Bienvenue sur le blog Santé des enfants et environnement ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute recevoir mon mini-guide offert Les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents : cliquez ici pour le recevoir gratuitement !
Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “Pesticides et risques sanitaires pour les enfants, avec Xavier Coumoul (Inserm, Univ. Paris Cité)”, ainsi que le podcast associé et quelques points clés de l’échange, selon moi.
Podcast: Download
Subscribe: Apple Podcasts | Spotify | Amazon Music | Deezer | RSS
Présentation de Xavier Coumoul (Inserm, Université Paris Cité) – échange sur risques sanitaires pour les enfants liés aux pesticides
Bonjour les parents verts et prudents,
Aujourd’hui j’échange avec Xavier Coumoul. Xavier est professeur de toxicologie et de biochimie à l’Université Paris Cité. Il dirige aussi une unité Inserm, incluant l’équipe METATOX. Côté librairie, il a dirigé l’ouvrage collectif « Toxicologie », publié aux éditions Dunod.
On discute notamment de risques liés aux pesticides pour les enfants, de sources d’exposition à éviter, des populations plus vulnérables, et d’autres sujets.
Voilà, j’espère que vous y trouverez des choses utiles. Et je vous amène Xavier Coumoul.
NB : dans le cadre de cet échange, la personne interviewée s’exprime à titre personnel, intuitu personae, et ne vise à représenter aucun de ses organismes d’affiliation. Les points de vue exprimés ne reflètent pas nécessairement les décisions ou la politique déclarée de ces organismes.
Quelques points clés selon moi, issus de la vidéo « Pesticides et risques sanitaires pour les enfants, avec Xavier Coumoul (Inserm, Univ. Paris Cité) »
- Concernant les risques sanitaires liés aux pesticides, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a réalisé une expertise collective en 2013, c’est-à-dire une expertise réalisée par un groupe d’experts pluridisciplinaires. Cette expertise a été mise à jour en 2021, en tenant compte des nouvelles études qui ont été produites depuis 2013.
- Cette expertise a visé à évaluer la force de la présomption de lien entre des pathologies et des expositions aux pesticides. Cette force est directement liée au niveau de preuves disponibles dans la littérature scientifique.
- Pour le cas particulier des femmes enceintes et des pesticides, l’expertise collective indique notamment que : « Les études épidémiologiques sur les cancers de l’enfant permettent de conclure à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central. […]
Les études de cohortes mères- enfants ont permis de caractériser les liens entre l’exposition professionnelle ou environnementale (c’est-à-dire en population générale) des mères pendant la grossesse et les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant. Il est difficile de pointer des substances actives en particulier, mais certaines familles chimiques de pesticides sont impliquées, avec un niveau de présomption fort, notamment les insecticides organophosphorés et les pyréthrinoïdes dont l’usage a augmenté en substitution aux insecticides organophosphorés. »
Pesticides au domicile
- Depuis le 1er janvier 2017, l’État, les collectivités locales et les établissements publics ne peuvent plus utiliser de produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries. De plus, depuis le 1er juillet 2022, l’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires s’étend notamment aux propriétés privées à usage d’habitation, y compris leurs espaces extérieurs et leurs espaces d’agrément.
- Néanmoins, de nombreux pesticides peuvent toujours être utilisés au domicile et présenter des risques sanitaires. Par exemple :
- les produits biocides, notamment les insecticides et les fongicides ;
- les produits à usage vétérinaire, notamment les produits antiparasitaires pour les animaux domestiques.
- Parfois, l’expertise n’a pas pu conclure avec confiance, car trop peu de données de qualité étaient disponibles dans la littérature scientifique.
Par rapport à la version de 2013, la mise à jour de l’expertise en 2021 n’a conclu à aucune présomption de lien plus faible. En d’autres termes, les présomptions de liens identifiées 2013 sont soit équivalentes soit plus fortes, et en complément, d’autres présomptions de liens ont été identifiées.
Logique de prudence pour les enfants
Ces résultats invitent à un positionnement général de prudence avec les pesticides, même dans le cas où un lien avec des pathologies n’est pas (encore ?) démontré de manière robuste.
- Les bonnes pratiques permettant de réduire son exposition aux pesticides incluent :
- privilégier les aliments frais, de saison et issus de l’agriculture biologique. Par exemple, les achats peuvent être effectués en circuit court, notamment auprès d’associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) ;
- éviter l’utilisation d’insecticides au domicile. Par exemple : bombes, diffuseurs…
- éviter d’être présent à proximité d’épandages de pesticides en cours sur des zones cultivées. Cette habitude peut notamment être facilitée par des échanges préalables avec la personne épandant des pesticides.
- Dans la recherche de sources d’informations fiables sur un produit, mieux vaut faire attention aux personnes ayant des conflits d’intérêt, ainsi qu’aux personnes militant pour ou contre le produit considéré.
————-
Voilà pour cet entretien intitulé « Pesticides et risques sanitaires pour les enfants, avec Xavier Coumoul (Inserm, Univ. Paris Cité)« . S’il vous paraît utile, alors vous pouvez liker, vous abonner et clocher si vous ne l’avez pas encore fait. C’est notamment pour que YouTube favorise sa diffusion.
À bientôt !
Bibliographie. Pesticides et risques sanitaires pour les enfants, avec Xavier Coumoul (Inserm, Univ. Paris Cité)
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Expertise collective Inserm. Pesticides et effets sur la santé : nouvelles données. 2021. Notamment : lien. Et aussi :
- Unité Inserm 1124 T3S. Notamment : lien. Et également:
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Expertises collectives. Notamment : lien. Et aussi :
- Santé publique France (SpF). Imprégnation de la population française par les pyrethrinoïdes. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016. 2021. Notamment : lien. Et également :
- Santé publique France (SpF). Imprégnation de la population française par les pesticides organophosphorés. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016. 2021. Notamment : lien. Et aussi :
- Fillol C. Enseignement 2021-2022 : Relations entre santé humaine et environnement dans l’Anthropocène – Rémy Slama. Séminaire du 25 mai 2022 : Protéger la santé des populations exposées aux substances chimiques – Enseignement et perspectives du programme national de biosurveillance. Notamment : lien. En particulier, un passage sur les déterminants de l’exposition aux retardateurs de flamme bromés se trouve à 17’30’’. Et également :
- Impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les services écosystémiques : résultats de l’expertise scientifique collective INRAE-Ifremer. 2022. Notamment : lien.
Images notamment par Guillaume et Sayumi
« Résumé enrichi » de cet échange sur les risques sanitaires pour les enfants liés aux pesticides, avec Xavier Coumoul (Inserm, Université Paris Cité)
Voici un résumé de l’échange, produit par une intelligence artificielle (IA). J’y ai supprimé les « hallucinations » les plus évidentes et j’ai laissé les enrichissements introduits à partir des données collectées par l’IA.
Pesticides : Une expertise collective de l’Inserm révèle des liens forts avec plusieurs maladies
Une interview éclairante de Xavier Coumoul, professeur à l’Université Paris Cité et directeur d’une unité Inserm, nous en apprend plus sur les conclusions de la dernière expertise collective de l’Inserm sur les pesticides.
L’Inserm mène régulièrement des expertises collectives sur des sujets de santé publique
L’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, a pour mission de réaliser des expertises collectives. Plus de 80 expertises ont été menées depuis 1993 par la cellule dédiée de l’institut.
La méthodologie est rigoureuse. Des experts de différentes disciplines (épidémiologistes, toxicologues, etc.) analysent la littérature scientifique pendant plusieurs mois. Ils évaluent la qualité des publications pour formuler des conclusions robustes.
L’expertise de 2021 sur les pesticides confirme et approfondit les résultats de 2013
Une première expertise collective sur les pesticides avait été réalisée en 2013. Celle de 2021, à laquelle Xavier Coumoul a participé, en est la mise à jour.
« L’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique. […] Des liens ont été identifiés pour d’autres pathologies ou événements de santé avec une présomption moyenne. C’est le cas notamment pour la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et les sifflements respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes. »
Les enfants, une population vulnérable
L’intérêt de l’expertise de 2021 est de s’être penchée notamment sur le cas des populations vulnérables comme les enfants. En effet, les précédents résultats concernaient principalement les adultes. L’usage domestique de pesticides (bombes insecticides, diffuseurs anti-moustiques…) concerne tout particulièrement les enfants.
Quatre types de pathologies présentent une forte présomption de lien avec l’exposition des enfants aux pesticides :
- Troubles du neurodéveloppement : altération des capacités motrices, cognitives et des fonctions sensorielles de l’enfant, liée à l’exposition prénatale aux pesticides organophosphorés.
- Troubles du comportement de type anxiété liés à l’exposition aux pyréthrinoïdes (qui remplacent progressivement les organophosphorés).
- Tumeurs du système nerveux central en cas d’exposition prénatale aux pesticides.
- Leucémies aiguës myéloïdes en cas d’exposition domestique aux pesticides.
Tous ces résultats ont un niveau de preuve élevé. Ils s’appuient sur des études épidémiologiques convaincantes et des preuves toxicologiques d’un lien de causalité.
Comment réduire son exposition aux pesticides au quotidien ?
Pour diminuer le risque de problèmes de santé liés aux pesticides, le plus efficace est de diminuer son exposition, voire de l’annuler. Cela passe par :
- Éviter au maxilum les produits pesticides chez soi (anti-moustiques, insecticides…)
- Privilégier une alimentation bio dans la mesure de son budget
- Bien laver ou peler les fruits et légumes qui peuvent avoir été traités
- Aérer régulièrement son logement pour aider à évacuer d’éventuels résidus
En ville, les parcs et jardins publics n’utilisent plus de produits phytopharmaceutiques, il est donc possible d’y emmener ses enfants sans risque liés à ces substances préoccupantes.
À la campagne, il faut être plus vigilant car l’air et les cours d’eau peuvent véhiculer des pesticides épandus dans les champs.
Une prise de conscience nécessaire au niveau collectif
Au-delà des gestes individuels, il est important que la société prenne conscience du problème. Les pouvoirs publics doivent notamment poursuivre les efforts pour réduire l’usage des pesticides les plus dangereux.
La transition vers une agriculture moins dépendante des pesticides de synthèse est indispensable. Par exemple, elle doit s’accompagner d’un soutien aux agriculteurs pour changer leurs pratiques.
Enfin, la recherche doit se poursuivre pour :
- Mieux comprendre les mécanismes biologiques en jeu
- Étudier les effets cocktails liés à des expositions à plusieurs pesticides
- Développer des alternatives plus sûres et durables
Pour aller plus loin, l’intégralité de l’expertise est notamment disponible gratuitement sur le site de l’Inserm.