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Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (4/4)

Parmi plus de 200 composés neurotoxiques, une douzaine aurait des effets sur le développement du système nerveux : des métaux (comme l’arsenic, le plomb et le mercure), des solvants organiques (l’alcool, le toluène), des pesticides (le chlorpyrifos, le DDT), des composés organiques persistants (les PCB) et des composés organiques polybromés qui ont été très largement utilisés ces dernières décennies comme retardateurs de flamme dans des meubles, des revêtements, des jouets, et ont contaminé à des degrés divers une large partie de la population. - Pr Marano, Pr Barouki et Pr Zmirou

Le XXe siècle se caractérise par une multiplication des solutions chimiques à tous les problèmes humains, même les plus anodins. - Pr Jean-François Narbonne

Chronique du livre « Cocktail toxique : Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau »

Barbara Demeneix cocktail toxique

de Barbara Demeneix, 308 pages, publié en 2017

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Barbara Demeneix est biologiste et dirige le laboratoire « Évolution des régulations endocriniennes » au Muséum d’histoire naturelle. Ses travaux portent sur les perturbateurs endocriniens et, en particulier, sur leur action au niveau de l’hormone thyroïdienne, essentielle au bon développement du cerveau. Barbara Demeneix a notamment reçu la Médaille de l’Innovation du CNRS.

Ce livre propose une synthèse des connaissances sur l’impact des polluants environnementaux sur le développement du cerveau.

Cette chronique est composée de quatre articles. Cet article est le quatrième de la série, le premier se trouve ici : Comment protéger le cerveau du cocktail toxique des perturbateurs endocriniens, avec le Pr Barbara Demeneix (1/4)

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Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »

Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.

  • L’environnement de début de vie imprègne durablement le corps, en y inscrivant des mécanismes physiologiques appropriés pour la vie à venir : être préadapté constitue un avantage sélectif en matière de survie. Les situations connues durant les premières phases du développement – chez les humains, la période in utero – peuvent donc déterminer la façon le futur enfant-adolescent-adulte réagira plus tard à son environnement.
  • Cette sensibilité du corps aux premiers stades de vie, si elle est utile du point de vue de l’évolution, constitue une fragilité face à l’action des polluants environnementaux du monde moderne. Ainsi, certaines maladies d’adultes pourraient être liées à des expositions ayant eu lieu pendant les premières années de vie. On parle des « origines développementales de la santé et des maladies chez l’adulte » (en anglais, developmental origin of health and disease in adults, DOHaD).
  • Les tests réglementaires de substances chimiques, avant mise sur le marché, tiennent très imparfaitement compte de l’impact sur les mécanismes de régulation épigénétique, c’est-à-dire de sur comment les gènes sont exprimés.
  • Puisque les individus sont exposés à des mélanges de substances préoccupantes depuis la conception jusqu’à la fin de vie, il est difficile d’identifier les principaux contributeurs aux maladies modernes.
  • Les premières générations ayant subi une importante exposition postnatale aux substances chimiques sont celles nées dans les années 1940 et 1950. Et Les premières générations ayant subi une importante exposition dans le ventre de leur mère sont celles nées entre la fin des années 1950 et les années 1970.
  • L’exposition d’une femme enceinte à des substances chimiques peut affecter trois générations : dans le fœtus, les cellules germinales qui produiront les ovules ou le sperme de la troisième génération sont en cours de formation.
  • Les données actuelles sur l’espérance de vie suggèrent une progression mais sont trompeuses : ces données se basent sur des chiffres portant sur des personnes nées dans les années 1920 et au début des années 1930. Ces personnes ont été les premières à bénéficier d’installations sanitaires performantes, de vaccins et d’antibiotiques, ce qui a fortement réduit l’incidence des maladies infectieuses et la mortalité infantile. Elles sont également nées dans un environnement pas ou peu pollué par des substances chimiques de synthèse. Enfin, elles n’ont pas subi l’exposition in utero que connaissent les enfants depuis les années 1970.
  • Les tests réglementaires des substances chimiques, avant l’autorisation de mise sur le marché, sont souvent réalisés sur des animaux adultes. Ils n’approfondissent pas les effets sur la structure et la fonction cérébrales, au stade embryonnaire ou lors des phases les plus sensibles du développement.
  • Les polluants environnementaux contribuent à la multiplication observée des troubles neurologiques et des difficultés d’apprentissage. Ils pourraient bien, à court ou moyen terme, être à l’origine d’une baisse globale des performances du cerveau humain – une première dans l’histoire de l’humanité.
  • Les bonnes pratiques proposées dans ce livre incluent :
    • utiliser des vêtements couvrants et des chapeaux, afin de diminuer le besoin en crème solaire ;
    • utiliser des biberons en verre ;
    • ne pas manger la peau des poissons gras ;
    • privilégier les petits poissons de mer, qui se trouvent au bas de la chaine alimentaire aquatique, et qui ont donc moins accumulé de polluants : maquereau, sardines, anchois…

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Barbara Demeneix cocktail toxique4

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Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »

Pour tester des produits chimiques, il faut expérimenter. Ce qui nécessite souvent de faire des recherches sur des animaux. Les adversaires de la vivisection se retrouvent alors, insidieusement ou activement, à soutenir l’industrie chimique par leur lobbying contre la réglementation relative aux substances toxiques.

La focalisation sur les gènes plutôt que sur les causes environnementales exonère les États ou les organismes de réglementation de toute responsabilité.

Les effets des mélanges présents dans le ventre maternel affectent notre santé jusqu’à la fin de nos jours, que ces agents soient toujours présents ou non. Pire, certains pourraient même déclencher des mécanismes épigénétiques qui affectent aussi les générations suivantes.

Le placenta n’empêche pas les agents chimiques de passer. Au contraire, une grande quantité de données épidémiologiques a montré la présence de fortes concentrations d’agents perturbateurs endocriniens dans le liquide amniotique, de l’autre côté de la « barrière placentaire ». Or, dans le ventre de sa mère, le bébé avale et recycle du liquide amniotique tout au long de la grossesse.

Pour notre analyse économique de la baisse du QI en liaison avec une exposition maternelle, nous n’avons eu de données prospectives solides que pour deux catégories de produits chimiques. Nous savons pourtant que des dizaines de catégories d’agents chimiques affectent la signalisation de l’hormone thyroïdienne et causent donc potentiellement une baisse du QI.

Tous les enfants qui naissent de nos jours ont dans leur sang des dizaines, voire des centaines, de produits chimiques fabriqués par l’homme. Et le pire, c’est que ces produits sont là dès la conception. Le bébé en développement est entouré par ces substances tout au long des neuf mois qu’il passe dans le ventre de sa mère. Mon équipe a publié des données expérimentales montrant que les mélanges toxiques présents dans le liquide amniotique interfèrent avec l’action de la thyroïde et le développement du cerveau. Ces résultats corroborent les découvertes épidémiologiques établissant que l’exposition aux perturbateurs thyroïdiens durant la grossesse entraîne une baisse de QI et accroissent le risque de maladie neurodéveloppementale. Pourtant, la production chimique continue d’augmenter inexorablement.

Des données américaines récentes font apparaître une baisse de l’espérance de vie, la plus frappante étant la perte de longévité de quatre ans des femmes blanches peu éduquées. Dans certains pays, comme la Russie et la Chine, le déclin de la longévité est manifeste depuis de nombreuses années et souvent lié à un environnement particulièrement pollué.

Si de nombreux pesticides et autres produits chimiques sont, à tort, jugés sans danger, c’est en grande partie à cause de l’insuffisance des tests réglementaires et de l’interprétation qui en est faite.

Étant donné qu’à l’heure actuelle nous ne pouvons pas compter sur les réglementations, nous devons donc nous demander ce qu’il est possible de faire au niveau individuel pour lutter contre l’empoisonnement général que nous subissons tous.

Aux États-Unis, on peut commercialiser une substance en trois mois, alors qu’il faut très souvent une trentaine d’années pour la retirer du marché…

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Mon avis

Les « + » :

  • l’avis d’une des chercheur(e)s les plus connues en France et à l’international : à lire ;
  • démonstration riche et bien documentée ;
  • les parties correspondant à son point de vue citoyen et politique sont détachées des parties consacrées à sa démonstration scientifique.

Les « – » :

  • la valeur ajoutée par rapport à son livre de 2013 ne sera probablement pas évidente pour un lecteur non spécialiste

Photo par Brad Greenlee

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