Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (2/4)

Il est temps de renverser le mythe selon lequel les pesticides sont nécessaires pour nourrir le monde et de créer un processus global de transition vers une production agroalimentaire plus sûre et plus saine. – Organisation des Nations Unies (ONU), 2017.

Depuis le dernier tiers du XXe siècle, les femmes enceintes et les jeunes enfants sont exposés à une quantité toujours plus grande de substances de synthèse qui, même et surtout à faibles doses, interfèrent avec le système hormonal. - Stéphane Foucart

. .Chronique du livre « Cocktail toxique : Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau »

Barbara Demeneix cocktail toxique

de Barbara Demeneix, 308 pages, publié en 2017

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Barbara Demeneix est biologiste et dirige le laboratoire « Évolution des régulations endocriniennes » au Muséum d’histoire naturelle. Ses travaux portent sur les perturbateurs endocriniens et, en particulier, sur leur action au niveau de l’hormone thyroïdienne, essentielle au bon développement du cerveau. Barbara Demeneix a notamment reçu la Médaille de l’Innovation du CNRS.

Ce livre propose une synthèse des connaissances sur l’impact des polluants environnementaux sur le développement du cerveau.

Cette chronique est composée de quatre articles. Cet article est le deuxième de la série, le premier se trouve ici : Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (1/4).

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • La génétique peut expliquer que certaines personnes soient plus vulnérables aux facteurs environnementaux, mais elle ne peut expliquer l’énorme augmentation des maladies neurodéveloppementales : autisme, hyperactivité, etc. L’influence des facteurs environnementaux doit être approfondie, notamment celle portant sur l’expression des gènes (on parle d’ « interactions gènes – environnement »), et plus particulièrement en début de grossesse et pendant les premières années de vie (« fenêtres de vulnérabilité »).
  • L’iode est un élément essentiel au bon fonctionnement de la glande thyroïdienne. Une carence en iode rend cette glande plus vulnérable à l’action des perturbateurs endocriniens. Or il a été estimé que 44 % des enfants européens n’absorbent pas assez d’iode.
  • Contrairement à une idée très répandue, le sel de mer ne contient pas d’iode, car il est obtenu par évaporation et l’iode est volatil (il se transforme facilement en gaz).
  • Les sources d’iode les plus fiables sont les poissons de mer et les fruits de mer. Les sources plus concentrées incluent les moules et le maquereau.
  • Même de légers décalages par rapport aux doses adéquates d’hormone thyroïdienne peuvent générer des effets sanitaires. Par exemple :
    • un léger manque a été associée à la dépression, à l’anxiété, à des problèmes de l’humeur et de la mémoire, à une prise de poids, à une plus grande sensibilité au froid, à une sécheresse de la peau et à la constipation ;
    • un léger excès a été associé à des perturbations de l’activité cardiaque, à une perte de poids, à de l’irritabilité et à des troubles du sommeil.
  • Malgré une littérature scientifique abondante, les organismes de régulation ne semblent toujours pas convaincus du risque lié à l’exposition quotidienne à des pollutions environnementales. Pourtant, il est clair que certaines substances perturbent significativement le fonctionnement thyroïdien : elles sont donc une menace sérieuse pour le développement neurologique des enfants.
  • En termes de structure chimique, de nombreuses molécules halogénées de synthèse ressemblent à l’hormone thyroïdienne : il n’est donc pas étonnant que ces molécules aient de multiples possibilités de perturber le système thyroïdien. On parle même de « perturbateurs thyroïdiens ».
  • Malheureusement, les halogènes sont extrêmement réactifs et donc souvent utilisés par l’industrie chimique pour synthétiser de nouvelles molécules. Cette utilisation massive fait que notre environnement est contaminé par de nombreuses molécules de synthèse (composés chlorés, composés bromés, composés fluorés…) dont la structure est proche de celle de l’hormone thyroïdienne.
  • Les perturbateurs thyroïdiens les plus fréquemment rencontrés incluent les substances suivantes : PCB, dioxines, mercure, PFC, retardateurs de flamme, DDT (DDE), phtalates, antimicrobiens, filtres à ultraviolets, parabène, perchlorate…
  • Les bonnes pratiques proposées dans ce livre incluent :
    • éviter de cuisiner dans des poêles antiadhésives ; préférer les poêles en acier inoxydable ;
    • ne pas chauffer au micro-ondes des aliments contenus dans des récipients en plastique, même ceux considérés comme utilisables au micro-ondes ;
    • laver un vêtement neuf avant de le porter.

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Barbara Demeneix cocktail toxique2

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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

La teneur en iode des plantes est fonction de la proximité de la mer. Les premières populations humaines vivant près de la mer auraient bénéficié de ce facteur indépendamment de leur consommation de poisson. Les autres animaux qu’elles mangeaient devaient aussi être enrichis en iode selon leur position dans une chaîne alimentaire commençant avec les végétaux. […] Les effets combinés du sélénium et de l’iode favorisant l’action de l’hormone thyroïdienne, est peut-être au cœur de l’évolution et du développement de notre cerveau.

La liste des substances affectant la thyroïde est longue, tellement longue, que certains chercheurs suggèrent qu’il y aurait, dans l’environnement, davantage de produits chimiques interférant avec la signalisation thyroïdienne qu’avec tout autre système endocrinien.

Un ancien directeur de l’Institut américain des sciences sanitaires et environnementales (National Institute of Environmental Health Sciences, NIEHS), David Rall, a très bien illustré ce problème [de visibilité] en citant le cas de la thalidomide, ce médicament qui a été prescrit à des femmes enceintes dans les années 1960 afin de prévenir les nausées du matin. Si cette substance n’a eu aucun effet sur les symptômes, elle a en revanche causé de terribles malformations des membres des bébés. Rall pose la question rhétorique suivante : « Si la thalidomide avait entraîné une réduction de 10 points du QI, en aurait-on révélé les effets ? » Est-ce que nous la distinguerions aujourd’hui parmi les milliers de substances chimiques commercialisées ?

C’est au début de la grossesse que le cerveau se développe très rapidement et qu’il est particulièrement vulnérable à toute forme de pollution chimique. En fait, les neuf mois de la grossesse et les premières années de vie constituent une fenêtre très sensible à l’exposition aux agents chimiques et aux carences hormonales ou alimentaires. De nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence des rapports entre l’exposition maternelle à différents produits chimiques et la perte de QI. De même pour le déficit en iode. Dans chaque cas, les effets sont plus prononcés si cette exposition survient au cours des trois premiers mois de grossesse.

Il y a trois bonnes raisons de manger des produits de la mer s’ils proviennent d’eaux relativement peu polluées. Et ces raisons sont toutes liées aux nutriments bénéfiques qu’ils contiennent : l’iode, le sélénium et l’acide gras oméga-3. Sans oublier une forte teneur en protéines et un plus faible niveau de cholestérol qu’avec la viande rouge. Il semble donc que leurs bienfaits dépassent de loin le risque de pollution au mercure.

Seules quelques-unes des milliers de substances chimiques présentes dans l’environnement ont été véritablement testées.

Tous les enfants conçus aujourd’hui sont exposés, non seulement à partir de leur naissance, mais à partir du jour de leur conception, à un cocktail multiproduit qui mine leur cerveau.

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La suite de cette chronique se trouve ici : Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (3/4)

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Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.

Photo pour Tom Nguyen

 

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