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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “Bilan du défi – Expertise et esprit critique de première approche”, ainsi que la transcription et le podcast associés.
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Transcription de « Bilan du défi – Expertise et esprit critique de première approche »
Bonjour à tous. Je suis Guillaume et bienvenue dans cette nouvelle vidéo « Santé des enfants et environnement ». Aujourd’hui, c’est une vidéo un peu spéciale, puisque c’est la dernière vidéo de mon défi d’une vidéo par jour pendant 30 jours. Un défi lancé à l’occasion de la sortie de A la recherche du savon magique.
Bon déjà, je voudrais remercier iamo’i’s et Denis Zmirou-Navier pour leur contribution. Et puis aussi Hiromi, pour ses aides multiples. Egalement merci à tous ceux qui ont partagé ces vidéos et les bonnes pratiques associées.
Merci aussi à ceux qui m’ont posé leurs questions de santé environnementale pour parents. Elles m’ont notamment permis de faire 12 vidéos-réponses. Et pour cette dernière vidéo, puisque j’essaye de progressivement augmenter mes compétences de vidéastes, je vais me poser une question à moi-même. Alors Guillaume, qu’as-tu pensé de ce défi ? Est-ce que tu vas en refaire un autre un jour ?
Mon avis sur le défi
Merci pour ta question, Guillaume ! 🙂 Figure-toi que je me la suis posée pendant le défi. Bon, il ne faut jamais dire jamais, mais ma réponse est à chaud est « a priori plutôt « non ». En particulier avec des vidéos dehors en plein hiver ! ».
Comme je l’avais indiqué dans la première vidéo, faire une vidéo par jour pendant 30 jours est un défi classique de Youtuber débutant. Donc je l’avais dans un coin de ma tête depuis plusieurs semaines. Mais en le faisant, j’ai touché du doigt que ce format ne convient pas au contenu que je propose. Approfondir une question ou une bonne pratique, même dans un premier niveau d’approche, ce n’est pas un exercice que l’on peut enchainer tous les jours, à mon sens.
Approfondir demande du temps
En particulier, j’ai ressenti le malaise de publier du contenu sur lequel je n’avais pas pris suffisamment de recul. Du contenu pour lequel je n’avais pas eu le temps de faire autant de recroisements d’informations que d’habitude. Et sur un format vidéo c’est plus gênant, parce qu’il ne peut pas vraiment être mis à jour en cas d’omission ou d’incompréhension. Ou alors beaucoup plus difficilement qu’un article de blog par exemple, mon format plus habituel. Voilà, donc je sors du défi avec une sorte de légère inquiétude diffuse. J’espère donc que mes garde-fous m’ont bien permis de ne pas faire de grosses erreurs.
Par rebond, et plus généralement, cela m’a conforté dans l’idée qu’il est difficile de produire des expertises de qualité avec une grande fréquence, ou même de se forger des avis robustes avec une grande fréquence. De mon point de vue, cela constitue même un point de vigilance de première approche, lorsqu’on veut se faire un avis sur un expert, une sorte de drapeau rouge.
Faire confiance aux bonnes personnes
Il est impossible d’être expert dans tout ce qui a une incidence sur nos vies. Dans de nombreux domaines, nous devons faire confiance à l’expertise des autres pour guider nos décisions. Cependant, tous les experts n’ont pas des convictions rationnelles et de nombreuses personnes qualifiées d’experts dans les médias ne sont pas réellement des experts.
Se faire un avis sur un expert dans un domaine, quand on n’est pas soi-même un expert du domaine, je trouve que c’est un exercice assez difficile. En première approche, je me base sur quelques critères indirects, quelques signaux de vigilance potentielle. J’ai souhaité en partager quelques-uns avec vous aujourd’hui, parce qu’ils pourraient vous être utiles à vous aussi.
Bien sûr, aucun de ces critères n’est conclusif en lui-même. Mais pris dans leur ensemble, ils me semblent pouvoir donner une première indication de fiabilité.
Expertise et esprit critique : critères de première approche
Cette personne, a-t-elle une formation ou une expérience dans le domaine considéré ? Parfois, une idée nouvelle ou intéressante suffit à passer dans les médias, même si cette idée est peu convaincante pour une personne bien informée. Evidemment, il est possible qu’un non-expert ait raison et que les experts aient tort. Mais cela est juste peu probable, en règle générale.
Est-ce qu’elle essaie de tout expliquer avec une seule idée ? Ces personnes sont souvent retenues par les médias parce qu’elles sont claires et confiantes. Mais le monde est complexe et les explications multifactorielles me semblent de loin les plus fréquentes en pratique.
Est-elle capable de changer d’avis ? La production continuelle de nouvelles connaissances amène souvent à réajuster ou à changer certaines de nos conclusions.
Cohérence avec l’ensemble de la littérature scientifique
Cite-t-elle des éléments de preuves qui ne sont pas représentatifs de la littérature scientifique dans son ensemble ? Je crois que cette pratique est assez commune chez les experts, moins commune chez les meilleurs experts, et très commune parmi les non-experts. Si vous avez un premier niveau de culture scientifique, alors cela peut être assez facile à repérer avec une recherche rapide dans Google Scholar, afin de trouver des méta-analyses récentes sur le sujet.
Présente-t-elle les experts qui ne sont pas d’accord avec elle comme corrompus, stupides ou malhonnêtes ? La corruption, l’irrationalité et la malhonnêteté existent parmi les experts. Mais si quelqu’un fait ces affirmations sans présenter de preuves très solides, c’est mauvais signe, à mon sens.
A-t-elle des avis très affirmés sur de nombreux sujets ? Pouvoir se faire un avis robuste sur une question, cela prend du temps. Se prêter à l’exercice conduit souvent à une certaine forme d’humilité. Les meilleurs scientifiques que j’ai croisés m’ont paru souvent très humbles dans la formulation de leurs avis. Par exemple avec ce genre de mises en garde. « Eh bien, ce n’est pas vraiment mon domaine, mais je suppose que ceci est… ». Ou alors « Je suis sûr qu’il y a plusieurs personnes dans cette salle qui en savent plus que moi à ce sujet, mais pour autant que je sache, ceci est… »
Preneur de vos conseils !
Voilà pour ces propositions de critères « drapeau-rouge » d’esprit critique, pour nourrir nos réflexions de parents verts et prudents. Et sur ce sujet comme sur les autres, je suis preneur de vos retours. Comment est-ce que vous vous faites un avis sur un expert dans un domaine que vous ne connaissez pas ? Vous pouvez m’indiquer vos critères en commentaire. Ce sera très intéressant, et cela contribuera aussi à ce que tout le monde progresse.
A la recherche du savon magique : de préférence dans une librairie physique
Voilà pour ce bilan du défi. Je vous rappelle que je me l’étais lancé pour fêter la publication d’À la recherche du savon magique. Le livre disponible dans toutes les bonnes librairies francophones.
Je vous rappelle aussi que je vous offre un cadeau si vous l’achetez dans une librairie physique. Envoyez-moi une photo de votre ticket de caisse à l’adresse mail qui apparaît à l’écran et qui se trouve dans la description. Je vous enverrai une check-list pour agir sur les autres sources potentielles de polluants dans la salle de bain. Il s’agit donc d’un bon complément au livre pour réduire les expositions préoccupantes du quotidien.
Je vous dis à bientôt pour la prochaine vidéo. Et en attendant, je vous invite à faire partie des parents verts et prudents. Des parents qui notamment exercent leur esprit critique face aux personnes qui sont présentées comme « expert ».
A bientôt !
Références. Bilan du défi – Expertise et esprit critique de première approche
- Norme NF-X 50-110 « Qualité en expertise – Prescriptions générales de compétence pour une expertise » (2003). Et aussi :
- Norme européenne NF EN 16775 « Services d’expertise – Exigences générales relatives aux services d’expertise » (2016). Et également :
- Parance B. Santé et environnement – Expertise et régulation des risques. CNRS Editions 2017. Et aussi :
- France Stratégie. Rapport Expertise et démocratie – faire avec la défiance. 2018. Notamment : lien. Et également :
- Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). L’Expertise – Mission d’analyse et de conseil suite au Grenelle de l’environnement. Rapport n°- 007207-01 Rapport CGIET/SG n°- 2010/10. Et aussi :
- Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Evaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance. 2019. Notamment : lien. Et également :
- Harris S. Making sense: conversations on consciousness, morality, and the future of humanity. HarperCollins Publishers, 2020. Et aussi :
Références. Bilan du défi – Expertise et esprit critique de première approche
- Guyenet S. Quickly assessing the credibility of public experts. 2018. Notamment : lien. Pour les aspects que j’ai retenus dans cette vidéo, au regard de ma propre expérience dans mon domaine, j’ai essayé de rester assez proche du phrasé initial pour être le plus fidèle possible au texte de l’article.Plus généralement, sur son compte Twitter (https://twitter.com/sguyenet), Stephan Guyenet partage régulièrement des avis sur des sujets liés plus ou moins directement à l’exercice de l’expertise. Je trouve ces avis globalement très intéressants pour nourrir les réflexions. A titre personnel, j’ai beaucoup appris de sa manière de faire. Et également :
- Chateauraynaud, F et al. Une pragmatique des alertes et des controverses en appui à l’évaluation publique des risques. 2014. Et aussi :
- Collins, Harry, et Robert Evans. Rethinking expertise. University of Chicago Press, 2008. Et aussi :
Photos notamment par University of Central Arkansas.