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Bonne lecture 🙂
Chronique de « Besoin de nature »
de Louis Espinassous, 240 pages, publié en 2014
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Louis Espinassous a multiples casquettes. Celle qui nous intéresse dans cette chronique, et peut-être sa plus connue, est celle de personne de référence dans l’éducation-nature. En particulier, Louis Espinassous a écrit des livres pour enfants, portant sur la nature, ainsi que des livres sur comment créer une connexion entre les enfants et la nature.
Ce livre porte sur un besoin fondamental de l’enfant, et plus généralement de l’être humain : le besoin de nature.
La chronique de ce livre fait l’objet d’une série de quatre articles. Cet article est le troisième de la série. Le premier se trouve ici : Le besoin de nature, selon Louis Espinassous (1/4)
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- La nature peut être l’occasion de fabriquer des jouets simples, « à l’ancienne », ce qui contribue à diminuer le « « trop d’objets » dont les enfants modernes sont souvent entourés. Par exemple : un bâton sculpté au couteau, une tresse de ronce ou de saule, un arc et des flèches, un moulin qui tourne « en vrai » sur le ruisseau, des kazous, des bracelets de joncs ou de fougère…
- Partir camper dans un environnement naturel est un moyen, généralement assez simple, d’insérer quelques jours d’immersion complète dans la nature, au sein d’une vie principalement passée dans des environnements intérieurs. Cela peut également être l’occasion d’expérimenter un autre rapport au temps : partir sans objectif de retour immédiat, demain ou un autre jour, sans calendrier précis.
- Si la météo le permet, une nuit à la belle étoile est certainement une des expériences de nature les plus intenses. Etoiles, lune, constellations, explications scientifiques ou contes et légendes… regarder le ciel est propice à l’émerveillement.
- L’accès à la nature, au regard des bénéfices associés, devrait constituer un élément central de toute politique de santé publique, à décliner notamment dans les politiques d’aménagement urbain et dans les politiques d’éducation. Cette reconnaissance scientifique des bénéfices sanitaires associés aux environnements naturels, de plus en plus forte, s’inscrit dans un contexte présentant des orientations inverses : restriction des possibilités d’activités et d’accès à la nature. Par exemple, les enfants qui peuvent bénéficier d’une classe verte sont aujourd’hui beaucoup moins nombreux qu’il y a trente ans.
- Ce contexte défavorable peut s’expliquer notamment par deux raisons :
- en tant qu’objet de politiques d’éducation, la nature a souvent laissé place au développement durable, qui correspond souvent à un enseignement dispensé en intérieur et sur écrans ;
- les sorties en extérieur font l’objet de plus en plus de contraintes pratiques et réglementaires : règlements intérieurs très prudents, interdictions d’accéder à certains espaces verts, « risque zéro » demandé aux enseignants, risque de poursuites judiciaires des élus locaux, etc.
- De temps à autre, il est bénéfique de visiter des espaces naturels restés encore assez sauvages. Au premier abord, les ressentis et les réactions classiquement associés peuvent paraître assez diverses (émerveillement, exaltation, oppression, effacement, etc.) ; ils peuvent néanmoins être compris comme des déclinaisons d’un même ressenti premier : celui produit par une nature qui présente une densité vitale plus élevée que celle que nous côtoyons habituellement.
- Passer du temps dans la nature pourrait être considéré comme un type informel de pratique méditative. En particulier, une nature assez sauvage peut susciter, à tous les âges, une sensation d’unité avec tout ce qui existe, un « tout est un » ressenti en dehors de toute pensée conceptuelle.
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
L’urgence de notre XXle siècle est bien de mettre en place une politique d’accès à la nature. Comme est reconnu un droit à la culture pour tous et à tous les âges de la vie, un droit à la nature pour tous et à tous les âges de la vie devrait être proclamé et affirmé : plante verte dans la chambre du malade, banc au soleil à côté d’un tilleul pour le vieillard, nature en ville accessible pour tous, accès aux cures de plein air et de nature, vacances, classes découverte, camps pour enfants et adultes, jusqu’à la vie dehors, les métiers du dehors – paysans, bergers, forestiers, agents des espaces naturels – à encourager et favoriser.
Auparavant, la forêt nous apparaissait comme un simple décor. En effet, dans les futaies régulières si conventionnelles, tous les arbres étant tous de même âge, nous perdions en perception le déroulé intégral du cycle dans l’univers des arbres. Dans une forêt sauvage, c’est tout l’inverse. La densité vitale résulte de toute l’intense confrontation de la vie et de la mort dans le paysage arborescent, du brassage tumultueux des générations entre le germe, l’arbuste, le vieil arbre creux décharné, et le chablis. Toute la scénographie organique de la forêt sauvage déroulé sous nos yeux sa lisibilité à travers tous les stades différents du vieillissement des arbres aléatoirement mélangés. Même si tout nous semble statique dans l’instant présent, une telle forêt cesse d’être à nos sens, un décor inerte, pour nous apparaître comme un monde vivant qui nous immerge dans son dynamisme de transformation. C’est du plus pour certains (sentiment d’exaltation) du trop pour d’autres (sentiment d’oppression), mais c’est du réel fondamental (qui fonde le mental) pour tous ; peut-être le puissant sentiment « d’originel ».
Ressentir un lieu comme originel, cela ne signifie peut -être pas qu’il l’est vraiment, mais suggère surtout qu’il ravive en nous un état de perception que nous n’avons peut-être plus jamais connu depuis la vie fœtale, c’est-à-dire une sensation de l’unité de tout ce qui existe et qui nous immerge dans une fusion non pensante avec l’univers entier.
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Mon avis
Les « + » :
- L’auteur me semble être un personnage de référence sur le besoin de nature. « Pas besoin d’aller chercher Richard Louv aux Etats-Unis, on a tout ce qu’il faut en local ! », comme dirait une des amies.
- Compte tenu de la grande valeur qu’accorde l’auteur au contact avec la nature, j’ai apprécié qu’il précise que la nature ne doit pas être angélisée.
- Des passages assez poétiques, intraduisibles dans le cadre d’une chronique..
Les « – » :
- Parmi les résultats d’études présentés, il peut être difficile de distinguer la part attribuable au contact avec la nature de la part attribuable à d’autres facteurs : jeu, activité physique, mouvements, temps de qualité en famille, etc. même si, je suis bien d’accord, se trouver dans la nature prête bien à ses activités.
- Autour de moi, les passages liés à une sorte de mysticisme de la nature ont fait débat. A titre personnel, je suis intimement convaincu que la nature est effectivement un intermédiaire très puissant vers le sentiment d’absolu, directement accessible aux enfants, chez qui il pourrait être aussi un besoin fondamental.
Photo par ChrisA1995