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Bonne lecture 🙂
Chronique de « Besoin de nature » de Louis Espinassous
240 pages, publié en 2014
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Louis Espinassous a de multiples casquettes. Celle qui nous intéresse dans cette chronique, et peut-être sa plus connue, est celle de personne de référence dans l’éducation-nature. En particulier, Louis Espinassous a écrit des livres pour enfants, portant sur la nature, ainsi que des livres sur comment créer une connexion entre les enfants et la nature.
Ce livre porte sur un besoin fondamental de l’enfant, et plus généralement de l’être humain : le besoin de nature.
La chronique de ce livre fait l’objet d’une série de quatre articles. Cet article est le premier de la série.
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Besoin de nature selon Louis Espinassous – Quelques informations et points de vue intéressants
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre. En particulier, ils font écho à la thématique « Santé des enfants et environnement ».
- Le contact avec la nature est un besoin vital, pour chacun d’entre nous, à tout âge.
- L’accès à la nature est associé avec de nombreux bienfaits mesurés : bien-être, confiance en soi, construction personnelle, sante physique et psychique.
- Ces bienfaits sont de mieux en mieux documentés, par des disciplines variées : sociologie, psychologie, sociologiques, neurosciences, sciences cognitives…
- En parallèle, l’expérience de la nature permet de diminuer les symptômes mesurés de plusieurs maladies, tel que le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Besoin de nature chez les enfants
- Ce besoin de nature se fait tout particulièrement ressentir chez les enfants. Leur saine énergie s’accommode mal de rester enfermé dans des espaces clos ; elle devrait plutôt se déployer à l’occasion de jeux dans la nature.
- A l’inverse, le manque de contact avec la nature a été associé à divers troubles, comme s’il créait un dysfonctionnement physique et psychique.
- En 2007, le Daily Telegraph a publié un texte signé par deux cent soixante-dix experts de l’enfance, affirmant que la manque de jeu, en particulier non dirigé et dans la nature, couramment appelé « jeu libre dans la nature », est un facteur primordial pour expliquer la forte croissance des problèmes de santé diagnostiqués chez les enfants.
- Une étude allemande synthétise les principaux effets bénéfiques associés à la randonnée en nature, sur différentes dimensions de la santé.
- Physique. Par exemple : effets mesurés sur la circulation, le muscle cardiaque, le surpoids, la neurophysiologie, les articulations (souplesse et solidité), la solidité des os. Egalement : les tendons, le diabète, le système immunitaire, le volume respiratoire, le ralentissement du vieillissement corporel ;
- psychique. Par exemple : augmentation des niveaux de sérotonine et de dopamine (hormones liées aux sensations de sérénité et de plaisir). Et aussi : réduction du cortisol (hormone du stress), augmentation de la résistance au stress,diminution des symptômes associés aux dépressions de niveaux faible et moyen ;
- cognitive. Par exemple : augmentation du flux sanguin vers le cerveau, ralentissement de la dégénérescence du système nerveux lié au vieillissement. Egalement : renouvellement des neurones, augmentation des connexions entre neurones.
Bien-être des enfants
- En accompagnant un enfant dans un environnement naturel, l’encadrant veillera au bien-être des enfants. En particulier, il gardera en tête les bonnes pratiques suivantes.
- Rassurer les enfants accompagnés, Cette bonne pratique s’applique notamment quand l’environnement naturel est nouveau pour eux. Elle sera aussi utile encore si la nuit approche.
- Adapter le niveau d’effort à leurs capacités physiques. Être fatigué une fois rentré à la maison, c’est un indicateur satisfaisant. Par contre, être très fatigué pendant la sortie, essoufflé, très rouge… doit alerter. En effet, ces marques suggèrent que l’effort demandé s’avère disproportionné. D’une manière générale, l’encadrant visera un effort sans violence, doux sur la durée ;
- inviter les participants à être attentifs à leur respiration, et plus particulièrement sur l’expiration.
- Pouvoir profiter des bienfaits de la nature suppose de s’y rendre dans des conditions de bien-être. Le contexte préférentiel inclut notamment une absence de sollicitation intense indésirée. La capacité de pouvoir s’inscrire dans la durée est également un facteur clé.
- Le besoin de nature n’est pas essentiel uniquement à ceux qui ont pu en profiter dans leur enfance. Ce besoin semble être universel, quel que soit la personnalité et le milieu culturel.
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Besoin nature selon Louis Espinassous – Quelques extraits
Un chiffre : 24 %. Dans une prison du Michigan (Etats-Unis) les détenus dont la fenêtre donne sur une cour intérieure consultent le service médical, toutes pathologies confondues (physiques, psychiques, psychiatriques), avec une fréquence 24 % supérieure à celle des prisonniers dont la fenêtre donne sur la campagne. C’est quasiment un quart de maladies en moins à cause d’une simple vue sur la nature !
Des enfants de sept à douze ans, atteints de TDAH, sont observés : plus ils participent à des activités en extérieur plus les symptômes baissent, plus l’environnement de l’activité est riche en verdure plus les symptômes déclinent. E. Kuo et A. Faber Taylor proposent une ordonnance originale à des enfants atteints de TDAH : vingt minutes de marche dehors !
Deux constats : plus le parcours est « vert », plus les symptômes diminuent. Et surtout, après vingt minutes de marche, les enfants TDAH trouvent une capacité de concentration proche de celle des autres enfants.
Mettons les enfants dehors, dans la nature
J’affirme qu’entraver les enfants dans leur corps et considérer que « remuer les mains et les pieds, se lever, courir, grimper partout, avoir du mal à se tenir tranquille, agir comme si l’on était monté sur ressort » sont des troubles mentaux, est monstrueux. Arrêtons d’enfermer et d’entraver les enfants dans leur corps et leurs sens, libérons-les : mettons-les dehors, dans la nature, le plus souvent possible.
Pour nous les accompagnants, je propose le néologisme de « rassurance ». Nous devons être dans la rassurance : notre présence sereine et compétente doit absolument rassurer, mettre en confiance les accompagnés.
Le principe fondamental consiste à aller dehors, non pas pour faire de l’activité physique, sauf pour les personnes qui le souhaitent comme tel (mais cela ne me semble pas très fréquent), mais pour vivre quelque chose, faire quelque chose. Sortir le chien, faire une randonnée, aller à l’étang ou au sommet de la colline pour découvrir la vallée ou le village d’en haut, partir ramasser des mures, faire un pique-nique, que sais-je encore ! Quant aux enfants, et même aux adultes, il faut les laisser faire dehors, leur laisser le jeu libre dehors.
Besoin fondamental chez l’enfant
Ces études, ces recherches et ces expérimentations sur la sante physique et psychique, souvent étroitement liées, nous incitent à nous interroger sur un ou des « besoins de nature » qui contrairement à ce que nous croyions, à ce que je constatais moi-même encore il y a peu, seraient une partie intégrante de notre personne, de notre être psychocorporel.
Je bute toujours sur la langue française qui ne m’offre avec ses mots que des morceaux découpés de notre être au monde. Pas de mot simple pour designer ma personne entière, corps, sens et esprit en action. Or une richesse essentielle de la nature est justement qu’elle est le seul espace qui nous permet de développer, d’exercer et de faire fonctionner ensemble toute notre « machine » corporelle, sensorielle, émotionnelle et intellectuelle.
Nous devons basculer du paradigme : de la nature pour ceux qui en veulent, à de la nature partout et pour tous.
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La suite de cette chronique se trouve ici. Le besoin de nature, selon Louis Espinassous (2/4)
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Photo notamment par barnyz
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