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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Cet article porte sur un organe essentiel pour la détoxification : le foie.
Il fait partir d’une série d’articles portant sur la détoxification, cette capacité du corps à neutraliser et à éliminer des substances toxiques. La détoxification est associée à de forts enjeux sanitaires, car l’absence d’exposition significative à des polluants semble inatteignable dans le monde moderne.
Le premier article de la série se trouve ici : Détoxification des enfants : une nécessité. Après avoir traité de la nécessité de se détoxifier, puis présenter les différentes étapes du processus de détoxification, le présent article décrit un organe clé de ce processus : le foie.
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Pour la détoxification, le foie est un organe essentiel
Le foie appartient au système digestif ; il est situé dans la partie supérieure droite de l’abdomen et est partiellement protégé par les côtes [1-3]. Après la peau, le foie est l’organe le plus lourd et le plus volumineux du corps humain. Typiquement, son poids est d’environ 1,5 kg et sa longueur peut dépasser les 20 cm [2-4].
Le foie présente une remarquable capacité de régénération [3, 5] : si une partie du foie est détruite, à cause d’une maladie ou d’un accident par exemple, celui-ci peut retrouver l’intégralité de son anatomie et de ses fonctions [4, 6]. Par exemple, si on réalise une ablation de 70 % du foie d’un rat, le retour à la normale prend moins de 10 jours.
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Un organe aux multiples fonctions
Le foie réalise de nombreuses tâches essentielles pour le fonctionnement du corps [1-4, 6, 7], incluant : régulation du taux de sucre dans le sang (glycémie), stockage d’énergie sous forme de glycogène, métabolisme des acides aminés, digestion des graisses grâce à la production de bile et… ce qui nous intéresse plus particulièrement dans cette série d’articles : détoxification du sang.
Plus précisément, le foie filtre principalement le sang provenant du petit intestin (intestin grêle) et du gros intestin (colon). Ainsi :
- si un polluant est ingéré (exposition par voie orale), il passera par le foie avant d’être potentiellement distribué dans l’organisme ;
- si un polluant est inhalé (expoisiton par voie pulmonaire) ou s’il pénètre à travers la peau (exposition par voie cutanée), il sera distribué dans l’organisme sans être passé par le foie au préalable.
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Illustration de Moreau C. Foie et détoxification – Cours de Master 2. Centre Hospitalier et Universitaire de Rennes – Université Rennes 1, 2017.
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En termes de vocabulaire, les cellules du foie sont appelées « cellules hépatiques », ou encore « hépatocytes ». Ces cellules sont regroupées autour d’une veine en « lobules hépatiques », qui sont les plus petites unités fonctionnelles du foie. Ce sont elles qui permettent l’épuration du sang [1, 2, 4].
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Un centre corporel de détoxification : le foie
Le processus de détoxification peut se produire dans chaque cellule du corps. On parle d’ « expression ubiquitaire » [8]. Néanmoins, le niveau d’activité de la détoxification dépend de la présence des enzymes appropriés. Et puisque ces enzymes se trouvent en fortes concentrations dans les hépatocytes, le foie constitue le principal organe de détoxification des polluants [8-29].
D’autres organes sont associés à un niveau significatif de détoxification, incluant : reins, intestins et microbiote associé, poumons, peau… [8, 10, 12, 15, 17, 19-28, 30-34] Ces organes se trouvent au niveau des zones d’élimination et des zones en contact avec le milieu extérieur.
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Les cellules du foie présentent des réactions de phase 1, 2 et 3. Comme vu dans les articles précédents de la série, une fois transporté en dehors de ces cellules, les polluants métabolisés peuvent être expulsés avec la bile dans les intestins, afin d’être éliminés en dehors du corps avec les selles.
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Une alimentation saine est essentielle au bon fonctionnement du foie, et donc à une bonne partie de la détoxification corporelle [3, 35]. Les excès à éviter classiquement mis en avant incluent les excès en glucides, en lipides, en additifs alimentaires et en émulsifiants. Les prises alimentaires trop fréquentes perturbent également le fonctionnement du foie.
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Le foie est-il un filtre à polluants ?
Le terme « filtre » est souvent utilisé pour décrire l’action du foie. Au regard des informations présentées depuis le début de cette série d’articles, ce terme parait assez trompeur. Par exemple, j’observe que certaines personnes refusent de manger du foie avec un raisonnement du type « je ne vais pas manger quelque chose qui filtre les polluants », sous-entendant que tous les polluants filtrés se sont accumulés dans le foie.
Si effectivement le foie épure le sang, je n’ai pas trouvé d’éléments permettant d’affirmer que les polluants s’y fixent. Le foie n’agit pas comme une sorte de filtre à air qu’il faudrait nettoyer régulièrement pour limiter son encrassement. Le foie pourrait plutôt être vu comme une usine de détoxification, un organe où a lieu un grand nombre de réactions chimiques de neutralisation et d’élimination. En d’autres termes, les polluants, une fois métabolisés, sont expulsés en dehors du foie dans un premier temps, afin d’être expulsés du corps dans un second temps.
Richesse en graisse
Si le foie ne retient pas les polluants, alors il n’y a pas de raison de croire que, d’une manière générale, les polluants sont plus fortement concentrés dans le foie que dans d’autres parties du corps. Compte tenu de sa forte teneur en lipides (graisses), il est possible que certains polluants lipophiles y présentent des concentrations significatives, mais cette logique s’applique également aux autres zones riches en lipides. Par exemple : tissus adipeux, cerveau, seins, testicules, etc.
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Cet article achève la description du fonctionnement du système corporel de détoxification. Ce système de protection du corps a été construit pendant des milliers d’années d’évolution. Selon la logique de l’approche ancestrale, il est probablement inadapté pour la gestion des polluants de synthèse modernes. Et en effet, les études disponibles montrent certaines limites de son efficacité, que nous découvrirons dans le prochain article de la série : Limites de la détoxification : une efficacité parfois réduite
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Références – détoxification et foie
- Centre Hépato-Biliaire Paul Brousse. Le Foie et les Voies biliaires : Anatomie. 2014. Notamment : lien. Consulté en particulier le 25/05/2020. Et aussi :
- Institut national du cancer. Anatomie du foie – Cancer du foie. Notamment : lien. Consulté en particulier le 25/05/2020. Et également:
- Gonzalez FJ. Role of cytochromes P450 in chemical toxicity and oxidative stress: studies with CYP2E1. Mutation Research/Fundamental and Molecular Mechanisms of Mutagenesis, 2005. Et aussi :
- Fleschen-Portuese A, et al. Chouchoutez votre foie: Enfin tous les conseils pratiques au quotidien pour protéger votre foie et retrouver votre vitalité ! Rustica Éditions 2017. Et également:
- Berthelot L, Warnet J. Les secrets de l’intestin, filtre de notre corps. Albin Michel 2011. Et aussi :
- Faculté de médecine de Sorbonne U. FMPMC-PS. Histologie : organes, systèmes et appareils. Niveau PCEM2 – DCEM1. 2007. Consulté en particulier le 27/05/2020. Et également:
- Alberts B et al. Molecular Biology of the Cell. Garland Science 2008. Et aussi :
- Nicholson JK et al. Gut microorganisms, mammalian metabolism and personalized health care. Nat Rev Microbiol, 2005. Et également:
- Mattson MP. Challenging oneself intermittently to improve health. Dose-response : a publication of International Hormesis Society, 2014. Et aussi :
- Slama R. Le mal du dehors – L’influence de l’environnement sur la santé. Éditions Quæ 2017. Et également:
Davantage de références – 1 – détoxification et foie
- Gu X, et al. Molecular mechanisms underlying chemical liver injury. Expert Rev Mol Med, 2012. Et aussi :
- Hartman A. The Process of Detoxification. 2018. Consulté en particulier le 13/03/2019. Et également:
- Guéguen Y et al. Les cytochromes P450: métabolisme des xénobiotiques, régulation et rôle en clinique. Annales de biologie clinique. 2006. Et aussi :
- Chevallier L. Le Livre antitoxique. Fayard 2013. Et également:
- Gérin M et al. Environnement et santé publique – Fondements et pratiques. Edisem 2003. Et aussi :
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Reproduction et environnement – Expertise collective. 2011. Notamment : lien. Et également:
- Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Valeurs toxicologiques de référence. Guide d’élaboration de l’Anses. 2017. Notamment : lien. Et aussi :
- Saldmann F. Votre santé sans risque. Albin Michel 2017. Et également:
- Séralini G-É. Nous pouvons nous dépolluer. Editions Josette Lyon 2010. Et aussi :
- Laurant-Berthoud C. Se détoxiquer au naturel par les plantes. Editions Jouvence 2015. Et également:
Davantage de références – 2 – détoxification et foie
- Lippmann M. Environmental Health Science – Recognition, Evaluation, and Control of Chemical Health Hazards – second edition. Oxford University Press 2018. Et aussi :
- Snedeker SM, Hay AG. Do interactions between gut ecology and environmental chemicals contribute to obesity and diabetes? Environmental health perspectives, 2012. Et également:
- Leroux J-P. Encyclopædia Universalis en ligne – article « Détoxication ». Notamment : lien. Consulté en particulier le 26/03/2019. Et aussi :
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- Harvard Health Publishing. Harvard Health Medical School. Harvard Women’s Health Watch. The dubious practice of detox. 2008. Notamment : lien. Consulté en particulier le 04/04/2019. Et aussi :
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- Van de Wiele T et al. Arsenic metabolism by human gut microbiota upon in vitro digestion of contaminated soils. Environ Health Perspect, 2010. Et également:
Références – détoxification et foie (suite)
- Van de Wiele T et al. Human colon microbiota transform polycyclic aromatic hydrocarbons to estrogenic metabolites. Environ Health Perspect, 2005. Et aussi :
- Kresser C. Environmental Toxins, Drug Metabolism, and the Microbiome. 2017. Consulté en particulier le 14/03/2019. Et également:
- Marano F et al. Toxique ? – Santé et environnement : de l’alerte à la décision. Buchet-Chastel 2015. Et aussi :
- Coumoul X. Toxicologie. Dunod 2017. Et également:
- Perlemuter G. Les pouvoirs cachés du foie. Flammarion/Versilio 2018.
2 Responses
Très intéressant et utile de remettre en mémoire le fonctionnement de cet organe si précieux !
De mes études j’ai surtout retenu les rôles de gestion de la glycémie et de stockage d’énergie. Le rôle central dans le système de détoxification a été une découverte assez récente pour moi