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Bonne lecture 🙂
Bonjour à tous,
Voici une nouvelle vidéo publiée sur la Chaîne YouTube Santé des enfants et environnement, intitulée “Bonnes pratiques d’achat pour les produits de consommation courante, avec Anne Lafourcade”, ainsi que la transcription et le podcast associés.
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Présentation d’Anne Lafourcade (Alicse, SAFE-Li), spécialiste des produits de consommation courante
Bonjour les parents verts et prudents,
Aujourd’hui j’échange avec Anne Lafourcade. Anne est Ingénieure conseil en santé environnementale. Elle est notamment présidente de SAFE-Li, une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui vise à limiter l’exposition des populations vulnérables à certaines substances préoccupantes.
On discute notamment de bonnes pratiques d’achats, de bienveillance avec soi-même, de sobriété pratique, et d’autres sujets.
Voilà, j’espère que vous y trouverez des choses utiles. Et je vous amène Anne Lafourcade.
Transcription de « Bonnes pratiques d’achat pour les produits de consommation courante, avec Anne Lafourcade »
Guillaume Santé des enfants et environnement
Aujourd’hui, je suis avec Anne Lafourcade. Anne, merci de te joindre à moi !
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Merci, Guillaume, de m’avoir invitée.
Guillaume Santé des enfants et environnement
J’ai souhaité échanger avec toi à propos de l’un de tes domaines d’expertise, à savoir comment réduire les expositions préoccupantes pour les jeunes enfants, un thème qui présente de forts enjeux.
Alors avant qu’on débute, est-ce que tu souhaiterais indiquer des liens d’intérêt au regard de la thématique santé environnementale, des liens que tu penses important que les personnes qui nous regardent aient en tête en nous écoutant échanger.
Anne Lafourcade
J’ai pas de conflit d’intérêt à préciser aujourd’hui.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Donc pour commencer, si tu veux bien, je te propose de présenter tes activités et puis les enjeux associés en santé environnementale.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Donc moi à la base, je suis ingénieur chimiste, j’ai travaillé dans l’industrie cosmétique, j’ai dirigé un laboratoire. Je me suis ensuite spécialisée dans la question des labels environnementaux, qui m’ont amené, très vite, à me poser la question de la composition chimique des produits de grande consommation, ce qui est devenu ma spécialité. J’en ai même fait une activité professionnelle, puisque j’ai créé une activité libérale d’ingénieur dans ce domaine là.
J’ai aussi complété ma formation par une, une, dans une école qui s’appelle l’IFSEN, qui a été créé par Philippe Perrin dans la, voilà, dans la spécialité ; vraiment c’est la question de la, de la santé environnementale avec un un biais santé publique aussi, hein. Voilà donc ça, c’était ma, le complément de diplôme que j’ai fait en 2017.
Entreprise de l’économie sociale et solidaire
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Et suite à cette activité libérale d’ingénieur en chimie et santé environnement, j’ai choisi aussi de de d’aller plus loin et j’ai créé une entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui s’appelle SAFE-Li, dont l’objectif est vraiment l’accompagnement au changement des collectivités et des institutions, sur les questions de santé environnementale, avec une spécialité, c’est vrai, sur la santé des populations vulnérables, et donc femmes enceintes et jeunes enfants, oui.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Aussi, moi je t’ai connu à travers les, les guides Recocrèches ; je, c’est au travers ces, d’une de ces deux activités que t’as, t’es chef de projet et autrice d’un certain nombre de passages. Si tu veux bien nous en parler, je suis preneur.
Anne Lafourcade
Ouais ; alors dans la vie, on a toujours des rencontres ; et moi j’étais dans une pépinière d’entreprises ; en face de moi, il y avait des personnes qui créaient des, des crèches privées, avec une forte volonté d’être le plus écologique possible ; et un jour je leur ai dit « je peux vous aider, je peux venir auditer un de vos établissements, ça vous aidera à y voir clair. »
Guides Recocrèches : une initiative appuyée par l’ARS Nouvelle-Aquitaine
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Et puis j’ai vu qu’il y avait une vraie opportunité ; ça, ça correspondait à un moment où il y avait une stratégie de L’Agence régionale de santé Nouvelle Aquitaine, extrêmement volontaire sur cette thématique émergente de la pollution chimique dans l’environnement intérieur des jeunes enfants et des femmes enceintes ; donc vraiment une, une politique portée par l’ancien directeur à l’époque, hein, 2015.
Et ils ont eu vent par des, des relations – C’est un petit monde, on était à Bordeaux – de ces audits que j’avais réalisés, et ils ont voulu en savoir plus ; et on a comme ça monté un projet avec des associations – je ne suis pas toute seule, hein – pour ensemble essayer de voir ce qu’on pouvait faire, puisque les agences régionales de santé, eux aussi, avaient des coups de fil ; on leur disait « est-ce que je peux utiliser tel détergent dans une crèche ?« , « qu’est-ce qu’il faut que je fasse sur la qualité de l’air intérieur ?« , « est-ce qu’il y a des pollutions parce qu’il y a des vignes jusqu’à côté ? »
Donc, ils avaient tout un tas de, on va dire, de questions émergentes ; et donc on a essayé de les recenser toutes au même endroit ; et c’est comme ça que sont nés les guides Recocrèches, dont j’ai eu la, la responsabilité dès le début ; donc j’ai toujours le statut de chef de projet pour les guides Recocrèches, qui sont une marque qui, qui appartient à l’ARS Nouvelle Aquitaine Hein. Donc c’est leur, c’est leur domaine. Mais voilà, moi je suis chef de projet là-dessus ; et on a écrit depuis, du coup, 2017, trois guides dont l’objectif, c’est vraiment de formuler des recommandations pour les établissements accueillant des jeunes enfants.
Bonnes pratiques applicables à la maison
Mais c’est vrai que ces recommandations, elles marchent aussi à la maison pour la plupart ; et elle marche aussi dans d’autres endroits, hein ; c’est pas parce que y a pas de bébé qu’il faut pas protéger les populations, ; donc ça peut marcher pour tout bâtiment public : une bibliothèque, un Éhpad… Voilà, enfin c’est, c’est, ce sont des recommandations fléchées « bébé » mais qui marchent pour tout le monde.
Et donc trois guides. Le premier [est] vraiment écrit pour les directeurs et directrices de structure, pour de la, de l’usage au quotidien, avec les achats de tous les jours, le fonctionnement quotidien d’une structure Petite enfance.
Le second guide, il est plus pour les maîtres d’œuvre, maître d’ouvrage, artisans dans le, quand on a une structure à bâtir ou à rénover ; donc ça, ça adresse d’autres pollutions, mais c’est aussi des choses que les, les parents peuvent se demander quand ils font des travaux à la maison.
Et la, le troisième guide, c’est un guide d’atterrissage post COVID ; parce que sur le sujet de la désinfection et du nettoyage, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de dérives ; évidemment, hein ; on a eu tous très peur et ça a été complexe à gérer cette, cette peur du virus ; ça a fait faire des, certaines marches en arrière sur la gestion de ce qu’on appelle les biocides, donc les désinfectants ; ça ne… du coup, nous on avait, on a aussi, ça nous a aussi aidé à avoir beaucoup plus d’expertise sur le sujet ; ça a quand même eu des vertus, cette crise.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : appui pour les parents d’enfants en crèche
Et donc on a été aptes à écrire des choses très très précises sur, sur notamment le, la limitation de l’usage des désinfectants dans les structures qui accueillent des, des jeunes enfants ; et puis du coup, en domestique aussi, évidemment.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais, c’est un bon exemple de bonnes pratiques qui s’applique tout aussi bien à la maison. C’est vrai que ces guides, ils sont intéressants parce que bon, quand on a des enfants qui, qui vont à la crèche, ben ça permet d’avoir un dialogue éclairé avec le personnel encadrant. Et puis comme tu, comme tu le soulignais, y a, des y a des bonnes pratiques qui sont directement applicables à la maison, et tout, tout aussi utile.
Anne Lafourcade
Tout à fait.
Guillaume Santé des enfants et environnement
J’avais le, le souvenir que ces, ces bonnes pratiques, elles sont dans un certain ordre dans le guide. Je, je me souviens de quand on a échangé, tu me disais que une approche qui est souvent utile, c’est de raisonner en termes d’achat et en termes de, de type d’achat. Et donc, bah si tu veux bien, je serais, je serais preneur que, voilà, que tu détailles un peu des, des bonnes pratiques qu’on peut tirer des différents travaux que tu as faits.
Maîtres de ce qu’on achète
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
C’est vrai que je pense que, vraiment, ma spécialité, c’est les produits de grande consommation, c’est ce qui m’intéresse et je crois que c’est, c’est là, c’est un des domaines où on a le une liberté d’action en tant qu’individu. On… Il y a plein de pollutions qu’on subit, hein. Ça peut être si, si ta maison est à côté d’une autoroute, c’est compliqué, ; ou comme moi là, moi je suis en Gironde, au milieu des vignes hein. Ça pose aussi d’autres questions, là, c’est compliqué.
En revanche, on est toujours maître de ce qu’on achète et de ce qui rentre dans nos domiciles. On a toujours le choix de, de pas acheter ; donc je trouve que c’est un un endroit où on a un bon axe d’action, en tant que citoyens, parents ou acheteurs publics hein, puisque ça c’est mes clients et mes contacts principaux, professionnels hein, dans la chaîne publique.
Mais c’est vrai que, du coup, quand je fais des formations grand public – ça m’arrive encore de temps en temps – J’aime bien rentrer par, en faisant un tour du supermarché, en se posant la question des alternatives rayon par rayon ; parce qu’en fait, on peut pas formuler des, des recommandations générales sur des achats, ça va vraiment dépendre, ben , si ton produit, il est alternatif, il est disponible, s’il existe un label, et surtout, s’il est disponible à un prix correct aussi hein, parce que l’idée, c’est pas d’envoyer les gens dans des endroits où, où les choses sont sont introuvables, ou très chères
Rayon par rayon du supermarché
Et donc, de ce fait, rayon par rayon du supermarché, on va pas avoir la même approche préventive, en fonction effectivement de, de la filière et de la disponibilité des produits.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Oui, j’ai souvenir, là-dessus, tu parlais de labels, et puis de ton expérience précédente avec les labels environnementaux : souvent dans les dans les cahiers des charges, on trouve des, des interdictions ou des restrictions de substances préoccupantes – disons, les plus classiques ; donc ça en fait, j’ai l’impression, dans ma tête, ça en fait un peu des labels « santé-environnement » quelque part ; ça, ça m’intéresserait d’avoir ton éclairage sur ce sujet, quoi.
Anne Lafourcade
Ce qui est intéressant, c’est que, c’est vrai que, il faut toujours voir les labels comme un, un document qui a été écrit par des gens qui avaient une intention, donc… – souvent une intention louable.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : labels (santé ?-)environnementaux
Mais ce n’est pas des boîtes magiques à, à faire un, de, de l’écologie magique partout quoi ; c’est-à-dire que, par exemple, sur l’agriculture biologique, un jour, il y a un groupe de d’agriculteurs qui, qui se sont mis ensemble en se disant : « on veut sauvegarder l’agriculture traditionnelle » ; c’est-à-dire, entendons nous, sans pesticides pétrochimiques ; et donc le cahier des charges, il disait une seule chose ; il disait : « Je m’engage, en tant qu’agriculteur, à faire pousser des végétaux sans recours à de la pétrochimie » ; et c’est déjà vachement bien, c’est déjà vachement bien.
Sauf que nous, consommateurs, et puis aussi la, la, toute la publicité qu’il a été faite, tout le marketing qui a été fait autour, on a mis plein d’intentions autres dans ce mot là, en espérant aussi le bien être animal, le côté sanitaire, enfin, y a plein de, voilà… Le, le patron voudrait un packaging écolo… et du coup on, on est un peu déçu.
Parfois par le label bio, parce qu’on se dit : « Ah oui, c’est bien, mais c’est pas équitable » ou « c’est bio mais c’est pas, y a pas, y a plein d’emballages. » En fait, le label a été écrit avec une intention, donc il faut toujours se demander quelle est l’intention portée par le label.
Et comme tu disais certains labels ont des entrées santé-environnement ; des intentions santé-environnement, y en a pas tant que ça sur les labels ; mais de, de par certaines zones d’entrée, on se retrouve avec des labels, effectivement, qui sont quand même performants sur ce, sur ce domaine là.
Exemple des labels cosmétiques
Je peux te citer le label des cosmétiques bio par exemple, qui lui, a une entrée qui dit qu’il, que principalement, il faut utiliser des produits d’origine végétale, et si possible bio, dans ces, produits avec un label Cosmébio par exemple. Eh Ben, ça, de fait, ça va disqualifier tout un tas de produits pétrochimiques, qui pour le, pour le coup, sont un peu douteux d’un point de vue sanitaire ; et, et globalement ça en fait un bon label sanitaire, même si l’intention, à la base, des personnes, c’était d’utiliser du végétal et pas du, et pas du pétrole pour le, pour le fabriquer.
Donc voilà, c’est, c’est toujours se demander derrière le label, quelle est l’intention que, que voulaient les,… quelle est l’intention des, des hommes et des femmes qui ont créé ce label ; et de pas, ne pas en, voilà, ne pas en faire un truc magique ; parce que c’est jamais magique, c’est toujours…
Guillaume Santé des enfants et environnement
Et cette variation, ces intentions, j’imagine, ça va varier selon le, le type de produit ; parce que c’est pas les mêmes personnes. J’ai souvenir aussi, tu me disais, que les labels pouvaient être plus ou moins performants en fonction des types de produits, plus ou moins disponibles et plus ou moins exigeants.
Anne Lafourcade
Ben en fait, ils vont toujours se baser sur la réglementation européenne, donc la réglementation européenne des produits chimiques. Ben pour tout un pan de produits, qui sont les produits qu’on appelle « article » – donc ça va être tous les trucs un peu durs en fait, ça va être, ça va pas être les liquides quoi.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : difficultés des labels pour les objets, les « articles »
Donc ça va être les meubles, les jouets, les, là je sais pas, les, les, le high tech, la puériculture… des objets en fait, hein. Les objets, ben ils sont… les, les gens qui les fabriquent n’ont pas l’obligation de nous dire exactement quels sont les produits chimiques utilisés. Donc, à partir de là, difficile d’écrire un label qui interdit telle et telle famille de produits chimiques.
À partir du moment où, là, y a pas d’obligation légale de les déclarer. Donc c’est un petit peu plus difficile. Je te citais l’alimentation pour le, le bio ou le, la cosmétique : là, pour le coup, la réglementation, elle est favorable, puisque nous avons la, la liste des ingrédients. Quand tu achètes un, du, de la poudre de cacao pour les enfants, tu vas avoir une liste d’ingrédients. Quand tu achètes une crème pour le change du bébé, tu veux avoir la liste des ingrédients.
Et à partir de là c’est un moyen aussi pour les labels de dire « Parmi ces ingrédients que vous êtes obligés de déclarer, nous vous demandons de vous restreindre sur telle et telle famille de produits, qui nous semble dangereuse ou douteuse ou toxique pour l’environnement. » Et donc tu vois, c’est plus facile pour les gens qui créent des labels d’aller sur des domaines où la réglementation est plus transparente.
Non-transparence réglementaire : le problème principal
La non transparence réglementaire, c’est le problème principal de nos produits de grande consommation, aujourd’hui, et qui nous empêche de, d’avancer parfois ; parce que voilà, moi, je, j’ai beau être ingénieur chimiste, on me met un jouet sur la table, je suis incapable de, de dire ce qu’il y a dedans en, en termes de famille préoccupante, hein.
On peut penser par exemple aux phtalates ; évidemment, des analyses chimiques sont possibles, mais elles sont extrêmement onéreuses ; donc on va pas, enfin voilà, c’est pas les parents qui… ce n’est pas aux parents ni aux, aux, aux personnes de crèche ou même aux institutions, d’aller tous les jours systématiquement faire des analyses chimiques hyper onéreuses pour savoir ce qu’il y a dans les produits.
Donc tu vois, sur ces secteurs là, on a un problème, le label c’est, c’est pas la solution.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ce que tu dis, ça me fait penser à, y avait une audition de Gilles Pipien, de l’Inspection générale, et qui avait fait, qui faisait partie des gens qui avaient évalué le 3e plan national santé environnement ; et ils disait, on a un problème de traçabilité, même les gens qui mettent sur le marché sont… – c’est même pas forcément qu’ils veulent le cacher – Donc parfois il y a des, y a des enjeux de secret industriel, mais parfois c’est juste qu’ils ont pas l’info ; et il prenait – c’était dans la, dans la salle d’audition – il prenait la table. Il disait, voilà cette table, il y a de la colle, il y a des pieds et des machins. Et en fait, les gens qui ont assemblé, ils n’avaient pas les infos des gens d’avant, qui eux-mêmes n’avaient pas les…
Articulation avec les applications
Bon, donc voilà ; donc ça effectivement c’est un frein – de ce que j’entends, de ce que tu me dis – un des, un des grands freins pour les, pour les labels. Et je me demandais si tu, comment tu articules donc en, quand toi, tu identifies des catégories de produits pour lesquelles, bah le label n’est pas suffisamment performant, tu utilises des applis par exemple ? Comment, comment tu articules, comment tu articules ça ?
Moi, je me pose plein de questions sur les applis, je vois une, je les vois ça ?
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Bah c’est pareil hein, tu vois, les applis. Elles ont été créées par des gens qui avaient une intention, donc il faut aller voir l’intention. Faut aller voir dans quelles bases de données les applis cherchent les infos, puisque les applis, généralement, ce sont des, ce sont des outils qui vont chercher des informations scientifiques pertinentes ; donc généralement, ben, y en a qui sont plus exigeantes que d’autres.
Yuka, INCI Beauty, QuelProduit : évolution du marché
Donc moi par exemple, moi mon métier de base, c’est la cosmétique, donc je connais super bien. Donc je suis capable de regarder toutes les applis qui existent ; par exemple donc, Yuka par exemple, y a INCI Beauty, ya QuelProduit de Que-Choisir, ces trois là.
Moi, je suis capable de, d’aller regarder au, vraiment de manière précise, et de te dire « Ah, je trouve que celle-là c’est plus pertinente que celle là parce que, parce que » ; après, une autre personne ferait une autre analyse.
Globalement, je trouve que c’est super les applis ; je trouve que c’est un des bons outils. Évidemment, y a des, y a des trous dans la raquette ; il y a des ratés ; y a des, peut être des, des évaluations qui sont parfois maladroites ; mais globalement, je trouve que ça fait avancer, d’un point de vue de la transparence ; ça fait se poser les bonnes questions.
Moi, j’ai notamment travaillé avec un groupe de pharmaciens qui, qui étaient complètement stupéfaits de voir des gens rentrer dans leur pharmacie, scanner les produits et ressortir en disant « Monsieur, vous n’avez rien pour moi« . Et donc, ça les a fait réfléchir ; et ça les a fait avancer ; ça les a fait référencer différemment leur, leur – On parle pas des médicaments, hein ? – des produits qui sont vendus en libre accès ; ça leur a fait référencer aussi leurs, leurs produits différemment.
Donc je trouve que c’est bien ; le concept, c’est que le consommateur se, voilà, soit acteur de ces, de ces achats, de cette manière là, parce que ça fait évoluer le marché.
Scan4Chem
Guillaume Santé des enfants et environnement
Effectivement ; si ça rentre dans une, dans une dynamique qui, qui est vertueuse sur les aspects santé environnementale – je pensais à, à Scan4Chem aussi qui peut être utilisé, qui a l’avantage de s’adosser à la réglementation européenne mais qui a des, pas mal de limites en termes de, je sais pas, de périmètre de produits sur lesquels on peut se renseigner, je crois.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Scan4Chem, c’était intéressant pour, effectivement, pour les articles dont je te parlais, pour aller… Parce qu’on a la possibilité d’aller demander des informations sur la présence de substances préoccupantes, qu’on appelle les « substances of very high concern », au sens européen.
Donc on a la possibilité d’aller demander à un fabricant si ces, si des produits ne contiennent pas, ou si un jouet ne contient pas une de ces substances. Y a des, voilà, ça sert à ça ; en réalité, c’est quand même compliqué de demander aux parents de faire ça ; souvent,
la base de données est vide ; donc ça veut dire qu’on envoie un message à l’industriel, qui doit répondre, qui répond pas toujours.
Enfin, je trouve que c’est pas mature ; elle va aussi, on va voir ce que ça va donner.
Scan4Chem et loi AGEC (information sur les perturbateurs endocriniens)
Elle va servir aussi maintenant à une nouvelle réglementation que – tu dois le savoir – sur les perturbateurs endocriniens. Y a une liste maintenant, qui va être aussi à déclaration obligatoire ; et l’information devrait se trouver aussi via cette appli Scan4Chem. Bon je, je trouve que, pour le grand public, c’est quand même un peu fastidieux, celle-là.
Et moi j’incite plutôt les pros à y aller, à faire vivre et à demander beaucoup d’informations aux industriels ; puisque, effectivement, c’est un peu un outil de dialogue vers un peu plus de transparence. Moi, je le vois comme ça ; mais je crois que c’est pas un très bon outil pour le grand public aujourd’hui.
Guillaume Santé des enfants et environnement
… à ce stade ; ouais, d’accord ; j’ai entendu des critiques aussi sur le côté, c’était très basé sur les catégories de REACH ; donc, y avait le côté pas le contenu, mais le contenant. Bon, y avait des limites comme ça qui étaient mises en avant ; je crois que c’était d’ailleurs mis en avant aussi dans la présentation de, de l’appli. Que c’était en évolution avec, avec la réglementation et puis les, pour être au service du consommateur.
Je mettrai le lien dans la description ; je mettrai le lien aussi des, des applications que t’as à mentionnée là. QuelProduit… Je ne sais plus… enfin vers des classiques…
Anne Lafourcade
Yuka et INCI Beauty.
Recocreches.fr
Guillaume Santé des enfants et environnement
J’en profiterai aussi pour remettre les liens vers les trois guides Recocrèches, qui sont, qui sont vraiment utiles ; pour revenir sur…
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Je voudrais dire juste que, je te, je te coupe ; sur les trois guides donc, y a un site Internet hein, qui s’appelle recocreche.fr ; c’est tout facile et donc l’ensemble des documents… Parce qu’il y a plus que les guides. Y a aussi un peu de documents grand public ; et surtout, on a des, des petits modules vidéo, pour les personnes qui veulent aller plus loin sur un sujet par exemple.
Je peux te dire, on a un module sur les couches par exemple, qui est un sujet qu’on n’a pas traité dans Recocrèches ; mais on a fait un focus sur les labels et les couches par exemple. Donc ça c’est, c’est des, des petits documents supplémentaires qui sont un peu orientés pro, mais franchement ils sont utilisables par les parents aussi sans problème.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Je mettrai le lien en description.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : questionner les besoins d’achats
Si je reprends le fil de la discussion, je, si on reprend, les deux outils sont les applis, les, les labels. Tu disais que ça, ça questionne sur le choix des produits. Et puis je, je crois, parfois aussi, ça questionne sur le, sur le besoin du produit ; c’est peut être un des, classiquement, une des troisièmes, des troisièmes voies qu’on peut avoir dans la, la manière dont on achète : questionner le besoin.
Anne Lafourcade
Ah bah c’est vrai que sur ces domaines où on a des gros doutes sur les produits – donc je, je te parlais par exemple des produits de puériculture. Quand t’as un, quand tu, quand t’es enceinte, généralement, ben, tu vas dans les catalogues ; t’as envie d’acheter une couverture, des rideaux, un tapis, un petit lit, un mobile… Donc beaucoup, beaucoup d’objets neufs.
Et sur ces objets là, c’est vrai que, bon, y a, y a – je dis pas qu’y a pas de réglementation – mais y a, mais c’est vrai qu’il y a des familles entières de produits qui sont classiquement utilisées pour, pour ces objets là ; donc pour les mousses, on va penser à tout ce qui est retardateurs de flammes, qui, qui sont censées ignifuger les produits ; le plastique, plus ou moins souple, ben c’est, c’est la, c’est la famille des phtalates. Voilà, tu vas avoir ce genre de, principalement, j’ai pensé à ces deux grosses familles là de produits, qui sont quand même dans le collimateur pour avoir des effets endocriniens, pour certains membres de ces familles chimiques.
Les polluants, cette menace fantôme
Et puis y a tous les meubles neufs. Y a la question du formaldehyde ; des COV aussi ; puisque on le sait, hein, quand on ouvre un carton tout neuf, que tu viens d’acheter, que tu te fais livrer, ben, t’as une odeur qui te pique un peu le nez. On sait que ça, ce sont des substances chimiques qui peuvent potentiellement être nocives.
Donc, en fait, qu’est-ce qu’on fait, en fait ? Ya, ya trois choses à faire en gros hein ; c’est probablement toutes les questions de l’aération, de la ventilation, de d’ouvrir le carton pas dans la chambre de destination – parce que les polluants, les polluants, c’est un truc un peu magique hein ; c’est que, c’est, on ne les sens pas, on les voit pas, mais ils restent là hein.
Ils se posent sur les objets ; ils se posent sur les, sur les poussières de la pièce de destination ; donc c’est un peu une menace fantôme, hein. Parce que on les oublie, mais ils restent. Ils restent dans la pièce ; donc ça veut dire aérer, ventiler, ouvrir dehors ; dégazer dans une pièce qui n’est pas la pièce de destination : dans un garage, sur un balcon, dans un jardin, s’il fait beau ; le, le plus longtemps possible, hein.
Ca, c’est la première recommandation ; pour au moins que les molécules les plus volatiles, elles, se retrouvent pas dans la pièce de, où séjourne le bébé ; et donc, plus c’est neuf, plus y a potentiellement, ces petites molécules récentes, volatiles, qui peuvent émaner du produit.
Seconde main : pas simple, du point de vue sanitaire
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Donc ça pose aussi la question de la seconde main ; même si la, la question de la seconde main, de l’économie circulaire, c’est une question un peu complexe au niveau sanitaire ; parce que si on repart trop en arrière, on peut avoir des produits qui ne sont pas conformes à la réglementation actuelle.
Il faut savoir que REACH interdit quasi tous les ans des nouveaux phtalates ; donc on peut se dire que les petits tapis de sol, qui sont avec des phtalates, on, on a, on a jamais la garantie qu’ils soient même conformes à la réglementation aujourd’hui, même s’ils ont été produits l’année dernière où y a 2 ans. Donc le, la seconde main, ça serait super si y avait pas de problème là.
Bon, cela dit, du, on va dire du, du seconde main récent – pas des trucs qui ont, qui ont, qui ont 5 ou 6 ans, mais des choses… Voilà, c’est une solution.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : sobriété d’achats
Et puis là franchement, la dernière chose – et c’est, et c’est vrai que ça, c’est quelque chose que, nous, on met beaucoup en application dans les crèches, même si c’est quelque chose de, d’engageant sociétalement – c’est la sobriété, en fait ; une sobriété d’achat en fait ; on se dit, effectivement, est-ce que, pour la nouvelle chambre du bébé j’ai besoin de tous les objets que je viens de t’énumérer, absolument ? Est-ce qu’il y a besoin de, de rideaux ? Y-a-t-il besoin d’un tapis ? Est-ce qu’il y a besoin de, d’objets décoratifs ? Puisque ces, tous ces objets là, peuvent avoir cette, cette, ce gros défaut de, de laisser émaner des produits chimiques.
Donc se poser la question, effectivement, de, à la fois moins d’objets, puis des, des objets plus simples, plus sobres peut-être aussi ; et du coup dont on maitriserait mieux la consommation. Voilà, voilà, choisir peut être des choses en, en coton, par exemple sur le, pour mettre sur le lit, plutôt que des, des tissus synthétiques, hein. Voilà des, ce genre de choses.
Donc oui, là, souvent la, une des options, c’est une certaine sobriété d’achats qu’on est obligé de mettre en avant. Pas obligé, c’est pas une catastrophe, hein.
Je suis plutôt, c’est plutôt bon pour la planète aussi ; mais on est quand même… c’est, c’est une des grandes solutions qu’on a face au, au manquement de transparence des, des règles de, de, du règlement REACh.
Travailler sur l’environnement plutôt que sur les personnes
Guillaume Santé des enfants et environnement
J’ai souvenir aussi que tu disais… ces, ces différentes actions, cette, ce questionnement qu’on peut avoir sur les besoins essentiels ou non essentiels, il faut aussi faire rentrer dans l’équation le – je ne sais plus, tu avais eu des termes que j’avais bien aimés – tu disais faut pas, faut pas être méchant avec soi, faut pas être méchant avec ces enfants non plus. Je trouvais que ça renvoyait au principe général de plutôt – bon, déjà d’être toujours bienveillant avec les autres et soi-même aussi – et puis le côté « plutôt travailler sur l’environnement que sur les personnes » quoi. Ça renvoyait à ce principe général.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ouais, alors on a beaucoup mis le – comment dirais-je – l’accent sur le, sur ce que pouvait faire les individus au niveau écologique, hein. Donc, et donc quand on est très motivé par le sujet, quand on est jeune parent, on peut avoir tendance à, à s’épuiser ; à chercher des produits, des alternatives comme je te le disais ; donc ça c’est, c’est bien et c’est pas bien, parce qu’on se fait aussi du mal à soi-même ; parce que le…
C’est Camille Etienne, hein, qui est militante écologiste, qui dit : le monde n’est pas fait pour les écolos ; et c’est vrai, le monde dans lequel on vit, ben il est pas fait pour, pour l’être ; et, et c’est difficile de l’être ; de, de, ça, c’est beaucoup d’énergie de, de trouver des alternatives, les bons endroits, les bons produits… Au bon prix aussi, hein ? Ya aussi une logique économique là-dedans.
Rester bienveillant
Donc moi, j’ai, j’ai pas envie que les gens aient… je trouve qu’il faut que effectivement ils soient gentils avec eux mêmes ; qu’ils se disent, bon ben, je, je veux, je vais aller là où j’arrive à le faire, à faire mieux, à faire moins, à faire plus sobre. Mais voilà, c’est, y a des, des terrains ou c’est compliqué ; et, et puis on va pas dire aux enfants de, de jouer juste avec un petit bâton.
Bien sûr que les enfants auront du plastique dans le, dans les mains, à un moment ou un autre ; c’est la réalité du monde dans lequel on vit.
Mais voilà, entre ça et, et enfin, et des fois des, des multitudes de, d’orgies de jouets qu’on peut voir dans des, dans les magasins à Noël.
Voilà, on peut trouver un juste milieu ; pour pas faire non plus, ne pas extraire les enfants d’une réalité, puisque toute façon, cette réalité, ils l’a trouvent à l’école aussi.
Mais, mais voilà, mais voilà ; peut-être pas essayer d’en faire trop et essayer effectivement d’appliquer cette… c’est pas moi qui le dis, hein, c’est santé publique France, la stratégie 1000 jours, on dit une certaine sobriété chimique ; voilà, c’est, c’est de se dire, tous les jours, est-ce que je peux faire un peu plus sobre, un peu moins, un peu moins souvent ?
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante : produits très évitables
Voilà, y a des produits, ya des pans entiers de produits… Là, on parlait de faire le tour du, du supermarché. Il y a des produits vraiment qui sont très évitables. Moi je pense, alors moi y a un rayon que je déteste, c’est le le rayon « pschitt pschitt sent bon ».
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais OK.
Anne Lafourcade
Sprays, désodorisants… Là pour le coup, c’est des produits qui n’ont aucun bénéfice sanitaire pour… enfin aucun bénéfice, point. C’est des produits qui sont dangereux ; ça, c’est des pans entiers de produits dont on peut vraiment facilement se passer.
Donc ça, faisons le ; et, et c’est facile : c’est facile de se dire, bon, le propre n’a pas d’odeur, j’aère chez moi plutôt que de mettre ces produits là ; si j’ai un problème de moisissures, je le, je le traite à la source, parce que ça ne, ces trucs là ne viennent que couvrir les, enfin, recouvrir les odeurs.
Droit de vendre des choses dangereuses
Et puis il y a quelque chose de terrifiant dans ces produits là ; c’est que, quand tu les retournes et que tu fais le, le travail de lecture de l’étiquette – qu’on devrait tous faire et qu’on ne fait pas ; et c’est là ou peut-être en tant que consommateur, on n’est pas toujours très bons ; on est avec nos, nos, avec nos caddies et on se dit, on a une suspicion d’innocuité ; et on se dit, parce que c’est vendu dans le supermarché, du coup c’est, c’est sûr.
En réalité, la réglementation européenne, elle dit autre chose ; elle dit que le, l’industriel a le droit de te vendre des choses dangereuses…
si on t’explique le risque encouru, ce qui n’est pas la même chose ; donc le risque, il est toujours notifié ; y a des choses très dangereuses qui sont vendus en supermarché, et le risque est expliqué au dos du produit.
Donc, quand tu retournes le « pschitt sent bon » alors, avec des roses dessus, du muguet, tout ce que tu veux, et qui a marqué ne pas inhaler… ne pas inhaler, ne pas in-ha-ler… pour un produit qui est fait pour être senti, inhalé.
Voilà donc, vous voyez, tu vois ça, c’est un, c’est, c’est un peu le, le climax de la, de la bêtise aussi, hein, de la consommation dans laquelle on est ; à la fois nous, consommateurs, et puis dans les, les industriels sont les, sont les aussi, les responsables y a des produits comme ça dans, dont on devrait juste oublier l’existence quoi. Voilà.
Mon environnement, ma santé
Guillaume Santé des enfants et environnement
Je vais regarder un, j’avais pas fait, je, même moi, je n’avais pas fait ; j’ai évalué les risques de ces, de ces produits ; quoi que je, je crois pas que j’ai fait l’exercice, effectivement, d’aller voir les messages de sécurité qui sont sur, sur l’étiquette et qui sont censées assurer un risque, un risque acceptable.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Oui, alors moi, j’en ai trouvé des « peut être mortel par inhalation », avec le logo. Voilà.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais, là c’est un champion du monde, celui-là. Là, ça me faisait penser, pour aller dans ton sens, c’était une des critiques qui avait été faite lorsque le, le 4e plan national Santé-environnement, là, celui qui en cours, quand il est sorti ; donc il s’appelle « ma santé, mon environnement », quelque chose comme « mon environnement, ma santé ».
C’était une critique qui avait été fait ; c’était que l’État… La critique avait été faite, c’était que l’État se désengageait de plus en plus, au profit, ou en tout cas, reportait la charge de la gestion des risques, de plus en plus, sur les personnes, quoi ; et effectivement, y a une articulation à avoir entre le, trouver un équilibre comme tu disais, entre se rendre malade de tellement on est, tellement on est strict dans un monde qui n’est pas fait pour ; et puis ne rien faire et faire l’autruche, c’est pas bon non plus.
4e Plan national santé environnement
Guillaume Santé des enfants et environnement
Bon, je crois que le plan essaye, en tout cas, il proposait un équilibre, notamment en donnant des informations complémentaires.
On peut penser aux produits ménagers avec le, le score qui est en ce moment préparé par les pouvoirs publics, là. Bon ben ouais, pas simple de trouver ça. J’ai souvenir que tu disais ouais…
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
On peut rajouter aussi le fait que, là, y a une dernière étude de l’ECHA, l’organisme qui s’occupe de gérer REACh en Europe, ya une étude sur les, les désinfectants biocides – Je sais pas si t’as vu – y avait quand même 37…
Guillaume Santé des enfants et environnement
Je pensais que t’allais dire [le rapport] sur les articles de puériculture, il y en a un gros qui est sorti y a pas longtemps, là.
ECHA, Agence européenne des produits chimiques
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Aussi, aussi. Effectivement il était pas mal… Et alors moi, je pensais à celui sur les désinfectants : 37 % de produits non conformes vendu en Europe. C’est beaucoup quand même, ouais ?
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais, y a des stats aussi, qui sont assez parlantes sur les jouets dans Safety Gate. Ce qui est importé, ce qui vient de Chine et tout… ya pas mal de préoccupations.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Et puis sur les procédures Rapex s’envoie des choses pas terribles hein ; donc oui, donc en fait en plus on a une réglementation qui est pas parfaite-parfaite, et en plus c’est hyper compliqué de l’appliquer, parce que avec les importations, évidemment, de, de produits qui sont fabriqués dans d’autres conditions que, que celles qu’on voudrait, avec tous les produits qui sont extrêmement… enfin, qui sont sourcés en Chine, c’est vrai que on a des, on a des trous dans la raquette, de la composition, vraiment.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Bon donc, si on se met dans des dispositions donc plus, plus, à la fois plus efficace et plus bienveillante avec nous, moi, je, j’attends depuis une demi-heure là que tu sortes ton fameux proverbe « un polluant en moins, c’est un polluant en moins » ; donc je, je.
Éviter l’éco-dépression ! 🙂
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Alors c’est vrai que souvent, quand je fais un, quand je fais des conférences, je, j’explique tous les, la situation sanitaire, l’épidémio et tout ; et c’est pas la grosse rigolade, hein ; c’est, on sait toi et moi que, si on est là, c’est qu’il y a quand même un, tout un tas de pathologies ; et que c’est un vrai gros problème de santé publique, qui couvre la plupart des maladies non contagieuses qui, qui touchent nos, nos familles hein ; que ce soit de l’infertilité, les cancers, le, les troubles du comportement chez l’enfant ; voilà tout, tout le, le scope.
Des maladies qui peuvent nous toucher à tous les âges de la vie et, et qui souvent ont un lien avec nos hormones, hein, quand même ; c’est la réalité de… Quand on pense au cancer du sein, cancer de la prostate, c’est des cancers hormono-dépendants ; donc y a, y a tout ce…
Donc moi je présente ça, et généralement les gens, ils font un peu une éco-dépression à la fin, au milieu de ma conférence : normal, normal ; et moi je leur dis, mais même moi je suis… moi, je crois qu’on peut faire quelque chose, parce que sinon je serais pas devant vous, quoi ; je ferais un autre métier si j’y croyais pas ; et donc je parle toujours de l’adage « un polluant de moins, c’est un polluant de moins« .
« Un polluant de moins, c’est un polluant de moins »
Je crois vraiment à ça ; mais c’est quelque chose, effectivement, qui aussi m’a été transféré par, par Philippe Perrin, que tu dois connaître, qui est vraiment un, qui est un éco infirmier, qui est vraiment un spécialiste historique du sujet en France ; et en fait, il disait, il disait toujours en fait, « on tombe pas malade, on ne devient pas diabétique du jour au lendemain« , quoi ; t’es pas en pleine forme et le lendemain t’es diabétique.
C’est quand même un enchaînement de facteurs qui viennent s’accumuler ; et donc on peut faire l’hypothèse que, si on retire certains de ces facteurs, bah la maladie, elle ne se déclarera jamais. À partir de là, moi je trouve que, enlever un polluant, ça vaut toujours le coup ; donc, donc moi je pense là-dessus et, et c’est mon principe ; j’ai pas des milliards de preuves à t’apporter ; de toute façon au niveau épidémio, ça devient compliqué de prouver que c’est un produit ou un autre qui te rend malade.
On, on baigne tous dans une soupe chimique, qui est d’une telle complexité que je trouve que le métier des épidémiologistes devient extrêmement complexe – enfin, pour nous prouver que c’était telle exposition qui provoque quoi ; donc je me dis, on retire un lego du, de la boîte, et puis on va espérer que, bah, que ça fasse du bien et que ça limite un petit peu l’exposition, et du coup, la potentialisation de ces maladies.
Opportunités de sortir de la zone à risques
Guillaume Santé des enfants et environnement
Je trouve qu’il a une une illustration très parlante ; on cumule là – je te vois, là, je te vois la mimer avec tes mains ; je mettrai un lien vers une vidéo Youtube en ligne où il, où il présente sa, sa logique. Et effectivement, avec une logique à seuil, on n’a pas besoin d’être parfait pour empêcher l’apparition d’une maladie, quoi. Il suffit juste d’enlever suffisamment de facteurs pour revenir en dessous du seuil, si jamais on avait, on était rentré dans la zone à risques.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ouais, et puis franchement les, les chiffres de, l’Inca va de plus en plus là dessus, en nous disant que y a quand même un nombre invraisemblable de cancers qui sont évitables ; donc c’est, c’est aussi une opportunité. Il faut aussi le voir comme ça, plutôt que dans une espèce de fatalisme.
On se disait « bon, c’est génétique » et donc finalement, on voit que la part génétique, elle est pas si énorme dans, dans l’apparition de certaines maladies ; et que, et en plus, on sait que la chimie peut même avoir une influence sur le génome, avec ce qu’on appelle l’épigénétique ; voilà, où les polluants viennent aussi perturber un peu le, le génome [son expression].
Donc, donc bingo quoi ! « Un polluant de moins, c’est un polluant de moins« .
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ok, très bien. Moi, je, j’aime beaucoup ce principe.
Est-ce que y aurait une idée importante sur laquelle tu voulais insister, et qu’on aurait pas spontanément abordée pendant tous nos échanges.
Imparfaits mais efficaces
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ouais, est ce que je, je pense à autre chose ? Je, j’avais pris des notes, non. Écoute, je… non mais si tu as d’autres questions… je crois pas ; comme ça, j’ai rien de spontané qui me vient.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais, moi je, je retiens cette idée que on avait discuté. Je me souviens des, de ce qu’on, de comment on, avec le regard d’aujourd’hui, ce qu’on aurait fait différemment avec nos enfants. Je crois que l’idée à retenir, c’est pas parce qu’on est, parce qu’on a des imperfections, qu’on ne peut pas avoir un impact global, qui est vraiment très significatif.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ouais.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Et si on reprend l’image du seuil qui peut, qui peut suffire à à empêcher des maladies d’apparaître, on peut être vraiment efficaces sans être parfait quoi.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
C’est, il faut pas, faut pas se flageller hein. On savait pas des choses. Voilà, moi je te dis, j’ai un fils de 18 ans. À l’époque, je travaillais dans un grand laboratoire cosmétique. Je me mettais… J’adorais tous ces produits et, et puis, comme tous les enfants, il a bu du lait en poudre quand j’étais pressée, dans un biberon avec du bisphénol A, chauffé au micro-ondes.
Faire confiance où on a du recul
Je l’ai fait, quoi, parce que autre vie, autre mœurs, autre connaissances. Et donc je, je, voilà, attention à pas, voilà, à pas se flageller aussi sur des pratiques, probablement des pratiques qu’on met en œuvre aujourd’hui. Elles sont pas parfaites et on va apprendre des trucs.
En revanche, il y a quand même un truc que j’ai pas, que j’ai pas dit aussi, c’est peut-être, dans cette approche un peu historique ; c’est, c’est de faire confiance aussi aux choses sur lesquelles on a du recul.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Idée très intéressante.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ça, je l’ai pas dit, mais je crois que c’est important ; c’est vrai, j’aime bien l’histoire ; j’aime bien l’histoire et je trouve que l’histoire nous apprend toujours beaucoup de choses. Donc j’aime bien faire une approche historique, souvent dans mes conf ; et je trouve que l’histoire nous apprend, pour le coup, les éléments sur lesquels on a du recul, on sait des choses, quoi.
Attention aux substitutions regrettables
Quand, quand typiquement, quand ils sont arrivés avec des substituts au bisphénol A, dans le, dans les biberons, avec du bisphénol S ou un autre bisphénol… quand même, on se dit, « bon, un recul de quelques années sur ces molécules. » Sur le verre, on a un recul de combien ? 1000 ans, 2000 ans. Et on sait que l’on connaît l’innocuité du verre, quoi.
Enfin, et c’est, on sait ses propriétés ; on sait ses petits défauts, qui sont que ça casse par exemple ; et encore, on peut gérer ; donc Go quoi ! Allons sur les solutions où on a du recul.
Bon après ça, c’est assez rigolo parce que, quand tu as une approche historique personnelle, tu peux parfois… moi souvent je pense à ma grand-mère, et je me dis, mais elle se marrerait de, de voir les solutions qu’on essaie de mettre en œuvre, qui, qui sont pour la plupart finalement des, des façons de vivre et de, de sobriété, de, de communion avec la nature, de plus sortir, de mettre les enfants dehors, de moins acheter, de manger des légumes du jardin bio… ça les ferait rigoler, parce que c’était leur mode de vie.
Donc il y a une petite question, peut-être de rembobiner certains, certaines de nos habitudes ; c’est plus ça que finalement inventer – Moi, je suis assez technophobe, j’y crois pas tellement que ça va nous sauver. En revanche, repartir sur des valeurs sûres en termes de, de, d’habitudes de, de vie ; Ouais, ça, c’est un truc auquel je crois volontiers.
Durée de vie
Donc oui, nous, ce qu’on fait dans les, dans les crèches, c’est qu’on installe sans réfléchir des biberons en verre à la place des biberons en plastiques, point. Et le, et le ; et c’est fini quoi ; on en discute plus d’un, d’un nouveau plastique, on en a pas besoin ; sur les biberons, ça marche, et en plus ça, ils ont une super durée de vie, les biberons en verre ; donc il y a aussi des économies à faire, même pour les parents.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ouais.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Moi, personnellement, j’ai encore un biberon en verre de, de mes enfants ; je m’en sers comme verre doseur ; donc comme ils sont, ils sont ils sont marqués ; voilà, ça se garde pour la vie.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Ce que tu me disais, ça me fait penser à quand j’avais échangé avec Fabien Squinazi ; il parlait de la maison de sa grand-mère, qu’il avait bien connue et dans laquelle il avait passé beaucoup de temps. Et puis, comment ça a évolué avec la maison de ses parents, et comment lui-même, avec sa femme, était revenu de – avec tous ces produits qui sont arrivés dans les années 70, 80, là ; on équipait la maison de partout, là. C’était, c’était un exemple que je trouvais très parlant quoi.
Pour suivre Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
OK, merci beaucoup Anne, pour l’échange, pour les informations utiles et pour les bonnes pratiques vraiment intéressantes pour les, pour les jeunes parents. Pour les gens qui veulent te suivre, ton travail, où est-ce qu’on peut les, qu’on peut les envoyer.
Anne Lafourcade
Ben comme je te disais, moi, je travaille plutôt pour les professionnels ; donc mon réseau social de, privilégié, c’est LinkedIn, donc pour les professionnels.
Et puis après le, vraiment, là où y a le plus d’infos sur le, c’est sur le site Recocrèches dont je te parlais, recocreches.fr ; c’est là où y a le plus d’informations qui concernent l’activité de ce projet là. Et puis c’est là où on met toutes les ressources.
On a aussi un site à, pour notre entreprise qui s’appelle SAFE-Li ; donc on, là, c’est un site qui est plus pour les institutions, les collectivités.
Guillaume Santé des enfants et environnement
Je mettrai le lien.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Mais parmi les parents, il y a probablement des gens qui travaillent, des agents qui travaillent dans les collectivités territoriales, des élus qui peuvent aussi aller voir tout ça. Oui.
Guillaume Santé des enfants et environnement
OK je mettrai le lien dans la description ; à nouveau merci beaucoup pour l’échange ; au plaisir de te croiser dans la vraie vie.
Au revoir.
Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
Ça marche à très bientôt, j’espère aussi moi.
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Voilà pour cet entretien intitulé « Bonnes pratiques d’achat pour les produits de consommation courante, avec Anne Lafourcade« . S’il vous paraît utile, alors vous pouvez liker, vous abonner et clocher si vous ne l’avez pas encore fait. C’est notamment pour que YouTube favorise sa diffusion.
À bientôt !
Bibliographie. Bonnes pratiques d’achat pour les produits de consommation courante, avec Anne Lafourcade
- Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, Agence Anne Lafourcade Conseil et formation, Association Les Alternatives de Lilly. Guide de recommandations « RecoCrèches 1 » pour l’accueil d’enfants dans un environnement sain. 2017.
- Agence Alicse, Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. Bâtir & Rénover. Guide de recommandations « RecoCrèches 2 » pour l’accueil d’enfants dans un environnement sain. 2020.
- Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, Association Ekolondoï, Agence Alicse. Entretien et hygiène des établissements accueillant de jeunes enfants. Guide RecoCrèches 3. 2023.
- Site Internet https://www.recocreches.fr/.
- European Chemicals Agency (ECHA). Biocides. Notamment : lien.
- European Chemicals Agency (ECHA). Investigation report to support the Commission on the preparation of a restriction proposal for the use and presence of CMR 1A or 1B substances in childcare articles based on REACH Article 68(2) 2023. Notamment : lien.
- Perrin P. Webinaire Culture commune Santé environnement – Introduction à la santé environnementale. Notamment : lien.
Davantage de références 1 – Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
- SAFE-Li : https://www.safe-li.fr/
- Agence Alicse : https://www.anne-lafourcade-conseil-et-formation.com/
- Application QuelProduit. Notamment : lien.
- Application Scan4Chem. Notamment : lien.
- Application INCI Beauty. Notamment : lien.
- Application Yuka. Notamment : lien.
- Information des consommateurs sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits : trois arrêtés ministériels précisent les modalités d’application de cette obligation. Notamment : lien.
- Pipien G, Vindimian É. Évaluation du troisième plan national Santé-Environnement – Rapport n° 011997-01. Ministère en charge de l’environnement – Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), 2018. Notamment : lien.
Davantage de références 2 – Anne Lafourcade, spécialiste des produits de consommation courante
- Toutut-Picard É, Josso S. Rapport fait au nom de la Commission d’enquête sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale. 2020. Notamment : lien.
- Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS). Scan4Chem : comment ça marche ? Notamment : lien.
- Ministère chargé de l’Écologie, Ministère chargé de la Santé. Quatrième Plan national santé-environnement (PNSE4). Un environnement, une santé. 2021. Notamment : lien.
Images notamment par Guillaume et Sayumi