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L’impact des pollutions environnementales sur les enfants, selon Theo Colborn (5/5)

[Les expositions] pré- et postnatales sont nettement plus inquiétantes que les expositions au cours des autres périodes de la vie. La détection de ces substances chimiques dans le sang des plus jeunes et des membres les plus vulnérables de notre société implique des mesures fortes de gestion pour la protection de la santé publique. - Pr Jean-François Narbonne

Face à la hausse de l’incidence de l’hypothyroïdie congénitale, des troubles du spectre autistique (TSA) et du trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDA/H), des chercheurs ont suspecté l’existence d’un lien entre ces pathologies et les perturbateurs endocriniens […] Force est d’admettre que nous courons peut-être à notre propre perte. Pire : si nous sommes bel et bien en train d’endommager notre cerveau, nous pourrions bientôt ne plus être capables de prendre les mesures susceptibles d’inverser cette tendance. – Pr Barbara Demeneix

.Chronique du livre « L’homme en voie de disparition ? »

Theo Colborn homme disparition

de Theo Colborn, Dianne Dumanoski et John Peterson Myers ; 316 pages ; publié en 1996 (version anglaise)

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Theo Colborn était une zoologiste et une épidémiologiste, dont les travaux ont contribué au concept de « perturbateur endocrinien ». Mondialement connue, professeur d’université et fondatrice de l’organisation non gouvernementale TDEX (Endocrine Disruption Exchange), Theo Colborn est souvent considérée, avec Rachel Carson, comme une icône du domaine de la santé environnementale.

Dianne Dumanoski est journaliste, spécialisée dans les questions d’environnement.

John Peterson Myers est biologiste et naturaliste.

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Ce livre porte, d’une manière générale, sur certains types de substances chimiques, capables d’interférer avec le système hormonal, chez les animaux et chez les êtres humains. Cet article est la dernière partie de la chronique ; la première se trouve ici : L’impact des pollutions environnementales sur les enfants, selon Theo Colborn (1/5)

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • À défaut d’évaluation des risques précise, l’impact d’un perturbateur endocrinien pourrait être caractérisé par des jugements pragmatiques, basés sur le « poids des faits ». Après collecte de tous les types d’informations disponibles (données sur la faune sauvage, expériences en laboratoire, recherches sur les mécanismes hormonaux et sur la toxicité…), les critères de causalité correspondant à ces jugements pourraient inclure les critères suivants :
    • l’exposition précède-t-elle les dommages observés ?
    • existe-t-il une corrélation fiable entre un contaminant et un trouble donné ?
    • cette corrélation est-elle cohérente avec les mécanismes biologiques connus ?
  • Le foie joue un rôle central dans la dégradation des œstrogènes et d’autres hormones stéroïdiennes avant leur excrétion. Un mauvais fonctionnement du foie peut donc augmenter les concentrations de certaines hormones, dans des proportions anormales.
  • 5 % des bébés américains ingèrent avec le lait maternel des quantités de PCB suffisantes pour altérer leur développement neurologique. Ce chiffre ne tient pas compte de l’impact des autres substances susceptibles de perturber les hormones thyroïdiennes, essentielles au développement cérébral.
  • À chaque fois que des substances chimiques ont montré de forts impacts sanitaires et environnementaux, la réponse apportée par les industriels a constitué à produire d’autres substances, moins dangereuses. Cette approche sous-entend que des substances ont le droit d’être libérées dans l’environnement, à condition que les industriels et les pouvoirs publics aient assuré leur innocuité. Pourtant, par le passé, des substances jugées « sans danger » pour certains aspects (ex : couche d’ozone) se sont révélées dangereuses sur d’autres aspects (ex : effets de serre). Jusqu’il y a quelques années, personnes n’avait pris réellement conscience de la notion de perturbateur endocrinien et de l’ampleur des risques potentiels. Et pour les nouvelles substances produites, comment être sûr qu’elles ne seront pas considérées comme très dangereuses pour de futurs aspects, encore inconnus aujourd’hui ? L’histoire montre que la science a souvent eu un temps de retard, qui se traduit par des drames sanitaires.
  • Au niveau individuel, les bonnes pratiques proposées par les auteurs comprennent :
    • ne pas planter au jardin de variétés nécessitant des traitements chimiques ; privilégier les variétés plus résistantes aux insectes et aux maladies. Les insecticides ne devraient être utilisés qu’en cas d’urgence et en l’absence de traitement alternatif ; le jardinage biologique, de plus en plus pratiqué, a depuis longtemps apporté la preuve que l’on peut avoir un jardin beau et productif sans aucun traitement toxique ;
    • choisir les produits contenant un minimum d’ingrédients, en particulier d’ingrédients issus de la chimie de synthèse.

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Theo Colborn homme disparition5

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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Quand les CFC furent créés, les scientifiques ne connaissaient pas encore l’importance de la couche d’ozone, qui protège la Terre et ses habitants des radiations ultraviolettes nocives. Le DDT et d’autres perturbateurs hormonaux étaient en vente depuis vingt ans lorsque les chercheurs commencèrent à explorer les mystères des récepteurs hormonaux ; il fallut encore plus de temps pour réaliser que ces composés pouvaient imiter les hormones et se lier à leurs récepteurs.

100 000 produits chimiques sont en vente dans le monde et, chaque année, 1000 substances nouvelles viennent s’ajouter. Comment, dans ces conditions, espérer retracer le devenir de chacune et ses effets sur la santé avant qu’il ne soit trop tard ?

Les consommateurs, les industries de transformation, les distributeurs et les revendeurs exigent de plus en plus des fruits et légumes d’aspect parfait, dépourvus des taches provoquées par les insectes, les champignons et les maladies. De telles taches sont inoffensives et ne nuisent pas aux qualités gustatives et nutritionnelles des fruits et légumes, mais cette exigence esthétique induit une augmentation considérable de l’épandage de pesticides sur les cultures. Dans le cas des oranges, par exemple, 60 à 80 % des pesticides utilisés ont pour seul but d’améliorer l’aspect du fruit.

La baisse de la spermatogenèse chez l’homme pèse sur ce débat, car ce sujet a des implications qui dépassent largement la question de la fertilité masculine. En effet, les expériences sur les animaux montrent que les concentrations de produits chimiques suffisantes pour perturber la spermatogenèse peuvent également altérer le développement du cerveau et modifier le comportement. Il est donc probable que la baisse du nombre de spermatozoïdes ne soit qu’un signe concret et mesurable d’une atteinte plus profonde, mais plus difficile à quantifier, à la santé en général. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas seulement quelques destins individuels, mais une diminution générale des aptitudes et des facultés humaines depuis cinquante ans.

Ce que nous craignons le plus dans l’immédiat n’est pas l’extinction de notre propre espèce, mais une diminution insidieuse de nos aptitudes. Nous sommes inquiets quant à la capacité des perturbateurs hormonaux à saper et à altérer les caractéristiques qui font de nous des êtres humains : notre comportement, notre intelligence et notre aptitude à vivre en société.

Si l’on a constaté un désintérêt des parents pour leur progéniture dans les colonies d’oiseaux contaminés, qu’en est-il chez les humains ? Le manque croissant d’attention pour les enfants et les sévices toujours plus nombreux ont amené certains commentateurs à noter que leurs parents semblaient dépourvus de certains instincts fondamentaux. Les hormones ne déterminent pas notre comportement, mais il est probable qu’elles influencent les comportements sexuels et parentaux des humains, comme ceux d’autres mammifères.

L’idée que l’homme, en cherchant à tout prix à dominer la nature, soit peut-être en train de saper sa reproduction et de nuire à ses facultés mentales les plus hautes, pourra paraître une ironie du sort à certains. Ils trouveront peut-être qu’il y a une justice dans le fait que nous soyons devenus les cobayes de nos propres expériences. Mais l’agression chimique dont nos enfants sont victimes et ses conséquences potentielles sont une réalité très attristante. Les produits chimiques qui dérèglent nos messages hormonaux pourraient bien nous dépouiller des facultés dont notre espèce a hérité et qui fondent notre qualité d’êtres humains. Il y a des destins pires que l’extinction.

En fin de compte, les risques que nous encourons proviennent de ce fossé entre nos prouesses technologiques et notre compréhension imparfaite des fondements de la vie et des grands systèmes vitaux. Nous concevons des technologies nouvelles à une vitesse étourdissante et nous les répandons dans le monde à une échelle sans précédent, avant même de commencer à étudier leur impact possible sur nous-mêmes et sur les grands équilibres naturels de la planète. Nous fonçons tête baissée, sans reconnaître l’étendue de notre ignorance.

D’un point de vue pratique, nous devons rechercher s’il est possible d’arrêter nos expériences risquées sans pour autant nous passer des produits chimiques. Existe-t-il des principes de conception et d’emploi de ces substances qui nous permettraient de bénéficier de leurs avantages sans risques excessifs ? Face à la démographie galopante et aux problèmes pressants d’environnement dans le monde entier, il ne paraît pas possible de revenir simplement cinquante ans en arrière et de se limiter à des matériaux comme le bois, l’acier et le verre. Mais, dans notre recherche de solutions, nous ne devons jamais oublier qu’il est impossible de prévoir les mauvaises surprises. Notre but doit donc être de maintenir la contamination à un minimum absolu. Quelle place les produits chimiques peuvent-ils avoir dans un développement durable et dans un futur sans danger? Nous ne le savons pas encore.

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Mon avis

Les « + » :

  • Un livre iconique, rédigé par une auteure iconique, pour le domaine de la santé environnementale. À lire.
  • Le « coup de poing » associé au contenu du livre, même s’il a plus de 20 ans, me parait toujours aussi efficace… et toujours tristement d’actualité.
  • Un style de narration qui se rapproche de celui d’un roman policier, dont le fil rouge est la résolution d’une énigme menée par Theo Colborn. Surprenant au départ, mais plutôt sympa au final, sans limiter l’approfondissement des arguments.
  • Des propositions concrètes pour diminuer les expositions, au niveau individuel et au niveau réglementaire/politique (ces dernières n’ont pas été développées dans le cadre des thématiques particulières de ce blog).

Les « – » :

  • Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la parution de ce livre ; les enjeux soulevés sont tellement importants qu’à sa lecture, on est un peu frustré de ne pas savoir qu’elle est l’état de la situation actuelle.
  • Ce livre n’est plus édité, seuls quelques exemplaires d’occasion sont disponibles à la date de rédaction de cet article, à des prix ridiculement élevés…

Photo par Damien Pollet

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