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Perturbateurs endocriniens : protéger les enfants d’une menace invisible (3/3)

La France s’est associée en 2015 au recours en carence initié par la Suède à l’encontre de la Commission européenne. Par arrêt du 16 décembre 2015, le Tribunal de justice de l’Union européenne a condamné la Commission européenne pour son inaction en matière de définition et d’identification de critères pour les perturbateurs endocriniens. - feuille de route issue de la Conférence environnementale 2016 - Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer

Nombre de pesticides peuvent être considérés comme des perturbateurs endocriniens. - André Cicolella

Chronique du livre « Perturbateurs endocriniens – La menace invisible »

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de Marine Jobert et François Veillerette, 144 pages, publié en 2015

Marine Jobert est journaliste au Journal de l’environnement. François Veillerette, militant, élu écologiste dans l’Oise et porte-parole de l’Association Générations Futures.

Ce livre porte sur les perturbateurs endocriniens et leurs effets sanitaires. Il invite les acteurs politiques à se mobiliser et, en attendant une réglementation plus protectrice, il explique comment les particuliers peuvent se protéger par eux-mêmes.

Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est le troisième article de la chronique. Le premier article se trouve ici : Perturbateurs endocriniens : protéger les enfants d’une menace invisible (1/3)

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • Si la perturbation se produit à certains moments critiques, appelés « fenêtres d’exposition », les effets induits peuvent être irréversibles. Ces fenêtres comprennent la vie intra-utérine et la puberté.
  • Cette irréversibilité peut s’exprimer longtemps après la période d’exposition. Par exemple, un bébé peut très bien ne présenter aucun trouble à la naissance et en développer plus tard. Pire encore, une exposition à des perturbateurs endocriniens peut provoquer des effets délétères sur la (voire les) génération(s) suivante(s). Ces effets sont qualifiés de « transgénérationnels ».
  • Plusieurs centaines de milliers de substances sont ou ont été rejetées dans l’environnement. Nous sommes donc tous exposés à des mélanges de substances, appelés « cocktails de substances » dont la toxicité est très peu connue. La toxicité du mélange peut être supérieure à la somme des toxicités des composants du mélange… une sorte de synergie toxique (négative). Pire encore, ces milliers de substances dans notre environnement se rencontrent et, par réaction chimique, génère d’autres substances, dont le nombre et les caractéristiques sont très peu connus aujourd’hui : les industriels, qui fabriquent ou commercialisent les substances initiales, ne sont tenus d’évaluer les molécules qu’une par une.
  • D’après l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA), les stations d’épuration domestiques n’ont pas été conçues pour traiter les micropolluants. Une bonne partie des perturbateurs endocriniens que nous rejetons dans nos eaux usées (médicaments, contraceptifs, cosmétiques, pesticides domestiques…) se retrouvent dans l’environnement.
  • L’exposition par voie aérienne aux perturbateurs endocriniens classiques (pesticides, phtalates…) pourrait être largement sous-estimée.
  • La législation n’impose pas l’affichage de tous les composés/ingrédients composant les produits cosmétiques : on ne peut pas contrôler rigoureusement la composition des produits.
  • Voici une liste de bonnes pratiques proposées par le livre, dans l’objectif de se protéger des perturbateurs endocriniens :
    • éviter les vêtements présentant des dessins plastifiés, en particulier pour les enfants ;
    • pour les assiettes et les bols, privilégier la céramique, le verre ou l’inox ;
    • pour les biberons, choisir le verre ou l’inox ;
    • pour la toilette des bébés, privilégier l’eau, le savon et le liniment (mélange d’huile d’olive et d’eau de chaux). Bien vérifier que ce dernier ne présente pas d’autres ingrédients ;
    • éviter d’utiliser des lingettes pour le change d’un bébé ;
    • choisir des jouets répondant à des labels « écologiques ». Eviter les poupées en plastique, les peluches en matériaux synthétiques, les jouets en bois peints ou vernis, ainsi que ceux en plastique. Lorsque c’est possible, comme pour les vêtements, laver les jouets avant leur première utilisation ;
    • éviter les travaux de bricolage pendant la grossesse et dans la chambre des enfants.

 

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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Ce que le député écologiste français Jean-Louis Roumégas, auteur d’un rapport d’information sur la stratégie européenne en matière de perturbateurs endocriniens, décrit très bien : « Les lobbies industriels, amenés par leurs intérêts particuliers à rejeter l’idée d’une réglementation plus sévère, suivent une stratégie en deux temps, en intervenant le plus en amont possible, c’est-à-dire auprès des fonctionnaires et contractuels des directions générales de la Commission européenne, ainsi que des membres de leurs groupes d’experts. Ils cherchent d’abord à empêcher toute nouvelle mesure ; puis, lorsqu’une nouvelle réglementation apparaît inévitable, ils s’efforcent d’en limiter la portée, et d’en retarder l’adoption. »

Autre tactique : l’intimidation. Fred Vom Saal, ce biologiste qui a participé à la réunion de Wingspread en 1991, voit débarquer dans son laboratoire l’émissaire d’une multinationale de la chimie, très gêné par ses découvertes sur les effets délétères des faibles doses de bisphénol A sur le système reproducteur des souris. « Il nous a demandé – je le cite dans le texte : “Pouvons-nous parvenir à un arrangement qui nous serait mutuellement bénéfique, dans lequel vous retarderiez la publication de cet article jusqu’à ce que nous l’approuvions ?”. » Le chercheur refuse, s’indigne publiquement et prévient : « Seuls les gens très bien établis peuvent résister à la pression que met l’industrie chimique. »

Enfants, évitez de sucer vos jouets en plastique. D’abord parce que l’utilisation de bisphénol A, même restreinte, est toujours autorisée pour leur fabrication. Ensuite parce que si l’Europe a banni six phtalates depuis 1999, cette interdiction se limite aux jouets destinés aux enfants de moins de 3 ans. Mais les enfants sont tête en l’air… Tout à leur plaisir de sucer, grignoter, lécher ou mâchonner à peu près tous les objets qui leur tombent sous la main, ils prennent rarement le temps de décrypter les étiquettes.

L’espoir va (provisoirement) renaître en 2009 sous la forme d’un nouveau règlement européen consacré aux pesticides : il prévoit que soient adoptés des critères permettant de définir ce que sont les perturbateurs endocriniens. C’est sidérant : vingt ans après la conférence de Wingspread, on en est encore à se demander quels sont les critères qui permettront de désigner tel ou tel produit chimique comme un perturbateur endocrinien.

Entre la « date de naissance des perturbateurs endocriniens », en 1991, et le moment où l’Europe enterre de nouveau le problème sous son inaction fin 2013, 31 millions d’Européens sont nés. Certains ont eu le temps d’atteindre la puberté et d’autres d’avoir des enfants. Leur charge chimique, elle, n’a fait qu’augmenter. Mais qui dénoncera le coût humain et sanitaire des renoncements politiques ?

Les perturbateurs endocriniens se combattent par le vide ! À notre échelle de citoyens tributaires de décisions politiques qui tardent à nous protéger, la seule solution dont nous disposons consiste à nous tenir à distance le plus possible de tous ces objets qui contiennent des substances identifiées comme toxiques. Pas une once de paranoïa dans cette affirmation : c’est sur la chimie de synthèse – et son corollaire, le plastique – que notre société « moderne » s’est construite ces soixante dernières années. Dans l’enthousiasme et sans garde-fou.

Certains médicaments ont des effets non désirés sur le système hormonal. C’est notamment le cas de l’aspirine, de l’indométacine et du paracétamol. Ces antalgiques, les plus consommés en France, « pourraient bien agir comme des perturbateurs endocriniens, au même titre que le bisphénol A ou les phtalates tant décriés », écrit l’INSERM. La découverte, annoncée en juin 2013 par le professeur Bernard Jégou, directeur de l’Institut de recherche, santé, environnement et travail (IRSET) à Rennes, a été accueillie dans une indifférence quasi générale. Pourtant, c’est extrêmement préoccupant, puisque le paracétamol est à peu près le seul médicament « de confort » que la femme enceinte est autorisée à prendre. Quantité d’études suggèrent pourtant l’existence d’un lien entre la prise de ces antalgiques pendant la grossesse et la cryptorchidie chez l’enfant.

Le magazine Que Choisir a analysé la composition de lingettes destinées aux enfants et a détecté des perturbateurs endocriniens dans plusieurs d’entre elles. Une vraie préoccupation puisqu’elles sont appliquées sans rinçage et plusieurs fois par jour sur une peau de bébé souvent irritée.

 

Mon avis

Les « + » :

  • bilan des principales informations à connaitre sur les perturbateurs endocriniens : enjeux sanitaires, connaissances actuelles des mécanismes impliqués, processus réglementaire et politique associés, conseils pratiques pour s’en protéger (au maximum) ;
  • ouvrage documenté, qui suggère un travail de fond significatif ;
  • agréable à lire alors que le sujet peut être assez « technique ».

Les « – » :

  • argumentaire quasi-unidirectionnel, sur un sujet qui semble très complexe. J’aurais aimé y trouver une description plus détaillée des thèses opposées, présentées ici avant tout comme motivée par des intérêts économiques et industriels ;
  • la définition précise de ce qu’est un « perturbateur endocrinien » fait encore aujourd’hui l’objet de débats. Le livre qualifie de nombreux composés de « perturbateurs endocriniens » sans expliciter la définition précise qu’il retient ou à quelle(s) liste(s) existante(s) il se réfère.

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