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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Perdus sans la nature »
de François Cardinal, 208 pages, publié en 2010
François Cardinal est journaliste québécois et essayiste. L’aménagement urbain fait partie de ses sujets d’expertise. Il est actuellement éditorialiste en chef au quotidien La Presse.
Ce livre porte sur la disparition progressive de la nature dans la vie des enfants, sur les problèmes de santé qui en découlent, et sur les actions qui peuvent y remédier. « Perdus sans la nature » s’appuie sur des enquêtes, des recherches scientifiques et des entretiens avec des experts de domaines variés.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en quatre parties ; cet article est le troisième article de la chronique. Il porte notamment sur la peur des parents que leur enfant soit enlevé par un inconnu. Le premier article de la chronique se trouve ici : François Cardinal alerte : nos enfants sont « perdus sans la nature » (1/4)
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Comparé à il y a quelques décennies, d’une manière générale, les parents ont beaucoup plus peur pour leurs enfants : disparition, kidnapping, viol… Ils ressentent un grand besoin de contrôle, qui peut perturber les enfants. Les parents ont de plus en plus de mal à prendre du recul, à différencier les peurs irrationnelles de la réalité objective. Ils peuvent en arriver à baser leur niveau de contrôle sur un événement exceptionnel, par exemple s’il est fréquemment répété par les médias.
- L’enlèvement par un inconnu est la première peur des parents nord-américains. Par exemple, environ 8 200 enfants ont disparu au Québec en 2008, ce qui est un chiffre qui peut être considéré comme élevé. Une analyse plus fine de ces disparitions permet d’obtenir les éléments suivants :
- plus de 5 700 étaient des fugues, sans qu’une personne étrangère ne soit impliquée ;
- environ 1900 étaient classées « inexpliquées » et environ 500 classées « autres ». Selon Pina Arcamone, directrice de l’organisme Enfant-Retour Québec, ces cas sont presque tous des fugues de la maison ou d’un centre d’accueil ;
- concernant la centaine de cas restant :
- environ les deux tiers correspondaient à un enlèvement par un membre de la famille,
- environ un quart correspondait à des égarements dans un lieu public,
- cinq étaient des disparitions liées à un accident, comme un bateau qui chavire par exemple,
- seules trois disparitions correspondaient à la notion classique d’enlèvement par un inconnu. Trois cas, sur plus d’un million d’enfants au Québec, correspond à une probabilité d’environ 0,00003 %.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
L’indépendance des enfants n’a cessé de diminuer depuis 30 ans. Une étude comparant les habitudes des jeunes Britanniques de 7 à 11 ans, d’hier à aujourd’hui, révèle que 66 % pouvaient utiliser leur vélo dans la rue en 1971, mais qu’ils étaient à peine 25 % à pouvoir faire la même chose en 1990.
On est passés en une génération de la « prévention » à la « précaution » : alors qu’on disait jadis « sois prudent » à un enfant qui montait dans les arbres, on lui dit aujourd’hui « ne fais pas ça ».
Dans le but de rendre la vie de nos enfants la moins dangereuse possible, on fait tout à leur place, finalement. Le meilleur exemple est le transport vers l’école, qui se fait maintenant toujours en automobile. Or, en transportant quotidiennement l’enfant de l’entrée de garage à la porte de l’école, on lui laisse entendre que le monde qui l’entoure est aussi dangereux que le Soudan, qu’il n’est pas digne de la confiance des parents pour s’aventurer à l’extérieur. Bref, sans le leur dire explicitement, on leur transmet tout de même un troublant message : « Tu ne peux pas t’aventurer seul dehors, non seulement parce que tu m’es précieux, mais aussi parce que tu es incompétent, que nos voisins sont peut-être des criminels et qu’il ne faut jamais faire confiance à qui que ce soit… »
« Il y a dans nos sociétés modernes 1 meurtre par 100 000 habitants, explique Richard E. Tremblay, directeur du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant de l’Université de Montréal. Il y a 100 ans, il y en avait 5 par 100 000 habitants et il y a 500 ans, il y en avait 100, toujours pour 100 000 habitants. » « La violence entre les individus a diminué de façon draconienne depuis 500 ans, ajoute-t-il, et c’est justement parce qu’elle a diminué qu’elle nous préoccupe plus. » [la rareté attire l’attention]
La même question turlupine l’organisation américaine Alliance for Childhood, qui a publié en mars 2009 une vaste étude sur la stimulation des enfants inscrits à la garderie. S’appuyant sur neuf études scientifiques récentes, elle remet en question les bénéfices de la stimulation intensive des enfants. L’Alliance conclut en effet que les gains qu’accumule un enfant de garderie stimulé très tôt s’estompent graduellement jusqu’en 4e année, où il se retrouve au même niveau que les autres. « Les études réalisées sur de longues périodes, écrivent les auteurs, remettent en question l’idée qu’un apprentissage précoce mène à de meilleurs résultats plus tard. » Il faut donc distinguer stimulation et surstimulation. La première est essentielle au devenir de l’enfant, encore plus quand l’écosystème parental est déficient, la seconde est carrément toxique. Non seulement risque-t-elle de ne rien apporter à long terme, comme nous venons de le voir, mais elle risque même d’entraîner des effets négatifs : anxiété, agitation, nervosité, fatigue, etc. Des effets, comme par hasard, de plus en plus observés chez les jeunes enfants.
Avec sa collègue Patty Zaradic, le Dr Pergams a tenté de savoir pourquoi l’affluence dans les parcs nationaux américains avait baissé de 25 % de 1987 à 2003. Au fil de ses recherches, publiées notamment dans le Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, il a constaté qu’à peine quatre variables expliquaient 97,5 % du déclin : les prix du pétrole, le temps passé sur Internet, le temps consacré à visionner des films et le temps alloué aux jeux vidéo. […] « Nous croyons que le déclin des visites dans les parcs nationaux n’est qu’une manifestation du déclin de l’intérêt pour la nature en général ».
La suite de cette chronique se trouve ici : François Cardinal alerte : nos enfants sont « perdus sans la nature » (4/4)
Photo par Rebecca Sims