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Comment entourer les enfants d’un environnement qui les rend résilients, avec Boris Cyrulnik (3/3)

La résilience est liée aux facteurs de protection qui modifient les réactions aux dangers présents dans l'environnement affectif et social, en atténuant les effets aversifs. - Marie Anaut

La résilience : un tricot qui noue une laine développementale avec une laine affective et sociale. - Boris Cyrulnik

Chronique du livre « Résilience – connaissances de base »

resilience enfant boris cyrulnik

Ouvrage collectif, rédigé sous la direction de Boris Cyrulnik et Gérard Jorland, 222 pages, publié en 2012

 

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre, directeur d’enseignement à l’université du Sud – Toulon – Var. Il anime plusieurs groupes de recherche sur l’attachement et la résilience. Gérard Jorland, est philosophe et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.

Ce livre porte sur ce qu’est la résilience et sur ce qui peut apporter de la résilience aux enfants. Il fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est la troisième partie de la chronique ; la première partie se trouve ici : Comment entourer les enfants d’un environnement qui les rend résilients, avec Boris Cyrulnik (1/3)

 

Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • La figure d’attachement primaire est la personne avec qui l’enfant va tisser les premiers liens. C’est le plus souvent celle qui lui dispense des soins de maternage. Les liens d’attachement créés par ces soins assurent la survie (physique et) psychique de l’enfant ; ils permettent son développement.
  • Un lien d’attachement est dit « sécurisant », ou « sécure », lorsque la personne d’attachement permet au bébé de supporter l’étrangeté du monde.
  • Par la suite, le contenu de l’attachement évolue en fonction du développement des capacités perceptivo-motrices et cognitives de l’enfant, ainsi qu’en fonction des changements de son environnement social et affectif.
  • Les attachements multiples constituent un facteur de résilience efficace, car ils rendent plus probable l’existence d’au moins une relation d’attachement sécurisante pour l’enfant. Ainsi, par exemple, en cas de maltraitance et de négligence précoce de la part d’une mère envers son enfant, qui se traduisent par une relation insécurisante, l’enfant peut établir un lien affectif sécurisant avec une figure d’attachement autre que la mère ; cet attachement se fait en parallèle de la relation mère-enfant et peut compenser, au moins en partie, les carences et défaillances maternelles.
  • Ce phénomène permet de construire une certaine capacité de résilience, après l’enfance, grâce à l’établissement d’attachements dits « secondaires », c’est-à-dire hors de la période de l’enfance.
  • En cas de détresse psychique, la famille est souvent sollicitée en premier. Mais d’autres expériences relationnelles peuvent permettre de tisser des liens d’attachement alternatifs, sur lesquels l’enfant pourra s’appuyer dans l’adversité. Une voisine, un ami de la famille ou une nounou peuvent compléter ou compenser les éventuelles défaillances familiales.
  • Dans un premier temps, le rôle principal du soutien affectif est de tenter de contenir les affects négatifs. Dans un second temps, il sert d’appui à la reprise d’un développement. Ces deux rôles dans le processus de résilience peuvent être joués par des personnes différentes, ce qui invite à nouveau à favoriser l’établissement de multiples liens d’attachement.

 

resilience enfant boris cyrulnik 4

 

Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Ceux qui aiment les causalités linéaires ont donc parlé de « gène de la résilience », mais ceux qui s’entraînent aux raisonnements systémiques ont appris dans les mêmes publications que les gros transporteurs de sérotonine avaient eu des réactions émotionnelles plus paisibles qui les avaient rendus capables d’aller chercher un soutien affectif nécessaire.

Aucun gène ne peut s’exprimer en dehors de son milieu, et même les maladies génétiques qui provoquent de graves altérations cérébrales subissent l’influence de l’entourage qui aggrave les troubles ou les diminue. Un gros transporteur de sérotonine, isolé affectivement après la maltraitance, souffrira quand même de graves troubles du développement. Et, quand un petit transporteur, effondré par la « même » maltraitance, parvient à rencontrer un soutien affectif, il manifestera envers lui un hyperattachement anxieux capable de déclencher un processus résilient. Dès le début du développement, ce qui limite la résilience, c’est l’isolement sensoriel, la carence affective des premiers liens, bien plus que les déterminants génétiques.

Ce raisonnement systémique explique qu’un nouveau-né ne peut se développer que dans la niche sensorielle composée par les bras des figures d’attachement. Dans cette constellation affective qui l’entoure, la mère constitue une étoile majeure puisque son antériorité affective (grossesse, premiers liens) lui a permis d’imprégner sa présence, comme une trace mnésique, dans la mémoire biologique de l’enfant. Mais l’étoile maternelle peut s’éteindre, parce que son histoire a été douloureuse, parce que son mari ou sa culture la rendent malheureuse ou attribuent au nouveau-né une signification de malheur (enfants nés de viols ou d’incestes). La dépression de la figure d’attachement appauvrit alors la niche sensorielle. Tous les items éthologiques s’éteignent : peu de jeux, peu de sourires, peu de paroles, faibles réponses sécurisantes. Cette enveloppe sensorielle, appauvrie par le malheur parental, ne constitue pas une base de sécurité pour le nouveau-né. Son cerveau est peu stimulé, et ses apprentissages, mal tutorisés.

Les systèmes familiaux à multiples attachements offrent au bébé un efficace facteur de protection. Quand un trauma éteint une étoile affective (dépression, maladie, mort), d’autres figures d’attachement secondaire seront surinvesties, devenant ainsi des tuteurs de résilience, parfois explicites (psychologue, éducateur) ou implicites (père, tante, grande sœur).

À ce stade du développement, une niche sensorielle appauvrie par le malheur parental ou l’absence de tuteurs de résilience constitue une très importante limite de la résilience. Une privation de « bain de paroles » au moment où le langage doit naturellement exploser (20e-30e mois) sera difficile à rattraper.

Quels que soient la culture ou le niveau socioculturel des parents, deux enfants sur trois ont acquis vers l’âge de 10 mois un attachement sécure. En cas de malheur, ces enfants gardent dans leur mémoire une acquisition relationnelle, un facteur de résilience qui leur permet d’aller eux-mêmes chercher une base de sécurité. À l’opposé, un enfant sur trois a acquis un attachement insécure. En cas de malheur, sa froideur affective, son ambivalence ou sa confusion le rendent plus difficile à aider. En cas de trauma, ces enfants ont acquis un facteur de vulnérabilité.

 

Mon Avis

Les « + » :

  • Des connaissances de bases sur la résilience, qui permettent de renforcer la capacité des enfants à gérer les stress environnementaux.
  • Un concept clé pour la résilience des enfants : la notion de « fenêtre de vulnérabilité », c’est-à-dire une période de développement où des perturbations peuvent générer des dysfonctionnements graves et pérennes, n’est pas réservée aux pollutions environnementales : elle s’applique également aux besoins affectifs.

Les « – » :

  • Ouvrage assez technique, plus technique que ce à quoi je m’attendais ; je n’ai pas tout compris. Cela m’est déjà arrivé pour d’autres ouvrages ; ici, quand même, j’ai trouvé que certains passages n’étaient tout simplement pas clairs 🙂
  • Je suis surpris que le contact avec la nature ne soit pas identifié, dans ce livre, comme un facteur important de résilience. Je pense à l’écopsychologie, découverte grâce à Richard Louv ; et puis aussi, en même temps que je rédigeais cette chronique, je lisais le Journal d’Anne Frank et ce passage a attiré mon attention : « Pour tous ceux qui ont peur, qui sont solitaires ou malheureux, le meilleur remède est à coup sûr de sortir, d’aller quelque part où l’on sera entièrement seul, seul avec le ciel, la nature et Dieu. Car alors seulement, et uniquement alors, on sent que tout est comme il doit être et que Dieu veut voir les hommes heureux dans la nature simple, mais belle. Aussi longtemps que ceci existera et c’est sans doute pour toujours, je sais que dans n’importe quelles circonstances il y aura aussi une consolation pour chaque chagrin. Et je crois fermement qu’au milieu de toute détresse, la nature peut effacer bien des tourments.»

Photo par Randen Pederson

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