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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Toxique Planète : Le scandale invisible des maladies chroniques »
d’André Cicolella, 310 pages, publié en 2013
André Cicolella est chimiste et toxicologue, ancien conseiller scientifique à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et enseignant à Sciences Po. Il est le président du Réseau Environnement Santé (RES). André Cicolella est un des lanceurs d’alerte les plus connus en France, notamment pour ces travaux sur le bisphénol A (biberons, contenants alimentaires) et sur le perchloroéthylène (solvant utilisé dans les installations de nettoyage à sec).
Ce livre présente l’évolution actuelle des maladies chroniques, ainsi que des propositions pour corriger la situation. La chronique comprend trois partie ; cet article en est la troisième partie.
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Le schéma « une cause = un effet » est très rare en pratique ; la réalité est généralement plus complexe : un ensemble de facteurs engendre un ensemble de maladies. Par exemple, le cancer du sein est lié au mode de vie (la grossesse a un effet protecteur), à la sédentarité, à l’obésité, aux perturbateurs endocriniens, au travail de nuit, à l’alcool ou encore à l’exposition aux rayons X pendant la puberté.
- À la complexité des facteurs de risques s’ajoute celle de la période d’exposition. Pour certains perturbateurs endocriniens, comme le bisphénol A, les données animales montrent que l’exposition pendant la gestation induit et favorise le développement du cancer du sein et de la prostate à l’âge adulte.
- Selon une étude réalisée en 2009 aux États-Unis, 86 % des publicités vues par les enfants sont pour des produits riches en graisses saturées, en sucre et en sel.
- Le degré de concordance entre données animales et données humaines est très élevé. Les mesures de prévention des risques ne devraient pas attendre que des données sur l’humain soient disponibles. Pour éviter un maximum d’impact sanitaire, les données animales devraient suffire à donner l’alerte et prendre des mesures de protection.
- En 1988, les particules diesel ont été classées comme cancérogènes probables. La preuve n’était pas avérée : le diesel a été développé en France, au point de représenter 70 % de la motorisation, à l’aide de l’incitation fiscale qu’était le coût inférieur du carburant. Et pourtant, en 2012, les particules diesel ont été classées comme cancérigènes certains.
- Une nouvelle approche pour la prévention des maladies est nécessaire qui mette l’accent sur le développement embryo-fœtal. Une méthodologie rationnelle est d’améliorer la nutrition et de réduire l’exposition aux substances chimiques environnementales avant et pendant la grossesse, ainsi que durant les premières années de la vie.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Le génome humain est aujourd’hui effectivement décrypté, mais le bilan n’est pas à la hauteur des espoirs soulevés. Très peu de maladies peuvent s’expliquer par un gène déficient et, plus particulièrement, très peu de maladies non transmissibles qui forment la part de plus en plus écrasante des maladies.
Par épigénome, on entend ce qui caractérise l’expression des gènes. Plusieurs mécanismes ont été identifiés, dont le plus fréquent est celui de la méthylation. Un simple radical méthyle se greffe sur les gènes en cas de stress et le degré de méthylation favorise ou empêche l’expression des gènes.
Le paradigme de la santé publique classique est basé sur l’action en direction du comportement de l’adulte. Les données scientifiques d’aujourd’hui montrent que les gains de santé à attendre sont beaucoup plus élevés si on cible plus spécifiquement la protection de l’embryon et du fœtus.
Le raisonnement repose sur le doute quant aux effets chez l’homme. Sur un plan éthique, cet argument est particulièrement déroutant. Comment peut-on attendre la preuve chez l’homme, alors que l’objectif de toute politique de prévention est précisément d’éviter ces dégâts ? De plus, si on fait des recherches expérimentales sur l’animal, c’est précisément pour servir à la protection de l’homme. Le raisonnement est d’autant plus curieux que chacun sait que c’est ainsi que l’on teste les médicaments et, dans ce cas, on extrapole bien de l’animal à l’homme.
Pour les fruits et légumes, les limites maximales de résidus (LMR) sont dépassées dans 3,5 % des cas. Les raisins arrivent en tête avec 82,1 % des échantillons porteurs de résidus.
Nombre de pesticides peuvent être considérés comme des perturbateurs endocriniens. Le rapport OMS-PNUE en donne une liste d’environ 80285. Ces pesticides peuvent interagir avec d’autres perturbateurs endocriniens à des concentrations auxquelles ils n’agissent pas isolément.
Le taux de cancer dans le monde est proportionnel au PIB, signe que le mode de développement actuel comporte un versant pathogène.
La montée des maladies chroniques sera largement invisible car confondue avec le vieillissement de la population et masquée par la croissance de l’espérance de vie. La génération née avant guerre va en effet profiter des progrès médicaux en arrivant à l’âge de la retraite, ce qui contribuera à sa longévité.
Avis
Les + :
- Le point de vue global d’un des principaux lanceurs d’alerte en France, à lire ;
- Un panorama des principaux enjeux sanitaires liées au développement des maladies chroniques, très documenté, avec des données récentes. Ce panorama permet de mieux appréhender l’aspect « multi-dimension » du sujet ;
Les – :
- Le livre est très dense en chiffres et en statistiques diverses, ce qui appuie la robustesse du propos mais pourra gêner certains lecteurs.
- J’aurais aimé que la partie « propositions de solutions » soit aussi développée que la partie « constat de la crise sanitaire ».
Photo par stefan klocek