Bienvenue sur le blog Santé des enfants et environnement ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute recevoir mon mini-guide offert Les essentiels pour bien démarrer en santé environnementale pour parents : cliquez ici pour le recevoir gratuitement !
Bonne lecture 🙂
Chronique de « Raising Elijah »
de Sandra Steingraber, 370 pages, publié en 2011
.
Sandra Steingraber est une des figures les plus connues du domaine de la santé environnementale. Biologiste universitaire, généralement considérée comme militante écologiste et lanceuse d’alerte, certains considèrent qu’elle s’inscrit à la suite d’icônes telles que Rachel Carson ou Théo Colborn. Elle est notamment connue pour son travail d’enquête sur les pollutions environnementales pouvant favoriser l’apparition de certaines pathologies pendant l’enfance. Raising Elijah décrit l’enquête qu’elle a menée au cours des premières années de vie de son fils, Elijah.
Cette article est le deuxième d’une série de quatre articles. Le premier se trouve ici : Elever et protéger un enfant en temps de crise environnementale, avec Sandra Steingraber (1/4)
.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- L’asthme, les problèmes de comportement, les déficiences intellectuelles et les naissances prématurées font partie des « nouvelles morbidités de l’enfance ». C’est ce que conclut une étude réalisée sur fonds publics et portant sur la santé environnementale des enfants. Ironiquement, en devenant si fréquents, ces troubles semblent maintenant presque normaux, voire mêmes inévitables.
- En règle générale, notre compréhension des phénomènes biologiques est limitée. Y introduire des substances dont nous comprenons imparfaitement l’impact est imprudent, pour le moins.
- Les tests de toxicité réglementaires sont réalisés sur des rongeurs post-pubères, et les effets potentiels sont mesurés à un âge humain équivalent d’environ 60 ans. Les spécificités des enfants ne sont donc pas prises en compte au moment où une substance chimique obtient son autorisation de distribution sur le marché.
- Les enfants présentent plusieurs vulnérabilités spécifiques : ils ont d’autres voies métaboliques et sont donc plus lents à détoxifier les polluants ; ils ont une barrière plus poreuse entre le sang et le cerveau et sont donc plus vulnérables à la toxicité neurologique ; ils mangent et inhalent plus de poussière domestique ; ils pratiquent ce que les chercheurs appellent des « interactions fréquentes de la main à la bouche ».
- Certains polluants historiques bien connus, comme l’arsenic, peuvent maintenant être considérés comme des perturbateurs endocriniens, ce qui rend beaucoup plus difficile de trouver un seuil d’innocuité, c’est-à-dire une exposition limite en dessous de laquelle aucun risque n’est attendu, en particulier chez les jeunes enfants.
- En pratique, la faisabilité technique et financière est un critère qui peut être décisif dans la gestion des risques, aussi bien par les pouvoirs publics que par des particuliers, parfois de manière assez caricaturale. Dans certaines situations, selon une sorte de logique inverse d’ingénieur, l’absence de solution jugée raisonnable a, de fait, mené à conclure à l’absence de problème. Parfois, la logique retenue semble être « si nous n’avons pas l’argent pour remédier au problème, alors ce n’est pas un problème ».
.
.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
L’Homme de Référence et ses amis « les rats de laboratoire adultes » illustrent comment les lois environnementales ont historiquement ignoré les enfants dans toute leur splendide et vulnérable « Autreté ». Étant donné que nos lois environnementales sont, à l’heure actuelle, pour la plupart historiques — avec les grandes lois fédérales sur le contrôle de l’air, de l’eau et des substances toxiques qui remontent aux années 1970 —, il est juste de dire que nous, les adultes, ne protégeons pas — et, en l’absence de changements radicaux de ces lois, ne pouvons pas protéger— adéquatement les enfants contre les dangers environnementaux. Considérons également que seulement 200 des plus de 80 000 produits chimiques synthétiques utilisés aux États-Unis ont été testés en vertu du Toxic Substances Control Act de 1976, et qu’aucun d’entre eux n’est réglementé en fonction de son potentiel à affecter le développement des nourrissons ou des enfants.
Notre système de réglementation des substances chimiques est essentiellement à l’arrêt. Il n’est pas seulement enfermé dans une ancienne mentalité d’Homme de Référence, il ne répond pas non plus au développement de nouveaux produits chimiques et aux preuves émergentes sur des types de danger jusqu’alors inconnus, tels que les impacts cumulatifs et les effets additifs des mélanges de substances. C’est comme si le gouvernement choisissait d’ignorer le vol d’identité électronique parce que nos lois sur la fraude étaient antérieures à l’invention d’Internet.
La situation qui résulte [de la présence de bois traité à l’arsenic dans les aires de jeux que fréquentent ses enfants], qui n’est pas facilement corrigée par des actes parentaux de vigilance et d’implication, soulève quelques questions fondamentales :
• S’il s’avère que nous, en tant que parents, ne pouvons pas facilement protéger nos enfants contre l’exposition à des polluants toxiques comme l’arsenic, est-il préférable de connaître les preuves de dangers ? Ou de ne pas savoir ?
• Si nous décidons de le savoir, pouvons-nous examiner la preuve sans l’écarter en s’affichant raisonnable ? (« Eh bien, je ne peux pas protéger mes enfants de tout. »)
• Et si nous décidons qu’il est préférable de ne pas connaître des problèmes comme l’arsenic — parce qu’en bas de cette route ne réside que le désespoir et l’inutilité — sur quoi d’autre sommes-nous prêts à fermer les yeux ?
Dès que le rapport de laboratoire que nous avions missionné est revenu, tout a changé. Comme l’a dit un père plus tard : « Dès que vous savez, vous ne pouvez pas ne pas savoir. »
Les parents étaient en désaccord sur la ligne de conduite à suivre. Environ la moitié d’entre eux pensaient que nous ne devrions rien dire publiquement, parce que nous risquions de fermer notre école maternelle, mettant deux très bons (et très sous-payés) enseignants au chômage. Les autres pensaient que s’exprimer était le seul moyen de remédier au problème et que le savoir apporte avec lui l’obligation d’agir.
Je dirais que je vivais un épisode de rage intolérable. Et le problème n’était pas que cela me conduisait à un désespoir inattentif, mais plutôt […] que je ne pouvais identifier la personne avec qui j’avais besoin d’avoir une conversation intolérablement enragée. Je pense que là où se trouvent beaucoup de parents. Ce n’est pas que nous ne prêtons pas attention aux menaces environnementales qui pèsent sur nos enfants, c’est simplement que le réseau de causalité et de responsabilité est si compliqué que nous ne savons pas comment y naviguer ni où focaliser nos actions. Ou il ne devient navigable que rétrospectivement, après que le dommage est fait.
.
La suite de cette chronique se trouve ici : Elever et protéger un enfant en temps de crise environnementale, avec Sandra Steingraber (3/4)
.
Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, présentes dans leur environnement, car les effets potentiels pourraient être graves ou pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Photo par Jeanne Menjoulet