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Bonne lecture 🙂
Chronique du livre « Toxic : Produits chimiques : nos enfants en danger »
De Martin Boudot et Antoine Dreyfus, 160 pages, publié en 2016
Martin Boudot est journaliste-réalisateur pour l’émission Cash Investigation. Antoine Dreyfus est journaliste de presse écrite.
Ce livre porte sur les risques sanitaires liés à certains produits chimiques, fabriqués par des entreprises multinationales, les pesticides en particulier. Il est issu d’une enquête réalisée pour l’émission Cash Investigation, diffusée le 2 février 2016 ; il complète les éléments présentés à l’antenne : certains aspects sont approfondis et des mesures de maîtrise des expositions sont proposées. Ces mesures comprennent des recommandations à l’attention des parents, dans l’objectif de protéger leurs enfants de pollutions préoccupantes.
Ce livre fait l’objet d’une chronique en trois parties. Cet article est la deuxième partie de la chronique. La première partie se trouve ici : Comment certains produits chimiques mettent en danger la santé de nos enfants, selon Cash Investigation (1/3)
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du livre, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- Afin de protéger les riverains de certaines zones agricoles, et en particulier les établissements accueillant des enfants, la préfecture peut mettre en place des procédures permettant de diminuer les expositions associées à l’épandage de pesticides. Mais en pratique, ces procédures sont appliquées de manière très hétérogène. Le niveau d’application dépend notamment de l’implication du maire et des viticulteurs locaux.
- Les journalistes de Cash Investigation ont réussi à obtenir le détail des ventes de pesticides en France. D’après ces données, censées ne pas être publiques, les ventes de pesticides classés cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR) sont bien plus élevées que les estimations faites par les principales ONG anti-pesticides, comme Générations futures par exemple.
- De façon surprenante et assez ironique, certains grands groupes de l’industrie chimique, tels que Bayer, Syngenta ou BASF, vendent à la fois des pesticides cancérigènes et des médicaments pour traiter des cancers.
- Dans le cadre de l’étude PELAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance), menée en Bretagne par l’Inserm, la présence de produits toxiques est suivie dans les corps de femmes enceintes, de jeunes mères et de leurs enfants. Dans ce cadre, différents types de pesticides ont été détectés dans les urines de plusieurs centaines de femmes enceintes : d’herbicides de la famille des triazines (atrazine, simazine…), insecticides organophosphorés…
- D’après les auteurs de l’étude PELAGIE, ces mesures ont « permis de suggérer un impact néfaste d’une exposition pendant la grossesse à l’atrazine sur la croissance intra-utérine, et ceci à des niveaux faibles de contamination environnementale ».
- Pour connaitre les quantités de pesticides à épandre, les principales sources d’informations des agriculteurs sont les recommandations des ingénieurs technico-commerciaux des fabricants de pesticides. Cette prestation de conseil n’est pas séparée de la hase de vente : dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les utilisations de pesticides ne diminuent pas.
- Certains chercheurs, initialement missionnés par des fabricants de pesticides, ont indiqué que des résultats de leurs travaux ont été modifiés avant publication, afin de diminuer l’ampleur de conclusions défavorables.
- A l’occasion de la perte d’un procès, l’entreprise Syngenta a été obligé de rendre publiques ses archives emails. Certains emails détaillaient les objectifs de son service de relations publiques. Ces objectifs incluaient la déconstruction des bonnes réputations de certains chercheurs, jugés dangereux pour les intérêts de Syngenta, afin de les décrédibiliser publiquement. Cette déconstruction comprenait des enquêtes portant sur la vie privée et sur la situation financière personnelle des chercheurs.
- Après avoir été épandus sur des champs, la plupart des pesticides migrent vers les rivières et les nappes souterraines. Dans les eaux de certaines zones, les taux de pesticides dépassent les limites réglementaires de potabilité.
- Dans ce contexte, certaines communes mettent en place des équipements de traitement, pour pouvoir obtenir une eau potable à distribuer. Ces traitements sont généralement coûteux. Par exemple, pour le seul département de l’Eure-et-Loir, entre 1995 et 2020, les coûts totaux sont estimés à 180 millions d’euros. Ces coûts sont principalement financés par l’État, le conseil général et les agences de l’eau. En d’autres termes, ces équipements sont financés par des fonds publiques.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Avec les perturbateurs endocriniens et hormonaux (des substances qui viennent modifier et altérer le système endocrinien et hormonal), les faibles doses sont nocives. Il se trouve même que les perturbateurs hormonaux ont des effets plus dévastateurs à faibles doses qu’à hautes doses.
[Tyrone Hayes, un chercheur dont les travaux portent sur les pesticides, évoquant les attaques de Syngenta à son encontre] « Je pense en fait qu’ils utilisent les mêmes méthodes que l’industrie du tabac. À la fois, ils achètent les scientifiques, et décrédibilisent les autres, comme ils l’ont fait avec le tabac. Ils ont dépensé des millions de dollars pour mettre ma réputation en jeu. […] Lorsque vous examinez attentivement comment les pesticides sont conçus, ils sont faits pour agir même à de très faibles doses et qui sont persistantes pendant très longtemps. » Martin lui montre également les taux retrouvés dans certaines communes françaises. Tyrone Hayes est catégorique : « Si je mets mes grenouilles dans ces solutions avec ces taux, elles changent de sexe. On ne sait pas à quel niveau de doses cela peut être dangereux pour les humains, on sait juste que pour les grenouilles mâles, avec ces taux, elles changent de sexe, elles n’ont plus de sperme. »
Résumons
- Syngenta a vendu massivement aux agriculteurs de l’atrazine, un herbicide qui pollue — douze ans après son interdiction — les nappes phréatiques de la Beauce.
- L’État s’engage fermement à dépolluer, malgré une facture extrêmement lourde.
- Ce n’est pas l’industriel qui paye la note (selon le principe du pollueur-payeur), mais les consommateurs.
C’est la tendance observée lors de la crise financière de 2008 : privatisation des bénéfices, mutualisation des pertes. On vit une époque formidable.
Sherry Ford, la directrice des relations publiques de Syngenta […], note dans son carnet : « Nous ne devrions pas éliminer l’atrazine », et ce avant de savoir exactement de quoi il en retourne avec le paraquat, un autre herbicide controversé, probablement impliqué dans la maladie de Parkinson. Elle écrit alors que « l’atrazine détourne l’attention d’autres produits ». Autrement dit : focalisons l’attention sur l’atrazine, alimentons la controverse scientifique, nous avons en stock des substances plus toxiques sur lesquelles peu de monde se penche.
La stratégie la plus efficace, déjà éprouvée aux États-Unis, consiste à demander une étude d’impact sur le coût économique d’une éventuelle interdiction. Faire pleurer les responsables économiques et politiques sur tous ces employés qui vont se retrouver au chômage est le meilleur argument pour les industriels.
Ecophyto est un programme de réduction des produits phytosanitaires en France aux objectifs ambitieux. Un premier plan, lancé fin 2008 au moment du Grenelle de l’environnement, n’a cependant pas tenu ses promesses […]. De 2009 à 2013, les ventes de pesticides ont augmenté de 5 % en moyenne.
La dernière partie de cette chronique se trouve ici : Comment certains produits chimiques mettent en danger la santé de nos enfants, selon Cash Investigation (3/3)
Cette chronique met en avant l’importance de protéger les enfants des substances préoccupantes, car les effets potentiels pourraient être graves et pérennes. Ce blog a pour mission de vous aider et de vous accompagner dans votre démarche ! Pour vos premiers pas, vous pouvez vous appuyer sur le guide gratuit téléchargeable ci-dessous.
Photo par Wisconsin Department of Nature Ressources