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Bonne lecture 🙂
Chronique de « Living Downstream »
de Sandra Steingraber, 440 pages, publié en 1997
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Sandra Steingraber est une des figures les plus connues du domaine de la santé environnementale. Biologiste universitaire, généralement considérée comme militante écologiste et lanceuse d’alerte, certains considèrent qu’elle s’inscrit à la suite d’icônes telles que Rachel Carson ou Théo Colborn. Elle est notamment connue pour son travail d’enquête sur les pollutions environnementales pouvant favoriser l’apparition de cancers, elle-même ayant été diagnostiquée d’un cancer de la vessie avant 30 ans. Living Downstream est son ouvrage le plus connu.
Cette article est le deuxième d’une série de trois articles. Le premier article se trouve ici : Living Downstream, l’alerte de Sandra Steingraber (1/3)
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Des études sur animaux rapportent des synergies de toxicité entre polluants. Par exemple, concernant l’exposition d’invertébrés à des pesticides, l’atrazine active une enzyme qui rend le chlorpyrifos plus toxique.
- Au XXe siècle, les activités industrielles ont créé d’innombrables substances contre lesquelles le corps n’a aucun moyen de protection naturel. En parallèle, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, tout le monde a été exposé à des agents cancérigènes, à tous les âges.
- L’introduction généralisée dans l’environnement de cancérogènes chimiques, suspectés ou avérés, constitue une sorte de expérience incontrôlée : il ne reste aucune population « témoin », non exposée, à laquelle les taux de cancer des personnes exposées peuvent être comparés. Cette situation est une forte source d’incertitudes pour les travaux scientifiques actuels.
- Globalement, concernant les pollutions environnementales, les enfants sont considérés comme plus exposés que les adultes. Par exemple, à poids égal, les enfants boivent 2,5 fois plus d’eau, mangent 3 à 4 fois plus de nourriture et respirent 2 fois plus d’air. Ils sont également exposés indirectement par les contaminations des parents avant la conception. Enfin, ils présentent des expositions spécifiques, comme les expositions dans l’utérus et dans le lait maternel.
- Selon les résultats d’une étude réalisée sur plus de 20 000 enfants, il existe un risque accru de développer un cancer quand un enfant habite à quelques kilomètres de certains types d’activités polluantes : raffineries de pétrole, aérodromes, fabricants de peinture et fonderies. Le risque augmente quand la distance se rétrécit.
- Les enfants sont aussi exposés par les substances auxquelles sont exposés leurs parents au travail : pendant la vie fœtale, par l’allaitement, par contact avec les vêtements utilisés au travail, etc. Les professions classiquement associées à des expositions préoccupantes incluent coiffeurs, salariés de salons de beauté et de manucure, chimistes, dentistes, agriculteurs, etc.
- Concernant le cancer du poumon, aux États-Unis et en Europe, des études montrent des taux plus élevés chez les non-fumeurs vivant en milieu urbain que chez ceux vivant en milieu rural. Les zones incluant des industries chimiques, des usines de pâte à papiers et des industries pétrolières présentent aussi des taux élevés.
- La réglementation n’est pas modifiée aussi vite que les connaissances scientifiques progressent. Ce décalage peut présenter des enjeux sanitaires significatifs. Par exemple, pour l’eau potable, la norme réglementaire a été établie pour protéger les bébés contre une anémie liée à une intoxication aiguë. Elle ne reflète pas les connaissances actuelles sur la manière dont les nitrates sont convertis en N-nitrosamines cancérigènes dans les intestins. De premières études suggèrent que les nitrates peuvent augmenter le risque de cancer, à des concentrations inférieures à cette norme.
- Aujourd’hui, de nombreux chercheurs pensent que l’exposition à des quantités infimes de cancérogènes, si elles ont lieu à certains stades du développement précoce, peut augmenter considérablement le risque de cancers ultérieurs.
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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
L’incidence des cancers de l’enfant […] a bondi de 22% entre 1973 et 2000 alors même que le taux de mortalité a chuté de 45%. Utiliser la mortalité pour mesurer l’occurrence du cancer chez les enfants aujourd’hui créerait une image faussement optimiste. Un traitement amélioré peut sauver plus d’enfants de la mort, mais chaque année, plus d’enfants reçoivent un diagnostic de cancer que l’année précédente.
Les augmentations sont les plus visibles pour la leucémie (jusqu’à 35 pour cent), le lymphome non hodgkinien (jusqu’à 33 pour cent), les cancers des tissus mous (jusqu’à 50 pour cent), le cancer du rein (jusqu’à 45 pour cent) et les tumeurs du cerveau et du système nerveux (jusqu’à 44 pour cent). Le cancer chez les enfants donne un aperçu particulièrement intime des voies possibles d’exposition aux contaminants dans l’environnement général et de leur importance possible pour l’augmentation des taux de cancer chez les adultes.
Il est difficile de blâmer les enfants cancéreux pour des choix de vie dangereux. Le mode de vie des tout-petits n’a pas beaucoup changé au cours du dernier demi-siècle. Les jeunes enfants ne fument pas, ne boivent pas d’alcool et n’ont pas un travail stressant.
Le tabagisme est la principale cause de cancer du poumon. Néanmoins, l’histoire du cancer du poumon ne se résume pas à la cigarette. […] le cancer du poumon chez les non-fumeurs est la sixième cause de décès par cancer aux États-Unis. […] On pense qu’environ 20 pour cent (trois mille décès chaque année) sont attribuables à la fumée de tabac secondaire. Cette statistique est si choquante qu’elle a provoqué à juste titre des changements substantiels dans les lois régissant le tabagisme sur les lieux de travail, les avions, les restaurants et d’autres domaines publics. Cependant, la majorité des cancers du poumon non-fumeurs restent inexpliqués. Bien que la pollution de l’air ne soit pas la seule cause possible, elle nous affecte tous inévitablement, et elle peut interagir avec et potentialiser les effets d’autres facteurs. Sur ces seules bases, ce sujet mérite une étude approfondie. Plusieurs sources de données suggèrent que son rôle peut être important.
L’augmentation de l’asthme infantile et le regroupement de cancers du poumon autour des villes où l’air est pollué nous disent quelque chose. Supposons que nous ne fassions rien tant que les mécanismes exacts ne sont pas élucidés, tant que les expositions ne sont pas définitivement établies, tant que la combinaison précise des polluants atmosphériques et leurs interactions spécifiques entre eux et avec les tissus de nos voies respiratoires ne sont pas complètement comprises. Alors ne sommes-nous pas en train d’imiter ceux qui, à un moment donné, auraient tout aussi bien pu prétendre qu’il n’y avait pas de raison suffisante – au motif que la science n’avait pas encore identifié d’agent biologique spécifique responsable du choléra – pour empêcher les excréments humains de rentrer en contact avec l’eau potable ?
A la question de savoir si l’eau potable est réglementée sur la base des connaissances scientifiques contemporaines, la réponse est non.
Nous sommes tellement submergés par des produits chimiques non examinés, que nos amis les animaux ne peuvent plus nous aider à en faire l’étude. Les animaux vivent, développent des tumeurs et meurent trop lentement. Même si la durée de vie naturelle d’une souris n’est que de 2,5 ans et qu’un rat ne vit que 3 ans, notre situation est telle que nous avons besoin de méthodes pour tester des dizaines de milliers de combinaisons chimiques, et nous avons besoin des résultats aujourd’hui.
Les fabricants doivent trouver des alternatives plus sûres aux solvants organiques et autres produits chimiques synthétiques à base de carbone qui sont rejetés directement dans l’eau, qui tombent des barges en transit, qui flottent dans l’air uniquement pour pleuvoir ailleurs, ou éventuellement se faufilent dans l’eau via des décharges et des sites d’enfouissements. Enfin, dans toutes les régions, la protection des approvisionnements en eau exigera une nouvelle réflexion de la part des citoyens, à qui il est demandé d’assumer les risques de cancer effrayants que d’autres ont jugés acceptables en leur nom.
La fin de cette chronique se trouve ici : Living Downstream, l’alerte de Sandra Steingraber (3/3)
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Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, présentes dans leur environnement, car les effets potentiels pourraient être graves ou pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Photo par Patrick Schifferli
2 Responses
Très intéressant et mettant en relief l’immensité de la tâche à accomplir …l’impression que l’on avance à tout petits pas est terrifiante étant données les conséquences !
La tâche peut paraitre immense au global, au niveau de la population générale et des pouvoirs publiques ; je crois que, au niveau individuel, nous avons un pouvoir d’action qui permet de faire de grands pas pour élever le niveau de protection de nos enfants.
Etudier les pas que nous pouvons faire est l’objet du travail réalisé sur ce blog ; cela se sent peut être moins lorsqu’on lit la chronique d’une lanceuse d’alerte 🙂