Polluants chimiques : la grande invasion

L’homme vit dans un environnement contaminé par de multiples substances. L’étude de chacun des polluants pris un par un, comme celle des différents milieux pris isolément, ne permet pas de rendre compte de cette complexité. - William Dab

Il est maintenant démontré que les enfants nés de mères contaminées par certains polluants présentent une baisse significative de leurs quotients intellectuels (QI). Ceci a été clairement identifié pour les phtalates, ces derniers étant à l’origine d’une baisse de QI de six à sept points chez les enfants ! - Pr Dominique Belpomme

Chronique du film-documentaire « La grande invasion »

Chronique "la grande invasion" - affiche officielle

De Stéphane Horel, sorti en 2010

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Ce documentaire porte sur la présence de polluants chimiques dans l’environnement du quotidien, ainsi que leurs potentiels effets sanitaires, notamment en interférant avec le système hormonal.

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Chronique de « La grande invasion » : quelques informations et points de vue intéressants

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du documentaire, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Avant la seconde guerre mondiale, la production de substances chimiques s’élevait au total à un million de tonnes par an. En 2005, cette production a atteint 500 millions de tonnes par an.
  • Les molécules issues du pétrole peuvent être extraites et réassemblées, afin de fabriquer de multiples produits de consommation courante. Par exemple : tissus, brosses à dents, pneus, insecticides, cosmétiques. L’objectif de ces produits est de rendre la vie moderne plus confortable. Néanmoins, ces produits libèrent des substances chimiques lors de leur utilisation. De plus, certaines de ces substances sont toxiques.
  • Plus de 80 000 substances chimiques se trouvent sur le marché, dont environ 7 000 à grands volumes. Pourtant, la toxicité de la plupart d’entre elles n’a pas fait l’objet de tests réglementaires.
  • Ces substances pénètrent dans notre corps, aspect peu/pas connu au moment de la production de la plupart d’entre elles. Aujourd’hui, plus de 200 produits chimiques sont mesurés dans le sang.
  • On peut détecter des substances préoccupantes dans plusieurs parties du corps humain. Par exemple : les urines, les graisses, le sang, le liquide amniotique de la femme enceinte, le cordon ombilical, les premières selles des nourrissons (méconium), le lait maternel.

Cette présence est indolore, inodore, invisible.

  • Certaines substances présentes dans notre environnement peuvent interférer avec le fonctionnement du système hormonal. On parle de « perturbateurs endocriniens« .
  • Les hormones sont des sortes de « messagers chimiques ». En effet, elles assurent la communication entre les différentes parties du corps, pour assurer leur bon développement et leur bon fonctionnement.
  • Les hormones agissent à de très faibles doses. Par conséquent, de très faibles doses de perturbateurs endocriniens peuvent avoir de graves effets sanitaires.
  • Au cours du développement de l’être humain, il existe des « fenêtres de vulnérabilité« , qui sont des périodes où l’organisme est extrêmement sensible aux effets des substances chimiques. Pendant ces périodes, de faibles expositions peuvent avoir des effets graves et pérennes, chez l’enfant à venir, chez l’adulte à venir et même chez les générations suivantes. On parle d’origine développementale des maladies.

Les perturbateurs endocriniens les plus connus incluent :

    • les phtalates, qui sont des plastifiants présents dans de nombreux produits de consommation. Par exemple : films plastiques, jouets pour enfants, rideaux de douche, produits ménagers, produits cosmétiques, désodorisants, médicaments…
    • les retardateurs de flamme, qui sont des substances ajoutés aux produits de consommation dans l’objectif de retarder une potentielle inflammation, et ainsi réduire le risque d’incendie. Ils sont notamment présents dans les meubles rembourrés, les coussins, les appareils électriques…
  • Les expositions de la population générale ne concernent pas une substance mais à un mélange de substances, de manière continue. Pourtant, les effets de ces mélanges (« effets cocktails« ) sont très peu connus aujourd’hui. Certains mélanges peuvent conduire à des synergies de toxicités. Ces effets ne sont pas couverts par la réglementation en vigueur.
  • Les bonnes pratiques recommandées par le documentaire incluent :
    • privilégier une alimentation peu transformée, issue de l’agriculture biologique ;
    • s’orienter vers une vie plus simple, sans objet ou produit inutiles ;
    • privilégier les jouets en bois aux jouets en plastique ;
    • ne pas réchauffer des aliments au four à micro-ondes lorsqu’ils sont dans des récipients en plastique ;
    • choisir des produits cosmétiques contenant un minimum d’ingrédients, d’origine naturelle. Cette recommandation s’applique tout particulièrement aux femmes enceintes.

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Chronique "la grande invasion" - jouets en plastique

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Chronique de « La grande invasion » : quelques extraits

C’est ainsi que nous avons construit le monde moderne, en pensant que tout était innocent jusqu’à preuve du contraire.

Ces substances sont là parce qu’elles sont utiles. Le prix à payer, c’est que nous y sommes exposées. La seule façon de s’en sortir, c’est une approche très rationnelle, pour mieux équilibrer leur utilité par rapport aux risques pour notre santé.

L’étude des perturbateurs endocriniens s’intéresse à ce qui peut mal tourner quand on est exposé à des produits chimiques qui agissent sur les hormones, alors que le corps n’est pas conçu pour les gérer, du point de vue de l’évolution.

Le problème avec les perturbateurs endocriniens, c’est que la plupart des effets qui nous inquiètent ne sont pas détectés par les systèmes disponibles.

Quand des études épidémiologiques mettent en évidence un lien entre l’exposition à un produit et une maladie, c’est parce qu’on a pu séparer la population exposée de celle qui ne l’était pas. Par exemple, des gens qui pulvérisent des pesticides dans les champs comparés à des citadins. Mais dans le cas du plastique, ou des substances que l’on retrouve dans les urines ou le sang de tout le monde, on n’a pas ce privilège. Impossible de distinguer une population vierge.

On pense que l’origine de la plupart des maladies contemporaines se situe au moment du développement.

La source majeure d’exposition aux [retardateurs de flamme] semble être liée à leur présence dans la poussière : poussière des maisons, du bureau, des voitures. Comment le contenu de la poussière pénètre-t-il dans les organismes ? Les petits enfants mettent leurs doigts dans la bouche, et rampent au ras du sol. Mais la poussière s’introduit également chez les adultes, qui mettent aussi, consciemment ou pas, leurs doigts dans leur bouche.

Nous en sommes aux toutes premières études qui analysent les effets des [retardateurs de flamme] sur la population humaine. Et bien souvent, les résultats reflètent presque exactement ce que l’on observe chez l’animal. On peut donc raisonnablement considérer que les données animales représentent assez bien, ou du moins suggèrent, ce qui attend l’homme. Après tout, nous sommes un certain type d’animal.

Il nous faudra des années pour réunir des preuves plus concluantes. Devons-nous attendre et laisser les enfants exposés à tous ces produits chimiques ? Pour nous apercevoir, dans plusieurs années, que certains d’entre eux sont aussi nocifs que le plomb ?

La science n’est jamais sûre à 100 %. Il faut toujours prendre des décisions en dépit des incertitudes. Il ne faut pas exiger 100 % de certitude avant d’avancer.

Si cela se produit chez la souris, le rat et le singe… Devinez quoi ? Cela se produira sans doute aussi chez l’Homme.

C’est souvent très frustrant de constater le faible impact du travail scientifique sur l’action politique et régulatrice.

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Mon avis

Les « + » de la chronique de « La grande invasion » :

  • une présentation claire des enjeux liés à l’exposition quotidienne aux polluants chimiques ;
  • un documentaire réalisé par une journaliste d’investigation, qui traite ce sujet depuis des années : le niveau de qualité obtenu me semble significativement supérieur aux documentaires que j’ai pu voir jusqu’ici ;
  • interviews de nombreuses personnes de référence dans le domaine de la santé environnementale. Par exemple : Shanna Swan, Philippe Grandjean [1], Andreas Kortenkamp [2], Ana Soto, Linda Birnbaum…
  • des touches d’humour régulières, qui permettent de contrebalancer le sérieux du propos, sans pour autant l’amoindrir.

Les « – » de la chronique de « La grande invasion » :

  • pas du tout fan des illustrations animées qui jalonnent le documentaire 😉

 

Références – chronique de « La grande invasion »

  1. Philippe Grandjean – Adjunct Professor of Environmental Health – Department of Environmental Health – Harvard Chan School of Public Health. Notamment : lien. Et aussi :
  2. Andreas Kortenkamp – Professor of Human Molecular Toxicology – Environmental Sciences – College of Health, Medicine and Life Sciences. Notamment : lien.

Photo notamment par Carlos ZGZ

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