L’impact des pollutions environnementales sur les enfants, selon Theo Colborn (3/5)

Si le bisphénol A se retrouve dans les urines de 95 % de la population, c’est bien parce qu’il rend de fiers services… La boîte de conserve de tomates pour préparer la sauce des pâtes, la bonbonne d’eau pour boire entre deux réunions, le récipient en plastique pour emporter et réchauffer le casse-croûte de midi, le ticket de ciné pour la dernière séance. Comment se passer de ce composé, magique du point de vue industriel ? - François Veillerette

Nous sommes préoccupés par le fait que la prévalence des maladies endocrines n’a jamais été aussi élevée. Le poids de la morbidité continue à croître dans l’UE et dans le monde. - Déclaration de Berlaymont

Chronique du livre « L’homme en voie de disparition ? »

Theo Colborn homme disparition

de Theo Colborn, Dianne Dumanoski et John Peterson Myers ; 316 pages ; publié en 1996 (version anglaise)

 

Theo Colborn était une zoologiste et une épidémiologiste, dont les travaux ont contribué au concept de « perturbateur endocrinien ». Mondialement connue, professeur d’université et fondatrice de l’organisation non gouvernementale TDEX (Endocrine Disruption Exchange), Theo Colborn est souvent considérée, avec Rachel Carson, comme une icône du domaine de la santé environnementale.

Dianne Dumanoski est journaliste, spécialisée dans les questions d’environnement.

John Peterson Myers est biologiste et naturaliste.

 

Ce livre porte, d’une manière générale, sur certains types de substances chimiques, capables d’interférer avec le système hormonal, chez les animaux et chez les êtres humains. Cet article est la troisième partie de la chronique ; la première se trouve ici : L’impact des pollutions environnementales sur les enfants, selon Theo Colborn (1/5)

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Les substances qui sont aujourd’hui considérées comme des polluants majeurs (DDT, dioxines, PCB…) ont passé tous les tests de toxicité de leur époque. Qui peut assurer que les substances aujourd’hui autorisées ne seront pas les polluants majeurs des prochaines décennies ?
  • Certains perturbateurs endocriniens (nonylphénols, bisphénols…) sont ajoutés aux matières plastiques pour obtenir des effets utiles : résistance, stabilité, flexibilité… Malheureusement, leurs liaisons sont faibles : ces substances peuvent donc être libérées dans l’environnement lors de l’utilisation des matières plastiques.
  • Certaines substances, qui ne sont pas des perturbateurs endocriniens, peuvent générer des perturbateurs endocriniens lorsqu’elles sont dégradées par les bactéries du corps. Par exemple, les alkylphénols, contenus dans certains produits de consommation courante (produits ménagers, pesticides, produits cosmétiques, intérieur des boites de conserve…), conduisent à produire des nonylphénols, qui sont des imitateurs de l’oestrogène.
  • Relativement peu de subventions sont allouées à la recherche sur les perturbateurs endocriniens. Les commissions d’attribution n’ont pas encore pris conscience de l’importance du sujet, en termes d’impact sanitaire pour la population. Les subventions vont préférentiellement vers les recherches sur le cancer. D’autre part, les fondations pour la recherche scientifique sont peu sensibles à l’approche interdisciplinaire requise par l’étude des perturbateurs endocriniens.
  • Certaines substances persistantes ont été remplacées par des composés moins persistants. Cette avancée génère néanmoins une difficulté supplémentaire pour évaluer l’exposition d’une personne, puisque les produits toxiques laissent moins de traces visibles de leur présence passée.
  • Le nombre de produits chimiques à effet hormonal est inconnu, ce qui empêche également de pouvoir évaluer précisément l’exposition des populations.
  • Des perturbateurs hormonaux se trouvent dans de nombreux produits de consommation courante. Ce constat amène à considérer que nous sommes beaucoup plus exposés que nous le croyions jusqu’à présent. Ceci est d’autant plus inquiétant les effets des différents perturbateurs hormonaux peuvent s’additionner, voire rentrer en synergie (« effets cocktail« ).
  • Les perturbateurs endocriniens peuvent également causer des effets indirects, car ils peuvent conduire à un déficit de défenses immunitaires. Les individus impactés présentent une plus grande vulnérabilité face aux infections microbiennes.
  • La toxicologie moderne se base sur le principe de Paracelse : « C’est la dose qui fait le poison». En d’autres termes, les effets sanitaires apparaissent et augmentent avec la dose. Pour les perturbateurs endocriniens, ce n’est pas le cas et, de manière contre-intuitive, de fortes doses peuvent provoquer moins de dommages que de faibles doses : les perturbateurs endocriniens prennent à contre-pied notre manière de gérer les substances toxiques.
  • Cette relation non linéaire entre la dose et les effets semble caractéristique des systèmes hormonaux. En particulier, l’extrapolation aux faibles doses, à partir de fortes doses, peut conduire à fortement sous-estimer les risques à faibles doses.
  • Au niveau individuel, les bonnes pratiques proposées par les auteurs comprennent :
    • acheter des légumes et des fruits issus de l’agriculture biologique, voire les cultiver soi-même. Soutenir l’agriculture biologique est un moyen de préserver l’environnement, ainsi que de diminuer l’exposition de votre famille aux résidus de produits chimiques ;
    • minimiser autant que possible les contacts entre les aliments et les matières plastiques ;
    • ne pas chauffer des aliments dans des récipients ou des emballages en plastique, même au four à micro-ondes ;
    • éviter toute utilisation inutile de produits chimiques ;
    • éviter toute exposition inutile à des produits chimiques.

 

Theo Colborn homme disparition4

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

La découverte que des substances oestrogéniques se cachent dans les plastiques, les conserves et les produits de biodégradation des détergents laisse penser qu’une exposition non négligeable peut également provenir de composés autres que les habituels suspects. Les analyses de tissus humains ne prennent pas en compte les imitateurs oestrogéniques moins connus, tels que le bisphénol-A ou les nonylphénols qui, pourtant, pourraient bien tenir une place essentielle dans la contamination totale.

Comme les autres organes, le cerveau et le système nerveux passent par des étapes critiques au cours de la gestation et des deux premières années de la vie. Si les concentrations d’hormones thyroïdiennes sont trop faibles ou trop élevées, le développement ne se déroule pas normalement. Il en résulte un dommage irréversible, allant du retard mental à des troubles du comportement plus subtils et à des incapacités d’apprentissage. La nature du dommage dépend du moment et de l’ampleur de la perturbation.

Ces preuves de plus en plus nombreuses de la contribution des PCB au dérèglement thyroïdien et à certains troubles neurologiques sont particulièrement inquiétantes, car les PCB sont des polluants universels et persistants. Si les concentrations de PCB dans le corps humain ont d’abord diminué après leur interdiction dans la plupart des pays industrialisés hors la Russie, elles se maintiennent depuis à un niveau constant. En se référant à la concentration en PCB dans le lait maternel, on a estimé que 5 % au moins des bébés américains sont exposés à des doses suffisantes pour provoquer des troubles neurologiques. Cela dit, si les PCB sont les mieux connus dans ce domaine, il est important de souligner qu’ils sont loin d’être les seuls composés en cause : de nombreux produits chimiques agissent sur les hormones thyroïdiennes, aggravant le problème. […] La thyroïde pouvant subir les assauts de substances très diverses, les risques pour le développement cérébral n’en sont que plus grands.

Aujourd’hui, l’impact des perturbateurs hormonaux sur l’homme pose davantage de questions qu’il ne fournit de réponses. Même si les dégâts sont visibles et indiscutables, il ne sera jamais possible de prouver de manière irréfutable une relation de cause à effet entre ces effets et tel ou tel polluant de notre environnement. Nous savons que chaque mère, au cours du demi-siècle écoulé, a accumulé dans ses tissus toute une panoplie de substances chimiques, et y a exposé ses enfants pendant la grossesse. Mais nous ignorons à quelle combinaison de substances, à quelles concentrations, et à quelle période de son développement chaque enfant a été exposé. Il s’agit d’un problème habituel et inévitable lorsque l’on tente d’évaluer les effets à long terme de la pollution. De plus, il n’existe nulle part de groupe humain non contaminé, qui servirait de point de comparaison. Nous sommes tous contaminés à des degrés divers. Paradoxalement, c’est en espérant trouver un groupe peu contaminé que les chercheurs ont découvert la forte contamination des Inuits.

Lorsque nous cherchons à savoir dans quelle mesure les polluants contribuent à certains problèmes auxquels nous sommes confrontés – cancers du sein et de la prostate, stérilité, diminution des capacités d’apprentissage, etc. – il est important de se rappeler ceci : des effets marqués, parfois irréversibles, se produisent à des doses très faibles. En déréglant le système hormonal et le développement de l’organisme, ces substances influent peut-être sur notre personnalité, bouleversant notre destinée.

Notre obsession pour le cancer nous rend aveugles à d’autres dangers. […] Nous avons une forte tendance à méconnaître des faits nouveaux, si importants soient-ils, qui ne correspondent pas à nos concepts dominants.

Le cancer étant le centre de nos peurs, on supposait généralement que des normes basées sur les risques de cancer, plus rigoureuses que les autres, devaient protéger les hommes et les animaux de tout autre danger. C’est ainsi que, pendant les vingt dernières années, les contrôles de toxicité, qu’ils soient effectués par l’administration ou par les industriels, recherchaient principalement d’éventuels effets cancérogènes, ainsi que des malformations à la naissance apparentées à des pathologies mortelles. Le cancer domine également la recherche consacrée aux effets des polluants sur la santé. Cette obsession nous a rendus aveugles à d’autres dangers et nous a empêchés d’étudier d’autres effets, qui pourraient bien se révéler aussi importants, non seulement pour la santé des individus, mais aussi pour le bien-être de la société.

Si l’on ne doit retenir de ce livre qu’un seul conseil, le voici : nous devons aller au-delà du cancer. Tant que nous ne le ferons pas, il sera impossible de répondre au défi des imposteurs hormonaux et de faire face à la menace qu’ils représentent. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître l’existence de nouveaux risques. Nous devons remettre en question nos conceptions sur les produits toxiques. Les idées sur la toxicité et la maladie qui nous guident depuis trente ans sont inappropriées au problème et nous empêchent d’en mesurer la portée.

 

La suite de cette chronique se trouve ici : L’impact des pollutions environnementales sur les enfants, selon Theo Colborn (4/5)

 

Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.

Photo par Ed Uthman

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