, non-exposées [11, 12] ;
  • à l’été 2018, une proposition de loi « protégeant la population des pesticides par l’instauration d’une zone tampon » préconisait une largeur de 200 m [13].

[MAJ] Depuis le 1er janvier 2020, les agriculteurs doivent respecter une distance minimale entre les zones d’épandage de pesticides et les habitations. Cette distance varie selon certains critères (cultures hautes ou basses, toxicité des pesticides utilisés, etc.) entre 3 et 20 m, en cohérence avec les distances retenues par l’Anses pour ses évaluations des risques [19]. Des dérogations seront possibles en cas d’accord local.
Ces dispositions ont fait l’objet de débats houleux entre associations, élus, représentants de l’Etat et agriculteurs [20], puis de constations auprès du Conseil d’Etat. En juillet 2021, ce dernier a notamment conclu que « les distances minimales d’épandage doivent être augmentées pour les produits qui ne sont que « suspectés » d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques » [21].

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En complément, dans le cas où une habitation ou une école se trouve à proximité de zones d’épandages, les recommandations de précaution de Santé Publique France incluent [9, 10] :

  • en s’appuyant sur les élus locaux, initier une concertation avec l’exploitant agricole concerné, « afin d’envisager une amélioration de ses équipements de pulvérisation, un aménagement de ses horaires de traitement (éviter les heures de fréquentation de la cour de récréation) et qu’a minima il prévienne les directrices de l’école avant tout traitement » ;
  • considérer la possibilité de mettre en place des écrans de protection limitant la propagation des pesticides sous forme d’aérosols : bardage bois, haies, etc.
  • aérer régulièrement, en dehors des périodes d’épandages ;
  • « Faire nettoyer les structures de jeux extérieurs avant qu’ils ne soient fréquentés par les enfants, si un entraînement de produits sur l’aire de jeux a été constaté ».

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La présentation des bonnes pratiques permettant de réduire l’exposition des enfants se poursuivra avec le prochain article, en se focalisant sur l’exposition par ingestion d’aliments. Cet article se trouve ici : Comment protéger les enfants des pesticides présents dans l’environnement du quotidien (6/6) – suite et fin

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Références

  1. Ministère en charge de l’environnement (ministère de la Transition écologique et solidaire). Lutte contre les pollutions de l’eau. 2018. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/lutte-contre-pollutions-leau [Consulté le : 11/01/2019]
  2. Bonnefoy N. Rapport d’information fait au nom de la mission commune d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé et l’environnement – Tome 1 : Rapport. 2012. https://www.senat.fr/notice-rapport/2012/r12-042-1-notice.html
  3. Ministères en charge de l’environnement et de la santé. Troisième Plan National Santé Environnement (PNSE3). 2015. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnse3_v_finale.pdf.
  4. France Nature Environnement (FNE). Demandez aux ministres de tenir les pesticides loin des riverains. 2016. https://www.fne.asso.fr/actualites/demandez-aux-ministres-de-tenir-les-pesticides-loin-des-riverains [Consulté le : 21/01/2019]
  5. Chen M et al. Residential Exposure to Pesticide During Childhood and Childhood Cancers: A Meta-Analysis. Pediatrics, 2015. 136(4): p. 719-29.
  6. Belpomme D. Comment naissent les maladies. Les Liens qui Libèrent 2016.
  7. Pope CA, 3rd et al. Tradeoffs between income, air pollution and life expectancy: Brief report on the US experience, 1980-2000. Environ Res, 2015. 142: p. 591-3.
  8. Comité de la prévention et de la précaution (CPP). Risques sanitaires liés à l’utilisation des produits phytosanitaires. 2002. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CPP%20avis%20200202_0.pdf
  9. Desenclos J-C. Utilisation des produits phytopharmaceutiques : audition de M. Jean-Claude Desenclos, directeur scientifique adjoint au directeur général, de M. Pascal Empereur-Bissonet, directeur adjoint de la direction santé travail et de Mme Clémence Fillol, responsable de l’unité surveillance biologique des expositions et des effets à la direction santé environnement de Santé Publique France. 2017. Propos recueillis par Mission d’information commune sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
  10. Castor C, Giraud S. Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de Gironde. Institut de veille sanitaire (InVS) – Agence régionale de santé (ARS) d’Aquitaine, 2013. http://invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Environnement-et-sante/2015/Investigation-d-une-suspicion-d-agregat-de-cancers-pediatriques-dans-une-commune-viticole-de-Gironde
  11. La Recherche. Pesticides et Santé – un dossier accablant. La Recherche n°509, 2016.
  12. Yitshak Sade M et al. Parkinson’s Disease Prevalence and Proximity to Agricultural Cultivated Fields. Parkinson’s Disease, 2015. 2015: p. 7.
  13. Prud’homme L. PROPOSITION DE LOI protégeant la population des pesticides par l’instauration d’une zone tampon. 2018. http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion1069.asp [Consulté le : 21/01/2019]
  14. American Academy of Pediatrics (AAP). Pediatric Environmental Health. Library of Congress 2012.
  15. Santé publique France – Ministère chargé de la santé. Guide de la pollution de l’air intérieur. 2016. http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1187.pdf
  16. Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). Premier état de la contamination des logements français en composés organiques semi-volatils : pesticides, phtalates, retardateurs de flamme, etc. Bulletin de l’OQAI n°9, 2015.
  17. Badot P-M. Imprévisibles interactions entre contaminants. Les modèles d’additivité sont loin d’être toujours valides. Anses – Bulletin de veille scientifique n°17, 2012.
  18. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Étude Pesti’home, Enquête nationale sur les utilisations domestiques de pesticides. Recommandations de l’Anses, Rapport d’étude. Septembre 2019. https://www.anses.fr/fr/system/files/2019Pestihome.pdf [Consulté le : 22/10/2019] (L’étude a concrètement été réalisée en France métropolitaine en 2014…) https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-publie-les-r%C3%A9sultats-de-l%E2%80%99%C3%A9tude-pesti%E2%80%99home-sur-les-usages-des-pesticides-%C3%A0-domicile
  19. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Avis de l’Anses relatif à une demande d’appui scientifique sur les mesures de protection des riverains lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. 2019. https://www.anses.fr/fr/system/files/PHYTO2019SA0020.pdf
  20. Journal de l’environnement. Premier recours judiciaire du Collectif des maires anti-pesticides. 27 janvier 2020. http://www.journaldelenvironnement.net/article/premier-recours-judiciaire-du-collectif-des-maires-anti-pesticides,102841
  21. Conseil d’Etat. Pesticides : le Conseil d’État ordonne que les règles d’utilisation soient complétées pour mieux protéger la population. Notamment : lien. 2021.

Photos notamment par irisWphotography et caroline_says

 

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2 réponses

  1. Bonjour Guillaume,

    Merci pour cette chronique très complète !
    Effectivement, si je déménageais à la campagne, avant de choisir mon lieu d’habitation j’essaierais de recueillir un maximum d’informations sur les zones d’épandage de pesticides, mais je ne sais pas pour l’instant où de telles informations sont disponibles… En parallèle des actions individuelles, il me semble indispensable que des mesures plus protectrices soient imposées par la législation, à commencer par l’information préventive des populations. Par exemple, le code de l’environnement reconnaît un « droit à l’information sur la qualité de l’air et ses effets sur la santé et l’environnement » (articles L.125-4, L.221-6), mais les associations de surveillance de la qualité de l’air ne semblent pas surveiller de manière permanente la pollution par les pesticides…

  2. J’imagine que de premiers éléments d’informations peuvent être obtenus en mairie, à la chambre d’agriculture… et surtout auprès de l’agriculteur concerné, avec qui un dialogue constructif et respectueux doit pouvoir s’établir dans la plupart des cas 😉
    Geoportail donne aussi accès au registre parcellaire graphique, ce qui permet de connaitre le type de culture de la zone considérée, et donc d’en déduire les types de traitements possibles.

    Merci pour ton partage de connaissances législatives !

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