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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Simplicity Parenting: Using the Extraordinary Power of Less to Raise Calmer, Happier, and More Secure Kids », dont une traduction pourrait être « Parentalité basée sur la simplicité : utiliser le pouvoir extraordinaire du moins pour élever des enfants plus calmes, plus heureux et plus confiants »
De Kim John Payne, 250 pages, publié en 2010
Consultant scolaire et familial, Kim John Payne donne des cours et des conférences dans le monde entier. Simplicity Parenting est souvent considéré comme son ouvrage principal, car il est traduit dans une dizaine de langues et a donné naissance à un mouvement international.
Ce livre explique pourquoi le mode de vie moderne classique perturbe le développement et l’épanouissement des enfants. Dans ce contexte, il propose de placer la simplicité au cœur de l’éducation.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est le troisième article de la chronique. Le premier article se trouve ici : Parentalité et environnement des enfants : moins c’est plus (1/3)
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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Pour sélectionner les jouets à potentiellement garder pour votre enfant, un critère utile est leur capacité à stimuler sa propre imagination. Les jouets trop affinés, trop détaillés, faisant trop de choses, … pourront être délaissés au profit des jouets que l’enfant peut changer, peut modifier, peut manipuler pour en construire d’autres ou inventer d’autres usages, … en résumé, un jeu qui nécessite l’implication de l’enfant, sa participation active.
- En diminuant le nombre de jouets qui entourent votre enfant, vous simplifiez son environnement immédiat, vous créez de l’espace et du confort visuel. Vous créez également du calme et de l’espace mental, qui permettent à l’enfant de pleinement profiter des jouets qu’il a, plutôt que de se sentir dépassé par la présence de trop de jouets.
- Le jeu apporte le plus quand l’enfant est pleinement impliqué. Cette implication, en tant que parents, nous ne pouvons pas la générer à volonté. Nous pouvons juste fournir des conditions propices : du temps, du calme, de la confiance, une certaine autonomie…
- Les enfants ont besoin de bouger : courir, sauter, grimper, virevolter, ramper, se suspendre, ramper, … d’avoir une grande variété de mouvements dans leur quotidien. D’après d enombreuses études, le jeu incluant ce type d’activités apporte plus qu’une bonne forme physique : il contribue à façonner le cerveau, a créé des connexions dans le cortex préfrontal.
- Après les jouets, les livres sont souvent la deuxième source d’excès, étant donné que les livres sont souvent considérés avec la même approche que les jouets : en tant que parents, nous souhaitons promouvoir la lecture (le jeu), donc nous supposons que plus il y aura de livres (jouets), plus nos enfants liront (joueront). Le raisonnement semble logique et il se base, ici aussi, sur de bonnes intentions parentales. Un même travail de simplification peut être conduit avec les livres.
- Raconter des histoires permet de nourrir le bon développement des enfants. La répétition est une part très importante du processus. Des histoires peuvent offrir aux jeunes enfants un grand sentiment de sécurité et d’assurance : ce sont les histoires qui sont entendues encore et encore, vécues intensément, anticipées, profondément connues.
- Les séries de livres peuvent faire évoluer l’acte de lire vers un acte de consommation. Quand le désir pour la chose suivante est au cœur d’une expérience, on se rapproche d’un phénomène d’addiction. Méfiez-vous des enfants qui se jettent sur le numéro 76 d’une série de mangas.
- De la place devrait toujours rester libre pour l’imagination et l’inspiration des enfants, de la place pour créer une vraie relation avec les jouets qu’ils utilisent ou avec les livres qu’ils lisent.
- Mettre en place des rituels dans la vie quotidienne de la famille génère un sentiment de confort et de sécurité chez les enfants. Un rituel de base important consiste à manger tous ensemble autour d’une même table. Idéalement, les enfants auront également été impliqués dans la préparation du repas.
- Le processus de simplification peut aussi s’appliquer à la nourriture, en réduisant le nombre d’options proposées aux enfants, ainsi qu’en restant à l’écart des aliments artificiellement sucrés et très transformés. Quelques critères de base pourrait être formulés ainsi : est-ce que cet aliment est fait pour nourrir ou pour divertir et stimuler ? Est-ce que ce cet aliment a été cultivé ou a-t-il été conçu par une entreprise ? Est-ce qu’il existait il y a 50 ans ? Est-il inutilement complexe, avec des ingrédients que vous ne pouvez reconnaitre voire prononcer ?
- Certains parents parlent trop en présence de leur enfant, ce qui laisse peu de place pour leurs propres pensées, pour pouvoir exprimer ce qu’ils ont à dire, pour pouvoir mettre leurs mots sur leurs expériences. Par ailleurs, un enfant aura plus de difficultés à s’immerger pleinement dans un jeu lorsqu’un adulte décrit à haute voix ses moindres faits et gestes.
- Lorsque nous devons parler à notre enfant de certains éléments de son monde (ce qu’il est en train de faire, ce qu’il a fabriqué, …), rester simple est ici également une option intéressante : en nous contentant de décrire factuellement ces éléments, d’être un simple témoin attentif, sans apporter d’interprétation, de solution, d’explication, d’avis ou de valeur ajoutée, nous laissons de la place à l’enfant pour pouvoir nous transmettre ses propres expériences, décrire ses émotions, expliquer ses intentions, exprimer les difficultés qu’il rencontre ou les joies qu’il a ressenties, … nous laissons de la place à l’enfant pour qu’il puisse se développer.
- Idéalement, la maison devrait être un sanctuaire. Une règle simple pourrait être répétée aux enfants : « Si cela ne supporte pas ta santé, cela ne rentre pas dans la maison. »
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Des études ont montré que plus les familles mangent ensemble souvent, plus il est probable que les enfants auront de bons résultats scolaires, mangeront des fruits et légumes, et construiront une bonne diversité de vocabulaire, et moins ils seront susceptibles de fumer, de boire, de prendre de la drogue, de souffrir de dépression, d’asthme, ou de développer des troubles de l’alimentation.
[Impliquer les enfants dans la préparation des repas] leur donne un rôle qui fait sens, une sorte de « fierté d’auteur » qui influencera positivement leurs comportements alimentaires. […] Votre implication (démarrez petit, restez à proximité, insistez et suivez l’évolution) est très importante, dans la mesure ou l’assiduité pourrait être de moins en moins assurée, au fur et à mesure qu’un enfant prend de l’âge et gagne en indépendance. Vous voulez vous assurer qu’il atteint le point où le processus est devenu automatique et non remis en question.
Le problème avec [les produits alimentaires industriels], sans parler de leurs effets sur la santé, c’est qu’ils prennent en otage les papilles gustatives de votre enfant. Ils placent le niveau de stimulation si haut que les enfants perdent leur capacité à reconnaitre et à différencier des saveurs plus subtiles. Les goûts (grâce aux additifs) sont devenus de plus en plus puissants, de plus en plus complexes.
Vous ne pouvez pas contrôler ce que des adolescents mangent (ou font) à chaque minute de la journée. Mais vous pouvez être ferme et claire sur ce qui a lieu à la maison. Et n’oubliez pas : plus le temps passe, en s’appuyant sur des rythmes établis et de la prédictibilité, plus « ce qui a lieu à la maison » fait son chemin dans les têtes. Il devient accepté, anticipé et on se base dessus.
Malheureusement, appliquer des principes industriels à la nature a un prix. Le prix à payer pour sur-fertiliser consiste en des sols épuisés et appauvris. La gestion des terres implique du temps : elle demande plus de confiance que de contrôle. […] On peut dire de même pour les enfants : il y a un prix à contrôler leurs emplois du temps, à vouloir « tirer toujours plus » de leurs années de jeunesse. Ils mènent des vies super-phosphatées, occupés avec des activités du matin au soir. Un « enrichissement » excessif pollue leur bien-être.
Le repos nourrit la créativité, qui elle nourrit l’activité. L’activité nourrit le repos, qui soutient la créativité. Ces aspects se nourrissent les uns les autres.
Je ne suggère pas que les parents cessent de parler à leurs enfants. Je suggère que les parents parlent moins. Dans un monde bruyant, une calme attention parle plus fort que les mots, et elle donne à un enfant plus d’espace pour développer ses propres pensées et sentiments.
Vous augmentez vos chances d’être écouté lorsque vous parlez moins.
Mon avis
- Les + :
- La lecture de ce livre m’a tout simplement passioné ! 🙂
- Personnellement, il a été l’occasion d’une vraie prise de conscience du risque de sur-stimulation des sens des enfants par un environnement complexe. A la réflexion, ce thème pourrait être vu comme une nouvelle déclinaison de l’approche ancestrale : les enfants de nos ancêtres préhistoriques devaient être entourés d’un environnement bien moins stimulant que celui des enfants d’aujourd’hui.
- Je trouve l’analogie entre « fièvre du corps » et « fièvre du mental » particulièrement intéressante et pertinente, en particulier dans son mode de gestion : se mettre au repos et laisser le corps rétablir de lui-même l’équilibre initial.
- une autre idée que je retiens : veiller à ce qu’il y ait toujours des temps de calme pour alterner avec des périodes riches en activités nouvelles ou très sollicitantes. Et puis je crois aussi que je parle moins, que je cherche moins à combler les blancs (l’observation de mes beau-parents japonais est assez inspirante !).
- Simplifier la vie des enfants a un effet collatéral très appréciable : simplifier aussi la vie des parents… ce qui nous permet de mieux remplir notre rôle (et « tout simplement » de ne pas craquer 😀 !)
- Les – :
- J’allais écrire « non disponible en Français », car c’était le cas quand j’ai acheté le livre en 2013 (oui, oui, j’ai mis un peu de temps à le lire 😉 ). Vérification faite, une traduction en français est sortie entre temps : http://www.editions-triades.com/livres/pedagogie/parents-tout-simplement-art1916.html (lien non affilié)
- Il me semble que l’auteur « force » la déclinaison de son principe de simplicité à la nourriture, lorsqu’il propose de limiter le choix des aliments proposés aux enfants. Cette proposition peut s’entendre à l’échelle d’un repas, mais certainement pas au-delà : la diversité me semble au contraire un critère fondamental pour une alimentation équilibrée.
Si la thématique de la simplicité volontaire vous intéresse, je développe comment elle peut être utile pour diminuer l’exposition des enfants aux polluants du quotidien dans cet article : Comment un environnement minimaliste peut favoriser la santé des enfants
Photo par Cristyan González Alfonso
2 Responses
C’est marrant parce que ça marche aussi dans l’autre sens. Maman minimaliste enthousiaste, j’ai simplifié le monde des jouets de mes fils il y a trois ans environ. Super résultats… Et mon ainé a en quelques sortes retrouvé un point de référence plus naturel : quand il va chez un ami ou le désordre est roi, il exprime souvent des « c’est pas joli », « on peut aller jouer ailleurs? », « on doit faire attention à ne pas marcher sur des legos », « c’est sale » Je ressens qu’il ne se sent pas très à l’aise
Merci pour ton retour Aurore, très intéressant ce côté « réflexif » auquel je n’avais pa pensé. Personnellement je comprends très bien ton fils : je me sens plus à l’aise dans des environnements épurés que dans des environnements présentant du désordre ; je trouve cela plus reposant, comme si je me sentais moins sollicité par des choses à faire/ranger pour ramener cet environnement à un état plus normal/naturel.
Je ne sais pas trop à quel point c’est une question de personnalité ou bien un trait plutôt commun parmi les êtres humains. On peut imaginer que nos ancêtres préhistoriques étaient nécessairement entourés de peu de désordre, puisqu’ils possédaient moins de choses, ce qui va plutôt dans le sens de la seconde hypothèse.