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Bonne lecture 🙂
Chronique du film-documentaire « Le monde selon Monsanto »
Réalisé par Marie-Monique Robin ; diffusé sur Arte le 11 mars 2008
Ce documentaire porte sur les risques liés à différents produits fabriqués par la société multinationale Monsanto. Il a rencontré un grand succès public et est traduit dans plus de 15 langues.
Quelques informations et points de vue intéressants, concernant la thématique « Santé des enfants et environnement »
Voici une liste d’informations et de points de vue issus du documentaire, en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement », et que je souhaite partager avec vous.
- La société américaine Monsanto commercialise 90 % des OGM dans le monde. La plupart de ces OGM ont été modifiés dans l’objectif de résister au Roundup, son produit phare. Le Roundup est l’herbicide le plus vendu au monde depuis 30 ans.
- Créée au début du XXe siècle, Monsanto était initialement une industrie chimique. Ses productions font l’objet de polémiques et de controverses depuis des dizaines d’années : agent orange (utilisé pendant la guerre du Vietnam), PCB, hormone bovine de croissance, aspartame…)
- Certains chercheurs ont montré la toxicité du Roundup sur des animaux (induction des premières étapes menant à un cancer), à des doses inférieures à celles préconisées pour les utilisateurs. Mais puisque le Roundup est fortement associé au domaine des OGM, ces chercheurs ont subi des pressions pour ne pas communiquer les résultats de leurs travaux.
- Des documents internes « secrets » de Monsanto ont été plusieurs fois rendus publics, soit par des vols, soit à l’issue d’injonctions de la part d’un tribunal. Ces documents ont révélé la dissimulation de risques liés à certaines substances produites.
- Lorsque de l’hormone de croissance est administrée à des vaches laitières, pour augmenter leur production, le lait produit présente du pus (dû à l’augmentation de l’inflammation des mamelles), des antibiotiques (utilisés pour diminuer cette inflammation) et de l’IGF-1 (facteur de croissance 1 ressemblant à l’insuline, qui favorise l’apparition de certains cancers classiques : prostates, seins…).
- De nombreux ex-cadres dirigeants de Monsanto font partie des cadres des autorités réglementant les biotechnologies, et vice-versa. Cette situation permet à Monsanto d’obtenir plus facilement des autorisations de mise sur le marché, voire d’obtenir que les procédures d’autorisation soient moins exigeantes.
- Plusieurs chercheurs ont témoigné avoir subi des pressions de la part de Monsanto, qu’on leur avait proposé de l’argent, qu’ils avaient subi des attaques calomnieuses, voire qu’ils avaient été renvoyés, suite à des travaux dont les résultats remettaient en cause la sécurité des produits de Monsanto.
- D’après un rapport de l’Agence environnementale américaine (US EPA, United States Environmental Protection Agency), Monsanto a falsifié des études sur la cancérogénicité des dioxines.
- Les OGM peuvent contaminer les cultures avoisinantes, non-OGM, et progressivement prendre leur place. Pire, les croisements associés menacent la possibilité de conserver les espèces traditionnelles.
Quelques extraits en lien avec la thématique « Santé des enfants et environnement »
Dans le système juridique américain, il est très rare que les cadres ou les dirigeants d’entreprises soient considérés comme pénalement responsables. En revanche, on a la possibilité d’attaquer les entreprises au civil. On les fait payer. En vérité, les dommages et intérêts payés des décennies plus tard par les sociétés ne représentent qu’une fraction de leurs profits. C’est donc rentable de garder le secret. On peut se demander quels secrets ils gardent actuellement.
Le Roundup est-il vraiment biodégradable ? Non. Et Monsanto a été condamné deux fois pour publicité mensongère. [D’après une des décisions de justice,] selon les études effectuées par le groupe Monsanto lui-même, un niveau de dégradation biologique de 2 % seulement peut être obtenu après 28 jours.
[Selon Dan Glickman, ministre américain de l’agriculture entre 1995 et 2000], au début de mon mandat, il y avait un consensus dans l’agroalimentaire et au sein du gouvernement des Etats-Unis. Si on ne marchait pas tête baissée en faveur du développement rapide de la biotechnologie et des cultures OGM, alors on était considéré comme « anti-science » et « anti-progrès ». Franchement, je pense qu’on aurait dû faire plus de tests. Mais les entreprises agro-industrielles ne voulaient pas parce qu’elles avaient fait d’énormes investissements pour développer ces produits. Et, en tant que responsable du service qui réglementait l’agriculture, j’ai subi beaucoup de pressions pour, disons, ne pas être trop exigeant.
Je n’ai jamais vu une société qui ait une influence aussi déterminante, et à un niveau aussi élevé, sur les autorités en charge de la réglementation que Monsanto avec ses OGM.
70 % des produits alimentaires vendus dans les commerces américains contiennent des produits transgéniques. A la différence de l’Europe, les consommateurs ne peuvent pas choisir, car l’étiquetage des OGM y est interdit.
D’une manière générale, nous avons rencontré ces plantes [diformes et malades] au bord d’une route, dans les jardins. Il est possible que quelqu’un soit allé acheter du maïs dans une épicerie et qu’il ait perdu juste quelques grains en marchant. Ces grains ont germé, et c’est comme ça que les maïs traditionnels ont été contaminés.
Si je comprends bien, si on n’arrive pas à arrêter cette prolifération dans les champs des paysans, bientôt, nous serons obligés d’acheter du maïs, car le nôtre ne donnera plus rien. C’est préoccupant.
On finit par se demander si la contamination n’était pas intentionnelle. La contamination profite uniquement aux multinationales comme Monsanto.
[Vice-ministre de l’Agriculture du Paraguay] nous avons dû autoriser l’utilisation des OGM car ils étaient entrés, disons, de manière irrégulière dans notre pays. Il est possible que Monsanto ait promu ces variétés. L’Etat a du réagir en validant un état de fait.
Mon avis
Les « + » :
- un film-documentaire iconique, que je suis content de découvrir… sur le tard 🙂
- un gros travail de recherche et d’investigation, il me semble, avec de nombreuses interviews avec différents acteurs clés des controverses ;
- illustre bien, selon moi, les risques liés à modifier des éléments du monde naturel, dont la complexité nous dépasse souvent. Ceci est encore plus vrai quand des objectifs économiques limitent le temps disponible pour réaliser des études de toxicité et des évaluations de risques robustes.
Les « – » :
- Il s’agit d’un véritable « réquisitoire contre Monsanto », comme le mentionne la bande annonce diffusée sur Arte lors de la diffusion. D’une manière générale, cela ne me semble pas être la meilleure option pour apporter un éclairage sur une thématique et permettre au spectateur de pouvoir faire des choix éclairés. Bien documentée comme était l’auteure, une interview de représentants de Monsanto aurait été très intéressante pour confronter les arguments : la fin du documentaire laisse entendre qu’elle a tenté. A défaut ou en complément, des scientifiques pro-OGM auraient pu être interviewés (et il y en a beaucoup) afin de donner l’occasion d’un débat contradictoire.
- Globalement, si l’enquête montre certains faits incontestables et scandaleux, elle comprend aussi des interprétations et des extrapolations abusives, sur la base des faits présentés.